La liberté d’être imparfait·e

by Marièke

Il y a des semaines comme ça.

J’avais besoin de pousser un petit coup de gueule, de fatigue et d’agacement et je me suis dit que ça avait tout à fait sa place ici. Après tout, nombreux sont les auteurs qui culpabilisent car ils ne parviennent pas écrire ou ceux qui noient leur texte dans le perfectionnisme.

*****

La liberté d’être imparfait·e

Il y a un mois, Catherine Deneuve et consoeurs réclamaient, non sans créer la polémique, la « liberté d’importuner ». Je préférais la réponse de Leila Slimani, intitulée « Un porc, tu nais ». Mais passons, ce n’est pas le thème du jour. Ce que je demande pour ma part, c’est la liberté d’être imparfait·e.

Cette liberté, c’est le droit d’être en colère. Le droit d’avoir des défauts. Le droit de flemmarder une fois de temps en temps. Le droit de faire des bourdes. Le droit de ne pas cocher toutes les cases de sa to-do list longue comme le bras. Le droit de faire et de rater, aussi. Le droit de ne pas manger healthy. Le droit de râler. Le droit de ne pas avoir envie de faire le ménage. Le droit de dire ‘merde’.

Pour les auteurs et les autrices qui me suivent ici, c’est aussi avoir le droit de ne pas écrire sans culpabiliser. La liberté d’écrire parce qu’on aime cela et non parce qu’on excelle dans cet art. C’est la liberté d’écrire et de partager, même si ses textes ne sont pas vierges de fautes d’orthographe.

S’autoriser le droit à l’imperfection

Ce droit, je le demande d’abord à moi-même. Je crois que le perfectionnisme et toutes les exigences que l’on a envers soi-même sont le pire ennemi de la créativité et plus largement, du bonheur.

Je veux me donner le droit de ne pas m’autoflageller à chaque fois que je fais une bêtise. Je veux ne pas m’en vouloir pendant des années pour des broutilles. Je veux avoir la conscience tranquille et ne pas ressasser des heures.

Ce droit à l’imperfection, c’est le droit à l’oubli et la fin des regrets et des boucles sans fin dans ma tête. Ce qui est fait est fait. Si c’était un mauvais choix, on évitera de la refaire la prochaine fois. Et si je la refais et bien… Ce sera con, certes. Mais ce ne sera pas beaucoup plus grave que la première fois et je ne mériterai pas le pilori pour autant.

Être imparfaite et l’accepter

Avec le temps, j’accepte de mieux en mieux mes défauts, je connais les principaux et si j’essaye de m’améliorer au quotidien (pour tendre vers cette fameuse perfection), cela fait quelques temps que je suis de plus en plus en paix avec moi-même. Je m’en veux de moins en moins si je n’atteins pas tous mes objectifs, j’accepte d’avoir des journées de moins bien tant que ça repart le lendemain, je fais des fautes d’orthographe et j’y survis, je fais des excuses si j’ai pu blesser par maladresse…

Plus encore, j’essaye de comprendre les défauts des autres et j’essaye d’aller voir au delà. Je ne sais pas si j’ai cette sensibilité parce que j’écris ou si j’écris parce que j’ai cette sensibilité. J’essaye de me mettre à sa place et de ne pas m’arrêter à la première contrariété. Car ce sont souvent les défauts des autres qui sont leurs plus grandes qualités : l’inconscience donne un grain de folie, l’entêtement rend loyal et pugnace, l’impulsivité permet la franchise et la sincérité et j’en passe.

Accepter l’imperfection des autres

Aussi, ce droit à l’imperfection, je le demande aussi aux autres. Je leur demande de m’accepter telle que je suis. Je suis comme ça, un point c’est tout. Je pourrais tendre vers la perfection mais je ne pourrais jamais l’atteindre : mes défauts resteront ce qu’ils sont, même si je parviens à les canaliser avec le temps. Je serai toujours impulsive, bazardeuse et parfois un peu hautaine.

Si ces défauts sont impardonnables pour vous, ne les pardonnez pas et passez votre chemin. Si vous savez que je suis bien plus que ça et que vous pouvez les tolérer, j’en serais ravie. Mais ne me demandez pas d’effacer mes défauts ou de changer complètement. Ce n’est pas que je ne veux pas changer. Je n’en suis tout simplement pas capable.

Et c’est très bien comme ça, car je ne suis pas parfaite.

Crédit image : Pull rouge et café chaud par Bethany Laird (Unsplash, CC0)

Je m'abonne à la newsletter !

Abonnez-vous à la newsletter et recevez des ressources gratuites pour avancer sur vos projets d'écriture. Toutes les informations sur cette page.

Je ne spamme pas ! Consultez mes engagements pour plus d’informations.

À lire sur le même thème

14 comments

Caroline Dubois 2 février 2018 - 10 h 06 min

Je ne peux qu’être d’accord avec ce que tu dis ! La pression que l’on s’inflige en désirant atteindre cette perfection inexistante devient insupportable. Plus j’avance dans la vie, plus je progresse dans mon écriture et moins j’ai envie de m’auto-flageller pour des erreurs qui n’en sont qu’aux yeux de cette perfection. La perfection, c’est vraiment ce qu’on en fait et ce n’est qu’en changeant notre regard que l’on arrive à comprendre qu’elle n’a pas sa place dans notre vie.

Un peu plus de sérénité et d’acceptation de soi et des autres, je ne peux rien souhaiter de mieux pour notre présent et notre futur. On a grand besoin de se serrer les coudes et de se comprendre, plutôt que de se juger. Et comme tu le dis si bien, nous accepter nous aussi. Il est temps d’être bienveillant et compréhensif envers nous-mêmes. C’est même urgent !

Reply
Zia Odet 2 février 2018 - 19 h 49 min

Merci pour cet article, qui résonne (et raisonne) parfaitement pour moi ce soir. J’ai eu une discussion à ce sujet avec des collègues, après une semaine difficile d’un point de vue professionnel.
Lâcher prise. Respirer. Et aller de l’avant, sans se retourner sur ces petits défauts que l’on a tous, et qui ne sont que poussière.

Reply
Ophélie Feedbackbaby 2 février 2018 - 20 h 04 min

Je trouve aussi ta réflexion sur ce droit d’être imparfait très intéressante… D’autant plus que je me trouve parfois trop vache avec des amies, des collègues… Alors oui, savoir prendre du recul c’est nécessaire, et se pardonner ses erreurs l’est tout autant !

Reply
Charlène 2 février 2018 - 21 h 22 min

On cherche de plus en plus à rendre une image de perfection et j’en suis la première « touchée ». Vouloir à tout pris être parfait est parfois source de malaise et je trouve ça vraiment dommage ! Merci en tous cas pour ton article remplie de simplicité et de relativité, ça fait du bien parfois !

Reply
Ismérie 3 février 2018 - 17 h 56 min

Merci ! En ces moments d’intenses doutes sur mes qualités d’auteur (eh ! oui je garde le neutre le générique pour mieux m’y cacher derrière peut-être) votre article a eu l’effet bienfaisant d’une douce pluie (je vis sous les tropiques).

Reply
Sophie dans le ciel 3 février 2018 - 22 h 19 min

Tout à fait d’accord avec toi : lâcher prise avec l’injonction de la perfection (qui est d’ailleurs bien subjective !) tout en gardant la capacité à se remettre en question. Petite suggestion pour compléter ce post : le lâcher prise aussi pour accepter l’imperfection des autres. : )

Reply
Sandrine, Mon carnet déco 5 février 2018 - 20 h 30 min

Excellent billet auquel j’adhère complètement.
Je demanderai aussi que l’on arrête de vouloir nous changer.
Vive l’imperfection, soyons nous!!

Reply
La parenthèse psy 6 février 2018 - 19 h 03 min

La quête de la perfection… dans quel but ? La peur du rejet surement. Alors que c’est parfois touchant, un petit défaut, ça fait un charme, une personnalité ! Tous les défauts ne sont pas à jeter, loin de là ! 🙂

Reply
Ed 8 février 2018 - 1 h 19 min

Merci pour cet article qui fait tellement de bien. Quand on écrit, on s’astreint à la régularité tout en manquant à cette astreinte de temps en temps, ce qui entraîne un fort sentiment de culpabilité et chez moi de nullité. Alors du fond du clavier, merci !

Accepter les défauts des autres, non. J’ai fait le chemin inverse : je les ai dépassé pour accepter les personnes dans leur « totalité » et je n’ai eu que déceptions en retour. Alors aujourd’hui, je revendique le droit de ne pas accepter des défauts inacceptables (ex : les gens qui vous jugent, les gens prétentieux, les gens qui sous prétexte de petites « vannes » rabaissent tout ce qu’ils ont sous la main). Bref. Je n’ai pas cette sagesse de dépasser tout cela. Bravo à toi si tu essayes et y arrive !

Reply
Marièke 8 février 2018 - 9 h 35 min

Pour les défauts des autres, je suis totalement d’accord avec vous, je le dis dans le post. Il faut connaître ses limites vis à vis des défauts des autres. Certains ne vous sembleront pas importants, d’autres seront totalement inconciliables avec ce que vous êtes. Mais tenter de changer les gens complètement est juste impossible 🙂

Reply
Ed 8 février 2018 - 1 h 21 min

PS : mon commentaire précédent comporte quelques fautes. C’était dans l’esprit du message délivré par l’article bien sûr 😀

Reply
Valérie 8 février 2018 - 11 h 00 min

Imperfection et exigence …. cela ne fait pas bon ménage. ED tu as raison on ne peut pas tout accepter des autres ! Se détacher de toute opinion, voilà la vraie liberté !!!

Reply
-M- 21 février 2018 - 19 h 22 min

Marièke ! Présidente !
Tout a fait d’accord avec toi !
Dans cette société ou tout doit être parfait, tout doit être réussit du premier coup, on mets maintenant systématiquement l’aspect humain de côté…Que ce soit dans le domaine professionnel ou privé. Merci pour cet article que je reviendrai relire a chaque fois que je doute…Merci de nous rappeller que nous ne sommes pas parfait. Nous ou nos personnages de papier.
Loin de me déprimer, cet article me fait du bien !
A bientôt !

Reply
claude 1 mars 2018 - 12 h 40 min

j’adore le titre « la possibilité d’une île » de qui vous savez…:) j’imagine un homme ou une femme qui un jour se réveille sur une plage de sable fin et qui essaye de se souvenir pourquoi il ou elle se trouve sur cette grève. peu importe qui elle est ou qui il est….comment il ou elle y est arrivé. Non loin de notre personnage, à moitié enfoncé dans le sable une valise, un coffre…Claude, car il faut bien que claude ait un nom…se traîne vers le coffre, et après quelques efforts parvient à l’ouvrir ! non sans surprise et avec un peu de dépit, claude constate qu’il y a l’intérieur de cet amalgame de bois, de nombreux effets appartenant probablement à une quelconque école perdue dans une île du pacifique. Oh pas son île, celle ci est déserte, pas âme qui vive ! la queue d’un avion de tourisme finit de s’éventrer contre des rochers au bout de la plage ! Elle se souvient qui elle est maintenant ! Cette fière directrice d’une maison d’édition qui voyage en avion privé. Plusieurs jours ont passé et claude se nourrit de ce qu’elle trouve, de ce que la nature généreuse et malgré tout inhospitalière de l’atoll lui a octroyé pour survivre. elle a fouillé le coffre et son contenu ….des crayons de bois et du papier en quantité lui ont valu quelques jurons, et alors qu’elle allait s’en servir pour allumer un feu, elle se surprit à crayonner un dessin, écrire quelques mots ! et alors que la solitude commençait à peser sur ses épaules, elle entrepris de créer un monde nouveau, un univers fantastique ou tous ses rêves et ses désirs seraient assouvis. Claude réussit alors à s’évader quelques secondes puis quelques minutes et enfin des heures. Elle serait la seule témoin de l’évocation et de la vision de ce paradis perdu qu’elle s’évertuait à créer de plus en plus fébrilement. Comble de l’ironie pour une femme éditrice d’écrire un roman sur une île perdu qui ne pourra être lu que par elle même…..Pas si sur…peut être un jour, quelqu’un trouvera ce récit qu’elle aura pris soin de préserver dans un emballage de fortune et qu’elle aura pris soin de placer dans un endroit accessible et signalé….La perfection ? étrange question que reste t’il de ma notion de perfection ? telle fut la question que je me posais à ce moment là….. to be continued

Reply

Leave a Comment