Conflits et enjeux d’un roman : comment les gérer ?

by Marièke

Bonjour à toutes et à tous,

Lundi 3 décembre, le Studio infinite m’invitait à sa Master Class sur le thème Conflits et enjeux, une thématique que j’évoquais récemment dans l’un de mes articles. L’événement était présenté par Dorian Lake qui est intervenu à plusieurs reprises sur ce blog. À cette occasion, nous avons échangé sur le conflit et notamment sur les conflits internes des protagonistes. Si certaines choses m’ont parues évidentes (quoique pas forcément faciles à mettre en place) d’autres m’ont plus interrogé. Retours et réflexions sur cette MasterClass.

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Avant de commencer : le Studio Infinite

Le Studio Infinite est spécialisé dans la production de textes collaboratifs. En plus d’avoir mis à disposition une plateforme pour écrire à plusieurs (et notamment des jeux de rôles textuels), il propose des événements d’écriture partagée (write-in), des ateliers d’écriture, des ateliers d’initiation au jeu de rôle et des masterclass comme celle à laquelle j’ai assisté.

Je dis « il », mais derrière le Studio Infinite, il y a Caroline, la fondatrice, et un paquet d’autres intervenants, qui donnent un coup de main sur les événements, la modération et une somme de petites choses.

L’écriture collaborative étant un sujet qui m’intéresse beaucoup et qui a aussi l’air de beaucoup vous intéresser, j’essaierais de pousser les recherches sur ce point pour pouvoir vous proposer un article. J’ai déjà passé un appel Facebook à ce sujet d’ailleurs : je reprendrai vite contact avec vous !

Conflits et enjeux : la différence

Durant sa présentation, Dorian Lake de la maison d’édition Noir d’Abstinthe, est revenu sur la notion de conflit et l’a distinguée des enjeux – chose que je n’avais jamais pensé à faire et qui est ultra efficace :). Si un conflit est un obstacle qui se dresse entre le personnage et ses objectifs, l’enjeu représente les risques encourus en cas d’échec.

En effet, quelle que soit la hauteur de l’obstacle à franchir, si vous savez que le protagoniste est immortel, vous aurez moins peur. Alors que si votre protagoniste est mortel (je pense notamment à JRR Martin, auteur de Game of Thrones, qui a une fâcheuse tendance à tuer ses personnages, même les plus importants), vous allez flipper un chouïa plus 🙂

Tout le travail de l’auteur·trice consiste à équilibrer conflits et enjeux pour donner du relief à votre récit.

A noter : si mon exemple est lié à la Fantasy, les concept d’enjeux et de conflits ne se limitent pas à ce genre. Comme je vous en avais parlé dans mon article sur le conflit, un conflit peut être de type physique (armé, violent, obstacle…) mais aussi psychologique (pensées, défauts…).

Conflits et enjeux d’un roman : donner des émotions

Sur ce blog, l’un de mes articles les plus lus est Ecrire les émotions et les transmettre. Ce n’est pas un hasard : la notion d’émotion est ultra importante et c’est le plus souvent votre capacité à faire passer de l’émotion dans votre livre qui va le rendre marquant.

D’après Dorian, jouer sur les conflits et les enjeux est l’une des clés pour transmettre de l’émotion. En dressant de hauts obstacles entre votre héros et son objectif, et en montrant à quel point il tient à son objectif, vous allez entraîner des émotions : vous allez créer de la peur (face à l’obstacle), de la tristesse (en cas d’échec), de la joie (en cas de réussite).

Les émotions les plus faciles à créer sont celles qui résonnent le plus facilement en nous : il est difficile d’entraîner des émotions à son/sa lecteur·trice dans une bataille grandiose car l’identification sera plus compliquée. Par contre, l’amitié et l’amour ou la tristesse sont des sentiments partagés et plus faciles à convoyer.

Comprendre les conflits du protagoniste

Une des choses qui m’a intrigué pendant la présentation de Dorian est le fait qu’il soutenait que l’auteur·trice doive porter à la connaissance de son/sa lecteur·trice tous les conflits internes du protagoniste. Selon lui, c’était le meilleur moyen de happer le lecteur dans l’émotion et de l’amener à s’intéresser aux obstacles rencontrés par le protagoniste.

J’avoue que je n’avais pas pensé à cela et que dans un premier temps, je n’était pas totalement d’accord avec cette idée. Il me semblait que cacher certains éléments était important pour créer du mystère… D’ailleurs, mon personnage Maxence, au sein de mon roman Entre chiens et loups, rencontrait elle-même un conflit intérieur que j’avais pris le parti de ne pas révéler au lecteur.

Et pourtant, les remarques de Dorian ont touché juste. Je vous le donne en mille : lors des bêta-lectures de mon roman Entre chiens et loups, l’un des reproches qui m’a été le plus souvent formulé était que Maxence était froide. L’émotion ne fonctionnait pas, on ne s’attachait pas à elle… « On ne sait pas pourquoi elle agit comme ça. »

J’ai désormais envie d’écrire le background de Maxence et de le donner à lire à mes lecteur·trice·s rapidement dans le texte. C’est la piste d’amélioration de mon texte qui me semble la plus évidente. A suivre 🙂

Révéler les conflits de son protagoniste au lecteur, pourquoi ?

Pour mieux vous convaincre de la nécessité de donner à lire les conflits internes de votre personnage principal, voici les arguments de Dorian :

  • Permettre l’identification
  • Permettre de mieux comprendre ce que le protagoniste a à perdre en cas d’échec (ses enjeux)
  • Il faut du mystère, oui. Mais pas du mystère au détriment de la compréhension d’un personnage.

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J’ai été très contente de participer à cette MasterClass et j’en ai retiré de jolies choses : merci au Studio Infinite. Je ne suis pas revenue ici sur l’entièreté de la présentation par respect pour le travail de recherche de Dorian 😉 Si vous souhaitez en savoir plus, il faudra aller le voir en conférence 😉 Il en donne lors des différents salons où sa maison d’édition est présente.

J’espère que cet article vous aura inspiré !

A demain pour une newsletter sur les Appels à textes des mois qui viennent…

Marièke

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6 comments

Stéphane Arnier 25 janvier 2019 - 14 h 15 min

Oui, les enjeux sont un concept très peu connu des auteurs, souvent confondu ou amalgamé à d’autres choses. Savoir distinguer ce qu’est l’objectif, ce qu’est l’obstacle et ce qu’est l’enjeu, c’est primordial. Dans l’un de mes articles j’avais pris l’exemple du funambule : l’objectif, c’est de se rendre de l’autre côté du filin ; les obstacles sont la longueur du filin, sa finesse ou encore la force du vent ; et l’enjeu, c’est la hauteur à laquelle est suspendue le fil. On comprend bien que s’il est à 30cm du sol ou 300m, la tension qui habite un spectateur pendant la traversée n’est pas la même. Ainsi, il faut en permanence que soient clairs pour le lecteur :
– ce que veut le personnage ;
– ce qui l’empêche de l’obtenir ;
– … et donc, surtout, ce qu’il se passera s’il l’obtient ou s’il ne l’obtient pas.

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Marièke 26 janvier 2019 - 17 h 44 min

Oui, la distinction entre conflits et enjeux est importante, c’est évident ! Et cela permet d’ajouter des émotions à son roman !

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Benjamin 2 février 2019 - 18 h 45 min

« Il faut du mystère, oui. Mais pas du mystère au détriment de la compréhension d’un personnage »
Je trouve ce point particulierement interessant. Pour moi, l’un des aspects les plus compliques de l’ecriture est la gestion de l’information (en delivrer le stricte necessaire, et au bon moment, eviter autant les scenes d’expositions que la lassitude vis-a-vis d’un mystere maintenu au-dela du raisonnable…).
J’ai egalement recu le commentaire que tu as recu vis-a-vis de Entre chiens et loups, merci donc de faire echo a ce point qui semble cher au lecteur: permettre assez rapidement une identification au personnage!

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Marièke 10 février 2019 - 18 h 00 min

Contente de découvrir que mes expériences servent à d’autres 🙂
Bonne chance pour la correction de ton texte !

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Jérôme 8 février 2019 - 9 h 27 min

Une distinction à laquelle je n’avais pas pensé, mais qui tombe sous le sens quand elle nous ait donné. Merci pour ce retour.
Il est également très vrai que c’est de l’identification que va naître un maximum d’attachement de la part du lecteur pour le personnage ainsi que toutes les émotions qui en découlent. C’est l’objectif de tout écrivain, je suppose, que de générer une émotion chez son lecteur. Pour cela, j’utilisais l’écriture au présent que je trouve plus immersive que le passé simple. Il facilite également la retranscription des pensées du héros. Une combinaison de l’ensemble est à tester!
Encore merci pour cet article

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Marièke 10 février 2019 - 18 h 04 min

Merci pour ton message et bons tests 😉

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