Guide de l’écriture inclusive

by Marièke

Comment utiliser l’écriture inclusive ? · Je vous propose, dans cet article, les règles que j’applique pour ce blog et qui sont aujourd’hui assez couramment utilisées lorsqu’il s’agit d’écriture inclusive.

Hello ✨

Depuis septembre 2018, j’ai décidé d’utiliser l’écriture inclusive pour ce blog. Ce, pour différentes raisons que je vous expliquais dans cet article de 2018 vous présentant ma décision (elles n’ont pas changées et se sont même renforcées à mesure que je me renseigne sur l’écriture inclusive et l’impact du générique masculin en français !).

Dans cet article, je vous présente les règles que j’applique désormais dans tous mes articles et dans les articles que j’écris pour des clients qui acceptent l’écriture inclusive.

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Avant de commencer : l’écriture inclusive

Pourquoi utiliser l’écriture inclusive ?

Le but de cet article n’est pas de vous prouver le bien fondé de l’écriture inclusive ou de s’interroger sur cette dernière. Il s’agit avant tout de vous donner des clés pour l’utiliser si cela vous paraît important. Si vous en êtes au stade de vous interroger sur l’intérêt de cette écriture, vous pouvez lire cet article mais je ne suis pas sûre que vous y trouverez les réponses et les réflexions que vous recherchez. Je vous invite plutôt à :

  • Visionner cette vidéo réalisée en 2020 et dans laquelle je vous parle de l’écriture inclusive et des raisons qui me poussent à l’utiliser ;
  • Visionner cette vidéo par Scilabus qui rassemble toutes les recherches sur le générique masculin (ou le neutre masculin en français). Je l’ai trouvée très intéressante et particulièrement marquante sur l’impact qu’ont les mots pour agir sur notre pensée et nos croyances. Son avantage est qu’elle s’appuie sur des études et des chiffres, éléments qui manquent parfois.

Quelles règles pour l’écriture inclusive ?

Il n’existe aujourd’hui aucune règle officielle pour appliquer l’écriture inclusive.

Un majorité des règles qui existent et sont utilisées sont originaires de Suisse et du Québec, où la langue française n’est pas bridée par l’Académie française. Dans ces deux endroits, des guides à l’usage des agents administratifs sont proposés pour une bonne utilisation du français.

Voici quelques liens qui existent à ce propos :

Le guide que je vous propose aujourd’hui combine ces règles et vous propose des solutions pour utiliser l’écriture inclusive dans votre usage quotidien du français. J’essaye de quadriller les différentes questions et solutions qui existent à l’heure actuelle. N’hésitez pas à faire vos propres choix par rapport à tous les outils que je vous propose dans cet article !

Définir ses propres règles ?

En l’absence de règles fixes et posées clairement, il est donc nécessaire d’effectuer ses propres choix. Ce sont les miens que je vous présente dans cet article mais je sais que :

  • Ils ne sont pas parfaits : je n’ai pas de réponse aux problématiques des dyslexiques face au point médian ou aux personnes non binaires qui se sentent exclues de certaines formes. Je reste curieuse face aux études qui paraissent sur ces sujets et attentive aux solutions qui sont apportées, et je suis prête à adopter de meilleurs choix !
  • Ils sont orientés : quand j’utilise la langue française, mon premier objectif est de limiter l’invisibilisation des femmes. Les choix que j’ai fait et les règles que je me suis imposées vont dans ce sens. Si vous êtes non-binaire et favorisez la neutralité, certains de mes choix ne vous conviendront pas. Je vous invite à en prendre connaissance et à apporter vos propres modifications.
  • Ils sont encore en construction : neutre ou accord de proximité ? Ces deux alternatives frémissent parmi les littéraires et dans les réflexions autour d’une langue française plus inclusive. Je reste à l’écoute de ces alternatives et je vous proposerai prochainement un article sur le sujet des alternatives à l’écriture inclusive telle que je vous la présente ici.

À vous d’établir ce que vous souhaitez mettre en avant dans votre écriture et votre mode d’expression. Gardez simplement en tête que l’objectif est que l’on puisse vous comprendre (puisque c’est l’objectif premier d’un langage) : il s’agit donc de conserver des codes communs à une majorité de personnes. Autant il est possible de s’adapter à un nouveau mot ou à une nouvelle forme d’accord, autant il sera certainement compliqué de faire comprendre une grammaire complètement différente !

Où utiliser l’écriture inclusive ?

À titre personnel, j’ai fait le choix d’utiliser l’écriture inclusive dans :

  • Mes mails personnels et professionnels
  • Mes articles sur ce blog
  • Mes guides d’écriture, disponible sur ce blog
  • Les articles que j’écris pour mes clients, quand ces derniers acceptent l’écriture inclusive pour leur site.

Je n’utilise pas encore l’écriture inclusive au sein de mes romans et textes de fiction – à suivre ! (Cela aussi, cela fait partie des règles que vous pouvez ou pas vous imposer !)

Règle #1 : La neutralisation du genre humain

J’ai placé cette règle en premier car elle a un mérite : celle d’être extrêmement simple à mettre en place. En gros, il s’agit de remplacer “Homme” par “Être humain”.

C’est tout.

L’objectif est simple : le terme “Homme” n’a pas à définir l’entièreté des êtres humains de cette Terre alors même qu’il existe un terme neutre “Être humain” qui recoupe beaucoup plus de vérités.

Cette technique a le mérite d’être non genrée et pourra parfaitement convenir si vous recherchez un français neutre.

La déclaration des droits de l’homme et du citoyen

Et plus largement comment gérer la notion de “Droits de l’homme” ?

En changeant pour “Droit des humains” ou “Droits des êtres humains”. Le manifeste Droits humains pour tou·te·s appelait, en 2020, à faire ce changement.

Pour ce qui est de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, il est difficile d’utiliser un autre nom pour ce document fondateur de la République française. Il serait cependant intéressant d’y apporter des modifications, à l’aune de l’évolution des mentalités qui s’est opérée depuis 1789 ?

Et le terme fraternité ?

Le terme “fraternité” si cher à la République française puisqu’il en constitue la devise, avec les termes Liberté et Égalité, n’a rien d’inclusif… Et oui, il rend hommage à l’amour entre frères, entre hommes. La “sororité” est son pendant féminin et pour aller vers un terme complètement neutre, on préférera le terme “adelphité” que je trouve, à titre personnel, particulièrement beau. L’adelphité fait référence à l’amour et aux forts sentiments qui lient deux à plusieurs personnes, de quelque genre qu’elles soient.

À nouveau, on ne va pas changer chacun·e dans notre coin la devise française (déjà que l’écriture inclusive n’est pas bien vue !) mais c’est toujours intéressant de s’interroger sur l’origine des mots et sur le sens qu’ils portent !

❤️ Remplacer HOMME par ÊTRE HUMAIN quand le terme parle de toute la population !

Règle #2 : La féminisation des titres (métiers, titres)

Deuxième règle que j’applique en écriture inclusive : la féminisation des titres. L’objectif : arrêter d’invisibiliser les femmes !

À savoir : si métiers et titres ont longtemps été conservés au masculin, c’est parce que la forme féminine était réservée à la femme de. Ainsi, la conseillère n’était autre que la femme du conseiller, la boulangère, la femme du boulanger… et ainsi de suite !

La féminisation des métiers

Quand on parle de féminisation des noms de métier, l’argument qui revient toujours est l’existence du métier “Sage-femme” qui n’aurait pas d’équivalent au masculin. D’une part, c’est faux : on peut parler de sage-homme. D’autre part, c’est le seul nom de métier qui n’a pas réellement d’équivalence au masculin. Contrairement à écrivain, auteur, peintre, maçon, charpentier, pompier… et ainsi de suite ! ?

Cette technique a le défaut de ne pas être non genrée et d’exclure les personnes qui se reconnaissent comme non binaires.

La féminisation des titres

Plus encore que les noms de métiers, l’écriture inclusive telle nous sommes nombreuses et nombreux à avoir choisi d’écrire consiste aussi à féminiser les titres : Maire / Mairesse, Docteur / Doctoresse…

Cette technique a le défaut de ne pas être non genrée et d’exclure les personnes qui se reconnaissent comme non binaires.

❤️ Féminiser les noms de métier et les titres pour rendre visible l’activité des femmes.

Règle #3 : La fin du neutre / générique masculin sur les accords

Cette dernière règle est certainement la plus compliquée à appliquer et celle qui cristallise le plus les débats car elle transforme significativement la langue française, à l’écrit et à l’oral. Si vous choisissez de passer à l’écriture inclusive, c’est certainement cette règle qui vous posera le plus de problèmes ?

Il s’agit ici d’en finir avec la règle du neutre masculin, aussi appelée générique masculin et souvent présentée comme “Le masculin qui l‘emporte sur le féminin.”

Cette règle se répercute à différents niveaux en grammaire française :

  • “Léo et Léa marchent dans la rue. Ils avancent doucement.” ⇒ On utilise “Ils” car la présence de Léo l’emporte sur Léa.
  • “Les auteurs ne sont pas assez rémunérés dans le processus de la rédaction d’un roman.” ⇒ On utilise “auteurs” et non “autrices” car il y a des hommes dans la communauté des auteurs et des autrices.

Pour contourner ces formulations, plusieurs solutions qui vont venir s’utiliser selon les situations et selon vos choix !

L’usage du neutre, l’épicène

La première technique consiste à remplacer le mot genré qui pose problème par un nom neutre, aussi appelé nom épicène. Un mot épicène est un mot désignant un être animé et qui n’est pas marqué du point de vue du sexe. Il peut être employé au masculin et au féminin sans variation de forme. Cette technique a le mérite d’être non genrée et pourra parfaitement convenir si vous recherchez un français neutre**.**

“Léo et Léa marchent dans la rue. Le couple / duo avance doucement.” ⇒ “Ils”, qui revenait à supprimer l’existence de Léa, est remplacé par un terme qui donne autant d’importance à Léo et à Léa.

Cette technique fonctionne souvent pour des groupes larges et permet le plus souvent de supprimer le mot “Ils” :

  • Le lectorat, la clientèle, la patientèle
  • Les gens
  • Le peuple, la population
  • Le corpus

Mais elle fonctionne aussi dans d’autres contextes, notamment quand on veut éviter de renvoyer une personne à son genre pour différentes raisons. Voici une liste de mots épicènes :

  • parent
  • personne
  • individu
  • adulte
  • bénévole
  • collègue
  • élève
  • enfant
  • gosse
  • malade
  • nomade
  • partenaire

Le redoublement

La deuxième technique consiste simplement à utiliser à la fois la forme masculine et la forme féminine. Cela rend immédiatement apparent la présence des femmes dans le corpus désigné.

Cette technique a le défaut de ne pas être non genrée et d’exclure les personnes qui se reconnaissent comme non binaires.

  • “Les auteurs et les autrices ne sont pas assez rémunéré-e-s dans le processus de la rédaction d’un roman.” ⇒ Les autrices apparaissent à la même “hauteur” que les auteurs. Une question demeure quant à l’ordre de ces noms communs : quelle forme mettre en premier ? La forme masculine ou la forme féminine ?

La limite de cette forme est qu’elle peut être assez lourde. J’aime l’alterner avec les mots épicènes vus précédemment et la technique qui suit afin de varier.

La contraction

Pour alléger l’usage du redoublement, une alternative peut être l’usage des formes contractées qui contiennent à la fois le féminin et le masculin : iel plutôt que il/elle, celleux plutôt que celles et ceux… Attention cependant : l’usage de ces formes, parfois adopté par les personnes non-binaires, est tout particulièrement sensible et vous risquez de vous exposer à des critiques.

Voici les formes contractées qui existent et sont de plus en plus usitées :

  • IEL (il / elle)
  • IELS (ils / elles)
  • CELLEUX (celles et ceux)
  • ELLEUX (elles et eux)
  • IELS-même (eux-même, elles-même)

Le point médian (le tiret, la parenthèse)

La quatrième et dernière technique que j’utilise pour incorporer de l’inclusivité dans la langue française est le fameux (tant décrié) point médian : ·. Ce petit signe de ponctuation cristallise tous les débats c’est pourquoi j’essaye, depuis peu, de le remplacer par le tiret qui semble moins polémique. Ce dernier reste plus souple que la parenthèse dont l’usage pose des problèmes (il est nécessaire de la refermer ce qui, dans certains cas, n’est pas utile).

Cette technique permet d’ajouter la forme féminine à certains noms (auteur-trice-s) mais aussi et surtout à respecter l’accord en genre.

  • “Les auteur-trice-s ne sont pas assez rémunéré-e-s dans le processus de la rédaction d’un roman.” ⇒ Dans “auteur-trice-s”, le tiret permet de rendre visible les autrices, non présentes dans le terme “auteurs”. Quand à “rémunéré-e-s”, le tiret sert à respecter l’accord en genre nécessaire pour respecter la justesse grammaticale de la phrase.

La limite de cette forme est donc qu’elle n’est pas très adaptée à l’expression orale. Si vous devez écrire un texte amené à être lu, privilégiez les deux techniques précédentes.

❤️ En finir avec la règle du masculin qui l’emporte sur le féminin. 
⇒ Utiliser les mots épicènes pour éviter l’usage des mots genrés 
⇒ Utiliser le redoublement, composé de la forme masculine et de la forme féminine 
⇒ Utiliser la contraction avec parcimonie, cette dernière étant aussi adoptée par les personnes non-binaires 
⇒ Utiliser la ponctuation pour ajouter la forme féminine à une forme masculine ou pour respecter l’accord en genre

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Voici les trois règles que j’utilise pour écrire en écriture inclusive au quotidien, dans mes mails et dans mes articles. En l’absence de règles clairement définies, j’agis selon mon objectif qui est, je vous l’ai donné en ouverture de cet article, donner plus de visibilité aux femmes dans la langue française. Ces règles vont donc dans ce sens.

Écrivez-vous en écriture inclusive ? Quelles règles appliquez-vous ? Dans quels contextes utilisez-vous l’écriture inclusive ?

Belle journée,

Marièke

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2 comments

Mélany 8 juin 2022 - 15 h 23 min

Bonjour Marièke,

je me permets de laisser un commentaire car je suis sage-femme et le terme « sage-homme » n’existe pas et n’existera jamais. Pour la simple raison que le mot « femme » dans le nom de ce métier s’adresse à la femme, la patiente.
Sage-femme veut dire, en gros, « détenir le savoir sur les femmes ».
Comme autre nom il y a maïeuticien.ne mais très peu employé.
Mes collègues sages-femmes hommes s’appellent et se font appelés sage-femme sans aucun problème.

Merci pour le reste de l’article, très intéressant.
Bonne fin de journée 🙂

Reply
Marièke 8 juin 2022 - 15 h 46 min

Bonjour Mélany, merci pour ce retour et cette précision très intéressante !

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