La micro-entreprise pour les auteurs : on en parle !

by Marièke

Bonjour à toutes et à tous,

Après un article sur la romance, revenons sur des choses un peu plus terre à terre ! Aujourd’hui, j’avais envie de revenir vers vous sur une thématique que j’ai déjà un peu ébauchée : le fait de vivre de sa plume. Et plus encore, sur les solutions pour y parvenir.

C’est pourquoi j’avais envie de parler avec vous de la micro-entreprise, ce statut qui peut vous permettre d’auto-éditer. A noter : en plus d’être blogueuse ici, j’accompagne des entreprises au sein de La Patronnerie. Cela me permet d’être assez à l’aise sur ces sujets 😉


Avant de commencer : La micro-entreprise, est-ce obligatoire ?

Non. Il n’est pas obligatoire d’avoir une micro-entreprise pour devenir auteur·trice. En effet, comme je vous le disais dans mon article sur les statuts juridiques de l’auteur·trice, une personne publiée par une maison d’édition classique peut tirer tous ses revenus de ses droits d’auteur – auquel cas, la création d’une micro-entreprise n’est pas nécessaire.

La micro-entreprise n’est nécessaire que lorsque l’auteur·trice touche de l’argent en direct : vente de livres pour son propre compte sur internet (via son site ou un tiers) ou en salon, prestations (lectures, ateliers) non incluses dans son contrat initial… Si vous êtes auto-édité·e, il y a de fortes chances pour que vous deviez créer une micro-entreprise pour être dans les règles et déclarer votre argent.

A retenir : en dessous de 2000€ de revenus, pas d’obligation

Les impôts ont un seuil de tolérance quant aux revenus touchés sans statut à condition que l’argent soit déclaré tout de même.

Pour ce qui est du chiffre exact, j’aurais un peu de peine à vous le donner : il n’est pas officiel. Ou du moins, je n’ai pas réussi à le trouver. On m’a parlé d’une enveloppe d’environ 2000€.

La micro entreprise en questions

Tant qu’à parler avec vous de ce statut, autant aller jusqu’au bout.

Comment ça marche ?

La micro-entreprise est une entreprise individuelle qui sera créée nominativement. Vous ne pouvez pas cumuler la micro avec une entreprise individuelle.

La micro-entreprise n’a que peu d’obligations légales. Il suffit d’un compte bancaire séparé de votre compte bancaire personnel (ce compte peut être pro mais pas obligatoirement). À l’heure où j’écris ces lignes [en février 2019], les logiciels comptables et le stage ne sont pas obligatoires.

La micro-entreprise a un plafond de chiffre d’affaires de 70 000 € en prestations de service et 190 000 € en achat / revente. Si vous dépassez ce plafond, votre entreprise se transforme automatiquement en entreprise individuelle.

De façon générale, la micro-entreprise n’est pas assujettie à la TVA. Je dis de façon générale car il y a de nombreuses exceptions :

  • vous pouvez demander d’être assujetti·e dès le départ à la TVA (cela peut-être intéressant si vous faites de l’achat-revente) ;
  • une fois la moitié du plafond de chiffre d’affaires dépassé en services et/ou en achat-revente, votre micro-entreprise devient assujettie à la TVA. ;
  • vous pouvez demander d’être assujetti·e à la TVA pour votre activité d’achat-revente mais pas pour celle de prestation de service.

S’il n’est pas obligatoire d’avoir un comptable en micro-entreprise, je ne peux que vous recommander d’en trouver un au moment où la TVA entre en ligne de compte. (C’est pour votre bien que je dis ça…)

Combien ça coûte ?

La micro entreprise vous charge à 23% en prestations de service et 12% en achat-revente [en février 2019].

Grâce à l’Accre, un formulaire que vous avez tout intérêt à remplir à la création de votre structure, ces taux sont moindres au début de votre activité et vont en augmentant.

En plus, il faudra payer la cotisation foncière des entreprises (CFE), une taxe qui tombe en novembre et dépend de votre ville et du nombre de m2 occupés par votre entreprise. Vous en êtes automatiquement exempté la première année d’activité.

En plus, vous devrez payer des impôts sur le revenu à partir de ces informations.

La micro-entreprise en bref

  • Une entreprise individuelle simplifiée
  • Une création rapide
  • un compte bancaire à part – mais pas forcément professionnel ou business
  • un plafond de chiffres d’affaires
  • une affiliation à la TVA flexible
  • pas de possibilité de récupérer des frais
  • des charges allégées

La micro-entreprise pour les auteurs

Pour finir cet article, j’avais envie de vous partager mon expérience. Des articles techniques sur la micro, vous en trouverez des tonnes sur internet. Mais sur le fonctionnement appliqué de la micro, c’est moins sûr 😉

0. C’est pour moi ?

Honnêtement, ne créez pas de micro-entreprise si vous ne gagnez pas plus de 1000€ avec votre travail d’auteur·trice. C’est énormément de travail pour pas grand chose. En attendant, déclarerez aux impôts vos revenus dans la case « Autres revenus » et ça suffit 😉

1. La création de l’entreprise

Quand vous commencez à gagner plus régulièrement de l’argent, il devient important de se déclarer.

Sur le site de la micro-entreprise (attention, il y en a plusieurs et tous ne sont pas officiels), remplissez les informations nécessaires. La seule partie un peu « compliquée » est celle de votre activité. Choisissez « Edition, Production, Impression, Reproduction » dans la case Domaine d’activité et écrivez « Edition » dans la case Choisissez votre activité.

Créez un compte bancaire perso dans le même temps, ainsi qu’un tableau Excel (ou un livre de compte) où vous allez indiquer toutes vos factures émises et encaissées. Vous n’êtes pas obligé·e d’avoir un tableau de suivi de vos dépenses (l’État ne vous le demandera pas sauf si vous êtes affilié·e à la TVA) cependant je vous conseille d’en avoir un, ne serait-ce que pour vos statistiques.

Quelques jours après votre inscription, vous recevez un courrier avec toutes les informations légales.

2. Le fonctionnement

Chaque fois que vous réalisez une vente, en direct ou en ligne, vous devez éditer une facture. La seule obligation légale est que les factures doivent avoir une numérotation qui se suit. Lorsque vous allez sur des événements comme un salon, vous devez emmener un carnet de factures.

Retrouvez dans ma page Ressources, le modèle de facture à télécharger. (Pour y accéder, inscrivez-vous à ma newsletter !)

Chaque mois, vous devez déclarer en ligne, sur le site où vous avez créé votre statut, votre chiffre d’affaires encaissé. (Attention, pour éviter de payer des charges sur des sommes que vous n’avez pas encore touchées, ne déclarez pas votre chiffre d’affaire facturé : il peut parfois y avoir un décalage entre ces deux chiffres.)

3. Le cas des imprimeurs

Je me répète mais en tant que micro-entrepreneurs, vous ne payez de charge que sur le chiffre d’affaire.

Aussi, si vous facturez 30€ de livre à un lecteur (dont 15€ pour l’imprimeur), vous allez vous retrouver à payer des charges sur 30€… Alors même que votre marge est de 15€ seulement.

Pour éviter ça, deux solutions :

  • les factures de débours – qui prouvent que vous n’êtes qu’un intermédiaire pour l’argent mais n’en bénéficiez pas ;
  • les réversions des imprimeurs – demandez à vos lecteurs d’acheter directement le livre sur le site de l’imprimerie. En échange, l’imprimeur vous reversera une commission sur la vente de votre livre (la différence entre le prix du livre brut et le prix de vente du livre : dans notre exemple, 15€).

Mon expérience d’auto-entrepreneuse

Entre 2012 et 2015, j’ai été auto-entrepreneuse (l’ancêtre de la micro- entreprise). Je garde un souvenir un peu négatif de cette période à titre perso car mon statut était d’abord et avant tout un moyen pour mes employeurs du moment de me payer moins cher.

Cependant, je ne peux nier que le statut de micro-entreprise, quand il est utilisé correctement (ie. pour facturer des prestations complémentaires à son activité principale), est intéressant. Peu cher et assez simple à mettre en oeuvre, je ne peux que vous encourager à commencer par ce statut en tant qu’auteur ou autrice.

Aller plus loin

Pour conclure, je vous invite à lire quelques articles proposés ici :


Le statut de la micro-entreprise est particulièrement adapté aux auteurs et autrices qui auto-éditent leurs textes et touchent de l’argent directement des particuliers (sans intermédiaire d’une maison d’édition). Je vous le recommande car ce sera le plus léger.

J’ai essayé d’être la plus complète et la plus didactique possible… Mais il est encore possible que certains points ne vous paraissent pas très clairs. N’hésitez pas à me contacter en commentaires s’il vous reste des questions.

Très bon weekend à vous,

Marièke

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2 comments

Beaufreton Jean-Patrick 22 avril 2020 - 20 h 19 min

Le montant de la tolérance des impôts ?
L’article 102ter du Code des impôts dit en son 1er alinéa : « Le bénéfice imposable des contribuables qui perçoivent des revenus non commerciaux dont le montant hors taxes de l’année civile précédente ou de la pénultième année, ajusté s’il y a lieu au prorata du temps d’activité au cours de l’année de référence, n’excède pas 70 000 € est égal au montant brut des recettes annuelles diminué d’un abattement forfaitaire de 34 %. Cet abattement ne peut être inférieur à 305 € ».
Donc si les 34% d’abattement = 305 euros, le fisc devrait ficher la paix en dessous de 1 779,41 euros (305 / 34 x 100)

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Marièke 1 mai 2020 - 9 h 02 min

Merci pour cette précision chiffrée 🙂

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