Bonjour à toutes et à tous,
Il y a environ un an de cela, je vous partageais deux articles sur la correction d’un texte : un article sur les corrections de fond et un article sur les corrections de forme.
Si c’est une méthode que j’ai utilisé pour plusieurs textes (notamment pour mes nouvelles et pour Pouvoirs, mon roman autoédité), c’est une méthode qui a échoué lorsque j’ai voulu corriger mon dernier roman en date, Des médias et des hommes (ex-Entre chiens et loups). C’est pourquoi j’ai appliqué une autre méthode en août dernier quand je me suis mise à réécrire ce roman. Une autre méthode que j’ai décidé de mettre en mots aujourd’hui car j’ai une tripotée d’autres textes qui attendent des corrections !
Un poil de contexte : Des médias et des hommes
Ce texte, écrit pendant le Camp NaNo 2014, m’a particulièrement résisté. Presque terminé mais pas complété. Le premier jet était là, mais je sentais que le livre était bancal. Je l’avais envoyé en bêta-lecture en 2017 mais les retours obtenus n’avaient fait que confirmer mes doutes quant à la froideur de Maxence, mon personnage principal, et la transparence de Miralem, son pendant masculin.
Pendant un temps, j’ai espéré que reprendre quelques paragraphes et quelques débuts de chapitres suffirait à remettre ce texte dans le droit chemin. Et ben quoi ? On a le droit de rêver, non ? Mais il a fallu me rendre à l’évidence : cela ne suffirait pas. Au contraire : le retoucher morceau à morceau pour essayer de lui rendre une cohérence globale ne fonctionnait pas. Pire, cela le rendait encore plus morcelé. Sans liant. Sans vie.
C’est pourquoi, j’ai décidé de faire ce que je m’étais toujours refusée à faire. Une réécriture complète. Bien entendu, je ne me suis pas lancée comme une sauvage dans ce travail de corrections : j’ai préparé un peu le terrain. C’est surtout ce travail en amont de la réécriture que j’ai envie de vous présenter dans cet article.
#1 Un travail sur le thème de mon texte
Des médias et des hommes est un texte que j’ai présenté lors du Mazarine Book Day 2018. Lors de cet événement, j’avais eu l’occasion de pitcher mon roman et d’échanger avec une éditrice sur mon travail. Cet exercice avait été particulièrement intéressant car, après lui avoir parlé de mon texte, elle m’avait fait une proposition de synopsis tourné autour des trois personnages féminins de mon texte : Maxence, sa soeur Cécile et Inès. Elle m’avait aussi demandé de parler des thèmes centraux de mon texte. De cette discussion était ressortie très clairement que l’homosexualité (et notamment l’acceptation de l’homosexualité), les rapports aux hommes et les médias étaient les thèmes centraux de mon texte.
Ce gros travail de débroussaillage m’avait permis de poser plusieurs évidences. Et notamment deux : 1) Des médias et des hommes n’était pas une romance classique et 2) je devais équilibrer mon texte en redonnant leur place aux autres personnages (le premier jet était centré sur Maxence, Inès étant née un peu par hasard).
#2 Un gros point sur les personnalités de mes personnages
Ce premier travail avait donc eu lieu en mars 2018.
Le nouveau déclic a eu lieu en août 2019. (Oui, quand je vous dit que ce texte a été compliqué à écrire.)
Alors que j’étais en Savoie avec mon compagnon au début du mois d’août, j’ai décidé de poser sur papier ce qui caractérisait mes personnages. Maxence, Cécile, Inès, Miralem… Si j’étais assez claire et au fait sur Cécile et Inès, par exemple, Maxence était très floue dans ma tête car je ne parvenais pas complètement à la saisir.
En réécrivant l’histoire sous forme d’un synopsis selon son point de vue unique, j’ai réussi à mieux la comprendre et à mieux saisir son fonctionnement. Plusieurs scènes que j’avais écrites se sont expliquées tandis que d’autres se sont avérées irréelles. Elles sonnaient faux.
Comprenant l’efficacité de ce travail, je l’ai ensuite opéré pour tous les personnages qui me paraissaient plus compliqués à saisir.
#3 Le début de la réécriture
Une fois ces différents éléments plus clair dans ma tête, j’avais prévu de relire mon texte et de l’annoter… J’ai finalement choisi d’y aller beaucoup plus violemment. J’ai pris mon éditeur de texte, je l’ai ouvert et j’ai commencé à écrire. J’ai coupé, j’ai ajouté, j’ai corrigé, j’ai recoupé.
Pour me suivre dans cette tâche, un seul outil : un carnet dans lequel j’ai écrit au fur et à mesure les chapitres corrigés. Certains m’ont pris beaucoup de temps, d’autres beaucoup moins.
J’ai opéré ce travail en un mois : août 2019. J’avais alors la chance d’être en vacances et je ne peux que me féliciter d’avoir pris un mois de vacances cette année. Des médias et des hommes avait besoin de ce temps… et moi aussi.
#4 Réécrire un roman : astuces au fil de l’eau
- A chaque élément incohérent rencontré, faire immédiatement la modification et ne pas hésiter à revenir en arrière – quitte à ne pas avancer de la journée. Cela évite de se perdre et de laisser des incohérences. Si c’est compliqué à réaliser dans une phase d’écriture (je suis incapable de le faire en cours de premier jet), j’ai trouvé cela plus facile à faire en réécriture. En effet, je connaissais mon texte par coeur à force de le retravailler et je savais exactement ce qu’il fallait modifier pour rétablir l’équilibre et la cohérence.
- Faire ce travail sur des temps courts (une à deux heures par jour, pas plus) mais quotidiennement : cela permet d’avoir son texte très clairement imprimé dans sa tête. Plus encore, cela aide à lisser son style littéraire qui peut avoir tendance à bouger (en tout cas, le mien évolue régulièrement, surtout si je travaille sur un autre texte entre temps).
- Ne pas hésiter à relire très régulièrement les fiches liées à ses personnages et à s’y référer en cas de doute. Mieux vaut perdre quelques minutes qu’écrire une information dont vous n’êtes pas sûr·e. Je ne le fais pas en cours d’écriture du premier jet mais c’est essentiel en phase de réécriture.
- La grammaire, le vocabulaire et la syntaxe sont importants. Si j’avais pris l’habitude, dans mes travaux de correction, de séparer fond et forme, j’ai complètement changé sur ce point. J’ai fait attention, dès le départ, à ce que le style soit en accord avec l’histoire et la cohérence.
- Si je suis la première à vous conseiller de sauter des scènes si vous ne parvenez pas à les écrire en phase de premier jet, je ne serais pas aussi souple pour cette phase de corrections. Ecrivez dans l’ordre chronologique. En effet, j’ai trouvé essentiel d’écrire les morceaux manquants – paragraphes et scènes plus longues – au fur et à mesure de mon avancée. Cela m’a permis de les intégrer de manière logique et fluide dans le reste de mon texte. Il n’y a qu’une scène que j’ai écrite presque le dernier jour de la réécriture de mon roman. Elle était assez particulière pour que je puisse me le permettre…
Conclusion
Au final, l’impression de nettoyer mon texte au fur et à mesure a été très satisfaisante pour moi. J’ai aimé pouvoir me dire que mon texte devenait peu à peu propre et lisse. Et ce que j’ai préféré dans cette méthode, c’est écrire l’épilogue et savoir que je n’avais plus besoin de revenir en arrière.
En effet, avec ma méthode précédente – forme, puis fond – arriver à la fin de son texte n’était pas définitif. Il fallait sans cesse le reprendre pour y repérer un nouvel élément. Une méthode efficace mais répétitive. Je l’aimais car j’avais peur de manquer quelque chose en regardant tout d’un coup – d’expérience, je sais qu’il peut être difficile d’être attentive à tout en même temps sans s’éparpiller.
Cependant, je réalise aujourd’hui qu’une méthode plus globale, qui consiste plutôt à découper le travail en petites sessions très régulière, est bien plus efficace pour moi. Elle m’aide à avoir une vision d’ensemble de mon texte.
Qu’en est-il pour vous ? Quelle méthode utilisez-vous pour réécrire vos romans ? Optez-vous pour une méthode morcelée (une chose après l’autre) ou pour une méthode plus globale (tout en même temps) ?
Dites-moi tout ! Je suis curieuse de savoir 🙂
Belle journée,
Marièke
PS : J’en profite pour préciser que NaNoWriMo oblige, je suis très en retard sur les réponses aux mails et aux commentaires. Désolée ! Je reprends en décembre !
8 comments
bonjour, personnellement, j’écris à la main, c’est en dactylographiant le texte que je vois les incohérences et que je corrige au fur et à mesure. mais ton idée est bonne, je vais m’en inspirer, merci
Bonjour, effectivement, c’est une méthode que j’ai déjà utilisée et que j’apprécie. Mais j’écris beaucoup moins vite à la main que par ordinateur et, parfois, j’ai l’impression de perdre mes idées en route :s
C’est intéressant de connaître la méthode de quelqu’un d’autre. Pour ma part, j’ai toujours beaucoup de mal à réécrire – bien souvent j’ajoute des éléments ou je modifie certains passages qui me paraissent pas assez pertinents. Je m’attache à l’orthographe, grammaire et syntaxe lors du premier jet, autrement je n’arrive pas à me relire.
Ce blog est très instructif, et me donne du courage pour continuer, et pour oser un jour aller plus loin que le lectorat de mon entourage proche…
Merci pour ces partages !
Merci pour ton retour ! Effectivement, si je morcelais ma réécriture auparavant, j’ai décidé cette fois de tout faire en même temps et cela m’a apporté du positif 🙂
Ayant découvert ton blog depuis déjà quelque temps, je tiens tout d’abord à te remercier pour tes articles qui me sont très utiles pour l’écriture.
Cet article m’a tout de suite attirée car j’ai entamé la réécriture de mon premier jet en novembre. Pour ma part, j’ai d’instinct opté pour la méthode globale où je corrige tout d’un coup au fur et à mesure de ma relecture et je te rejoins sur ta conclusion. C’est très agréable d’épurer son roman chapitre par chapitre et de se dire qu’on l’améliore au fil des jours. Je trouve qu’on se rend mieux compte de notre progression et c’est très motivant.
C’est mon premier roman et donc la seule méthode que j’ai testée pour l’instant mais l’autre méthode dont tu parles ne me tente pas trop. Je ne sais pas si je réussirais à dissocier fond et forme en relisant mon roman et à corriger l’un en ignorant l’autre lors de la première relecture. C’était en tout cas très intéressant d’avoir ton retour d’expérience sur cette étape !
Merci pour ton retour ! Oui, c’est agréable de voir son texte se transformer au fur et à mesure mais c’est aussi énormément de travail et cela demande d’avancer tout doucement 😉
Pour enrichir cet article, disons que j’écris « au kilomètre » : une à deux heures par jour, 2 à 2.500 mots, pas plus.
Comme je sais dès le dernier « opus » où j’emmène mes personnages et que je m’inspire largement de l’actualité, je parviens à « lier » tout ça dans un même récit.
Ma meilleure réussite dans le genre, c’était « Parcours Olympiques », sauf que je ne connaissais pas la fin quand j’ai commencé…
Celui en cours mêle « Notre-Dame-de-Paris » à la crise sanitaire (en passant par les commémorations « particulières » et pour le moins curieuses du D-Day, Poutine à Brégançon, le G7 et le voyage de Macron – inattendu – dans l’Océan Indien.
Le suivant démarre avec la crise du Covid-19 pour finir par les futures relations « tendues » avec la Corée du Nord : je sais déjà le scénario et je vais m’y mettre.
Et puis j’oublie : je laisse passer un ou deux mois, je reprends le manuscrit que je relis comme si j’étais un lecteur quelconque qui découvre.
J’en profite pour le mettre « en forme », corriger les « fautes de clavier » (j’en fais encore beaucoup trop car « j’écrase » un ordinateur tous les deux ans et les claviers ne sont pas toujours les mêmes….), j’élague à la tronçonneuse et j’enrichis.
Parfois, je me retrouve avec des pavés du double de chapitres que je prévoyais ,et je suis obligé d’en faire deux volumes.
Et comme il s’agit d’une série (avec les mêmes personnages : je fais l’économie de leur recréer un « univers »), je suis obligé de faire d’habiles rappels en renvoyant à d’autres volumes déjà existants où qui sont encore à écrire.
Mais au fond, c’est l’actualité qui m’inspire – je l’ai déjà dit – ces fameux « fils-rouges » qu’il s’agit de raccorder entre eux, ces « informations orphelines » qui ne devraient pas exister et qui sont si vite oubliées.
Passionnant !
Bien à vous !
I-Cube
Les corrections sont forcément différentes selon notre profil d’écrivain·e 🙂 Effectivement, si ton premier jet est déjà bien construit la réécriture est plus aisée. Un univers commun implique certainement un travail moins lourd de création, mais il faut bien bosser sa cohérence entre les différents opus par contre 🙂