Envoyer son roman aux maisons d’édition : mettre toutes les chances de son côté

by Marièke

Bonjour à toutes et à tous, 

Vous le savez peut-être : en août, je terminais les corrections de mon dernier roman, Des médias et des hommes (anciennement Entre chien et loup). Le destinant à l’édition classique, j’ai dû, en septembre / octobre, me préparer pour envoyer mon roman aux maisons d’édition.

Sans vous proposer une méthode miracle pour réussir (après tout, je n’ai pas encore eu de réponse), je vous donne mes clés pour mettre toutes les chances de votre côté. 


Avant de commencer : 6 erreurs à éviter pour envoyer son roman aux maisons d’édition

Avant de vous lancer dans la lecture de cet article puis dans l’envoi de votre roman aux différentes maisons d’édition, voici quelques erreurs à absolument éviter. En effet, s’il n’existe pas de méthode miracle pour parvenir à faire publier son roman par une maison d’édition, il existe des choses qui vous grilleront à coup sûr. 

#1 Envoyer votre livre au pif

Cela ne sert à rien. C’est coûteux, long et inutile. Rien que ça. Envoyer votre livre au pif, au petit bonheur la chance n’a aucun intérêt.

Dans une maison d’édition que j’ai côtoyée de très près, spécialisée dans les textes scientifiques sur l’enfance et la scolarité, les soumissions étaient quotidiennes de texte qui n’avaient rien à voir avec le sujet… Je me souviens de deux propositions improbables : Essai sur les poubelles et Ode aux chats. Oui, dans une maison d’édition spécialisée dans l’éducation.

Bref, ciblez.

#2 Présenter votre manuscrit en salon

Ne soyez pas l’auteur·trice au manuscrit. Celui ou celle qui écume les salons avec son manuscrit sous le bras pour le proposer à toutes les maisons d’édition qu’il·elle rencontre.

  1. C’est inutile
  2. C’est lourd pour votre dos
  3. Les personnes présentes en salon sont pour la grande majorité des membres du service commercial, non éditorial
  4. C’est inutile

A la limite, vous pouvez vous présenter, dire que vous avez écrit un texte et demander un contact ou un nom : « Pouvez vous me dire qui est l’éditeur en charge de la collection XX ? J’aimerais lui adresser mon roman. »

PS : Si vous voulez absolument placer votre manuscrit en salon, il existe quelques speed-meeting (organisés par des maisons d’édition telles que Mazarine…). Pour le coup, allez-y avec votre roman : c’est fait pour ça !

#3 Ne pas lire les conditions de soumission

La majorité des maisons d’édition ont désormais des pages de leur site web dédiées à la soumission de manuscrit. Lisez-les ! Et respectez-les.

« Pas de manuscrit au format numérique » signifie « Pas de manuscrit au format numérique » : inutile de leur envoyer votre texte au format numérique ! 😉

#4 Penser que la maison d’édition va changer de ligne pour vous

« Bonjour, je sais que vous ne publiez que de la poésie mais vous trouverez ci-joint mon roman SF. Il est tellement bien que vous aurez certainement envie de créer une catégorie hors série pour moi. »

Il y a extrêmement peu de chances pour que vous parveniez à vos fins ainsi. Pourquoi ne pas envoyer votre roman qu’aux maisons SF ? D’une part, vous aurez bien plus de chance de le voir accepter. D’autre part, ces maisons d’édition auront un lectorat adapté à leur ligne éditoriale : comment une maison d’édition spécialisée dans la poésie peut-elle vendre et faire la promotion d’un texte SF, aussi bien soit-il ?

#5 Oublier le respect / Harceler la maison d’édition

« Bonjour, suite au refus des éditions Gallimard d’accepter mon roman, je me permets de vous contacter car vous êtes une plus petite maison d’édition. » NON.

« Bonjour, je vous ai envoyé il y a deux jours mon manuscrit, qu’en avez-vous pensé ? » « Et maintenant ? » « Et là ? » NON PLUS.

Cela vous paraît gros ? De nombreuses maisons d’édition témoignent sur les courriers non respectueux reçus en accompagnement des manuscrits qu’elles reçoivent au quotidien. S’ils ne sont pas tous écrit dans un but de rabaisser la maison d’édition et son travail, ils sont pour le moins maladroits… Attention à votre discours 🙂

#6 Ne pas différencier édition à compte d’auteur et à compte d’éditeur

Ce point-là est un peu particulier… Lorsque l’on vient de compléter pour la première fois un roman, l’envie est forte d’aller taper à toutes les portes pour le faire connaître. C’est assez normal. 

Et dans un milieu aussi concurrentiel que l’édition – où la part de romans publiés est faible, pour ne pas dire minuscule – quelques entreprises ont décidé de jouer avec des règles du jeu un peu différentes. C’est pourquoi il y a aujourd’hui trois modèles d’édition : 

  • L’édition classique (que l’on peut aussi appeler l’édition à compte d’éditeur)
  • L’édition à compte d’auteur
  • L’auto-édition

Si vous ne connaissez pas encore la différence, je ne peux que vous inviter à découvrir mon article détaillé sur le sujet. Cela devrait vous protéger des entreprises un peu borderline.

#1 Repérer les maisons d’édition intéressantes pour votre roman

Au moment de soumettre votre manuscrit aux maisons d’édition, votre premier travail est de cerner le genre de votre roman et – si cela vous est compliqué – les maisons d’édition qui publie des romans similaires (en terme de ton, de thématiques, d’histoire, de personnages…). 

Comme je vous le disais en introduction de cet article, il est inutile d’envoyer votre livre à la volée. D’une part, c’est coûteux : envoyer votre roman au format papier peut vite vous revenir très cher, d’autant plus si vous l’envoyez en 15 exemplaires. D’autre part, c’est souvent inutile : mieux vaut envoyer votre roman à cinq maisons d’édition triées sur le volet plutôt qu’à 45 au pif. En effet, la qualité de votre envoi (lettre d’accompagnement et mise en forme de votre livre) risque d’en pâtir et vous pourriez passer à côté d’une publication.

Essayez de repérer une dizaine de maisons d’édition, au maximum.

#2 Créer un tableau de soumission

Maisons d’éditionEnvoiAdressesMise en forme spécifiquePréparationDate de l’envoiRetoursRemarques
Mail /
Courrier

Mail
Manuscrit
Synopsis

La colonne Maisons d’édition parle d’elle-même : notez la liste des maisons d’édition repérées.

La colonne Envoi vous permet de préciser quelle méthode de soumission préfère (réclame) la maison d’édition visée. Il n’y a pas vraiment de règle : si certaines très grosses maisons d’édition ont choisis de passer au tout numérique, d’autres préfèrent encore le format papier manuscrit. C’est la même chose pour les maisons d’édition plus petites et indépendantes. 

La colonne Adresse vous permet d’indiquer l’adresse mail ou postale où vous devrez envoyer votre manuscrit. N’oubliez pas de noter le nom de la personne (s’il est indiqué) et le nom du service. 

La colonne Mise en forme spécifique est pour les maisons d’édition qui ont des règles de soumission spécifiques. Si la majorité n’indique qu’une adresse et un format de soumission (papier ou numérique), certaines maisons d’édition vous demandent d’ajouter un synopsis à votre envoi (voir de n’envoyer qu’un synopsis). Quelques maisons d’édition sont très strictes sur les formats d’envoi : marges à 2,5 cm, interligne double… 

La colonne Accompagnement (Mail / Manuscrit / Synopsis) est faite pour vous. Elle vous permet d’indiquer si vous avez tous les éléments prêts pour l’envoi. En effet, comme il est pertinent d’avoir des mails de soumission (ou des lettres d’accompagnement) personnalisés, il est de bon ton d’écrire un mail différent par maison. 

La colonne Date de l’envoi est, il me semble, assez explicite. Elle vous permet d’indiquer la date à laquelle vous avez envoyé  votre manuscrit. Cela peut vous aider à vous repérer dans le temps (les retours pouvant durent plusieurs mois). 

La colonne Retours est faite pour enregistrer les retours : négatifs, propositions d’amélioration et positifs. 

Enfin, j’ai pensé la colonne Remarques au cas où vous aviez des choses à garder en tête avant ou après la soumission de votre manuscrit. Par exemple, si une maison d’édition a indiqué avoir fermé ses soumissions pendant un mois, vous pouvez vous noter la date de réouverture des soumissions pour ne pas la rater 🙂

#3 Remplir le tableau !

Une fois le tableau dressé (ce qui va vous prendre approximativement deux minutes), il s’agit encore de le remplir ! A vos marques, prêt… recherchez ! Rendez-vous sur les différents sites des maisons d’édition qui vous intéressaient et indiquez leurs différentes conditions de soumission. 

#4 Mettre en forme votre manuscrit

Sans pour autant en faire un livre au format professionnel, il est nécessaire de respecter certaines règles au moment de préparer un manuscrit à la soumission. Si je ne peux pas rassembler toutes les règles particulières aux maisons d’édition – cela donnerait un article imbuvable et je ne pourrais pas le tenir à jour… – je peux vous établir une règle d’une bonne mise en page. Les voici. 

Pour le papier et le numérique

  • Un manuscrit n’est pas un premier jet. Il me semble important de le rappeler car il est important que vous retravailliez un minimum votre texte avant de le soumettre aux maisons d’édition pour lui donner une chance. Si les maisons d’édition vont très certainement émettre des pistes d’amélioration, elles n’accepteront pas de reprendre tout depuis le début… Un premier jet doit absolument être retravaillé avant d’être envoyé. 
  • Si l’orthographe et les fautes ne seront pas forcément éliminatoires (toute maison d’édition sérieuse ayant sa team de correcteur·trice·s), une dernière vérification orthographique de votre texte ne sera pas de trop ! Procédez de même avec la syntaxe. Si quelques phrases mal formulées pourront passer, cela risque tout de même de vous pénaliser.
  • Essayez, dans la mesure du possible et de vos connaissances de l’informatique, de respecter les règles typographiques. A nouveau, un tiret cadratin devant un dialogue ne sera pas éliminatoire mais bon, autant laisser une bonne impression. Retrouvez toutes les règles typographiques dans cet article écrit par Angèle. 
  • Pour le papier comme pour le numérique, imprimez avec des marges assez larges (2,5 cm pour un format A4) ET un interligne important (1.5 ou double). La taille 12 est un bon compromis.
  • Pensez à mettre votre nom et votre prénom sur le manuscrit au cas où il soit écarté de sa lettre d’accompagnement ou imprimé par la maison d’édition.
  • Il n’est pas nécessaire de prévoir une couverture pour votre livre : cette dernière pourrait même vous être préjudiciable (les maisons d’édition ont besoin de s’approprier votre texte pour pouvoir l’insérer dans leur catalogue). Si vous désirez dépenser un peu d’argent, préférez opter pour un·e correcteur·trice qui pourra mettre le doigt sur les erreurs de fond (cohérence…) et de forme (orthographe et syntaxe).

Format Papier

  • Essayez, à nouveau, dans la mesure de vos connaissances informatiques, de placer correctement vos numéros de page et vos début de chapitre. Cela peut vite être désagréable. J’ai posté un article sur la mise en forme pour l’auto-édition : vous pouvez vous en inspirer. 
  • Evitez Evitez EVITEZ les typos tordues, compliquées à lire ou originales. Les typos à serif sont les plus pratiques à lire sur papier. Le Times new roman, le Garamond et le Georgia sont des typos plutôt sympas à utiliser (avec le Times New Roman, vous jouez dans la simplicité, tandis que les deux autres sont plus sophistiquées).
  • Imprimez en recto seul : c’est le mieux. Si cela vous fait trop de mal au porte-monnaie et au coeur pour tous ces arbres, adoptez le recto-verso en préférant un papier un poil épais pour éviter que les annotations traversent le papier.
  • Mon format préféré est le A4 pour l’impression. C’est ce qui permet d’avoir un livre moins épais. Cependant, la limite de ce format est qu’il n’est pas facile à glisser dans une enveloppe. Vous pouvez donc opter pour quelque chose de plus petit (le A5, notamment), pour permettre un envoi plus simple (dans une enveloppe à bulle, par exemple).

Format Numérique

  • Même conseil que pour le papier : Evitez Evitez EVITEZ les typos tordues, compliquées à lire ou originales. Cependant, pour le format numérique, les typos à sans serif sont plus lisibles. Arial ou roboto sont mes petites préférées. 
  • Exportez votre roman au format PDF. C’est le meilleur conseil que je puisse vous donner. Si certaines maisons d’édition acceptent encore le .DOC, vous pouvez être sûr·e qu’elles n’auront pas la même version de Word que vous et que ça va mal tourner 😉 Le format PDF permet de créer un doc non modifiable qui ne changera pas quoi qu’il se passe. (Pour enregistrer au format PDF, rendez-vous sur la commande Exporter de votre logiciel de traitement de texte et enregistrez-sous le format PDF).

#5 Imprimer votre manuscrit

Une fois votre manuscrit tout beau, il vous reste à l’imprimer. Les imprimeurs sont de plus en plus nombreux (j’ai eu l’occasion de vous faire plusieurs revues ces derniers mois). Je vous laisse aller découvrir les différents retours :

  • Lulu : basé aux états-unis, ce n’est pas forcément l’acteur qu’il vous faut car les délais sont plutôt long. En plus, c’est plutôt un outil de publication que d’impression.
  • WriteControl : pratique et rapide pour l’impression de vos manuscrits. Il permet d’imprimer en A5 et en A4 pour des tarifs intéressants même sur des petites quantités (surtout pour le A4).
  • Le livre en papier : un imprimeur de qualité à la demande. Petit défaut dans cette situation : il vous demande de préparer une fiche pour votre roman (ce qui n’est pas complètement adapté ici).

#6 Rédiger les mails / lettres d’accompagnement

L’impression de votre manuscrit est lancée ? Il ne vous reste plus qu’à bosser la lettre (ou le mail) d’accompagnement de votre texte. (Pour certaines soumissions, il faudra aussi faire un synopsis : consultez cet article pour vous aider). 

Pour la lettre, faites simple, respectueux et personnalisé. Mieux vaut écrire peu que maladroit.

Je vous conseille 5 paragraphe : 

  1. Bonjour,
  2. Je me permets de vous contacter pour vous envoyer mon manuscrit XXX, dont l’histoire s’inscrirait parfaitement dans votre collection XXX. 
  3. Un paragraphe sur votre livre et, potentiellement sur vous si votre histoire personnelle a un quelconque lien avec l’intrigue (si vous êtes parti dans un essai sur les pompiers et que vous êtes vous-même pompier, c’est intéressant de le partager ^^’)
  4. Un paragraphe sur la collection visée et les raisons pour lesquelles vous aimeriez rejoindre la maison d’édition – travail d’accompagnement, auteur·trice que vous connaissez…
  5. Un merci pour votre attention…

Et voilà 🙂

Vous l’avez remarqué, ce plan vous oblige à faire une recherche sur la maison d’édition et, pourquoi pas, à lire quelques uns de ses livres… C’est pour moi un pré-requis. Cela vous permettra d’être sûr·e de vous adresser à la bonne maison pour votre livre. C’est aussi ce qui vous limitera dans vos envois : comme dit tout au début de cet article, une soumission de manuscrit bien faite est plus efficace que 45 envoyées au pif. 

*****

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bonne chance à vous dire merde (pour les plus superstitieux·ses d’entre vous). Je souhaite le meilleur à votre manuscrit !

Beaux envois, 

Marièke

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2 comments

Sabrina 18 novembre 2019 - 15 h 24 min

Clair, précis et concis. Parfait, merci pour toutes ces informations, je ne connaissais pas le concept du Mazarine et son speed-dating. Belle journée à toi, Sabrina.

Reply
Marièke 1 décembre 2019 - 17 h 15 min

Merci pour ton petit message 🙂

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