Bonjour ☀️
Dimanche dernier, j’ai assisté à une masterclass, extrait d’une formation de Bernard Werber pour The Artist Academy. Cela durait 30 minutes et si j’y allais avec curiosité, j’avoue avoir été un peu déçue.
Déçue par le contenu « en surface » (mais 1) il s’agissait d’un extrait de formation et 2) difficile d’approfondir en 30 minutes !) mais surtout par les positions affirmées de l’écrivain. Pour moi qui prône le « on est tous différents en écriture » ça manquait un peu trop de nuance. Je sais d’ores et déjà que je n’accrocherais pas avec la formation.
Parmi les affirmations de Bernard Werber, l’une d’elle m’a semblé tout particulièrement intéressante à discuter ici : « L’écrivain écrit. » Je l’ai trouvé aussi vraie et pertinente qu’elle peut être fausse. On en discute.
PS : Vous avez assisté à cette webconférence / à la formation complète ? N’hésitez pas à faire un retour en commentaire ! Cela peut être intéressant pour celleux qui s’y intéressent ! ?
Contexte
Difficile d’envisager de parler d’une citation sans expliciter un peu le contexte dans lequel la phrase a été formulée. Bernard Werber a répondu à une question sur les difficultés d’écriture et sur le syndrome de l’imposteur.
« Comme le cheval galope, l’écrivain écrit. C’est sa fonction. »
Mais que fait-il alors de celleux qui n’arrivent pas à écrire ? Qui galèrent ? Qui se mélangent entre leurs projets ? Qui se font manger par leur quotidien ?
L’écrivain écrit, oui !
Quand Bernard Werber dit qu’un « écrivain écrit » j’approuve. C’est effectivement une belle définition de l’écrivain, aussi simple qu’elle est limpide. Cette affirmation a deux avantages : le premier, de rappeler le rôle premier de l’écrivain, le second, d’effacer un peu un syndrome de l’imposteur trop fréquent.
L’essentiel, c’est d’écrire
Tout est dit ici en matière d’écriture. Sur ce blog, on parle de préparation, de méthodes, de techniques, de réécriture… mais l’essentiel est ailleurs. L’essentiel est d’écrire.
Vous pourrez avoir toutes les idées et tous les plans du monde, si vous ne prenez pas le temps d’écrire votre histoire, elle ne naître pas. C’est aussi simple, basique et définitif que ça.
Donc oui, être écrivain.e, c’est d’abord et avant tout écrire.
À bas le syndrome de l’imposteur
Plus encore, cette affirmation balaie d’un revers de main tous les doutes que vous pouvez avoir quand il s’agit de vous attribuer un titre.
Êtes-vous auteur / autrice, écrivain / écrivaine, écrivant / écrivante, romancier / romancière ou que sais-je encore ?
Je sais combien il est difficile pour nombre d’écrivants et d’écrivantes de se considérer comme écrivain.e : nous avons toutes et tous l’impression d’usurper un titre qui n’est pas le nôtre et que nous ne méritons pas, car renommée et reconnaissance ne sont pas forcément au rendez-vous.
Pour beaucoup, cela entraîne un syndrome de l’imposteur.se parfois bloquant, parfois handicapant, à la fois pour écrire et pour parler de soi et de sa passion.
Alors j’aime la simplicité de cette définition : l’écrivain écrit. J’écris donc je suis écrivaine. Point, à la ligne, on passe à la suite.
Mais c’est à nuancer
Si elle est vraie et positive, cette affirmation « L’écrivain écrit » a néanmoins ses failles.
La vie quotidienne
Dans le meilleur des mondes, un écrivain écrit.
Dans la réalité, un écrivain a un boulot (alimentaire ou qu’il apprécie d’ailleurs), une vie de famille et ainsi de suite. L’urgence et le besoin d’écrire peuvent alors de noyer dans la réalité du quotidien.
Entendre « un écrivain écrit » peut alors devenir culpabilisant et déstabilisant — voire même recréer un sentiment d’imposture.
Et la publication ?
« L’écrivain écrit. » Certes. Mais soyons honnête, aujourd’hui, est reconnu.e écrivain.e non celui ou celle qui écrit mais celui ou celle qui publie.
S’arrêter à un « écrivain écrit », c’est nier cette nécessité de reconnaissance des pairs. C’est aisé à dire quand on est un écrivain nationalement reconnu — moins quand on n’a aucune reconnaissance.
Et les autres tâches de l’écrivain
Bernard Werber a eu la chance ?, l’opportunité, le courage et le talent de pouvoir vivre de son écriture. Il est aujourd’hui publié et les romans qu’il écrit trouvent sans mal 1) une maison d’édition et 2) leur public.
Sauf que. La vérité c’est que cette équation n’est pas aussi simple que ça à résoudre. Nombre d’auteurs et d’autrices s’y sont cassé les dents. Aujourd’hui, et je le répète assez souvent, être écrivain.e ce n’est pas seulement écrire. C’est communiquer, c’est participer à des signatures, c’est vendre et ainsi de suite.
Dire « l’écrivain écrit » est finalement assez réducteur.
Au final, si je suis d’accord en substance avec l’affirmation qu’un « l’écrivain écrit », je trouve qu’il est important de l’entourer de nuances. Les mots sont importants, que l’on se passionne pour l’écriture ou pour la pédagogie et la formation.
Comme indiqué en introduction de cet article, je suis curieuse de découvrir les retours des personnes qui ont assisté à une formation de Bernard Werber (pour The Artist Academy ou pour un autre organisme !) en commentaires : n’hésitez pas à partager votre avis.
Belle journée et beau weekend de Pâques ?
Marièke