La procrastination est l’ennemi n°1 de nombre d’écrivains et d’écrivaines. Moi-même, en me plongeant dans la rédaction de cet article, j’obéis à la procrastination… d’une certaine façon, ce blog sur l’écriture, c’est de la procrastination !
Parce que la procrastination peut prendre bien des formes et a des solutions, je vous propose de me suivre dans cet article complet sur ce qui est peut-être votre maux le plus difficile à contrer !
Qu’est-ce que la procrastination ?
Commençons tout de suite par les bases : qu’est-ce que la procrastination (définition) et comment se manifeste-t-elle ?
Procrastination, définition
Le mot « Procrastination » signifie littéralement (de par ses racines latines) « repousser au lendemain ». C’est l’action de remettre, systématiquement ou non, une tâche au lendemain. Cette tendance peut toucher un secteur ou tous les secteurs de sa vie.
Dans notre culture de productivité et de to-do list, la procrastination est tout particulièrement décriée alors qu’on le verra par la suite, la procrastination peut s’avérer bénéfique (oui, oui, promis !)
Comment se manifeste la procrastination ?
La procrastination peut prendre plusieurs formes et notamment deux formes toutes particulières :
#1 Une paralysie
Face à toutes les tâches que vous avez à faire (ou face à une tâche précise – finir ce roman !), vous vous paralysez. Vous n’arrivez pas à avancer sur cette tâche alors vous abandonnez toute envie et tout espoir d’accomplir quoi que ce soit. Ne rien faire devient la solution.
Ici, procrastiner = ne rien faire.
#2 Une frénésie
Face à toutes les tâches que vous avez à faire (ou, comme précédemment, face à une tâche spécifique qui vous effraie – oui, toujours finir ce roman !), vous paniquez. Alors vous compensez. Vous vous mettez à ranger le lave-vaisselle, faire le ménage, bouger des choses, brasser de l’air, aussi. Quand vous vous arrêtez, il est trop tard pour affronter la tâche à faire : vous la repoussez « bien malgré vous ».
La procrastination est active. Vous n’êtes jamais aussi actif.ve que lorsque vous procrastinez ! (Mais la tâche n°1 de votre to-do list n’a pas avancé, elle, par contre !)
Pourquoi frappe-t-elle ?
Les raisons liées à la procrastination ont assez peu été étudiées par la psychologie. Je vais essayer ici de vous donner quelques études / chiffres mais peu sont disponibles.
Voici les raisons les plus fréquentes :
L’impulsivité
Selon les études cliniques menées, l’impulsivité serait l’un des traits de caractère les plus connectés avec la procrastination. Si cela peut paraître étonnant, cela s’explique assez facilement.
En effet, une personne impulsive agit sans forcément penser aux conséquences futures de ses actes. Elle agit sur l’instant. C’est maintenant que la tâche bloque / l’ennuie / la paralyse – le bénéfice futur de la tâche n’est pas acquis, ni étudié !
Le manque de confiance en soi
Le manque de confiance en soi aurait moins d’importance dans la procrastination que l’impulsivité mais serait aussi une connexion évidente avec la procrastination.
On comprend aisément comment des schémas d’impuissance et d’échec enregistrés et répétés peuvent entraîner une peur de l’action et ainsi la procrastination. Des stratégies d’évitement, telles que la frénésie ou l’apathie, seront mises en place.
L’ennui et l’apathie
Oui, la flemme est aussi un des leviers qui déclenche la procrastination. Quelqu’un qui se laisse porter par sa flemme et son apathie, ou qui ne trouve de plaisir dans quoi que ce soit, aura tendance à se laisser envahir par la procrastination. Dans ce cas, il y a fort à parier que la procrastination soit inactive – mais potentiellement source de culpabilité et de regret – « j’aurais dû le faire », « je ne fais jamais rien »…
Qui frappe-t-elle ?
Vous êtes vous-même victime (coupable ?) de procrastination ? Pourquoi ? Quelles sont les personnalités et les traits de caractères les plus souvent impactés par la procrasination ? Y’en a-t-il vraiment ? Y-a-t’il des personnes plus en mesure de contrer la procrastination ?
René le Senne, philosophe et psychologue français, envisage la population en différents caractères dominants (caractérologie). Parmi eux, le sous-type actif fait ce qu’il doit faire indépendamment du plaisir qu’il y trouve, tandis que le sous-type émotif agit seulement quand il est porté par l’enthousiasme et quand cela lui apporte des satisfactions immédiates. Le groupement « E nA » (émotif-non actif) peut donc donner une apparence trompeuse d’activité pour un domaine donné, tandis que le groupement nE nA (non-émotif, non-actif) sera le plus propice à la procrastination.
Procrastination et process créatif
Vous le voyez : la procrastination épouse deux formes opposées, l’activité et l’apathie. Deux formes qui peuvent s’avérer soit pertinentes soient complètement opposées au processus créatif.
Face à un roman, vous vous figez et n’avancez pas. À moins qu’a contrario, vous préfériez passer l’aspirateur et nettoyer votre appartement de fond en comble. Au final, votre appartement est propre mais votre texte n’a pas avancé. Dans ce cas, la procrastination semble spécifiquement viser le process créatif.
Cependant, cette situation peut aussi se retourner en votre faveur. Face à l’arrivée d’une tâche spécifique comme un examen, une deadline importante, vous pouvez subitement être pris.e d’une frénésie à… écrire. L’écriture devient alors l’outil d’évitement et la procrastination est alors liée au processus d’écriture. Ici, la procrastination et les stratégies d’évitement sont globales mais tournent en faveur de l’écriture.
À noter aussi, une personne en plein processus créatif pourra avoir tendance à prendre des temps non actif / non créatif pour se laisser le temps de penser à son roman / à son oeuvre. Ainsi, la procrastination peut, dans certains cas, être motivée par l’afflux d’idées et de pensées qu’il reste encore à analyser et à organiser. Dans ce cas, procrastiner peut être bénéfique – reste à connaître la limite entre temps de réflexion et temps d’action !
Comment arrêter de procrastiner ?
Voilà très certainement LA partie que vous attendiez le plus si vous avez découvert cet article. En effet, si vous trainez par ici, il y a très peu de chances pour que vous soyez victime d’une procrastination active qui vous fait écrire au kilomètre ! 😉
#1 Comprendre les raisons de votre procrastination
Comme souvent dans les articles de développement personnel (car ne nous mentons pas, il s’agit bien d’un article de développement pero !), la première étape consiste à comprendre ce qui se joue en nous.
Quand vous vous retrouvez face à de la procrastination – vous n’arrivez pas à faire ce que vous aviez prévu de faire – il est important de vous interroger sur ce que vous ressentez et sur les raisons qui vous pousse à entrer dans cet état de léthargie ou de frénésie.
Demandez-vous :
- Quelle est la tâche que vous aviez prévu de faire ? (Qu’est-ce qui déclenche cette procrastination ?) Si vous vous trouvez par ici, il est possible que ce soit l’écriture… mais certaines personnes sont confrontées à la procrastination au quotidien !
- Comment vous vous sentez ? Êtes-vous actuellement mal à l’aise / inquiet par la tâche qui vous attend ? Êtes-vous enrobé.e par les pensées liées à votre roman ?
- Avant de vous poser cette série de question, quelle stratégie d’évitement aviez-vous envisagé ? Vous poser sur le canapé, faire le ménage, faire une autre tâche de votre to-do list… ?
#2 Soufflez
Ok. Commencez par souffler. Ne culpabilisez pas, ne vous en veuillez pas, ne vous détestez pas. On a toutes et tous le droit d’avoir des outils pour se sentir bien au quotidien – et la procrastination en est un.
Les points qui suivent dépendent de vos réponses aux questions précédentes !
#3 Vous avez peur :
En y réfléchissant, le sentiment qui vous domine au moment d’écrire est la peur. La peur de l’échec, la peur de ne pas y arriver, la peur de ne pas savoir comment reprendre l’écriture que vous avez abandonné. Pour faire face à ces pensées, la stratégie d’évitement devient la plus facile.
Je vous comprends. D’une part, parce que c’est parfois l’émotion qui m’étreint. D’autre part, parce que se lancer dans un process créatif la peur au ventre n’a rien de facile.
Répétez vos acquis et vos savoir-faire
Si vous avez déjà écrit un roman, raccrochez-vous à votre savoir-faire et à cette expérience passée. Si vous avez su écrire un roman une fois, il n’y a pas de raison pour que vous n’arriviez pas à écrire un roman une seconde fois. Rassurez-vous. Soyez le petit ange qui vous rassure sur votre épaule et non le petit diable qui vous descend.
Si vous n’avez jamais écrit un roman, pas besoin de chercher plus loin : c’est normal que vous ayiez peur 😉 L’inconnu fait peur !
Interrogez votre méthode d’écriture
Selon le stade d’avancement de votre texte (préparation, premier jet en cours, réécriture en cours…), interrogez-vous sur les méthodes que vous avez mises en place. Ont-elles fonctionné ? Avez-vous eu l’impression d’avancer ? Essayez-en une autre.
Répondez à votre problème d’écriture
Sur ce blog, j’ai écrit de nombreux articles sur l’écriture. Les voici en vrac :
- Répondre à un blocage d’écriture
- Appréhender la fin de son roman
- Planifier ses derniers chapitres pour finir son roman
Et bien plus encore 😉
Bref, quelque soit l’avancement de votre texte et votre stade, vous trouverez sur ce blog un début de réponse à votre problématique. Allez regarder. Et rappelez vous que, souvent, pour débloquer un blocage d’écriture, la meilleure réponse est encore d’écrire.
#3 Vous vous sentez apathique :
Vous vous sentez vide. L’écriture est en première place de votre to-do list depuis des semaines mais vous ne parvenez pas à y trouver de l’intérêt au moment de commencer à écrire. Vous préférez ne rien faire.
Rappelez vous pourquoi vous écrivez
La procrastination est liée à l’impulsivité, à la tendance à ramener l’action à sa conséquence présente. Or l’écriture est un processus long dont vous ne verrez les résultats qu’à long terme. Vous remettre en contexte, en vous rappelant pourquoi vous écrivez (l’histoire, les messages que vous portez) est un bon moyen de vous remotiver !
Trouvez une source de positif immédiate
Elle est aussi liée à l’absence de plaisir immédiat. Trompez-vous en vous accordant une récompense, quelle qu’elle soit, à condition que vous écriviez : une sucrerie, un rituel d’écriture qui vous fait du bien, une récompense comme un cadeau une fois que vous aurez écrit…
#3 Vous sentez que votre esprit fourmille d’idées
A la différence des deux autres cas, vous êtes focalisé.e sur votre texte mais en pensée. Vous continuez à réfléchir aux différentes ramifications de votre roman, à vos personnages, voire à d’autres romans potentiels. Votre procrastination à vous est clairement créative. À vous de voir désormais ce que vous voulez en faire et si vous la trouvez, ou non, bénéfique.
Dans le cas où vous la sentez non bénéfique (ie dans le cas où vous n’arrivez à rien écrire car vous ne savez pas 1) canaliser votre esprit et 2) vous asseoir pour écrire pour de vrai), je vous invite à lire les deux parties précédentes. Chez vous, le fourmillement d’idées est une stratégie d’évitement comme une autre et peut s’expliquer par des peurs 🙂
Je suis moi-même victime de procrastination et même si elle a tendance à être active, elle m’empêche par exemple d’écrire comme je le souhaiterais. Je sais ce que vous traversez et je vous soutiens 🙂
J’espère en tout cas que cet article vous aura donné des pistes pour parvenir à vaincre la procrastination – ou au moins pour parvenir à la comprendre.
Belle journée,
Marièke