Tout écrivain l’a rencontré un jour : le blocage d’écriture. Il peut être dû à un manque de temps, d’envie, d’inspiration… Mais il est toujours aussi violent. Pendant un jour, une semaine ou un an, l’auteur n’a plus la force d’écrire. À un peu moins d’une semaine de la fin du NaNoWriMo, je vous propose de combattre le blocage d’écriture.
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Avant de commencer
Il y a trois sortes d’écrivains bloqués. Il y a les écrivains qui sont bloqués alors qu’ils avaient un plan établis, ceux qui sont bloqués alors qu’ils écrivent naturellement à l’intuition, sans plan, et ceux qui sont bloqués, non par leur texte, mais par des éléments extérieurs (stress, mal être…).
Si vous connaissez un blocage d’écriture bien que vous ayez un plan, il y a de fortes chances pour que le blocage soit dû à ces deux raisons principales:
- Le plan ne vous satisfait pas ou plus
- Votre processus d’écriture est grippé
Si vous n’avez pas de plan, les causes de votre blocage peuvent être dû à ces deux raisons:
- Votre processus d’écriture est grippé
- Vous êtes perdu dans votre intrigue
Si vous êtes bloqués pour des raisons qui sont extérieures à l’écriture, je vous propose de retrouver un article que j’ai écrit il y a presque un an : Parvenir à écrire quand on ne se sent pas bien. La semaine prochaine, je traiterai la question du stress et de l’écriture : comment écrire quand on se sent coupable d’écrire ?
Je vous invite désormais à lire les parties qui correspondent à votre situation.
Votre plan ne vous satisfait plus
Il y a plusieurs raisons qui peuvent faire que votre plan ne vous plaît plus :
- Vos personnages ont évolué mais pas votre plan
- Vous avez découvert d’autres bras d’intrigues en cours de route
- Vous vous ennuyez
Vos personnages ont changé
Il m’arrive souvent de comprendre mes personnages au fur et à mesure de l’histoire. Le problème, c’est que le plan que j’ai prévu n’est pas forcément adapté à leur évolution. Je pensais qu’ils feraient quelque chose alors que non. Du coup, le plan les bloque dans leur évolution…
Problème : il est très compliqué d’aller contre un personnage qui s’est révélé. Un personnage qui vous impose ses actions est un personnage qui prend vie et qui sera agréable à découvrir. Mieux vaut ne pas l’entraver. Aussi, je prends souvent le parti de changer le plan plutôt que de changer le personnage.
Dans ce cas, ma technique consiste à :
- Annoter ma fiche personnage avec les nouveaux éléments (ou créer une fiche personnage si mon personnage est apparu)
- Réfléchir aux modifications qui se déroulent dans mon plan
- Annoter dans la marge de mon texte ou sur le cahier de mon projet les modifications qu’il faudra opérer dans les chapitres précédents si nécessaire.
- Reprendre l’écriture coûte que coûte !
De nouvelles intrigues sont apparues
Votre plan peut aussi être mis en danger quand de nouvelles idées d’intrigues apparaissent. Cela peut être une modification de l’intrigue principale ou des intrigues secondaires.
Dans ce cas, je suis plus modérée que dans le cas précédent. Je ne pense pas qu’il faut forcément changer tout son plan quand vous avez un doute sur votre intrigue. Si vous avez pensé et créé un plan, c’est que vous avez déjà travaillé sur votre intrigue. Vous avez certainement étudié plusieurs pistes et décidé d’en écarter plusieurs pour différentes raisons.
Si une nouvelle idée d’intrigue s’impose à vous, je vous conseille de l’étudier, de la comparer aux idées que vous aviez eu au départ et de voir en quoi elle est si géniale. Prenez aussi le temps d’étudier les conséquences qu’elle va entraîner sur le reste de votre récit : est-ce que cela vous plaît ? Je vous invite à dormir une nuit ou deux sur ses différentes possibilités.
Si vous décidez d’adopter ces idées :
- Repenser le plan
- Noter quelque part les modifications qu’il faudra apporter aux parties que vous avez déjà écrites si c’est nécessaire
- Continuer à écrire !
Si vous hésitez fortement, je vous conseille d’écrire deux versions des scènes qui suivent votre changement d’intrigue : une version selon votre plan initial et une version avec votre nouvelle idée. Cela devrait vous aider à trancher.
Enfin, si vous décidez de ne pas suivre votre nouvelle idée, je vous conseille de l’écrire quelque part ainsi que les raisons qui ont fait que vous ne l’avez pas suivie. Cela vous aidera à en faire le deuil et vous aidera lors de la réécriture de votre roman.
Vous vous ennuyez
Vous avez fait un plan mais voilà, vous vous ennuyez.
Commencez par vous demander si c’est l’histoire qui vous ennuie ou si c’est le simple fait d’avoir à suivre un plan.
Mon histoire m’ennuie
Êtes vous dans ce qu’on pourrait appeler un « passage de transition » ? Vous savez, ce moment entre deux moments forts de votre texte où vous écrivez pour écrire ? Si tel est le cas, sautez ce passage et écrivez directement la prochaine scène qui vous amuse. Cela devrait vous remotiver. Quant à ce passage de transition, vous y reviendrez plus tard, à la réécriture par exemple, pour le retravailler et en faire un passage amusant. Si vous vous ennuyez sur un passage, sachez qu’il y a de fortes chances pour que votre lecteur s’ennuie aussi…
Avez-vous des doutes sur votre histoire en tant que telle ? Dans ce cas, il est possible que vous ayez besoin de prendre un peu de recul. Lorsque je travaille depuis trop longtemps sur un projet, je m’essouffle un peu. Je trouve mes personnages insipides et mes intrigues toutes pourries. Ce n’est pas grave, ça devrait passer.
Si vous en êtes à ce point, je vous conseille de vous faire une petite liste de pensées positives à accrocher quelque part sur votre espace de travail. Notez-y :
- Pourquoi vous écrivez ce texte : vos motivations
- Ce que vous voulez obtenir avec ce texte, vos objectifs
- Qu’est-ce qui vous intéressait dans ce texte
- Un truc que vous aimez dans votre héros / dans vos personnages
Enfin, rappelez-vous que le premier jet n’est pas définitif ! Ce n’est pas parce que vous écrivez un premier jet avec des faiblesses que le texte que vous proposerez dans quelques mois aux éditeurs en comportera : vous aurez ensuite le temps de le relire, de le modifier, de le faire lire à des bêta-testeurs… Tout ira bien 🙂
Avoir un plan m’ennuie
Si c’est le simple fait d’avoir à suivre un plan qui vous met mal à l’aise, tentez de vous en détacher un peu. Ecrivez les scènes qui suivent comme elles vous viennent. Ce faisant, il n’est pas impossible 1) que vous retombiez sur votre plan à un moment donné et 2) que vous vous aidiez de votre plan pour garder le fil. A l’avenir, si le fait d’avoir un plan est vraiment trop désagréable pour vous, pourquoi ne pas plutôt opter pour un synopsis allégé de votre histoire : quelques paragraphes qui retracent votre histoire dans ses grandes lignes mais qui ne vous enferme pas dans des scènes définies à l’avance.
Vous êtes perdu dans votre intrigue
Ahhh ! Vous avez envie de hurler : vous êtes perdu ! Cela peut arriver quand on navigue à vue : on suit la trace de ses personnages mais ces derniers finissent par faire n’importe quoi et on ne sait même plus où on voulait aller et ce qu’on voulait dire dans son texte. Voici quelques étapes pour revenir dans les rails 🙂
Etape #1 : Travaillez sur la globalité de votre texte
Commencez par vous dégager la tête de l’ordinateur.
Saisissez vous d’une feuille et d’un style et notez, en vrac :
- Le genre de votre texte (romance, fantasy, thriller, policier…)
- La cible de votre texte (jeunesse, young adult, adulte…)
- Le / les thème(s) de votre texte : sur quoi écrivez vous en globalité
- Les grandes lignes de l’histoire que vous voulez raconter : de quoi partez vous, où vous allez, avez-vous une idée de fin ou pas du tout ?
Vous avez certainement déjà pensé à ces éléments à un moment de votre process : vous les rappeler alors que vous avez commencé à travailler sur votre texte peut vous aider à mieux le comprendre dans sa globalité. Si vous commencez à voir vers où votre histoire se dirige, peut-être que vous allez réussir à retrouver vos rails.
Etape #2 : Travaillez sur votre blocage
Une fois que vous avez fait le point sur votre texte dans sa globalité, il est temps de travailler sur le blocage dans lequel vous êtes à présent.
Prenez une autre feuille (ou le dos de la feuille précédente, selon votre degré d’implication dans la sauvegarde de la planète) et notez :
- D’où vous arrivez : quelle est l’idée développée dans les scènes et les chapitres précédents
- Où vous aviez l’intention d’aller : quel était votre but
- Ce qui vous bloque :
- Vous avez créé un tel imbroglio dans les scènes précédentes que vous ne savez pas comment tout démêler : faites le point sur votre imbroglio.
- Vous avez mis vos personnages dans une situation tellement compliquée que vous n’avez aucune idée de la façon dont vous allez les en sortir. Peut-être que cette difficulté est arrivée trop vite dans votre roman et que vos personnages n’étaient pas prêt ? Pouvez-vous leur donner une compétence qui leur permettrait de dépasser ce problème ? Comment pourraient-ils acquérir cette compétence ? Par quelle étape devraient-ils passer AVANT d’arriver dans cette situation pour s’en sortir ?
Interroger votre blocage devrait vous permettre de le dépasser.
Dernier conseil : N’hésitez pas à faire appel à un ami 😉 La discussion est souvent le meilleur moyen pour faire sauter les verrous qui vous entravent !
Votre processus d’écriture est grippé
Si vous avez décidé de vous lancer dans le Nanowrimo alors que vous n’avez pas l’habitude d’écrire, il est très possible que vous soyez en pleine overdose. L’écriture commence peut-être tout simplement à vous saouler.
Conseil #1: faites une pause
Commencez par faire une pause. Si votre objectif est de gagner le Nanowrimo, alors la pause ne pourra pas durer très longtemps, mais autorisez vous une soirée sans écriture. Regardez un film, allez boire un verre, profitez d’un bon resto… Bref, aérez-vous.
Si vous n’êtes pas en train de faire le Nano, cette pause peut durer un peu plus longtemps mais pas trop. Il ne faut pas non plus que vous commenciez à avoir peur de votre texte sinon il se peut que vous l’abandonniez purement et simplement. Ce serait vraiment bête de perdre tout le travail que vous avez déjà fourni !
Conseil #2: changez votre routine d’écriture
Si vous avez l’habitude d’écrire à l’ordinateur à votre bureau, commencez à écrire au stylo dans un carnet assis par terre (ou au travail, ou dans une bibliothèque). Changez votre routine et optez pour autre chose. Cela devrait vous permettre de dépasser cette routine qui commence à vous agacer et à vous empêcher de vous exprimer dans votre texte.
Conseil #3: Donnez-vous envie d’écrire
Dans cette même idée de tout chambouler pour mieux écrire, changez votre routine pour un truc qui vous fait plaisir. Achetez-vous une nouvelle variété de thé, prenez votre pâtisserie préférée à la boulangerie d’à-côté pour vous offrir une pause méritée après l’écriture de XXX mots, faites l’acquisition d’un nouveau siège de bureau ou demandez à votre chéri(e) / meilleur(e) ami(e) de vous faire un massage 🙂
Conseil #4: Ecrivez une scêne qui vous inspire
Que vous ayez planifié ou non votre roman, il y a forcément au moins une scène de votre roman que vous avez envie d’écrire. Que vous mourrez d’envie d’écrire. Lancez vous ! Que ce soit un dialogue, une description, ou encore les pensées de votre personnage à un moment T :Je dirais même qu’on s’en fiche si vous n’utilisez pas cette scène dans votre texte final : le but est que vous continuiez à écrire et que vous trouviez du plaisir dans l’écriture ! Plus vous aurez envie d’écrire et plus vous écrirez 🙂
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J’espère que ce pavé vous aidera à avancer votre super texte quel qu’il soit !
Bon courage à vous et beau weekend d’écriture !
Marièke
Crédit image : Lors d’un blocage d’écriture, il est plus aisé de rester sous la couette plutôt que d’affronter le problème… par Claude Mao (Unsplash, CC0)
4 comments
Bonsoir (bonne nuit ?)
J’étais bloquée dans mon histoire, je ressasse depuis deux semaines, rien ne vient, je piétine, mes personnages râlent. Je me dis que vous aurez sûrement une ou deux astuces pour surmonter un blocage et bingo.
Même pas besoin de sortir mes crayons et ma page blanche (ça c’est de la conscience écologique) que j’ai compris ce qui n’allait pas.
Alors comme je suis de nouveau repartie en roue libre sur l’autoroute de mon histoire, je voulais vous dire merci beaucoup ❤️.
Mes personnages et moi-même vous remercions du fond du cœur.
Camille (et Anna, Marcus, Melvin et tous les autres avec ?)
Contente que mes conseils te soient utiles !!! Plein de courage pour la suite !
Marièke je suis une autrice journaliste bloquée. Très perturbée et frustrée de liberté par ce foutu confinement ma plume est égarée… J’ai les mots en vrac, comme mes pensées. Les plus simples restent encore. Les autres semblent perdus, puis reviennent noyées dans mes doutes. Artiste je me sens triste et désemparée, incapable d’aligner un paragraphe sans chercher mes mots ni raturer. Mon style devient hésitant, presque enfantin. Il était si fluide, facile et créatif ! Je n’arrive plus à me concentrer sur rien, sans colère. Cette violente situation me ronge, en plus de 15 jours de sévères insomnies… C’est grave ? J’ai peur d’avoir perdu ma plume, mon identité d’auteur ! Je suis un avion sans ailes… Que dois-je faire trop énervée pour me reposer Notre média est à peine né merde ! Pascale
Merci pour ton commentaire.
Les mots reviendront 😉 L’écriture, c’est comme le vélo, ça ne se perd pas. A la limite, l’envie s’essouffle, n’hésite pas à prendre une pause et à faire la préparation de tes articles – tu reviendras à l’écriture ensuite 🙂
Bon courage !