Écrire sur un thème grave sans larmoiement [Nos étoiles contraires]

by Marièke

C’est avec la larme à l’œil que j’ai parcouru la plupart du livre The fault in our stars (Nos étoiles contraires en français — il est sorti au cinéma l’année dernière). Et pourtant, John Gree, l’auteur, a réussi un exercice difficile : traiter sans drama excessif le thème du cancer des enfants. Il me semble que si vous êtes en train d’écrire un roman sur un sujet grave, l’analyse des éléments qui permettent à ce texte de donner le sourire malgré le thème triste est intéressant. A vous de voir ensuite si ça vous intéresse de les utiliser ou non 😉

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Critique de Nos étoiles contraires

Résumé

Hazel Grace est une miraculée du cancer. Ou du moins, une rescapée. Atteinte à 13 ans d’un cancer de la thyroïde en phase IV s’étant étendu dans ses poumons, elle continue à survivre à 16 ans à l’aide d’une bouteille d’oxygène qui la suit partout. Cette liseuse compulsive n’a aucun espoir quant à la suite des événements : elle va mourir du cancer. Ses seuls objectifs sont de laisser le moins de traces sur cette terre pour faire souffrir le moins de personnes possibles et de connaître la fin de son livre préféré, An imperial affliction, qui s’achève au milieu d’une phrase. Des objectifs qui se percutent quand elle rencontre Augustus Waters, un autre malade du cancer en rémission.

!! Spoil (surlignez le texte pour le voir apparaître) : Augustus s’attache à elle et veut l’aider à trouver la réponse à ses questions mais elle a peur qu’il souffre à cause d’elle. Parce que leurs étoiles sont défaillantes, Augustus est victime d’une rechute et alors qu’il se meurt, Hazel qui souffre énormément comprend qu’elle ne pourra jamais minimiser la souffrance de ses proches. Il meurt en lui apportant les réponses qu’elle attendait.

Mon avis

Cette histoire est autant une histoire de la maladie à l’adolescence qu’une histoire d’amour. J’ai trouvé les thèmes de la souffrance du malade et des proches, de l’adolescence, du deuil et de l’acceptation de la mort très bien traités. Le tout sur un ton bon enfant qui ne sombre jamais dans le pathos (cf ci-dessous). À lire si vous aimez les histoires d’adolescents, les romances et les questions existentielles (ce livre en aborde beaucoup).

>> A noter que je parle ici uniquement du livre puisque je n’ai pas encore vu le film. Je ne peux donc pas vous dire s’il est aussi bon que le livre 🙂 N’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires.

Ecrire sur un thème grave sans pathos

>> Cette partie comporte des spoilers non signalés. Si cela est à même de gâcher votre lecture, allez vite lire le livre et revenez ensuite 😉

Lorsque l’on traite une histoire d’amour entre une mourante du cancer et un rescapé amputé, c’est difficile de ne pas se noyer dans le pathos. Et pourtant John Green s’en sort magiquement. Si j’ai versé ma petite larme à plusieurs reprises, je n’ai (presque) jamais eu l’impression de tomber dans le je-fais-pleurer-dans-les-chaumières-exprès. Alors même que les histoires négatives inexorables (genre les romans de Zola : ça va mal au début, bof au milieu et encore plus mal à la fin) me fatiguent, j’ai adoré la légèreté (relative) de ce roman. J’ai essayé de réunir les éléments qui ont égayé ma lecture. Je pense qu’ils peuvent être réutilisés dans un roman au sujet grave.

Un personnage principal pas pathétique

Oui, Hazel ne peut pas monter trois marches sans cracher ses poumons défaillants. Oui, elle finit à l’hôpital une fois. Oui, elle n’est pas vaillante. Mais quand bien même, elle ne se plaint jamais de sa condition. C’est juste une ado un peu décalée par trois ans de cancer et trois ans d’école à domicile et de solitude (elle fréquente exclusivement ses parents).

Un ton enjoué

Hazel est la narratrice du livre. Il est écrit à la première personne. Elle utilise un ton enjoué qui s’il peut parfois apparaître lassé (notamment par le personnel médical) n’a rien de pathétique. J’ai particulièrement aimé ses images. Elle se compare par exemple à une grenade sur le point d’exploser, prête à détruire tout ce qu’elle aime.

Des malades qui se moquent d’eux même

Que ce soit Hazel, Augustus ou Isaac, l’ensemble des jeunes atteints par la maladie se moquent de leur état un peu pitoyable (elle traîne sa bouteille d’oxygène partout derrière elle, le deuxième a une prothèse et le troisième est aveugle). Aux portes de la mort, Augustus demander à ses amis de lui écrire une eulogie (un discours dans lequel on dit du bien de quelqu’un) humoristique.

Un personnage un peu dingue

Personnage secondaire important de l’intrigue, Peter Von Houten (oui, comme le chocolat en poudre) est complètement accablé par le deuil. Son personnage est pourtant bien trop désagréable et dingue et irresponsable et alcolo pour être plaint. Il montre cependant une autre facette de la maladie infantile : le malheur des parents.

Des dialogues imagés

Si The fault in our stars est une histoire d’amour les « Je t’aime » et « Moi aussi » sont loin d’être la norme. Les dialogues popent, papillonnent, éclatent, rebondissent. Les jeunes ne s’épargnent pas. Mon préféré est sans aucun doute celui du Dernier Bon Jour de Augustus mais toutes les joutes entre Hazel et Augustus sont savoureuses, de même que les échanges entre Hazel et son père. Ces derniers sont plein de réflexions philosophiques sur le rôle des parents, des humains, du monde, de l’univers.

Des moments positifs, l’histoire d’amour

Le cancer et ses moments difficiles (rechutes, traitement, médecins, examens) ne sont pas passés sous silence mais n’occultent pas les moments positifs. Le rendez-vous de Hazel et Augustus dans un petit restaurant d’Amsterdam en est le symbole, mais l’ensemble de leurs moments sont drôles.

Le trop (pour moi)

Il y a juste un moment que j’ai trouvé de trop : le personnage de Caroline, l’ex de Augustus atteinte d’un cancer du cerveau, avec qui il reste plus d’un an alors que sa maladie la rend odieuse. On avait compris que Augustus était un mec bien avec un destin tragique : je crois qu’il n’était pas la peine d’en rajouter en plus. (N’hésitez pas à me donner votre avis là dessus si vous avez lu le livre)

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Les éléments présentés égayent le livre et en font un très bon moment malgré la gravité du thème traité. Ils rendent ce livre accessible à des jeunes qui seront attirés par l’histoire d’amour et découvriront la question du traitement du cancer. N’hésitez pas à les utiliser si vous envisagez d’écrire un roman sur un thème compliqué 🙂 (pas forcément tous, hein : ça deviendrait du plagiait ^^)

A vendredi prochain sur un article sur Ecrire et donner des émotions.

Marièke


 Nos étoiles contraires (Acheter sur Amazon*)

 Par John Green

 Editeur Dutton Books

 Editeur français Nathan Jeunesse

 Paru en France le 21 février 2013


* Lien sponsorisé

Crédit image : Capture d’écran du film Nos étoiles contraires.

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3 comments

Laduchessederat 29 septembre 2015 - 19 h 48 min

Bonjour,

J’ai lu the fault in our stars l’an dernier, je l’ai beaucoup aimé, notamment parce que c’est avant tout une histoire d’amour entre ados dans le contexte de la maladie, et pas le contraire.
Je trouve que ton analyse est très juste.

Reply
Marièke 1 octobre 2015 - 13 h 47 min

Merci !

D’accord avec ton ressenti. La maladie sert de toile de fond mais c’est vraiment la beauté de l’histoire d’amour adolescente qui prévaut. 🙂

Reply
Marièke PoulatLe book tag et moi - Marièke Poulat 20 mars 2017 - 17 h 15 min

[…] des romances. J’ai beaucoup apprécié Nos étoiles contraires de John Green* (dont j’ai parlé sur ce blog) qui est une histoire d’amour (triste) entre deux adolescents malades du […]

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