Écrire ne s’apprend pas en un jour. Certains auteurs veulent apprendre à courir avant de savoir marcher et se lancent tête baissée dans des trilogies alors qu’ils n’ont jamais écrit auparavant… Le risque est d’en ressortir complètement vidé, avec un texte non complet ou en désordre et une histoire qui ne verra jamais le jour. Pour éviter cette déconvenue, j’aurais tendance à conseiller aux nouveaux auteurs de se lancer dans des projets moins ambitieux dans un premier temps. Je crois qu’il faut d’abord bien comprendre comment fonctionne une intrigue et les mots avant de se lancer dans un roman ou une trilogie. C’est pour ça que je vous propose aujourd’hui un article sur écrire un conte pour écrire un roman.
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Le conte n’est rien d’autre qu’une forme simplifiée du roman avec des étapes d’intrigue similaires. Savoir en écrire un permet de comprendre le déroulement d’une histoire. Cet article sera à la fois un article sur le genre littéraire qu’est le conte et un article de méthode d’écriture.
La composition du conte
La situation initiale
« Il était une fois une montagne habitée de nains travailleurs. »
La situation initiale dépeint la situation de stabilité (totale ou précaire) dans laquelle commence le récit.
L’élément déclencheur
« Soudain, la montagne gronda. Elle était sur le point d’exploser ! »
L’élément perturbateur est l’élément qui vient perturber l’équilibre de la situation initiale. Il n’est pas obligatoirement négatif : si le récit s’ouvre sur le quotidien très pauvre d’une famille, l’élément perturbateur pourrait être la découverte d’un trésor, par exemple. Cela serait de matière à bouleverser leur vie aussi sûrement qu’un tremblement de terre.
Les péripéties
« Pour faire face à la montée de la lave dans les tunnels dans leur mine, les nains décidèrent de construire un barrage de fortune avec ce dont ils disposaient. Malheur ! Cela ne fonctionna pas. Le barrage fondit et la lave continua d’avancer.
Ils décidèrent alors de tous souffler sur la lave pour la refroidirent. Mais ils n’étaient pas assez nombreux et la lave était trop chaude : cela ne marcha pas non plus.
Il n’y avait plus d’autre solution : il fallait courir. Courir très vite. D’un bras ils attrapèrent leurs bébés, de l’autre quelques richesses, et ils sortirent en courant. »
Les péripéties sont les différentes actions entreprises par les protagonistes de l’histoire pour atteindre un nouvel équilibre. Elles sont souvent au nombre de trois mais il n’y a pas de règle.
Le climax
« Ce qu’ils découvrirent à l’extérieur de leur montagne les frappa : toute cette verdure, cette lumière, cette beauté. Cela faisait plusieurs décennies qu’ils n’étaient plus sortis de chez eux. Mais ils n’avaient pas le temps regarder autour d’eux. La terre tremblait et la montagne qui les avaient protégé ne tarderait plus à exploser.
Ils étaient à deux cents mètres du pied de la montagne quand de la lave commença à apparaître à son sommet. Des roches brûlantes dévalèrent les flancs. Il fallait courir, esquiver, regarder derrière soi, courir.
Soudain, un fleuve très large leur apparut. Ils s’arrêtèrent brusquement : aucun d’entre eux n’avait jamais appris à nager. La fin approchait. Ils serrèrent leurs bébés et fermèrent les yeux… quand une voix les appela. Un homme leur faisait des grands gestes un peu plus bas sur le bord du fleuve. Sous ses pieds se tenait une large embarcation. « Venez vite ! Vous n’êtes pas bien grands, vous devriez tous tenir dans mon bac ! » Les nains se précipitèrent vers son embarcation et bien qu’ils n’aient pas le pied marin, furent heureux de voir la barque s’éloigner de la rive de tous les dangers. De l’autre côté, le calme régnait, le fleuve formant une limite naturelle à la lave. »
Le climax est l’ultime péripétie. C’est aussi le moment où la réponse finale à l’élément déclencheur est apportée.
La situation finale ou résolution finale
« Le village du batelier se tenait à plusieurs kilomètres de marche du lit du fleuve, au plein coeur de la forêt. Le sol était secoué de temps en temps par la colère du volcan mais ce n’était rien comparé à ce qu’ils avaient vécu, quelques minutes (heures, jours ?) auparavant.
En arrivant au village, les nains furent accueillis par les regards suspicieux des villageois. Certains reprochèrent même au batelier de les avoir sauvé. Ce dernier haussa les épaules et leur offrir le couvert et un toit, ainsi que quelques autres de ses compatriotes. La méfiance se transforma jour après jour en curiosité puis en intérêt : les nains étaient riches et savaient tailler la pierre. Pour remercier le batelier, ils lui créèrent la plus belle maison du village. Les autres villageois demandèrent une maison similaire et commencèrent à les accueillir sous leur toit avec plaisir.
Plusieurs mois après la fin de l’irruption, quand le volcan s’arrêta définitivement de gronder et que les nains décidèrent de rentrer chez eux, les liens ne se défirent pas. On construisit un pont en pierres sur le fleuve et depuis, les nains de la montagne se nourrissent de viande et de poissons et les humains de la forêt, vivent dans des maisons en pierre. »
La résolution finale est le moment durant lequel l’intrigue est clôturée. Toutes les questions levées durant l’histoire trouvent une réponse dans la résolution finale.
Désolée si l’histoire vous a semblé un peu simplette, je l’ai tricoté vite fait bien fait sans savoir où j’allais atterrir ^^
En quoi écrire un conte peut-il aider à écrire un roman ?
Par sa structure, le conte ressemble à un roman. En effet, dans la plupart des romans, l’histoire est générée par un bouleversement dans la vie du héros. Ce dernier cherche ensuite à le résoudre.
Bien entendu, les romans ne sont pas tous guidés de la même façon, mais vous retrouverez toujours un semblant de situation initiale, un élément perturbateur et des réactions jusqu’au climax et à la situation finale. Ces éléments ne seront pas forcément dans cet ordre — pensez aux histoires qui s’ouvrent sur l’élément perturbateur — et des intrigues secondaires pourront complexifier l’intrigue. Cependant, si vous maîtriser la structure du conte, vous maîtrisez celle d’un roman.
De plus, écrire un conte est bien moins impressionnant qu’un roman. C’est moins long, cela permet des raccourcis et des personnages moins nombreux et moins élaborés. C’est un bon tremplin à l’écriture d’un roman. Vous pouvez même vous servir de votre premier jet sous forme de conte pour le réagencer sous forme de roman.
Ainsi, Évidence, le premier texte que je n’ai jamais achevé, a d’abord été un conte / texte court d’une quarantaine de pages grands carreaux. L’ado que j’étais alors n’avait pas d’ordi et l’avait écrit à la main sur un coup de tête. Au moment de le taper à l’ordinateur, je me suis rendue compte qu’il était plein de trous (déjà à l’époque mes premiers jets n’avaient ni queue ni tête ^^) et j’ai colmaté, rebouché… Au final, cela a donné un texte (non relu) de 150 pages A4 composé de 30 chapitres. Un roman, quoi.
Ce que je cherche à dire, c’est que commencer par quelque chose en apparence peu ambitieux (un texte court, une nouvelle, un conte) peut vous permettre de réaliser votre objectif. Si vous avez du mal à finir la rédaction d’un texte (parce que cela vous impressionne) et/ou à comprendre les rouages d’une intrigue, c’est définitivement une bonne méthode pour vous lancer.
J’espère que ce nouvel article de méthode vous a intéressé.
A demain pour ceux qui sont abonnés à la newsletter (je vous en prépare une belle et pleine de bonnes ondes motivantes) 🙂
Marièke
Crédit image : Un volcan qui illustre parfaitement mon petit conte (Unsplash, CC0).
5 comments
Très bon article. Ton blog est vraiment génial. C’est une mine pour des écrivains en herbe 🙂
J’aime beaucoup les contes /legendes en general et j’ai bien aimé celui çi.
Je suis en train de parcourir tout ce blog, il est tres interessant.
Merci ! 🙂
Merci Marièke,
j’anime des ateliers d’écriture à Toulouse et je m’en suis servie (en prenant es grandes lignes) comme support méthodo pour expliquer aux participants la structure du conte.
Merci pour votre message. N’hésitez pas à parler du blog à vos participants 😉