Pour avancer et éviter de s’arrêter sans cesse pour se relire et éditer, certains écrivains ont besoin d’une pression. C’est ce que l’application web Write or Die propose. Honnêtement, c’est bien trop oppressant pour moi, mais je peux en voir l’utilité.
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Write or Die, un ovni du logiciel d’écriture
>> Avis aux allergiques à l’anglais : L’application n’est disponible qu’en anglais. Le vocabulaire utilisé par l’interface est assez simple cependant.
Write or Die est une application web. Autrement dit, vous n’avez pas besoin de la télécharger sur votre ordinateur pour la faire fonctionner. Se connecter à l’URL du site suffit. Il existe à la fois une version test et une version payante (20$). Cependant, vous pouvez télécharger une ancienne version sur votre ordinateur.
Le principe : vous récompenser ou vous engueuler
Write or Die a pour but de vous forcer à avancer dans votre écriture et vous empêcher de regarder en arrière et de commencer à éditer. Concrètement, vous fixez un nombre de mots à atteindre et une durée de temps limite durant lequel vous devez les écrire, le logiciel vous récompense ou vous rappelle à l’ordre selon votre résultat et le mode que vous avez choisi.
L’écran de configuration de Write or Die
L’application s’organise autour de trois modes (1) :
- Reward : ce mode se veut positif. À mesure que vous avancez, vous recevez des bons points. Ce sont des images dont vous pouvez choisir le thème – voir les images. (Si vous voulez que Mr Darcy vous fasse ‘coucou’ tous les deux cent mots, vous pouvez)
- Consequence : ce mode est plus négatif. Si vous n’atteignez pas vos objectifs ou que vous commencez à trainer, il vous rappelle à l’ordre à l’aide de voyants de couleur puis de punitions. Il se met par exemple à supprimer les voyelles de vos mots si vous n’êtes pas assez rapide…
- Stimulus : c’est le mode au milieu des deux précédents. Il offre une ambiance tranquille et apaisante… tant que vous êtes dans une bonne disposition. Si vous commencez à flâner trop, il passe en mode plus belliqueux.
Les autres offres de cette application sont assez diverses :
- La possibilité de choisir la couleur de fond, la couleur de la police et la couleur des cartons qui vous sont adressés en guise de warning. (2)
- La possibilité d’activer des outils tels que Désactiver les flèches, la touche supprimer et retour en arrière pour vous forcer à aller de l’avant. (3)
- La possibilité d’intégrer une playlist pour un environnement (si vous recherchez un environnement plus apaisant, allez voir le logiciel OmmWriter dont j’ai fait la revue la semaine dernière).
- La possibilité de consulter un générateur d’intrigues et d’idée.
Écran d’écriture du logiciel (Il est là un peu énervé – en rouge –
car j’ai arrêté d’écrire pour prendre la capture d’écran…)
Avantages et limites de Write or die
Avantages
- Cela peut créer un déclic pour les perfectionnistes qui piétinent
- Cela peut vous aider à enfin écrire le passage qui pose des problèmes
- Cela peut vous aider à changer d’environnement et à vous faire écrire, notamment pour finir le NaNoWriMo dans les temps.
Inconvénients
- Cela peut vous oppresser au point de vous bloquer
- L’appli est vraiment loin de ce qu’on pourrait appeler belle : que ce soit l’interface où l’on fixe les options ou le bloc note où l’on est sensé écrire son texte, le graphisme est vraiment bof… à part si vous aimez le graphisme old school. Very old school.
- Comme OmmWriter, ceux qui bossent sur des textes organisés (thèses, mémoire…) et qui ont besoin d’objets de listes numérotées ou de titre, il n’y a aucun outil de mise en forme. Je suis consciente qu’il s’agit là d’un outil pour taper au kilomètre et qu’il faut limiter les fioritures dans ce cas, mais il y a vraiment des textes où les outils de mise en forme les plus minimes (gras, italique, outils de listes numérotées ou puces) sont intéressantes.
C’est pour qui ?
Un peu à la manière de OmmWriter, je ne suis pas entièrement convaincue par l’utilité de Write or Die car j’arrive à m’auto-discipliner et à avancer correctement (lorsque je me fixe une session d’écriture, j’atteins aisément les 1000 mots à l’heure sans me forcer). En plus, je n’ai pas la maladie du perfectionnisme : je ne m’arrête pas sans cesse pour revenir sur ce que j’ai écrit. Cependant, je peux comprendre l’utilité du logiciel pour ceux qui ont du mal à s’y mettre.
Je le conseille :
- À ceux qui ne peuvent s’empêcher de revenir en arrière lorsqu’ils écrivent et que cela bloque : le mode qui empêche le retour arrière devrait les vacciner à vie. Ou les traumatiser.
- À ceux qui ont besoin de pression pour travailler : la sirène stridente qui intervient quand vous avez trop traîné est assez désagréable
- À ceux qui aiment se faire des séances d’écriture brèves et intenses : vous pouvez ici sélectionner un temps et un nombre de mots à écrire et c’est parti. (C’est d’autant plus intéressant si vous savez combien vous êtes capable d’écrire de mot durant une période donnée : ça vous permet de vous fixer un objectif bossant mais atteignable)
Je ne le conseille pas :
- Si vous êtes un stressé : la sirène qui se déclenche risque de vous provoquer une crise cardiaque.
- Si vous aimez passer du temps sur vos premiers jets et que vous les terminez sans problème : après tout, si votre technique fonctionne, pourquoi devriez-vous forcément accélérer le mouvement ? C’est surtout pour ceux qui n’arrivent pas à dépasser le premier chapitre car il sont trop perfectionnistes.
- Si vous travaillez sur un texte très structuré : comme OmmWriter, le logiciel ne propose pas d’outil de mise en forme. C’est logique dans une volonté d’aller vite, très vite. Mais si vous travaillez sur un texte qui demande des titres et des sous-titres et des sous-sous-titres vous pourriez finir par vous y perdre.
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Encore une fois, un logiciel n’est pas une baguette magique. Il est conçu spécifiquement pour se défendre d’une difficulté à l’écriture, mais si vous décider 1) de ne pas l’ouvrir, 2) de le mettre sur pause et 3) de le fermer quand il vous saoule avec sa sirène d’incendie, il n’aura aucun effet sur votre écriture. Il est avant tout une aide psychologique : il peut vous débloquer en vous aidant à avancer coûte que coûte ou vous faire tellement culpabiliser que cela vous force à avancer mais il ne peut pas vous forcer à écrire. Personne ne peut, sauf vous-même.
Comme à chaque fois que je fais un article de review sur un logiciel, n’hésitez pas à participer dans les commentaires en partageant votre expérience et votre avis. Si vous avez parlé du même sujet sur votre site, mettez moi le lien pour que je puisse aller y jeter un coup d’oeil 😉
À vendredi pour un article sur les trois types de fiches que je suis en train de développer pour ma révision de L’Encre de Paix.
Marièke