Bonjour à toutes et à tous !
En août dernier, j’ouvrais une partie E-commerce sur ce blog afin de vendre les exemplaires de mes guides Les douze peurs de l’écrivain·e et, peut-être, d’autres goodies et éléments de papeterie, plus tard (cela reste encore à être validé).
Entrepreneuse et développeuse de site internet par ailleurs, j’ai trouvé avantageux la démarche d’avoir mon propre site e-commerce mais je comprends que les auteurs et les autrices puissent avoir des scrupules à sauter le pas. Alors site e-commerce ou plateforme de vente ?
Je vous propose de comparer le plus avantageux pour vous, à court et à long terme !
Bonne lecture !
Avoir un site e-commerce en tant qu’auto-édité·e
Un site e-commerce est un site qui comporte une page Boutique (ou Catalogue), ainsi que des pages Panier et Commande et, au moins, une connexion avec un module de paiement. Si les maisons d’édition commencent peu à peu à s’équiper en sites e-commerce, conscientes de l’intérêt qu’elles peuvent avoir à avoir moins d’intermédiaires entre elles et leurs client·e·s, peu sont les auteur·trice·s qui en sont aujourd’hui équipés.
Les dépenses initiales
Créer ou faire créer un site e-commerce n’est pas gratuit. C’est ce qui peut expliquer les réticences des auteur·trice·s à passer le cap. En effet, il faut compter au minimum :
> Hébergement et nom de domaine
Entre 20 et 100€ environ. Cependant, si vous avez déjà un hébergement et un nom de domaine pour votre site d’auteur, cela ne vous en coûtera rien en plus.
> Développement du site e-commerce
Si vous avez des compétences et aimez bidouiller, vous pouvez créer votre propre site e-commerce. Ce n’est pas forcément quelque chose que je recommande – parce que vous allez y passer beaucoup de temps pour un résultat souvent en dessous de vos espérances – mais c’est dans l’ordre du possible.
Si vous optez par une agence web, avec des professionnel·le·s, il faudra compter entre 3 000 et 10 000 € pour l’installation d’un site de ce type (les tarifs varient énormément car ils dépendent de multiples facteurs et de vos demandes). Mon agence, le Studio Patronne, crée ce type de sites internet : je peux vous faire rapidement un devis à options pour vous aider à vous rendre compte des coûts si vous le souhaitez.
> Formation à l’usage du site
Toutes les agences ne proposent pas cette formation mais je ne peux que vous la conseiller. Elle vous permettra d’avoir la main sur votre site et d’être complètement indépendant·e et autonome sur l’ajout de vos futurs livres, sur la gestion des commandes…
Les dépenses en fonctionnement
Un site e-commerce ne demande pas forcément des dépenses énormes une fois qu’il est lancé.
> Hébergement et nom de domaine
Entre 20 et 100€. Il faudra payer ce forfait chaque année.
> Maintien du site
Selon le CMS (= content managing system) que vous avez choisi (WordPress, Prestashop, Shopify, Wix, Squarespace et j’en passe) vous devrez potentiellement payer un abonnement annuel pour maintenir le site. Si WordPress et Prestashop sont gratuits, ce n’est pas le cas de Wix, Shopify ou Squarespace.
> Pourcentages pris par les outils de vente (Stripe, Paypal…)
Si vous optez pour Stripe ou Paypal, des outils qui font le lien entre votre site internet et votre banque (essentiel), vous devrez payer environ 1% de chaque livre à ces services.
> Maintenance et suivi du site
Si vous avez opté pour la formation à l’utilisation de votre site, vous n’aurez pas forcément besoin de cette prestation. Sinon, il faudra peut-être envisager de faire appel à votre agence une fois de temps en temps pour améliorer des choses / gérer des mises à jour. Difficile de vous donner un tarif : certaines agences proposent un service annuel, d’autres ont une tarification à l’heure.
> L’impression de vos livres
Vous n’y couperez pas (à moins d’être une imprimerie, ce dont je doute fortement). Cependant, les coûts d’impression de vos romans peuvent être réduits. Soit en imprimant des stocks (avec le risque des invendus) soit en privilégiant la plateforme d’impression à la demande permettant d’éviter des stocks.
> Les charges de la microentreprise
En achat / revente, il faut compter 12,8% de charges (charges de la micro-entreprise). A cela, il faudra ajouter des impôts sur le revenu si vous êtes concerné·e.
Le statut nécessaire
Si vous vendez vos livres par le biais d’un site e-commerce, vous devez vous mettre en micro-entreprise. Je vous en parlais dans un précédent article.
Les compétences nécessaires
Beaucoup d’auteurs et d’autrices rechignent à l’idée de créer un site e-commerce car ils ne pensent pas avoir les compétences pour gérer un site e-commerce… C’est dommage car c’est très accessible 🙂
Pour vous donner une idée, lorsque je donne une formation à l’utilisation d’u site internet, il faut en général 3 heures pour que mes client·e·s sachent se servir de leur site très correctement (ajout de nouvelles fiches produits, gestion des nouveaux client·e·s et des commandes, suivi des paiements sur l’application…).
Concernant les compétences, il est nécessaire de savoir écrire, utiliser un ordinateur et internet et lire ses mails (ça va jusque là, je pense X’D). C’est la seule compétence indispensable. Le reste est de l’ordre du facultatif et peut s’apprendre pour peu qu’on s’y intéresse : s’intéresser à l’écriture web pour maximiser votre visibilité, mettre en ligne des images calibrées pour le web…
Les avantages
- La liberté : Vous ne dépendez que de vous et de vous seul. Il n’y a plus d’intermédiaire entre vous et votre lectorat. Ce qui signifie moins d’argent pris par les intermédiaires au passage (cf. point suivant) et surtout, une gestion de A à Z de l’expérience de votre lectorat sur votre site internet. Plus besoin d’attendre 24h pour vos préventes ou pour mettre en ligne vos promos : vous avez la main sur toutes vos actions de communication !
- La gestion des informations et coordonnées de vos client·e·s : les plateformes conservent les informations de votre lectorat. Impossible donc de les informer d’une nouvelle parution ou
- Les frais sur le long terme et la quantité : si les frais à l’entrée sont élevés (il faut investir pour créer son site internet e-commerce), les dépenses sont ensuite beaucoup plus réduites indépendamment du nombre de livres que vous vendez (les pourcentages pris par les passerelles de paiement que sont Stripe ou Paypal sont très limités par rapport aux frais induits par les plateformes telles qu’Amazon KDP). Mieux : les frais sur vos livres numériques et le temps de gestion des commandes de vos livres numériques sont très réduits.
Les désavantages
- La gestion des stocks & la gestion des envois : A l’heure actuelle, sur mon site internet, je gère ces deux aspects. Je commande des exemplaires et gèrent mes envois à la main. C’est une tâche assez prenante et il est possible qu’elle ne soit difficile à gérer si vous avez beaucoup de commande. Pour éviter ce travail, vous pouvez aussi préférer passer commande par l’intermédiaire d’une plateforme d’impression à la demande, comme peuvent le proposer Le livre en papier, BoD ou encore Write Control… Vous bénéficierez de vos tarifs préférentiels auteur tout en évitant les sur-stocks.
- Les frais à l’entrée : Faire développer un site e-commerce est un investissement important. Cela peut être vu comme un risque – même si je vais tenter de vous montrer par la suite que ça n’en est pas forcément un.
- La gestion de votre visibilité : L’avantage des plateformes de lecture comme Amazon KDP et Kobo est qu’elles vous permettent de toucher un lectorat particulier – celui qui fait ses emplettes sur ces plateformes et achète les livres recommandés par l’appli. A noter : même si vous ouvrez votre site e-commerce, vous pouvez continuer à vendre sur les plateformes comme Amazon KDP et Kobo. La seule exigence d’Amazon est que vous vendiez votre livre au même prix sur tous les supports.
Passer par les plateformes de vente
Les plateformes de vente, que sont Amazon KDP, mais aussi Mon best seller ou encore Kobo et Le livre en papier, sont des espaces en ligne qui vous permettre de présenter votre livre et de le vendre, au format papier et/ou numérique.
Lorsque votre lectorat passe commande, c’est sur le site de la plateforme qu’il le fait, non auprès de vous directement. La plateforme de vente vous rétrocède ensuite une commission sur les ventes, parfois appelée, un peu illégalement, des droits.
Les dépenses originelles
Opter pour une plateforme de vente a l’avantage certain d’être 100% gratuit (ou presque, certains sites demandant l’impression d’au moins un exemplaire papier).
Les dépenses en fonctionnement
Ce sont les dépenses en fonctionnement qui blessent. En effet, que votre livre soit au format numérique ou au format papier, il faudra vous acquitter de frais importants pour que la plateforme de vente le proposent à votre lectorat. Sur Amazon KDP, leader du marché, il faut compter 70% sur les livres numériques vendus entre 2,99€ et 9,99€ et 30% sur les autres. Pour le format papier, le pourcentage est encore plus important.
Je ne suis pas ici en train de critiquer les frais liés aux plateformes de vente. Elles fournissent un service – mettre en ligne votre livre et le proposer à la vente à vos clients – et c’est donc normal qu’elles se rémunèrent sur ce service. Cependant, en tant qu’auteur·trice, il est important de vous questionner sur ces coûts, notamment si vous commencez à vendre en grandes quantités (cf. la comparaison qui suit).
A ces dépenses, il faut ajouter les charges de la microentreprise : en achat / revente, il faut compter 12,8% de charges en 2018 ainsi que les impôts sur le revenu si vous êtes concerné·e.
Le statut nécessaire
Comme lorsque vous vendez vos livres par le biais d’un site e-commerce, vous devez vous mettre en micro-entreprise si vous vendez par le biais d’une plateforme de vente. (C’est pourquoi je parle de commission sur les ventes et non de rétrocession de droits d’auteur – qui ne sont pas traités de la même manière par le fisc français. Pour en savoir plus sur cette question, rendez-vous sur mon article dédié à la question.)
Les compétences nécessaires
Le deuxième avantage des plateformes de vente par rapport à la gestion d’un site internet e-commerce, est qu’elles ne demandent pas d’avoir des compétences spécifiques. Il vous suffit de mettre votre livre en ligne (certaines plateformes vous accompagnent sur cette partie) et de créer une fiche de description.
Les avantages
- Les frais à l’entrée : Comme je l’ai dit déjà plusieurs fois, l’avantage de passer par les plateformes de paiement est de limiter la partie « frais au démarrage » et même « compétences au démarrage ». Les plateformes de paiement ont des droits d’inscription très faibles ou inexistants et les compétences nécessaires pour se lancer sont minimes – sans parler de la possibilité de se faire accompagner
- La gestion des stocks & la gestion des envois : En prenant en charge à la fois la vente, l’impression et es envois, les plateformes de vente vous mâchent le travail. Cela peut représenter un avantage car, il est vrai que si vous vendez de grosses quantités de livre, vous n’avez peut-être pas l’envie de faire des commandes et des paquets au quotidien.
- La gestion de votre visibilité : Les plateformes de vente gagnent à… vous vendre. Elles touchent en effet des pourcentages de vos ventes et ont donc tout intérêt à mettre votre livre en avant auprès du public qui pourrait être prêt à l’acheter.
Grâce aux recommandations et aux informations dont les plateformes disposent sur votre lectorat, elles peuvent vous permettre de vendre plus.
A noter : comme je le disais précédemment, il est possible de continuer à bénéficier de cet outil d’acquisition de nouveaux lecteurs tout en vendant en parallèle sur un site e-commerce à vos lecteurs et lectrices plus assidu·e·s.
Les désavantages
- Le manque de liberté : Au moment de publier sur Amazon pour la première fois, le nombre de limites liées à la mise en ligne de mon ouvrage sur la plateforme m’a gênée : préventes sous acceptation en 48 heures, promo sous acceptation en 48 heures, promotion gratuite presque impossible à mettre en oeuvre, et ainsi de suite. Tout ça est tout de même assez contraignant alors même que l’auteur·trice est client·e…
- Une expérience de vente non personnalisée et des coordonnées / informations retenues : Lorsque vous vendez un livre par le biais d’Amazon, ce n’est pas vous qui vendez. C’est Amazon. C’est un mail d’Amazon que votre lectorat lit, c’est un colis d’Amazon que votre client·e reçoit, c’est dans les fichiers d’Amazon que votre client·e est inscrit… Vous ne pouvez même pas récupérer les contacts des client·e·s pour leur proposer vos nouvelles parutions.
- Les frais sur le long terme et la quantité : Sur le long terme, les frais imposés par les plateformes de vente sont conséquents et ne baissent pas en fonction de la quantité que vous vendez. Ils restent constants, aux pourcentages annoncés précédemment. Ainsi, plus vous vendez, plus vous donnez de l’argent aux plateformes de paiement.
Vendre ses livres : Comparaison Site e-commerce VS Plateforme de vente
Je n’avais pas imaginé que cet article serait aussi long quand je l’ai commencé mais… il s’avère qu’il est bien touffu. Pour vous permettre de l’embrasser en un coup d’oeil, voici un tableau récapitulatif. Par la suite, retrouvez un tableau chiffré vous permettant de regarder les dépenses liées à l’un et l’autre choix.
Global
Site e-commerce | Plateforme de vente | |
Frais à l’entrée | – Nom de domaine et hébergement (100€) – Installation du site ecommerce (5000€) – Formation à l’utilisation (300€) = 5500€ | 0€ |
Frais en fonctionnement – Charges fixes | – Nom de domaine et hébergement (100€) = 100€ | 0€ |
Frais en fonctionnement – Charges variables EBOOK | – Frais des passerelles de vente (1,5%) – Charges fiscales (microentreprises) (12,8%) = 14,3% | – Frais des plateformes de vente (30 ou 70%) – Charges fiscales (microentreprises) (12,8%) = 42,8% à 82,8% |
Frais en fonctionnement – Charges variables PAPIER | – Frais des passerelles de vente (1,5%) – Frais d’impression (50% environ) – Charges fiscales (microentreprises) (12,8%) = 64,3% | – Frais des plateformes de vente (70%) – Charges fiscales (microentreprises) (12,8%) = 82,8% |
Expérience utilisateur·trice | Entièrement personnalisée | Expérience de la plateforme choisie |
Coordonnées des client·e·s | Entièrement à la disposition de l’auteur·trice | Entièrement à la disposition de la plateforme |
Statut de l’auteur·trice | Microentreprise | Microentreprise |
Gestion des stocks, de l’impression et des envois | A la charge de l’auteur·trice | A la charge de la plateforme |
Boost de votre visibilité | L’auteur·trice a la charge de développer la visibilité de son site. A noter : il peut être présent sur les plateformes pour acquérir de nouveaux lecteurs. | La plateforme crée des passerelles entre ses auteurs et peut recommander un auteur. |
Comparatif 100 livres vendus
Pour 50 livres de 14€ papier et 50 ebooks à 2,99€
Site e-commerce | Plateforme de vente | |
Frais en fonctionnement – Charges variables EBOOK | – Frais des passerelles de vente (1,5%) – Charges fiscales (microentreprises) (12,8%) = 128 € (gains avant impôts sur le revenu) | – Frais des plateformes de vente (30 ou 70%) – Charges fiscales (microentreprises) (12,8%) = 91 € (gains avant impôts sur le revenu) |
Frais en fonctionnement – Charges variables PAPIER | – Frais des passerelles de vente (1,5%) – Frais d’impression (6€ par livre) – Charges fiscales (microentreprises) (12,8%) = 344 € (gains avant impôts sur le revenu) | – Frais des plateformes de vente (70%) – Charges fiscales (microentreprises) (12,8%) = 82,8% (gains avant impôts sur le revenu) |
TOTAL GAINS (avant impôts sur le revenu) | = 472 € | = 183 € |
Comparatif 1000 livres vendus
Pour 500 livres de 14€ papier et 500 ebooks à 2,99€
- 500 ebooks vendus par e-commerce : 1280 €
- 500 ebooks vendus par plateforme de vente : 910 €
- 500 livres papier par e-commerce : 4720 €
- 500 livres papier par plateforme de vente : 1830 €
Comme vous pouvez le voir pour conclure, faire développer son propre site e-commerce en tant qu’auteur auto-édité peut être financièrement intéressant – même si les coûts de lancement sont élevés. Au bout de 1000 ouvrages vendus, les frais de lancement du site e-commerce sont absorbés.
La liberté et les frais allégés de fonctionnement que cette solution apportent ne peuvent pas être négligés si vous souhaitez faire de votre activité d’auteur·trice votre métier.
Pour conclure
Grâce à mon expérience dans le domaine, je tenais réellement à vous aider à envisager cette solution encore trop souvent délaissée du fait de son prix et de sa complexité estimée (bien plus que réelle). Je sais que la marche peut paraître grande mais honnêtement, si vous êtes un·e écrivain·e à la tête de plusieurs séries et qui vend plutôt bien, je ne peux que vous recommander d’y jeter un oeil.
Je finis cet article en vous rappelant que je suis à votre disposition pour répondre à vos questions et à vos problématiques ainsi qu’à vos demandes de prix concernant la mise en place d’un site e-commerce. Je serai ravie de pouvoir vous aider voire de vous accompagner dans ce beau projet avec mon agence 🙂
En attendant, j’espère que cet article aura su vous faire découvrir une autre solution pour vendre votre livre auto-édité et je vous dis à très vite pour un autre article.
Belle fin de semaine,
Marièke
5 comments
Merci pour cet article précis et détaillé qui m’an enfin éclairé sur le véritable fonctionnement des plateformes de vente telles Amazon. Étant en passe de publier mes trois premiers ouvrages, lire cet article tombait vraiment à pic.
Bon courage à toi pour la suite de ce confinement.
Merci pour cet article très complet ! mes élèves sur l’école d’écriture me posent fréquemment des questions à ce sujet, je te les enverrai 🙂 Belle soirée Marièke.
Avec plaisir !
C’est vrai que c’est une question qui fait peur 🙂
Tu peux déjà leur dire que la question se pose quand on vend déjà un peu mais que rapidement, avoir un site devient un point fort !
Chapeau bas, Miss Marièke. Cet article va m’orienter vers le succès ! J’en suis sur !
P.S. On m’a indiqué des prix d’achat de Site E.Commerce, beaucoup moins cher.
Merci !
Pour ce qui est des prix, cela va forcément dépendre du professionnel par lequel vous passez et des services. Moins cher n’est pas toujours bien 🙂
PS : je ne suis pas trop fan du « Miss » assez bof :s