« En Science-Fiction, il n’y a plus rien à inventer. De la seule confrontation avec l’Autre (ndlr : l’alien) naîtra de nouveaux récits. » C’est ce qu’a affirmé, sans pour autant être pessimiste quant à l’avenir, Enki Bilal, bédéiste reconnu, à sa conférence sur La couleur de l’air, le troisième et dernier opus de sa trilogie du Coup de Sang lors du Salon du livre 2015.
Pour celui-ci, comme pour la plupart de ses ouvrages, Enki Bilal s’est inspiré de l’actualité, de la géopolitique et de questions écologiques. Il s’est ainsi demandé ce qu’il se passerait si la planète venait à avoir un coup de sang contre les humains et à décider de les mener vers un nouveau mode de vie plus en adéquation avec elle. Il s’est cependant refusé à écrire l’apocalypse et s’est concentré sur l’après. Certains y verront une fable écologique, d’autres une fable contre l’obscurantisme. Il n’a imposé aucune interprétation, les accepte toutes.
L’auteur comme journaliste d’anticipation
Plus qu’un travail d’imagination, il dit avoir fait un travail d’anticipation avec la liberté spécifique aux auteurs. Contrairement aux journalistes, il pouvait tout faire. Il a aussi mis en oeuvre un travail de rédaction spécifique, à partir d’ellipses, dans le but de construire un récit près de la fable : « Si j’avais donné trop de détails, cela n’aurait plus été une fable. » Conscient que ce mode de narration pouvait rebuter – « Certains de mes lecteurs étaient perdus, mais ma maison d’édition m’a fait confiance et m’a permis de faire le travail que je souhaitais » – il note qu’il reviendra à un mode de narration plus classique pour ses prochains albums.
Il ne quittera cependant pas le thème de la planète en colère puisqu’il a annoncé qu’il sortirait, à la fin de cette année, un film documentaire sur la Terre après la disparition de tout être humain.
Et vous, pensez vous qu’il reste des choses à inventer ? À imaginer ? Ou au contraire que tout a déjà été écrit et que l’on ne fait que s’inspirer des autres et de la réalité ?
[toggle title= »Crédits Image »] La fin du monde, Pixabay (CC0) [/toggle]