Les caractéristiques de la littérature jeunesse

by Marièke

La littérature jeunesse, c’était mieux avant ? Telle était la question à laquelle ont répondu Alice Brière-Haquet, autrice de littérature jeunesse, Laurence éditrice chez Talents Hauts et Brigitte Ventrillon éditrice à Castermann, lors de la conférence « Comment publie-t-on des livres pour jeunesse aujourd’hui » lors du Salon du livre 2016.

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Les héros sont devenu plus réalistes

« Aujourd’hui, les héros sont moins parfaits » remarque Brigitte Ventrillon. Pour preuve, elle montre la série Alice Détective, parue en 1955 en France dans la Bibliothèque verte. Elle était révolutionnaire puisqu’il mettait en avant une jeune fille cependant Alice y est dépeinte comme une jeune fille parfaite : brillante, bienveillante et polie, elle est aussi très sociable et aimée de tous.

Pour Brigitte, « un tel personnage ne serait plus possible dans la littérature jeunesse aujourd’hui. Les enfants ont besoin de personnages à l’aspect plus réalistes, auxquels ils peuvent s’identifier. » Elle cite James Adam, personnage principal de la série Chérub : très fort en maths, il n’est pas très bon dans les autres disciplines et il est particulièrement dissipé.

On pourrait aussi prendre l’exemple de Harry Potter qui, bien que choisi pour accomplir des tâches plus grandes que lui, n’est ni très concentré ni très doué et ne semble exceller que pour s’attirer des ennuis et jouer au Quidditch.

Les thématiques ont évolué

Alice Brière-Haquet, autrice, âgée de 38 ans, rappelle que dans son enfance, la « littérature adolescente n’existait pas : il y avait des livres pour les enfants et des livres pour les adultes. À partir du collège, la bascule se faisait et les adolescents lisaient des romans pour les adultes. »

Laurence Faron, directrice des éditions Talents Hauts, acquiesce : « Les jeunes ont aujourd’hui amenés à réfléchir sur des thématiques graves : la drogue, l’environnement, la guerre… Notamment à travers les dystopies qui sont le genre en vogue en ce moment ». Hunger Games, Le labyrinthe, Divergente : tous ces livres interrogent les jeunes adultes sur des thématiques comme le rôle de la communication (Hunger Games), la mixité et la différence (Divergente)… Des thématiques qui interpellent et touchent les jeunes.

Selon elle, « Les éditeurs jeunesse ont un rôle éducatif. » Il s’agit de faire réfléchir les enfants, mais aussi leurs parents.

Les caractéristiques des livres jeunesse aujourd'hui - Article

De gauche à droite : Laurence Faron (Talents Hauts), Alice Brière-Haquet (blog : Alice in Wonderland), Brigitte Ventrillon (Castermann) et Hélène Wadowski (Flammarion).

Le style s’est adapté

Laurence Faron montre aussi que, depuis trente ans, des progrès ont été faits pour adapter les livres aux capacités de lecture du lectorat. Un style simplifié, un nombre de mots limités, l’utilisation d’illustration : tous ces outils permettent d’adapter les livres. Hélène Wadowski, de Flammarion qui anime le débat, renchérit : « On a su créer des compétences de lecture pour tous les niveaux. »

Pour Alice Brière-Haquet, autrice de La Princesse qui n’aimait pas les princes,  l’humour est essentiel. « C’est une manière de faire passer n’importe quelle thématique. »

L’illustration s’est développée

L’illustration est aussi un outil très important pour transmettre des informations.

D’une part, elle sert d’abord à montrer à qui est destiné le livre, lorsqu’elle est utilisée en couverture. Une couverture dessinée sera souvent adaptée aux plus jeunes, tandis que les couvertures aux effets plus réalistes seront destinés aux jeunes adultes. Je vous invite à découvrir sur ce sujet l’article Délit de faciès, ou la couverture ratée du blog Allez vous faire lire !

D’autre part, l’illustration sert à valoriser l’intérieur d’un contenu. Hélène Wadowski montre pour exemple le livre « Le pays où l’on arrive jamais ». Pour rendre plus accessible ce livre dont la première version date de 1955, des illustrations ont été ajoutées. Elles répondent au texte, très descriptif.

Les supports se sont diversifiés

Mais l’illustration n’est pas le seul moyen qu’à la littérature jeunesse pour attirer jeunes et moins jeunes lecteurs. Elle joue aussi des supports.

Si le numérique ne remporte pas les suffrages des éditrices présentes lors de la rencontre (« C’est moins d’1% de nos ventes alors que trois-quart de  nos livres sont disponibles au format numérique de façon contractuelle » selon Hélène Wadowski), la littérature jeunesse a su s’adapter. En plus de travailler sur la mise en forme du roman pour rendre la lecture « plus confortable », pour Brigitte Ventrillon », elle propose aujourd’hui des formats alternatifs.

« Il y a une hybridation, explique Alice Brière-Hacquet. On s’inspire du théâtre, de la BD, des séries. C’est complètement intermédial. C’est une autre lecture. » L’enfant a le choix entre toutes ces formes de lecture et il peut construire un discours à partir de ce qui lui est offert.

On peut prendre pour exemple les livres interactifs :

  • Les livres dont l’enfant est le héros
  • Les livres interactifs qui deviennent des outils pour écrire et créer

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Les livres pour enfant se sont diversifiés et se sont adaptés à tous les enfants. Les objectifs de la littérature jeunesse restent cependant les mêmes : intriguer, activer l’imaginaire, faire rêver. Il y a toujours des romans d’aventure, avec des intrigues prenantes. D’ailleurs, même les livres qui se veulent éducatif ne peuvent se départir de ces éléments. « Il ne faut pas séparer les choses. Nous avons toujours le goût pour les belles histoires, les belles aventures », selon Brigitte Ventrillon.

Vous savez ce qu’il vous reste pour écrire de superbes livres jeunesse 🙂

Aller plus loin

Vous écrivez de la littérature jeunesse ou souhaitez en écrire ? Retrouvez l’article Ecrire de la littérature jeunesse dans lequel je recense un ensemble de règles données par mon éditeur Short Edition.

Très bon weekend à vous et à lundi pour un article qui donnera la parole à Aude Réco.

Marièke

Crédits images : Le poussin de Claude Ponti (illustrateur de l’École des Loisirs) au Jardin des Plantes (Flickr, CC BY). La photo du Salon est de moi (d’où le fait qu’elle soit floue… 😑)

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