Aujourd’hui, j’avais envie de vous proposer un article qui me semblait essentiel face au foisonnement des conseils d’écriture et autres recettes magiques permettant d’écrire le best-seller de l’année. Je me suis demandée quels étaient les conseils qui étaient absolument essentiels pour réussir à écrire. Et il ne m’en est venu que trois. Trois commandements de l’écrivain que ce dernier doit respecter pour réussir.
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#1 Sourd tu seras
Il ne faut pas de prologue. Il ne faut pas écrire au présent. Il ne faut pas utiliser la première personne. Attention aux adverbes… Il faut écrire chaque jour.
Les conseils aux jeunes écrivains, qu’ils soient dirigés à ceux qui commencent leur texte ou à ceux qui en sont à l’étape de finition, pullulent. Ils sont prononcés par des écrivains publiés, par des éditeurs, par des écrivains passionnés.
La vérité : il ne faut pas les écouter. Et encore moins les appliquer.
Ce que je veux dire par là c’est qu’un écrivain est unique. Son style est unique. Sa méthode est unique. Il n’est donc pas dans l’intérêt de l’écrivain d’écouter tous les conseils — qui deviendraient d’ailleurs contradictoires pour peu qu’il les suive tous.
Au final, TRIEZ les conseils et restez critique !
#2 Ton inventivité tu testeras
En matière de fond, le seul vrai conseil qui tienne la route en écriture, c’est de tout essayer, de tout expérimenter.
Il est possible que la première personne du singulier ne fonctionne pas dans un de vos textes… Mais qu’elle fonctionne très bien sur un autre texte.
Il est possible que le rythme soit ralenti par les adverbes… Mais que votre texte gagne en précision.
Plus encore, pour peu que vous connaissiez votre méthode, celle qui fonctionne pour vous, gardez-la. Perfectionnez-la. Modifiez-la si elle ne fonctionne plus mais n’écoutez pas ceux qui vous disent qu’elle est nulle. Une méthode qui vous a permis de conclure un roman n’est pas nulle. Elle a peut-être simplement besoin d’un coup de rafraîchissement. À moins que ça ne soit vous qui ayez besoin de prendre une pause ou de trouver d’autres sources d’inspiration.
#3 Sur ton écriture, tu te concentreras
Pour écrire un roman il faut écrire.
Oui. Tout simplement.
Vous n’êtes pas un auteur si vous aimez vous asseoir face à votre cheminée avec un café pour penser à votre roman. Vous êtes tout au plus un rêveur 🙂 C’est cool aussi, hein, c’est juste que vous ne pouvez pas réclamer le titre d’auteur si vous n’écrivez pas une ligne ou ne dépassez pas le stade du chapitre 1.
Être un auteur, ou un écrivain, c’est accepter de se mettre devant son clavier / son carnet / son dictaphone régulièrement (quotidiennement, hebdomadairement ou annuellement importe peu) et d’écrire.
Qu’attendez-vous pour devenir écrivain ?
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Cet article peut vous sembler bizarre venant de la part d’une fille qui écrit des conseils pour auteurs depuis plus d’un an. Pas de panique ! Cet article ne scelle pas la fin de mon activité sur ce blog ! 😉 Je vais continuer à poster régulièrement des découvertes, des techniques et des méthodes.
Ce que je souhaitais surtout vous rappeler avec cet article c’est que vous devez avant tout chérir la liberté dont vous jouissez en tant qu’écrivain. Vous êtes certainement enfermé dans un paquet de choses dans votre vie mais dans l’écriture, il est possible de se libérer de tous les carcans – même de ceux de l’orthographe et de la grammaire (il vous suffira de trouver un bon correcteur pour vous aider ensuite !). Alors profitez-en !
A vendredi,
Marièke
Crédit image : Les trois rois au sein du Parc national des Arches à l’Ouest des USA (Pixabay, CC0)
8 comments
Ah! Merci! J’aime beaucoup cet article! En voyant le titre, j’avais peur de tomber sur un de ces dogmes qu’on voit partout. Mais on en est loin 😉 Mille fois d’accord avec toi sur l’idée d’expérimenter et d’écrire encore et encore.
Après, pour le premier conseil, je ne dirais pas « sourd » mais comme tu dis après critique ou plutôt « sceptique ». Ne pas prendre pour argent comptant les conseils ou les vérités absolues sensées venir de grandes stars de l’écriture ou simplement répétées sans cesse sur le web. Après, il faut savoir être un sceptique intelligent! Plutôt qu’être sceptique et ne rien faire, être sceptique et agir!
1. Approfondir le concept. Comprendre la théorie derrière le dogme
2. Ensuite tester, par exemple dans une nouvelle, ou en faisant du A/B testing (un chapitre avec ou sans les adverbes par exemple puis en observant les réactions de ses lecteurs).
3. Apprendre à adapter la consigne, voir dans quels cas elle est valide et dans quels cas elle ne l’est pas. L’adverbe en est un bon exemple. Pourtant Stephen King (que j’idolâtre et dont le livre « on writing » fut une révélation) conseille de tous les tuer… mais peut-être qu’il se trompe? 😉
Bonne chance à toi, et à tout le monde, dans vos projets ^-^
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Très intéressant, cet article… et très libérateur. Finalement, ça rejoint ce que je pense : en écriture, il faut être soi. Je vais explorer ce site plus en profondeur, on dirait qu’il y a beaucoup de bonnes choses ! 🙂
» il est possible de se libérer de tous les carcans – même de ceux de l’orthographe et de la grammaire (il vous suffira de trouver un bon correcteur pour vous aider ensuite !). »
Je m’étrangle en lisant cette exceptionnelle conclusion. Euh, c’est sérieux? Mieux on maîtrise la langue, jusqu’aux subtilités orthographiques ou aux imparfaits du subjonctif, mieux on est à même de s’exprimer avec justesse, et plus facilement on se forge un style. Et c’est vache pour les correcteurs, de les condamner à terme aux hémorragies cérébrales alors qu’ils tenteront de prendre d’assaut le monstre pour le dompter (si tant est que, saisis d’horreur, ils n’aient pas pris la fuite).
Si on se donne le droit d’écrire n’importe comment, on prend le gros risque d’écrire n’importe quoi (ou pire). L’auteur qui se permet des « licences grammaticales », j’en fais le pari, n’ira jamais bien loin – en tout cas en termes de qualité, même avec un tâtillon à ses trousses pour extirper les errances coupables du texte.
Cet ultime conseil fait peur, quand on y songe deux secondes. Heureusement, il reste le recours au premier commandement…
Pourquoi est-ce qu’à chaque fois que l’on parle d’orthographe on manque d’être assassiné sur place ? Ce que signifie cette phrase, c’est d’abord qu’il ne faut pas s’empêcher d’écrire parce qu’on fait quelques fautes d’orthographe… non qu’il faut faire exprès de faire des fautes pour embêter son correcteur ! Bien sûr que c’est mieux de maîtriser la langue française pour écrire, mais il faut comprendre que tout le monde n’a pas la capacité de le faire (les non natifs, les dyslexiques…) et je trouve que ce ne serait pas juste de les empêcher d’écrire leurs histoires à cause de ça 🙂
Être sourd aux conseils : oui et non. Effectivement, on peut écrire au passé mais aussi au présent, on peut écrire à la troisième personne mais aussi à la première… ceux qui disent l’inverse n’ont sans doute jamais lu « L’étranger » de Camus, ils sont incompétents car un écrivain qui n’a pas lu les grands classiques devrait la fermer et d’abord lire ces livres avant de donner des conseils. De même on n’est pas écrivain parce qu’on écrit chaque jour (mais c’est quand même conseillé). Certains romans – ou même nouvelles – ont besoin de prologue, d’autres surtout pas ! Par contre, oui il ne faut pas s’interdire les adverbes (ou les verbes faibles) à condition d’en limiter l’usage : moins il y en a, mieux c’est. Si vous constatez que votre texte est plusieurs fois refusé par les comités de lecture ou les jurys… réduisez drastiquement ce genre de facilités, remplacez-les par des synonymes souvent bien plus beaux ! Vous donnerez ainsi des chances supplémentaires à votre texte.
Je désapprouve par contre
« il est possible de se libérer de tous les carcans – même de ceux de l’orthographe et de la grammaire (il vous suffira de trouver un bon correcteur pour vous aider ensuite !) »… il m’est arrivé de bêta-lire des textes bourrés de fautes : assez courts, je les corrige, sinon j’abandonne et le dis. Et je ne relirai jamais un texte de l’auteur s’il ne corrige pas ce défaut et poste à nouveau des écrits de ce genre… les correcteurs de traitement de texte ne sont pas parfaits (loin s’en faut) mais ils existent et signalent nombre de fautes (même s’ils en inventent parfois). Pourquoi ferais-je ce travail à la place de l’auteur ?
Mémoire
Même réponse que pour Jean-Christophe.
Et je rajouterai que je n’ai jamais dit que le bêta-lecteur doit corriger les fautes d’orthographe et de syntaxe de l’auteur… par contre, un correcteur embauché dans ce but peut tout à fait aider un auteur à nettoyer son texte des fautes qui l’habitent (c’est même pour ça qu’il est rémunéré !). On peut être auteur et faire des fautes, l’un n’empêche pas l’autre. C’est juste ce qui est dit dans cette phrase. 🙂
Désolée mais ma methode est justement de rever ou mediter devant la cheminee. ..mon ecran ou mon jardin…en ecoutant une musisue inspirante…
Et brutalement me lancer dans l’ecriture de dizaines de pages….
J’ai toujours fonctionné de la sorte…que ce soit aux examens…je sucais mon crayon le nez en l’air pendant les 3/4 du temps et enduite je noircis les pages spontanement…
Les autres methodes me semblent tenir du besogneux desagreable. ..
L’ecriture c la vie l’invention le delire la liberte…
Le piege est plutot dans : oser confier ses reves ecrits a des inconnus…
Je trouve vos conseils pertinents mais modulables et j’aime bien ceux ci aussi…
https://m.youtube.com/watch?v=_PNDxK0IWKo
A bientot…
PS : j’adore votre prenom qui me renvoie dans les dunes de mes Flandres natales… <3
Si votre méthode vous permet d’écrire des livres, c’est parfait ! Si vous écrivez des dizaines de pages qui ne deviennent jamais un roman car vous commencez à chaque fois un nouveau roman, par contre, c’est plus embêtant ! Comme je le dis dans cet article : à partir du moment où une méthode vous permet d’écrire un roman, elle n’est pas nulle 😉