Tel père, tel fils : devenir père

by Marièke

Un père qui hésite quant à l’amour qu’il éprouve pour son « fils », bien moins doué et travailleur que lui. Voilà le personnage intéressant que nous propose le film japonais Tel père, tel fils, dont le titre original n’était autre que そして父になる (Soshite chichi ni naru) soit « Et ainsi, je suis devenu papa ». 

Résumé

Ryota et Midori Nonomiya forment une famille idéale avec Keita, leur fils de six ans. Alors que Ryota est un architecte reconnu et un travailleur accompli qui passe peu de temps avec sa famille, Midori est femme au foyer et s’occupe à temps plein du petit Keita. Ce dernier, plutôt réservé, ne semble rêver que d’une chose : que son père le regarde. Un père qui s’avère pourtant ne pas être le sien, au sens biologique du terme : l’hôpital a échangé leur fils à sa naissance avec celui de la famille Saiki aussi pauvre qu’aimante, aux antipodes de sa propre famille.

Mon avis

Passionnée d’éducation et intéressée par ce qui touche le Japon où j’ai eu la chance d’habiter pendant mes études, je voulais voir ce film. Il m’a énormément touchée par son ton très doux, son histoire et la complexité de ses personnages. J’ai apprécié sa lenteur qui nous permet de nous habituer aux personnages et de les voir évoluer peu à peu, dans des situations de leur vie quotidienne. J’ai aussi aimé qu’il n’apporte pas de réponse toute faite et plutôt des questionnements. Il n’y a pas le bon modèle familial d’un côté et le mauvais de l’autre. Juste des familles et des personnes qui font de leur mieux avec leurs défauts et leurs qualités, leurs réussites et leurs échecs.

Les thématiques

Le titre original du film そして父になる (Soshite chichi ni naru – Et ainsi, je suis devenu papa) est finalement bien plus représentatif puisque tout le film s’interroge sur ce que c’est d’être père, de devenir père. Devient-on père par le sang ? Par l’amour que l’on porte à son enfant ? Par les valeurs que l’on lui inculque ? 

Éléments de fiction

Un personnage étonnant : Ryota, le père absent

**Ce texte contient des spoilers.**

Ryota est un personnage ambigüe. Même une fois la barrière culturelle dépassée (les rapports de couple et de parents à enfants ne sont pas exactement les mêmes en France qu’au Japon), il n’est pas facile d’accepter d’un père qu’il soit comme absent de la vie de son fils, car occupé au travail, très exigeant envers lui et capable d’hésiter à l’abandonner pour un autre enfant. Et pourtant, j’ai trouvé le personnage de Ryota intéressant à suivre dans ses failles et ses hésitations.

J’ai aussi beaucoup apprécié qu’il ait été mis en porte-à-faux avec un autre père, Yudai Saiki, à l’approche totalement différente. Leur confrontation permettait de se questionner tout en ne discréditant pas l’un ou l’autre des personnages : si Ryota n’a pas le profil du père rêvé, il n’en est pas moins un gros travailleur qui permet à son fils et à sa femme de vivre à l’abri du besoin… contrairement à Yudai qui apparaît plus présent mais aussi plus fainéant. 

confrontation entre les deux pères

Yudai, le père fainéant (à gauche) et Ryota, le père absent

Enfin, le personnage de Ryota connaît une sorte de rédemption en toute fin de film quand il présente ses excuses au petit Ryota. Durant tout le film, on suit son évolution, ses hésitations, sa prise de conscience, ses erreurs aussi et son choix final qui semble être le bon… Il est vraiment intéressant de suivre ce chemin de pensées sans jamais entrer vraiment dans sa tête. Montrer plutôt que parler et raconter, c’est le choix de ce film.

Une scène marquante : Un entretien qui prend son sens peu à peu

**Ce texte contient des spoilers.**

Keita est encadré par ses deux parents. Malgré son jeune âge, il est face à un jury qui peut lui accorder, ou non, l’entrée dans une école primaire d’importance. Lorsqu’on lui demande ce qu’il a fait cet été, il répond calmement qu’il a campé et fait voler son cerf-volant avec son père. C’est un mensonge, on l’apprend juste après, quand il sort de la pièce avec ses parents… Ryota félicite son fils pour son mensonge et demande à sa femme qui lui a dit de dire ça. Ce sont les cours du soir, c’est important de montrer l’image d’une famille parfaite.

Il s’agit là des premières minutes du film et on comprend rapidement que Ryota est un père absent. Cette thématique revient à plusieurs reprises mais cette scène est particulièrement efficace car, plus tard dans le récit, elle vient se confronter au modèle de la famille Saiki. Pour eux, aller faire du cerf-volant n’est pas un mensonge utile pour entrer dans une école prestigieuse : c’est leur quotidien. Lorsque les deux familles se retrouvent pour un après-midi en été, juste avant que les deux enfants soient échangés, c’est au cerf-volant qu’ils jouent. Et lorsque Yudai Saiki confie son enfant à Ryota, il lui demande d’aller faire du cerf-volant avec lui. Cette activité devient le symbole de la présence du père auprès de son fils et des moments de complicité entre père et fils. La scène initiale trouve ainsi un écho tout au long du film qui la renforce.

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Fiche technique de Tel père, tel fils

Tel père, tel fils, un film qui montre plutôt qu'il ne raconte  Réalisateur : Kore-Eda Hirokazu
  Acteurs : Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Lily Franky, Yôko Maki…
  Sortie du film : 25 décembre 2013
  Durée du film : 2 heures 01 minute
  Rating : Aucun (mais je le conseillerais au plus de 10 ans)
La fiche sur Allociné.

[toggle title= »Images credits »] L’image en ouverture de cet article représente Mahasaru Fukuyama (Ryota) et Keita Ninomiya (Keita), c’est une capture du film (Allociné). La seconde est une capture des deux pères (blog À voir et à manger, dont l’analyse est vraiment sympa). La dernière est l’affiche du film (Allociné). [/toggle]

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