Entre chiens et loups était un projet hybride. Au moment de regarder quel type de maisons d’édition pourraient l’accepter (hypothèse affreusement optimiste, j’en conviens ^^), je me suis demandé son genre. Sans vraiment le trouver. Un roman initiatique romantique peut-il être une romance? Qu’est-ce qu’une romance ?
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Définition d’une romance
Une romance ou roman sentimental est un type de récit qui s’intéresse à l’évolution de la relation sentimentale (romantique) entre deux protagonistes.
Origines
Si la romance est un courant poétique du XIXe siècle, le terme de « romance » tel qu’on l’entend aujourd’hui en parlant de roman sentimental nous vient de l’anglais (ainsi, le dictionnaire Larousse n’inclue pas la romance dans les genres littéraires). Ses premiers auteurs sont Samuel Richardson et Jane Austen, qui signe des romans de moeurs. Le genre a depuis beaucoup évolué et a notamment permis aux protagonistes féminines d’accéder à des emplois plus flatteurs qu’au départ et à une (plus grande) égalité de leurs rapports avec leurs homologues masculins.
La romance en caractéristiques
Une romance se consacre au développement de la relation romantique entre deux personnages et à la façon dont elles gèrent cette relation. Elle peut donc évoquer la phase de séduction et/ou aussi le développement du couple. Elle peut comprendre aussi des intrigues parallèles, mettant en scène d’autres personnages ou d’autres événements. Enfin, elle implique un investissement émotionnel du lecteur et une fin heureuse.
Jeanne, éditrice aux Éditions Laska, parle des caractéristiques d’une romance.
Thèmes
Ces caractéristiques sont cependant fluctuantes. Ainsi, certains estiment que les thèmes de l’homosexualité ou de l’adultère n’ont pas leur place dans la romance. Cela peut-être dû au fait qu’aux États-Unis, les romances spirituelles ou chrétiennes peuvent être appuyées par des associations puritaines. D’autres, estiment que les romances ne doivent évoquer que la phase de séduction. D’autres, enfin, incluent les histoires d’amour qui se terminent mal dans le genre de la romance. Finalement, ces caractéristiques sont autant de règles qui peuvent être adaptées (il faut juste savoir où se place son potentiel éditeur avant de lui faire parvenir son manuscrit).
Critiques
Contrairement aux autres genres de roman populaire qui commencent à être respectés (fantastique, policier ou science-fiction), la romance est un genre qui reste particulièrement moqué.
Des critiques s’élèvent contre le manque de suspense de ce type de récit. À partir du moment où la fin heureuse est la seule possible, l’unique suspense est de découvrir comment les deux protagonistes dépassent leurs difficultés et se retrouvent.
Mais aussi du côté des féministes. L’image des femmes est quelque peu (pour ne pas dire complètement) maltraitée par certains romans d’amour : obsédée par l’amour, guidée par la passion et l’hystérie, confinée à des métiers féminins… Attention aux stéréotypes et aux clichés.
Marché et maisons d’édition
En 2004, les romans à l’eau de rose représentaient un marché de 12 millions de vente chaque année en France, pour un total de 33 millions d’euros.
Le marché est dominé par les éditions de l’Harlequin et J’ai lu. Ils publient leurs romances dans des collections spécifiques. Un troisième éditeur s’est invité récemment dans le jeu avec la collection numérique Milady Romance : Bragelonne.
À noter tout de même, de nombreux éditeurs de littérature contemporaine publient des romans sentimentaux : qu’est-ce que Ensemble c’est tout d’Anna Gavalda (publié aux éditions Le Dilettante), sinon un roman sentimental ?
Auteurs et romans
Paméla ou la vertu récompensée, Samuel Richardson (1740)
Orgueil et Préjugés, Jane Austen (1813) – L’ensemble des romans de Jane Austen évoque le développement d’une relation sentimentale entre deux personnages. Orgueil et préjugés me semble cependant être celui où la romance est poussée à son paroxysme… (C’est aussi mon préféré même si j’ai aussi beaucoup apprécié Emma)
Quand l’ouragan s’apaise, Kathleen Woodiwiss (1972)
Ensemble c’est tout, Anna Gavalda (2004) – Il est vrai que le roman n’est pas présenté comme une romance. Et pourtant… À la lecture des caractéristiques énoncées précédemment, qu’est-ce que ce texte sinon une romance ? Son intrigue principale concerne Camille et Franck (et un peu Paulette et Philibert) … et sa fin est particulièrement heureuse.
Twilight, Stephenie Meyer (2005-2008) – Il s’agit là de l’oeuvre qui a lancé un sous-genre de la romance : la BitLit. Autrement dit, la littérature qui mord, la littérature qui met en scène des vampires.
The Hunger Games, Susan Collins (2008-2010) – Si elle aborde de nombreux thèmes, la trilogie de Susan Collins centre son intrigue sur l’évolution de la relation entre Katniss, Peeta et Gate (non, pas les trois en même temps… les associations puritaines n’auraient pas accepté ça, d’autant plus que le livre s’adresse aux young adults). Si sa fin n’est pas ce que l’on pourrait appeler heureuse, avec la mort de Prim et la folie de Katniss, il n’empêche que les deux protagonistes ne peuvent vivre l’un sans l’autre…
En conclusion
La romance est un genre stéréotypé et décrié. Après en avoir lu les caractéristiques, on est quand même en droit de se demander la différence entre une romance / roman d’amour et un roman psychologique sentimental. Ainsi, qu’est-ce qu’Ensemble c’est tout, d’Anna Gavalda, sinon une romance (d’après les critères exposés) ? Et pourtant, le réduire à cela serait certainement mal pris par l’auteur et pas mal de ses lecteurs. J’en déduis que dans le cas de mon roman mi-parcours initiatique mi-romance, je n’ai pas intérêt à me limiter aux seules maisons d’édition qui publient de la romance lors de mes envois de manuscrits. D’une part parce que certains pourraient considérer que ce n’est pas de la romance, d’autre part, parce qu’il pourrait y avoir un autre éditeur intéressé (bah, oui, on a le droit de rêver).
Qu’en pensez-vous ? Connaissez vous d’autres maisons d’édition qui publient de la romance ? Merci de m’en informer dans les commentaires ci-dessous 🙂
Crédits Image : Un couple tout mignon, qui nage dans la romance, Pixabay (CC0)
9 comments
Concernant les romances publiées par la maison d’édition Harlequin, il me semble intéressant de mentionner particulièrement la collection Red Dress Ink (et l’un de ses auteurs phare : Mélissa SENATE) : d’après ta définition, il s’agit bien de romances, toutefois celles-ci sont résolument modernes. Les héroïnes sont, certes, toujours obnubilées par la quête du grand amour, mais beaucoup moins souvent cantonnées à des métiers typiquement féminins (et quand elles le sont, lesdits métiers sont néanmoins plus actuels que dans les romances « classiques »). Les hommes n’ont pas le rôle de « sauveteur » qui leur est attribué dans les romances « à l’ancienne », les héroïnes en sont indépendantes, elles ont leurs carrières, etc. Les interactions (amoureuses ou non) sont en phase avec les mentalités et mœurs d’aujourd’hui, et l’ambiance « sex-and-the-city » dépoussière vraiment le genre et lui apporte un petit vent frais bien agréable !
Merci pour l’info ! 🙂
Hello,
J’écris aussi de la romance alors ton article m’a hautement interpellé (ceci dit vu le nom de mon blog, cela pouvait paraître évident 😉 ).
Un genre décrié en France, parce qu’ici nous sommes par trop élitistes, mais avec l’auto-édition cela risque de chambouler la donne (suffit de voir les chiffres chez amazon, les romance arrivent largement en tête).
Voici quelques maisons d’éditions qui à ma connaissance publient de la romance
– Nisha édition
– Harlequin / HQN
– Nana édition
– Cyplog
– Sharon Kena
Oui, j’avais vu sur ton blog que tu appréciais la romance 🙂 Merci pour les noms de maisons d’édition. J’essayerai de faire une liste des maisons qui éditent de la romance comme je l’avais fait pour la fantasy jeunesse.
Je t’en prie! 🙂
Ton article m’interpelle car je ne sais trop où placer mes romans. Certes, il y a toujours une histoire d’amour, certes j’aime que ça se termine bien, mais si je dis que je fais de la romance, grimaces, et c’est que de l’amour… non, mes romans partent d’un fait de société et dedans j’y inclue une romance : des faits tels que la différence, la solitude des personnes âgées, habiter à l’étranger, les ados, et dans le prochains, le harcèlement scolaire et les migrants. Du coup, ce n’est pas facile, et je pars plus sur roman réaliste mais ce n’est pas vraiment une case en littérature.
Le classement dans un genre en particulier dépend de l’importance de la romance sur l’intrigue. Si la romance est prépondérante, tu es dans le cas d’une romance. Si les faits de société sont l’angle d’attaque numéro 1, tu es plutôt dans le cas d’un roman de littérature générale (c’est un genre qui existe ^^).
Il était une fois… C’est vrai qu’il est très à la mode de décrier la romance. Et de la considérer comme « sexiste » (un mot très à la mode et qui ne veut rien dire, selon moi, ne serait-ce que parce que le sexisme, ça marche dans les deux sens). Pourtant, et cet article le dit bien, les chiffres sont là. Ce genre a son public, et dans ce public ne se trouvent pas seulement des ados boutonneuses. La collection Harlequin n’a plus rien à prouver, Barbara Cartland non plus, et malgré les critiques assassines, le succès universel de Twilight est parlant.
Ne serait-ce pas tout simplement que comme toujours, ceux qui critiquent se mettent en avant en hurlant plus fort que tout le monde, juste pour être sûr que leur avis sera entendu ?
Bah justement, je pense la romance est décriée pour des raisons de sexisme… Les romances sont une littérature de femmes (autrices et lectrices) tandis que la littérature blanche serait plutôt associée aux hommes (auteurs masculins et lectorat mixte).
(Après c’est sûr, celleux qui critiquent sont souvent plus bruyant·e·s que celleux qui apprécient !)