Vis ma vie de correctrice : Céline Escoudé

by Marièke

Bonjour à tous,

Dans le cadre de ma série sur les métiers de l’écriture, je vous propose aujourd’hui d’aborder un nouveau métier Correcteur / Correctrice par l’intermédiaire de Céline Escoudé. Je l’ai rencontrée en début d’année par le biais de mon challenge Voulez-vous écrire un roman avec moi ? Elle partage aujourd’hui sur son quotidien de correctrice – métier qu’elle pratique depuis un an mais qui ne lui permet pas encore de vivre à temps plein.

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Peux-tu te présenter ? 

Je m’appelle Céline Escoudé, j’ai 37 ans. Passionnée depuis toujours de lecture, d’écriture et d’orthographe, je me suis tournée vers le métier de correctrice il y a un peu plus d’un an.

Quand as-tu pris la décision de devenir correctrice ?
Comment s’est opéré le changement ?

Comme je ne savais pas vraiment quoi répondre, pendant ma scolarité, au fameux « Tu veux faire quoi quand tu seras grande ? », j’ai arrêté les études assez tôt et commencé à travailler. Pour faire, tranquillement, mon petit bonhomme de chemin, en continuant toujours à apprendre et à me former.

J’ai fait d’abord de l’accueil, puis du secrétariat de production dans le milieu du spectacle. Ensuite, de l’assistanat de direction. Après quoi, je suis devenue graphiste (PAO (publication assistée par ordinateur) + PréAO (présentation assistée par ordinateur)).

Mais quelle que soit la société pour laquelle je travaillais, il arrivait toujours un moment où je me retrouvais à corriger les différents documents (dossiers de presse, supports de communication, etc.).

Et je faisais ça bien gentiment et surtout… gratuitement. Jusqu’à ce qu’on me fasse remarquer que la correction est un métier à part entière, et qu’on a même le droit d’être rémunéré pour le faire !

J’ai donc décidé, début 2017, de me former avec le site Projet Voltaire, pour m’assurer d’avoir un bagage solide. Grâce à cette formation, j’ai pu approfondir mes connaissances et découvrir, au passage, des règles insoupçonnées et savoureuses comme « une denture parfaite », la différence entre « boisson alcoolique » et « boisson alcoolisée », ou encore « être sous l’emprise de quelqu’un » mais « sous l’empire de l’alcool ». Bref, les joies de la langue française !

Une fois prête, j’ai passé mon Certificat Voltaire (pour lequel j’ai obtenu la sympathique note de 993/1000) et monté ma microentreprise.

Est-ce que cela a changé ta vie ?
Comment ?

Les deux principaux changements dans ma vie sont :

  • la nécessité d’avoir une organisation en béton, pour pouvoir tout gérer de front, rendre les travaux dans les temps et être bien à jour, administrativement parlant ;
  • des journées ou des périodes très remplies. Car s’il m’est déjà arrivé de râler à la fin de ma journée de bureau, quand on travaille à son compte, qu’on a une date butoir à respecter ou qu’on n’a pas avancé comme on le voudrait, il est parfois difficile de s’arrêter, d’éteindre l’ordinateur et de se « forcer » à prendre un peu de repos.

Mais non, malgré tout ça, je ne reviendrais pas en arrière 🙂

A quoi ressemble une de tes journées type depuis que tu es correctrice ?
Est-ce différent de ce que tu avais imaginé ?

Ma journée type est simple. Si je travaille sur un document long – comme un roman, par exemple –, le travail s’étale généralement sur plusieurs jours.

En fonction de l’urgence de la demande, ma journée sera plus ou moins chargée. Et une grosse journée peut compter jusqu’à 11 heures de travail.

Pour conserver un niveau de concentration optimal, je coupe mon téléphone et je m’octroie une courte pause toutes les deux heures environ, comme pour la conduite sur les longs trajets 😉 Si le document comporte beaucoup d’informations à vérifier et/ou de réécriture (reformulation de phrases), je procède par étapes.

  1. La correction simple (orthographe, grammaire),
  2. Les vérifications (dates, lieux, etc.),
  3. La réécriture.

Et si le document comporte peu d’éléments à vérifier ou à reformuler, je fais tout au fur et à mesure.

Pour travailler, j’ai toujours quatre onglets Internet ouverts en fond :

  • Le Larousse (mon meilleur ami) ;
  • Leconjugeur (un super site pour corriger l’orthographe des verbes conjugués) ;
  • Synonyme (un super site pour trouver des synonymes et éviter les répétitions)
  • Question Orthographe Voltaire (mon meilleur-meilleur ami !) : En cas de doute sur un accord ou une règle, ce qui arrive forcément à un moment, je n’hésite pas à soumettre le problème aux utilisateurs du forum Question Orthographe Voltaire. On tranche à plusieurs et c’est plus simple car parfois, certaines tournures peuvent vous rendre chèvre !.

Et je me garde toujours sous la main le gros volume Grevisse – Langue Française « Le Bon usage ». Si vous en faites l’acquisition, prévoyez une solide étagère car la bête pèse son poids 😉

Qu’aimes-tu dans le métier de correctrice ?

Les différentes tâches du métier de correctrice correspondent bien à l’idée que je m’en faisais.

Ce que j’aime le plus, dans le cas d’un roman ou d’un livre pratique, c’est découvrir l’histoire ou apprendre des choses en même temps que je relis le texte.

J’aime corriger et trouver la tournure qu’il faut pour alléger ou clarifier une phrase, sans pour autant changer le style ou les mots de l’auteur.

Quels aspects de ce métier aimes-tu moins voire pas du tout ?

Ce que j’aime le moins : vérifier les informations. C’est looooong et fastidieux O_O mais ça fait partie du métier !

Ton salaire te permet-il de vivre ? Si non, quelles activités exerces-tu en plus pour compléter ? 

À l’heure actuelle, même en recevant plusieurs demandes par mois, la correction ne paie pas assez pour me permettre d’en vivre.

Pour compléter mes revenus, je propose également des travaux graphiques en rapport avec le livre (création de couvertures, maquettes pdf pour impression, etc.).

Et j’ai conservé, pour l’instant, mon emploi dans le graphisme. Emploi que j’espère, à terme, pouvoir quitter 🙂

Combien cela te laisse de temps pour écrire ?

J’essaie le plus souvent possible d’écrire le matin, avant de commencer ma journée. Ou le midi, après le déjeuner. Mais si la correction doit être rendue en urgence, je mettrai mon projet en pause pour me concentrer sur le document à relire.

Pour ce qui est de mes petits bouquins, le premier (un roman jeunesse fantastique) est entre les mains de deux éditeurs différents, attendant de connaître son sort. Et le deuxième s’écrit doucement… mais le Camp Nano qui approche à grands pas devrait lui donner un bon petit coup de fouet 😉

Regrettes-tu ton choix de devenir correctrice ?

Je ne regrette pas mon choix, car j’aime vraiment ce métier. Même s’il faut, de temps à autre, faire face à quelques situations moins plaisantes que d’autres (CDI quasi impossible à dénicher, sociétés qui proposent des missions toujours moins rémunérées que les précédentes, ou même une facture impayée… car les mauvais payeurs ne sont pas toujours ceux que l’on croit !).

*****

Vous pouvez retrouver Céline par l’intermédiaire de son site consacré à son activité de correctrice : http://relecture-et-correction.com. Merci à toi pour tes réponses 🙂

Si vous souhaitez un article sur la correction de romans (les prix, les délais, les méthodes…), glissez-le moi dans les commentaires. Je mettrai les quelques correctrices rencontrées lors de ces interviews sur le coup ! 😉

A vendredi pour un nouvel article,

Marièke

Crédit image : Create, par Kelly Sikkema (Unsplash, CC0)

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