L’écriture et Jacques Lafarge

by Marièke

Né en plein baby-boom, Jacques Lafarge est un touche à tout. Après des études scientifiques, il commence une carrière d’ingénieur et devient entrepreneur. C’est d’ailleurs sur l’un de ses projets entrepreneuriaux que nous nous sommes rencontrés en 2015. A la retraire depuis 2016, il peut (enfin !) se concentrer pleinement sur ses projets littéraires, qui ne l’ont jamais quittés. Retour sur son rapport à l’écriture.

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Comment es-tu venu à l’écriture ?

Pour moi, il s’agit d’abord de raconter des histoires, et ce besoin me tient depuis toujours. J’ai commencé par des bandes dessinées puis, vers quinze ou seize ans, j’ai écrit mes premières ébauches de pièces de théâtre et de nouvelles, ainsi que des scénarios de courts-métrages. Adolescent, je passais mon temps dans les cinémas de mon quartier (Sèvres/Montparnasse) à avaler des westerns (Le train sifflera trois fois, Bronco Apache, L’homme qui tua Liberty Valence,…), des films de guerre ou d’aventure (Les canons de Navaronne,  Le tigre du Bengal, Les révoltés du Bounty,…) et tous les films dits d’art et d’essai (de Welles, Truffaut, Godard, Chabrol, Losey, Rohmer, Sautet etc…). A 20 ans, pour raconter mes histoires, je rêvais de faire du cinéma. Mais les réalités de la vie m’ont entraîné dans une carrière d’ingénieur. Je ne suis revenu à la littérature que beaucoup plus tard, lorsque ma vie de famille m’a laissé plus de disponibilité.

Quels genres aimes-tu lire et écrire ?

J’ai des goûts très éclectiques, tant pour lire que pour écrire. J’ai lu beaucoup de science-fiction (Huxley, Hoyle, Clarck, Wells, Vernes…) et du fantastique (Lovecraft, Poe …), mais aussi des policiers (Fleming, Leblanc, Dard…) , du théâtre (Molière, Racine, Shakespeare, Becket, …), des contes (Grimm, Andersen, Perrault, Daudet, La Fontaine…) ainsi que des romans, mais moins. Globalement, j’aime tout ce qui raconte des choses surprenantes, « incroyables », mais auxquelles l’auteur nous fait croire dur comme fer. En matière de théâtre, par exemple, j’aime beaucoup l’univers de Pirandello. Côté romans, « L’écume des jours » de Boris Vian est de ceux qui m’ont le plus marqué.

Pour l’écriture, jusqu’à maintenant, j’ai utilisé le théâtre et le roman. J’ai d’ailleurs commencé par une pièce de théâtre (« Planète à vendre ») qui, au départ, était censée être une idée de roman.

Pourquoi écris-tu ?

Pour raconter des histoires ! Lorsqu’une idée prend forme dans ma tête et que j’ai l’impression qu’elle tient la route, je n’ai plus qu’un moyen pour m’en débarrasser : l’écrire. Sinon, elle me harcèle jusqu’à ce que je cède. Pour mon dernier roman (Le testament d’Issasara), lorsque j’ai eu l’idée de cette jeune Minoenne qui échappe par hasard à l’éruption volcanique qui a ravagé tout son pays (Santorin), j’étais en train de préparer une suite à mon précédent roman (L’histoire véritable de Lazare Méradec). Mais l’histoire d’Issasara ne m’a pas laché et j’ai été obligé d’abandonner le projet en cours.

Comment écris-tu ?

Je commence par écrire un script détaillé de mon histoire pour en avoir une vue complète et pour vérifier que j’ai suffisamment d’idées de rebondissements, que mes personnages sont consistants et que je peux imaginer une bonne fin. Cette étape est assez rapide : une ou deux semaines pour un roman, un ou deux jours pour une pièce de théâtre.

Après, commence la galère. Il faut prendre son courage à quatre mains, s’interdire de se demander si c’est une bonne idée ou si on a assez de talent, et se mettre au travail coûte que coûte, avec ou sans inspiration. Page après page, on arrive à la fin de l’histoire, mais c’est loin d’être terminé. Je relis tout et je corrige plusieurs fois. Un travail très ingrat qui prend des mois. Ecrire un roman, pour moi, c’est un marathon. Je suis sidéré par les gens qui sortent un roman tous les ans.

Quelles sont tes habitudes ?

Isolement et silence absolus. J’ai la chance d’avoir une maison à la campagne où je peux vivre sans aucun contact ni aucun bruit pendant plusieurs jours. Quand je suis en train d’écrire, parler à quelqu’un est un effort énorme et c’est perdre une demi-journée de travail. C’est comme si on me réveillait au milieu d’un rêve.  Au delà de cela, je ne suis pas un très gros bosseur. En moyenne, en cours d’écriture d’un roman, j’écris trois ou quatre heures par jour, je pense. Parfois sept ou huit, parfois zéro. Il y a des moments où j’ai besoin de mijoter. Dans ce cas là, je jardine ou je bricole en attendant que ça revienne.

Qu’est-ce qui est difficile quand tu écris ?

La langue, c’est à dire les mots, les phrases, le rythme, le ton. J’adore travailler cela, mais c’est vraiment difficile. Parfois, j’ai l’impression de graver dans du granit. Heureusement, il y a quand même du plaisir. Au fil de l’écriture d’un roman, le scénario et les personnages se complexifient à tel point qu’on a de moins en moins de latitude si l’on veut que l’ensemble reste cohérent. J’ai alors quasiment l’impression de découvrir l’histoire à mesure que je l’écris, et mes personnages m’échappent à tel point que leurs réactions peuvent me surprendre. C’est jubilatoire.

As-tu déjà terminé des projets (nouvelles, romans) ? Quels sont-ils ? 

J’ai écrit deux romans dont les actions se situent à 3 700 ans d’écart ! Le premier, L’histoire véritable de Lazare Méradec, est un roman d’anticipation dans une Europe de la fin du XXIè siècle bouleversée par le changement climatique. Le deuxième, Le testament d’Issasara, se passe chez les Minoens, une remarquable civilisation crétoise des troisième et deuxième millenaires avant J.C..

Le testament d’Issasara par Jacques Lafarge

J’ai aussi écrit et produit trois pièces de théâtre (des comédies). J’aime beaucoup le théâtre musical (je suis fan absolu d’Offenbach) et je mets toujours de la musique et des chansons dans mes pièces. En ce moment, on joue un récital lyrique (« Psychanalyrique ») dont j’ai écrit le scénario et réalisé la mise en scène.

Enfin, pour la petite histoire, j’ai participé à un concours de nouvelles où j’ai remporté le 4° prix (« Double je »). Mais c’est la seule nouvelle que j’ai écrite.

Quels sont tes projets pour la suite ?

Pour ce qui est des projets, c’est plutôt contradictoire : je travaille en ce moment sur un essai philosophique. Rien à voir avec l’idée de raconter des histoires, mais en fait je suis en attente d’une nouvelle idée de roman. Je suis aussi en train d’organiser la production d’un spectacle musical dont j’ai écrit le scénario à partir de chansons du parolier Frank Thomas. L’histoire se passe très précisément le mercredi 16 octobre 1793 (je vous laisse chercher ce qui s’est passé ce jour là).

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Merci à Jacques pour son témoignage très intéressant. Je te souhaite de nouvelles idées de roman très vite 🙂  En attendant, vous pouvez le retrouver sur son site internet. Il y partage ses projets en cours et terminés.

Comme d’habitude, n’hésitez pas à me contactez si vous désirez être mis en avant dans cette série, L’écriture et vous. Je me ferai un plaisir de vous interviewer !

Belle journée,

Marièke

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