3 étapes pour développer son idée de roman

by Marièke

La technique de développement d’une idée que je vous propose aujourd’hui n’est pas déposée. Elle n’est pas unique. Elle est celle que j’utilise pour mes propres textes. J’ai essayé de l’organiser le mieux possible en étapes pour qu’elle soit le plus simple possible à expliquer. Les trois étapes que je présente peuvent être faites dans l’ordre qui vous inspire le plus.

Relire l’article précédent du Challenge Voulez-vous écrire un roman avec moi.

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Prérequis : Mon idée est-elle viable ?

D’une façon générale, je pense et je crois que toutes les idées sont viables. Toutes les idées peuvent faire des romans. Cependant, toutes les idées ne seront pas centrales dans un roman : certains serviront de fond au roman, d’autres d’intrigues principales. Aussi, le plus important quand vous êtes face à une idée est de vous décider sur son importance dans votre texte.

Idée de concept ou idée de roman ?

L’article qui m’a inspiré cet article est issu d’un blog anglais : si ça ne vous embête pas de lire en anglais, vous pouvez aller le découvrir par ici – et revenir ensuite. L’auteur note qu’il y a une différence entre les idées de concept et les idées de roman. Je n’avais jamais réfléchi à cette différence, mais j’ai réalisé qu’elle faisait sens et que j’avais souvent été confrontée à ce problème quand j’écrivais.

Prenez l’idée de « un monde qui serait composé de plein de planètes ». Cette idée est celle du monde de Star Wars, par exemple. Vous pouvez même ajouter à ce monde  » une force invisible que seuls quelques êtres pourraient contrôler ». Là encore, vous avez une idée de concept ou d’environnement si vous préférez. Mais cela ne constitue pas une idée d’histoire. Vous savez pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de conflit.

Dans ce monde fait de planètes et de force invisible, ajoutons désormais un empire qui dominerait l’ensemble des planètes et un groupe de rebelles qui voudraient l’en empêcher. Le conflit crée l’histoire. 🙂

L’idée selon Elizabeth George

Si vous lisez régulièrement ce blog, vous savez que j’aime beaucoup la façon dont Elizabeth a décrit son processus d’écriture et réfléchi à sa façon d’écrire. Dans son texte Mes secrets d’écrivain, elle écrit qu’une idée de roman est une pensée qui renferme l’un de ces trois éléments :

  • l’événement déclencheur qui mettra la mécanique en mouvement
  • OU l’intrigue contenant le début, le milieu et la fin
  • OU une situation énigmatique qui suggère un éventail de personnages en conflits

Pour ma part, j’ai besoin d’un peu plus de matière pour commencer à travailler : mais chacun a son ressenti et son expérience.

Concrètement

Au moment de commencer à travailler sur une idée, ne vous focaliser pas seulement sur le concept, mais aussi sur les conflits et les difficultés qui vous la rendre vivante. Un thème n’est pas suffisant pour faire une histoire, ce sont les personnages et les rebondissements qui vont la générer.

Étape #1 : Pour quoi et pour qui j’écris ?

Je sais que l’on conseille souvent aux auteurs de ne pas penser à leur public et de penser d’abord à eux. Sauf que je trouve plutôt utile d’avoir une idée de son genre et de son public au moment de commencer à travailler. Dans mon cas, cela m’aide à canaliser mes idées et mon imagination.

Voici les questions que je me suis posé pour commencer à tracer les premières lignes du synopsis de Pouvoirs de femmes (titre provisoire) :

  • Quel est le genre de mon roman ? SF, Fantasy, Général, Romance, Thriller, Aventure…
  • Quelle est la cible de mon roman ? Jeunesse, Young Adult, Adulte…
  • Quel est mon point de vue ? Interne, externe, roman épistolaire, journal intime…
  • Quelle est l’atmosphère de mon roman ?

Vos réponses à ces questions vont aiguiller votre réflexion. Pour ma part, j’avais une idée très vague de la chose et réfléchir ainsi m’a permis de comprendre que j’allais faire un Young Adult et que mon personnage principal ne serait pas la mère de la famille que je comptais suivre, mais l’adolescente. Tout a découlé de cette constatation.

Étape #2 : Quel est mon thème ?

Je vous en ai déjà parlé la semaine dernière sur mon article « Trouver une idée de roman », mais avoir une idée du thème de son roman est réellement un plus. En effet, cela va vous permettre de regarder du côté des débats qui ont lieu autour de ce thème et de décliner votre idée.

Prenons un exemple. Je vais prendre le thème de l’amour et de l’acceptation de soi, car c’est le thème que j’avais décidé d’aborder dans mon roman Entre chiens et loups (titre provisoire).

D’un côté, il y a Maxence, en mal de reconnaissance professionnelle qui ne peut pas accepter l’amour qu’on lui porte, car elle veut d’abord être elle avant d’être un couple. De l’autre, il y a Cécile, sa soeur, fervente catholique et homosexuelle… et qui ne sait pas comment cumuler ces deux parties de son être, bien qu’elle soit en couple avec Estelle depuis plus de deux ans.

Avoir un thème permet de le décliner et de construire avec facilité des personnages dont les problématiques s’enrichissent et se répondent. Cela permet aussi de construire des intrigues secondaires. Le thème est alors abordé par différentes histoires et est dilué pour éviter qu’un personnage ne soit trop caricatural.

Remarque : il peut arriver que vous n’ayez aucune idée de votre thème et que celui-ci apparaisse au fur et à mesure de votre texte. Dans ce cas, pas de souci. À vous de voir, à la relecture, si vous voulez renforcer ce thème en aiguisant plus une intrigue secondaire, par exemple.

Étape #3 : Où est le problème, où est le conflit ?

Développer son idée, c’est avant tout explorer toutes les pistes qu’elle soulève, tous les problèmes qui peuvent naître de l’idée. À vous ensuite de rétrécir le périmètre et de bloquer des passages en apportant des solutions logiques (c’est le meilleur moyen d’avoir un peu de cohérence)

Mettons que vous voulez écrire un roman fantasy sur de la magie au sein de notre propre monde. La magie est-elle pratiquée par tous ? Est-elle connue et acceptée par tous ? Pourquoi ? Comment ? Qui sont ceux qui peuvent la pratiquer ? Pourquoi ? … Et ainsi de suite 🙂

Bien sûr, pendant ce travail de questionnement, rien ne vous empêche de commencer à penser à vos personnages et à réfléchir aux problèmes auxquels ils seraient amenés à être confrontés dans votre monde.

Plus vous vous poserez de questions plus :

  • Votre roman sera cohérent : vous éviterez les moments où le lecteur va se demander : « Mais si la téléportation existe… pourquoi est-ce qu’il prend un vaisseau pour traverser cette tempête au lieu de se téléporter de l’autre côté ? » ;
  • Votre roman sera plus complet : les questions vous permettent d’étoffer vos personnages, votre intrigue et votre monde. Ne foncez pas tête baissée dans la première idée d’intrigue qui vous vient : essayez de voir plus large ;
  • Votre roman sera plus facile à écrire : si vous avez fait le tour, avant l’écriture, des différentes pistes qui s’offraient à vous, vous serez moins tenté de dévier de votre chemin pendant l’écriture : « tiens, pourquoi je ne ferais pas ça… Bon, ça fait tomber toute la suite de mon plan, mais c’est pas bien grave… Ah bah finalement, c’était mieux avant. J’ai plus qu’à effacer les 5 derniers chapitres… »

L’idée est vraiment de jouer à l’enfant de trois ans et de bombarder votre imaginaire de toutes les questions qui vous viennent. « Pourquoi le ciel est bleu ? » « Pourquoi les poubelles sont vertes ? » Je suis sûre que les papas et les mamans voient tout à fait de quoi je veux parler :p

Répondre à ces questions

Oui, parce que c’est bien beau de poser des questions, mais ce sont vos réponses qui vont construire votre histoire et ses limites.

Pour ma part, je préfère me mettre « en mode question » et apposer toutes les questions qui me passent par la tête sur papier puis passer « en mode auteur » et répondre à ces questions une par une. Je le fais à l’écrit, dans un carnet dédié au projet en cours.

Rien ne vous empêche de procéder différemment et de répondre aux questions au fur et à mesure que vous vous les posez. Vous pouvez aussi les ranger par thème dans un fichier Word ou Scrivener pour pouvoir les retrouver lorsque vous travaillerez sur une scène / un chapitre / un personnage en particulier.

*****

J’ai utilisé cette méthode samedi dernier pour défricher mon idée et un synopsis en a découlé directement. Il est encore (très) perfectible, mais j’ai bon espoir de le renforcer en travaillant sur chacun des personnages à présent et en menant quelques recherches. Ce sera l’objet des prochains articles du challenge.

À demain pour une newsletter sur un sujet qui me tient à coeur…

Marièke

Crédit image : Trois grains de café pour trois étapes. (Pixabay, CC0)

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8 comments

Gaufrette 9 septembre 2016 - 14 h 18 min

je vois parfaitement la différence entre concept et histoire, ça m’est arrivé plus d’une fois. J’avais un concept génial (bon d’après moi en tout cas :P) mais à chaque fois je butais parce que j’avais pas d’histoire à mettre dedans. Bon entre temps j’y ai pas mal réfléchit et ça prend tout doucement forme même si c’est pas encore ça.

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Marièke 15 septembre 2016 - 16 h 17 min

Oui, comme je le dis dans mon article, je ne m’étais jamais posé la question mais quand j’ai lu cet article en anglais, ça m’a sauté aux yeux et ça m’a parlé. D’un coup, j’ai mieux compris pourquoi certains textes que j’avais pensé n’avaient pas dépassé le stade du chapitre 1 : je n’avais pas d’histoire ! Seulement un concept…

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Maryline 10 septembre 2016 - 22 h 02 min

Merci pour cet article qui m’en a appris beaucoup parce que j’avoue ne m’être jamais posé la vraie question de ce qui me turlupinait, et je pense que c’était là, le petit pas si différent entre concept et histoire. J’aime comment tu nous explique les choses et je m’y retrouve. Biz

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Marièke 15 septembre 2016 - 16 h 19 min

Contente que mes articles te parle 🙂 C’est marrant de voir à quel point les auteurs partagent les mêmes ressentis !

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Camille 18 janvier 2017 - 16 h 03 min

Merci beaucoup pour cet article, il est très complet et m’a beaucoup aidé dans la création de mon histoire (même si je suis encore loin d’avoir fini)! C’est vrai que je n’avais jamais réfléchis à la différence entre concept et histoire, je pense que c’était un point qui me bloquais énormément, en fait j’avais beau essayer de commencer il me manquais quelque chose. Et ce quelque chose était justement l’histoire en elle-même 🙂

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Marièke 19 janvier 2017 - 12 h 43 min

Je suis toujours hyper touchée quand on me dit que mes articles sont utiles / ont entraîné la création d’une nouvelle histoire 🙂 Merci pour ce gentil retour !

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KAYLISSA 11 janvier 2022 - 19 h 35 min

MERCI C UN TRES BON SITE

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Marièke 13 mars 2022 - 15 h 49 min

Merci 🙂

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