Au moment d’aborder la fin de mon roman Fille de femme ainsi que le défi « Voulez vous écrire un roman avec moi en un an », je me dis qu’il est important de vous écrire cet article sur la correction d’un roman. Ce n’est pas comme si je vous le promettais depuis plus de 6 mois !
Ma méthode est encore expérimentale. J’ai corrigé trois romans et quelques nouvelles mais je ne parviens pas à avoir une seule et même méthode tant j’ai l’impression que le travail est différent à chaque opus. On peut tout de même dégager deux temps dans ma correction : la correction de fond et la correction de forme. L’article d’aujourd’hui porte sur la première et celui de vendredi prochain portera sur la seconde.
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Avant de commencer : La correction de fond : c’est quoi ?
Corriger un roman ce n’est pas seulement en gommer les fautes d’orthographe. Je dirais même que gommer les fautes d’orthographe représente une petite partie de la correction tant le travail préalable est important.
La correction de fond consiste à travailler le premier jet de façon à dégager l’histoire de celui-ci. Si certains savent construire une histoire longue du premier coup, je suis de celles et ceux qui partent d’un premier jet sans consistance et qui y sculptent leur texte final. La correction de fond me prend donc du temps et de l’énergie (tant et si bien que j’ai énormément de premiers jets complets que je ne parviens pas à sculpter en romans… Mais c’est une autre histoire).
Étape #1 : Relire son synopsis et son texte
Relire son synopsis et son premier jet à travers le prisme de chacun permet de repérer les différences entre les deux histoires.
Étape #2 : Réécrire le synopsis et le plan
À la lumière de cette comparaison, j’aime remettre de l’ordre et réécrire mon synopsis au propre. Cela me donne le sentiment de mieux maîtriser mon texte.
Selon la complexité du texte travaillé, il peut m’arriver de réécrire aussi l’ensemble du plan de mon texte. Cela est particulièrement important dans mon processus car j’écris le plus souvent scène par scène : mon texte est très morcelé et avoir un plan complet me permet d’avoir une vision d’ensemble de mon texte.
C’est aussi durant cette réflexion que je me pose la question du rythme du texte:
- Les actions sont elles bien réparties ?
- Les scènes débutent-elles à des moments opportuns ? Finissent-elles à des moments opportuns ?
(À ceux qui me demanderont pourquoi je crée un plan si je ne le suis pas pendant l’écriture, je répondrais que mon bazar personnel est à la fois ma force et ma faiblesse. J’ai besoin d’un cadre pour mes textes pendant l’écriture et mais c’est écrire en dehors de ce cadre qui me permet de trouver mes meilleures idées… Bref. J’ai un plan qui me sert de base de travail mais qui ne ressemble pas toujours à l’histoire que je façonne au final.)
Étape #3 : Faire le point sur les scènes manquantes
C’est un travail que j’adore faire. Pour faire ce travail, j’utilise le plus souvent un système de cartes. Chaque scène écrite a sa propre carte et je les range en fonction de mon plan. Je crée ensuite des cartes d’une autre couleur pour les scènes manquantes et j’écris dessus leur mini synopsis.
C’est ce système que j’ai utilisé pour remettre Fille de femme en place en avril dernier. Je vous avais posté la photo sur Instagram.
Les scènes manquantes ?
Je fais une pause ici pour évoquer la question des scènes manquantes. Lorsque vous allez relire votre premier jet et le comparer à l’histoire que vous souhaitiez écrire, vous allez certainement repérer des passages où :
- les personnages ne sont pas assez développés (psychologie…)
- vous racontez plutôt que vous montrez
- les conclusions arrivent trop vites…
En d’autres termes, des passages que vous devez développer et donc des morceaux manquants dans votre histoire.
(Vous aurez certainement aussi des passages de trop, des passages que vous devrez couper au montage. C’est douloureux mais c’est un travail qui a le mérite d’être plutôt rapide ^^)
Étape #4 : Écrire les scènes manquantes
Étape #5 : Lier l’ensemble
Je colle ces deux étapes car il peut m’arriver de les faire l’une après l’autre mais aussi l’une pendant l’autre. Sur Fille de Femme par exemple, j’ai préféré lisser l’ensemble (écrire les liaisons qui pouvaient manquer, remettre le bon temps de narration…) en même temps que j’ai écrit mes scènes manquantes.
Pour Pouvoirs, j’ai commencé par écrire les scènes manquantes (j’ai énormément développé les scènes de Amalia jusqu’à ce qu’elle devienne un des personnages principaux de mon histoire).
Étape #6 : Relire… et recommencer ?
Ce premier travail effectué, votre texte aura effectué un grand pas vers votre roman final.
Relisez-le et comparez-le à nouveau avec l’histoire que vous aviez envie de raconter : l’histoire se dégage-t-elle convenablement ?
Si oui, vous pouvez envisager de passer à la deuxième partie de la correction. C’est la correction de forme, à découvrir sur Mécanismes d’histoires la semaine prochaine).
Si non, je ne peux que vous conseiller de reprendre les étapes de cet article au début et de recommencer le processus…
Si vous vous sentez réellement perdu et ne savez pas ce qui cloche (ça arrive parfois), deux solutions :
- Faire une pause : laisser décanter son texte est parfois un bon moyen d’y revenir avec un regard frais.
- Trouver un bêta-lecteur efficace et bienveillant : il pourra vous aider à trouver ce qui ne fonctionne pas dans votre texte.
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Vendredi prochain, je reviendrai donc vers vous pour vous présenter ma méthode pour la correction d’un texte au niveau de sa forme (style, syntaxe, dialogues, descriptions, orthographe…).
Très bon week-end et à lundi pour le témoignage de Fanny,
Marièke
Crédit image : Vous reprendrez bien un café avant d’entamer tout ce travail ? Par Lesly B. Juarez (Unsplash, CC0)