Vis ma vie de correctrice : Barbara Viot

by Marièke

Bonjour,

On se retrouve en ce début de semaine pour reprendre la série Les métiers du livre qui vous avait beaucoup plus quand je l’avais lancée en juillet dernier. L’été et les vacances étant passés, il est temps de s’y remettre !

Aujourd’hui, je vous propose donc de rencontrer Barbara Viot, correctrice. A 43 ans, elle a déjà vécu plusieurs vies et se consacre désormais au métier de correctrice / rédactrice, métier qu’elle exerce depuis l’Ile de la Réunion.

*****

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Barbara Viot. J’ai quarante-trois ans et j’habite à La Réunion depuis cinq ans.

Je suis née à Paris et j’y ai vécu pendant de très longues années. J’ai été comédienne, pendant dix ans, essentiellement pour le théâtre, après avoir décroché un baccalauréat A3 option théâtre. Par la suite, j’ai exercé le métier de libraire, durant dix ans également, ainsi que formatrice pour adultes, métier que j’exerce ponctuellement, encore aujourd’hui, et dont je suis diplômée.

Je suis, actuellement, lectrice-correctrice indépendante, et j’effectue, en même temps, de la réécriture et de la rédaction intégrale (portraits d’auteurs, notamment). J’ai un titre professionnel délivré par le Centre de communication et d’écriture, à Paris. Je corrige toute rédaction, quelle qu’elle soit : notices de jeux, mémoires, essais, récits, romans, rapports, scénarios, etc. Cela concerne donc une très large clientèle et celle-ci peut être réunionnaise ou métropolitaine.

Ce métier consiste essentiellement à lire le texte et corriger les erreurs d’orthographe, de grammaire, de syntaxe et de typographie. Vérifier la fiabilité des dates, données scientifiques, historiques, citations et apporter les corrections nécessaires. Réaliser les corrections d’homogénéité de présentation. Corriger et annoter le document d’indications nécessaires à sa mise en page. Réécrire du contenu ou du style de textes.

Quand as-tu pris la décision de devenir correctrice. Comment s’est opéré le changement ?

J’ai décidé, dans un premier temps, de partir vivre à La Réunion, en août 2013, pour rejoindre mon compagnon. Il a fallu que je quitte mon travail de libraire et j’ai obtenu une rupture conventionnelle. C’est pendant mon chômage que j’ai demandé un financement pour effectuer la formation de lectrice-correctrice et réécriture. Je l’ai effectuée pendant 1 an et demi.

Il faut savoir qu’à La Réunion il n’y a pas de correcteur et encore moins de demande. Je me suis donc réorienté dans la formation professionnelle. Et puis, grâce à ma prospection, avec l’envie de m’implanter et de faire vraiment ce que j’aime, un jour, quelqu’un m’a tendu la main. J’ai commencé par corriger des notices de jeux pédagogiques et ensuite des mémoires, romans, etc. Je me suis mise à mon compte, en juillet 2017.

Est-ce que cela a changé ta vie ? Comment ?

Oui, profondément ! J’ai dû accepter de gagner beaucoup moins bien ma vie !

Mais je dispose de mon temps, je suis plus disponible pour mes enfants, mes autres projets et je travaille chez moi. Mon rythme de vie est devenu complètement différent. Il me semble que j’en avais besoin…

A quoi ressemble une de tes journées type depuis que tu es correctrice ? Est-ce différent de ce que tu imaginais ?

En général, je travaille le matin, un peu l’après-midi et, parfois, tard le soir. En fonction du client, je corrige directement sur le document WORD, soit en imprimant le document et j’effectue les corrections à la main, à même la feuille. Je dois donc scanner les pages et les envoyer par mail. Je suis toujours en lien étroit avec l’auteur : mails, conversations téléphoniques, face-à-face… En définitive, je suis, la plupart du temps, à mon bureau, dans mon salon. Ce n’est absolument pas différent de ce que j’imaginais !

Qu’aimes-tu dans le métier de correctrice ?

J’aime travailler seule, en autonomie. C’est un métier solitaire ou en relation intime avec un texte et un auteur. J’aime le côté intimiste de cette profession. Et puis, le sentiment de participer au processus artistique d’un écrivain ou d’aider les auteurs, de les guider. C’est un métier dans l’ombre mais cela me convient. J’apprends à être humble, empathique et je découvre une foule de choses que je ne connaissais pas.

Quels aspects de ce métier aimes-tu moins, voire pas du tout ?

La frustration quand une proposition de réécriture n’est pas acceptée par l’auteur. Le fait que cela ne m’appartient pas ou la pression que je peux me mettre car je suis perfectionniste.

Ton salaire te permet-il de vivre ? Si non, quelles activités exerces-tu pour compléter ? Cela te laisse-t-il du temps pour écrire ?

Non, pour le moment, je ne gagne pas ma vie avec cette profession. Je dois prospecter sans arrêt et me faire connaître. C’est difficile aussi de s’exporter car les auteurs ont besoin de proximité et sont rattachés à des maisons d’édition.

Je dois compléter avec mes allocations chômage et des boulots avec des organismes de formation en insertion professionnelle : comédienne, formatrice.

Je propose également de la rédaction (portraits, écriture de mémoire, dossier de presse…).

J’ai du temps pour écrire mais je n’y arrive pas encore. J’ai un projet mais j’ai peur de me lancer ! J’y vais à tâtons !

Regrettes-tu ton choix de devenir correctrice ?

Absolument pas ! Je suis amoureuse des mots…Ce métier a été une révélation pour moi !

Quels sont tes objectifs à plus ou moins long terme ?

Chercher et trouver toujours plus de clients. J’aimerais travailler avec une ou plusieurs maisons d’édition réunionnaise. Ne faire que ça. Et réussir à écrire un roman…

*****

Merci Barbara pour ton témoignage. En tant qu’entrepreneuse et sensible aux métiers du livre, j’aime lire comment chacun et chacune parvient à faire sa place dans ces métiers qui font autant rêver qu’ils sont compliqués à exercer (parce qu’ils sont peu rémunérateurs et parce qu’ils demandent une rigueur énorme !).

Pour l’instant, vous pouvez retrouver Barbara sur Linkedin pour faire appel à ses services. Son site web est actuellement en construction, je modifierai cet article quand j’aurai son lien 🙂

A demain peut-être pour mon article sur mon Bullet journal (je dis peut-être car mon Bujo n’est pas encore fait et que l’article non plus, évidemment…).

Marièke

Crédit image : Du thé, des livres et le temps qui s’écoule… (Unsplash, CC0)

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6 comments

MATHIEU LEGRAND 1 octobre 2018 - 7 h 49 min

Bonjour Marieke
Merci pour cet article.

Effectivement le métier de correcteur indépendant ne peut être que le fruit d’une passion, car il ne faut pas y chercher une grande source de revenus.
Comme le dit Barbara, les éditeurs ont leurs propres correcteurs, mais Barbara peut sans doute y prétendre, si elle finit par se faire connaître et reconnaître. Ton article peut y contribuer d’ailleurs.
Pour l’auto-éditeur, la correction est un calvaire. On a beau lire et relire son oeuvre ,on y trouve des fautes à chaque passage, c’est exaspérant. J’ai également remarqué qu’en lisant un texte avec l’intention de le corriger, on se fait prendre par la lecture de l’histoire, et en devenons moins attentifs à l’orthographe et à la grammaire. J’ai une amie qui avait corrigé mon premier roman et qui pour ne pas se faire happer par l’histoire avait effectué la correction, en lisant le livre à l’envers, soit en commençant par la fin, page par page. Dur, dur !
Et puis se pose aussi la question du coût. L’auto édition représente souvent un coût qui s’ajoute à la prise de risque économique de l’auteur (sauf chez KDP) et le coût de la correction n’en est pas moins anodin. A suivre donc sur ton blog le lien vers le blog de Barbara pour connaître ses tarifs.
Bonne journée à toi

Mathieu

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Marièke 7 octobre 2018 - 17 h 26 min

Bonjour,
Je sais qu’il y a de plus en plus d’autrices et d’auteurs indépendants qui bossent avec correcteurs et correctrices pour assurer à leur manuscrit une très belle qualité. Mais c’est vrai que c’est un coût à investir qui n’est pas négligeable et la couverture est souvent privilégiée…

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VIOT Barbara 8 octobre 2018 - 9 h 55 min

Bonjour,
Encore mille mercis pour la publication de cet article. Votre aide est précieuse !
Et j’aime beaucoup votre site…
Bon voyage au pays des mots !
A très bientôt !
B.

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VIOT Barbara 8 octobre 2018 - 9 h 48 min

Bonjour,

Merci, Mathieu, pour votre commentaire et pour l’intérêt que vous avez porté à l’article ! Cela me fait du bien ! Je n’ai malheureusement pas encore de site Internet mais les gens peuvent me contacter via Facebook, Linkedin, Viadeo ainsi qu’ Instagram (notamment pour une demande de tarif). Très bonne continuation dans vos projets d’écriture !
Cordialement,
B.

Reply
Maëla 14 octobre 2018 - 14 h 30 min

Bonjour,
Ton article tombe à pic, du coup une question subsidiaire : Barbara s’occupe t-elle également de la correction de mémoire de master? Mon université m’a proposé de déposer mon mémoire sur la plate-forme Dumas, ce qui est vraiment cool, mais il faut que je corrige les coquilles avant. Si elle s’occupe de ce genre de correction, je serais ravie d’avoir un contact pour lui demander un « devis ».
Merci d’avance pour ta réponse!

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Marièke 3 novembre 2018 - 11 h 11 min

Bah écoute, je la laisse te répondre sur ce point. Il me semble que oui 🙂

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