Vis ma vie d’éditeur : Dorian Lake pour Noire d’Absinthe

by Marièke

Dorian Lake a ouvert récemment la maison d’édition Noire d’Absinthe. Il y a trois ans, c’était l’un des premiers auteurs à répondre à la série L’écriture et vous (retrouvez ici son témoignage). Depuis, je le suis à distance dans ses projets (merci Facebook) et nous avons eu l’occasion de se rencontrer lors de l’une de mes formations SEO sur Paris. Je suis contente de lui redonner la parole aujourd’hui : dans le cadre de cette nouvelle série sur Les métiers du livre, il nous parle de son quotidien d’éditeur.

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Infos pratiques Noir d’absinthe : https://www.noirdabsinthe.com/
Genres de prédilection : imaginaire (Fantasy, Fantastique, Science-Fiction et Horreur)
Retrouvez Noire d’absinthe sur Facebook et sur Instagram
Les auteurs de Noire d’Absinthe sur Amazon : Dorian Lake et Pierre Efratas

Devenir éditeur : parcours pro et reconversion

Peux-tu te présenter ?

J’ai un parcours je pense assez atypique. J’ai passé un bac ES, puis je me suis dirigé vers un BTS Commerce International, que j’ai plus tard complété en formation continue par un Master Commerce International. Ainsi, j’ai travaillé dans des grands groupes de produits de grande consommation (Colgate-Palmolive) ou de cosmétiques (Clarins), dans des postes centrés sur l’export et la logistique internationale. Très loin du métier d’éditeur, donc.

Parallèlement, j’ai écrit des romans dont le premier, Isulka la Mageresse, a été publié à compte d’éditeur (par Lune Écarlate). Le milieu m’a intéressé et j’ai eu l’opportunité de diriger une collection bénévolement pour le compte de ce même éditeur, et ainsi découvrir sur le tas comment fonctionnait le métier pour les petites maisons, tout en tissant un réseau professionnel.

J’ai ensuite opéré une réorientation professionnelle dans le cadre d’un plan de licenciement pour monter mon entreprise. Comme ce métier m’intéressait beaucoup depuis mon expérience d’auteur et de directeur de collection, j’ai décidé de franchir le pas.

J’ai suivi une formation express mais complète de dix jours avec l’Asfored, pour bien comprendre toute la chaîne du livre, ainsi que des formations dispensées par la SGDL, plutôt dédiées aux auteurs quant à elles.

Ça, plus l’accompagnement d’un consultant en création d’entreprise et mes propres compétences en gestion de projet (logistique certes) et en budgétisation m’ont aidé à me lancer de manière sereine et professionnelle.

Quand as-tu pris la décision de devenir éditeur ? Comment s’est opéré le changement ?

Vraiment quand l’occasion de quitter mon ancienne vie s’est présentée à moi. Passer du salariat dans un grand groupe à l’entreprenariat en TPE a absolument tout changé dans ma vie pro, et pour le mieux.

Il a bien fallu des ajustements, mais je pense que j’avais la maturité nécessaire, le temps, et les compétences pour que ce changement se fasse « en douceur » et sans réel heurt. Malgré tout, j’avais tout de même sous-estimé la charge de travail, qui est très lourde.

Le quotidien de l’éditeur

Est-ce que cela a changé ta vie ? Comment ?

Totalement. Déjà je suis passé d’un mode de vie salarié en grande entreprise à un entrepreneur indépendant. Je travaille désormais chez moi, avec un grand nombre d’intervenants externes.

A quoi ressemble une de tes journées type depuis que tu es éditeur ? Est-ce différent de ce que tu avais imaginé ?

La journée type n’existe pas, car le travail suit le cycle de création du livre, avec plusieurs ouvrages qui se chevauchent. Le métier d’éditeur se rapproche ainsi beaucoup du chef de projet, car il s’agit certes de réaliser des tâches soi-même, mais surtout d’organiser le travail des personnes (auteurs et freelances) qui travaillent avec soi afin de coller au plus près au calendrier de publication.

Pour expliquer le cycle du livre de A à Z côté éditeur, il y a :

  • La réception des manuscrits et leur sélection par le comité de lecture, puis par l’éditeur.
  • La négociation de contrat et la signature avec l’auteur.
  • Les corrections éditoriales (dont l’éditeur se charge).
  • Les corrections de forme (avec une correctrice professionnelle).
  • Le choix d’une illustratrice, incluant la rédaction d’un cahier des charges détaillé et parfois la négociation de tarifs.
  • Les relectures finales du manuscrit avant remise à la maquettiste.
  • La maquette intérieur et extérieure (mise en page du texte et de la couverture).
  • Le bon à tirer avec l’auteur.
  • La remise de la maquette à l’imprimeur pour tirage initial (réduit pour nous car en impression à la demande)
  • L’envoi des services de presse, papier et numérique.
  • Le lancement du livre, principalement sur les réseaux sociaux. Gestion des précommandes et des exemplaires dédicacés.
  • L’organisation des salons, participation à ceux-ci. Dédicaces aussi.
  • La promotion et publicité.
  • La comptabilité (au mois par mois) et le calcul des droits d’auteur à Année+1.

Ce n’est ainsi pas si différent de ce que j’avais imaginé, si ce n’est que bien sûr toutes les étapes se mélangent au quotidien lorsqu’on a plusieurs textes en cours. Car si ça a l’air simple quand on prend un texte seul, il faut bien comprendre qu’il y en a en général deux ou trois qui sont à des stades d’avancée différents et il faut donc gérer un planning assez strict pour s’en sortir, sans oublier les sollicitations ne rentrant pas directement dans le cadre (comme lorsqu’une amie blogueuse vous demande de lui parler du métier d’éditeur 😉 )

Le métier d’éditeur

Qu’aimes-tu dans le métier d’éditeur ?

J’aime beaucoup la gestion de projet et la diversité du travail, mais plus que tout c’est le contact humain avec des artistes qui me plaît. Mon métier est de donner vie à un livre, en poussant l’auteur à aller le plus loin possible dans ce qu’il est capable de produire. Je travaille aussi avec des illustratrices formidables et c’est un réel plaisir.

Quels aspects de ce métier aimes-tu moins voire pas du tout ?

J’aime moins l’aspect commercial, que ce soit en ligne ou en live. Parler du livre est passionnant, mais s’il ne se vend pas, la maison s’arrête, et la pression vient principalement de l’effort permanent pour faire la promotion et chercher de la vente.

Je crois bien que je n’avais jamais été fier de mon travail avant de tenir un des ouvrages Noir d’Absinthe entre les mains.

Ton salaire te permet-il de vivre ? Si non, quelles activités exerces-tu en plus pour compléter ? 

Pour l’instant je touche le chômage, sans quoi il me serait impossible de faire cette activité. Il s’agit en effet d’un plein-temps et il serait irréaliste en plein démarrage d’activité d’exercer une autre profession.

Selon les finances, d’ici un an ou deux, je verrai si je dois compléter par du freelance (édition, gestion de projet, atelier d’écriture…) ou de l’intérim dans mon ancien secteur.

Regrettes-tu ton choix de devenir éditeur ?

Absolument pas.

Les objectifs à venir

Pour finir, quels sont tes objectifs à plus ou moins long terme ?

J’ai un objectif de rentabilité à échéance de deux ans, afin de pouvoir me rémunérer et poursuivre l’activité à temps plein. Autrement, comme dit plus haut, il faudra que je diminue la production de la maison d’édition et que je complète par d’autres sources de revenu.

Infos pratiques Noir d’absinthe : https://www.noirdabsinthe.com/
Genres de prédilection : imaginaire (Fantasy, Fantastique, Science-Fiction et Horreur)
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Les auteurs de Noire d’Absinthe sur Amazon : Dorian Lake et Pierre Efratas

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Merci Dorian pour ta confiance 🙂

Voilà qui ouvre de jolie façon cette nouvelle série. Son but : vous faire voir l’envers du décors et la réalité derrière les métiers du livre (écriture, correction, édition, illustration…). Comment vivre de sa plume ? Cette série essaye de vous donner des solutions !

Contactez-moi si vous pensez que votre parcours peut intéresser les lecteurs de ce blog !

A vendredi pour un nouvel article,

Marièke

Crédit image : Un ordinateur par Galymzhan Abdugalimov (Unsplash,CC0). J’ai ajouté le logo de Noire d’Absinthe sur l’ordinateur pour l’occasion.

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3 comments

CP 28 septembre 2018 - 9 h 02 min

Vis ma vie d’éditeur, vraiment ? Dorian Lake, non content d’avoir trouvé éditeur pour être publié, ne s’est pas laissé décourager, et a créée sa propre maison pour mettre en avant tout SES écrits. J’ai travaillé avec lui, c’est une personne imbue de lui-même, il n’y a qu’à se balader sur le site pour vite s’en rendre compte.
Qui est en tête de la page « Créateurs » ? Dorian, avec tous les autres auteurs de la maison présentés bien en-dessous de l’équipe technique de l’éditeur (histoire de bieeen marquer la séparation).
Baladez-vous dans les différentes collections, quels romans seront présentés avant les autres, même s’ils ont été publiés il y a un certain temps ? Ceux de Dorian Lake !
La maison a publié un total de neuf romans, un bon début, encore faut-il noter que 6 sont d’anciens écrits de Dorian Lake, qui envahit littéralement le site ! Les trois romans restant ont été écrits par différentes personnes qui hallucinent bien devant le nombrilisme de leur éditeur. Assez étonnant quand la page « Créateurs » nous présentes neuf romanciers, mis-à-part Dorian…

Ce n’est pas une maison d’édition, c’est une vitrine pour un auteur qui essaie de noyer le poisson, et les autres écrivains tant qu’à faire. Si Dorian Lake n’a pas les capacités ni la confiance en soit pour se lancer dans l’aventure, qu’il n’entraine pas les autres dans sa chutes en les piégeant !

Reply
Marièke 7 octobre 2018 - 17 h 58 min

Dorian Lake, fondateur de la maison d’édition Noire d’Absinthe, en est aussi l’un des auteurs publiés. C’est un choix qu’il a fait, qui peut être interrogé, c’est évident, mais je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’ajouter des attaques personnelles à ton message. Dorian est très transparent sur son catalogue et les auteurs et autrices qui travaillent avec lui le font en connaissance de cause. Le témoignage de Dorian sur son quotidien est très intéressant et reflète bien le travail d’éditeur qu’il occupe depuis deux ans (ce sur quoi porte cet article).

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Cécile pommereau 7 octobre 2018 - 19 h 14 min

Bonjour, merci d’utiliser un pseudo, au lieu de mon nom, si vous avez des revendications.
Cordialement
Cécile Pommereau

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