Vis ma vie d’écrivaine : Zahardonia alias Virginie

by Marièke

Bonjour !

Depuis quelques semaines, je publie les témoignages de plusieurs professionnel·le·s du livre – édition, illustration, correction… La boucle n’aurait pas été bouclée sans avoir le témoignage d’un·e écrivain·e. C’est aujourd’hui le cas avec Zahardonia, alias Virginie, qui a fait le choix de l’écriture comme métier. Entrez dans sa vie le temps de quelques questions.

*****

Peux-tu te présenter ?

Dans la vie civile, je m’appelle Virginie Vincent, j’ai 30 ans et je suis écrivaine, blogueuse et écrivaine publique.

Mon parcours scolaire a été assez particulier. J’ai commencé par l’équivalent belge d’un Bac S pour enchaîner sur des études supérieures en géologie. Études que j’ai été obligée d’arrêter à cause de problèmes de santé.

Quand j’ai pu reprendre mes études, je n’avais pas le droit de reprendre mes études de géologie, ni aucune autre études supérieures dans le parcours classique. Je me suis tournée vers ce que l’on appelle en Belgique une formation qualifiante de webmaster. Diplôme que j’ai obtenu. J’ai fait quelques petits CDD plus ou moins dans ma branche avant de rencontrer l’homme qui allait devenir mon mari et qui, lui, est français, vivant et travaillant en France. Comme il avait un emploi stable et que moi je n’en trouvais pas en Belgique, je l’ai rejoint.

Arrivée en France, je ne trouvais pas un seul boulot. Mais, l’envie d’écrire des romans et d’en vivre me titillait et mon mari m’a donné deux ans pour écrire ce livre. Durant ces deux années, j’ai en partie écrit ce premier roman et j’ai créé mon blog, Monde Fantasy, afin de partager mes recherches et mes idées en ce qui concerne l’écriture de Fantasy. La blogosphère francophone étant très pauvre encore à ce moment-là dans le domaine alors que la demande était présente.

(Note de Marièke : Oui, c’est très vrai. Mon blog date de la même époque ^^)

Au bout de deux ans, je suis retournée sur le marché de l’emploi. Mais ne trouvant toujours pas de travail et m’épanouissant vraiment dans le monde du livre, et plus particulièrement du côté des coulisses, j’ai décidé de devenir écrivaine publique en plus de webmaster. J’ai donc commencé une formation d’écrivain public par correspondance auprès du CNFDI. J’ai ouvert mon entreprise, Prom’Auteur, en janvier 2018.

Durant ce temps, j’ai terminé mon premier roman que j’ai autoédité (par choix) et qui est sorti le 11 novembre 2017. Il s’agit de La Fuite, premier tome de ma quadrilogie Neph et Shéa, que je publie sous le nom de plume Aline Wheeler. Le deuxième tome est en cours de correction et partira bientôt chez mes bêta-lecteurs et lectrices dans le but de le publier fin 2018.

Neph et Shéa 1: La Fuite (version traditionnelle)

Quand as-tu pris la décision de devenir écrivaine ? Comment s’est opéré le changement ?

Ma décision a été prise quand j’avais 10 ans. Je n’ai jamais rêvé devenir écrivaine, c’était un projet de vie. Christine Angot a dit que devenir artiste c’est un plan B, pour moi ce n’est pas le cas. À la base, j’avais commencé des études dans le but d’avoir un salaire qui me permettrait de pouvoir, in fine, vivre de mon écriture.

Toutefois, au vu des aléas de la vie, j’ai dû laisser tomber cette idée de trouver un emploi stable avant de devenir écrivaine. J’ai donc naturellement pris ma casquette d’écrivaine tiers-temps (les 2 autres sont celles de blogueuse et d’écrivaine publique) et ça n’a étonné personne de mes proches puisque tout le monde savait que je voulais faire de l’écriture mon métier.

Est-ce que cela a changé ta vie ? Comment ?

Cela a changé ma vie dans le sens où je m’épanouis vraiment dans ce métier et ça m’a permis de reprendre confiance en moi. Se faire refouler aux emplois pour lesquels on postule, ne pas se faire réembaucher après un contrat ou se faire constamment juger parce qu’on n’a pas d’emploi ne permet pas vraiment d’avoir une bonne estime de soi. Écrire et finir ce que j’écris, m’a permis de me remettre en selle et de retrouver la foi en ce que je faisais.

A quoi ressemble une de tes journées type depuis que tu es écrivaine ? Est-ce différent de ce que tu avais imaginé ?

Ma journée-type (du lundi au vendredi) :

  • 6h : lever
  • 6h15 – 7h15 : exercices physiques
  • 7h15 – 7h30/45 (ça dépend si je fois me laver les cheveux ou pas) : douche
  • 7h30/45 – 8h30 : petit-déjeuner
  • 8h30 – 9h : check des mails perso et des réseaux sociaux
  • 9h – 10h : écriture
  • 10h – 12h: soit je continue à écrire, soit je bosse sur autre chose (article de blog ou pour mon boulot d’écrivain publique)
  • 12h – 14h : temps de midi (où je fais un peu de tout en plus de manger comme étendre le linge, répondre à des mails, passer sur les réseaux sociaux…)
  • 14h – 18h : aucune tâche prédéfinie, c’est en fonction de ce qu’il y a à faire.

Alors, ça, c’est ma journée en théorie. Il arrive fréquemment que je finisse beaucoup plus tard ou que je décale mes plages horaires de travail. De même, je travaille souvent le samedi, le dimanche et les jours fériés.

C’est assez différent de ce que j’imaginais étant enfant, mais pas tant de l’idée que je me faisais du métier d’écrivaine une fois adolescente et adulte. Les grandes différences sont le lieu d’écriture, petite j’imaginais les études d’écrivain dans des greniers, et le temps d’écriture, je pensais que je pourrais écrire plus qu’une ou deux heures par jour, or je n’y parviens pas tant c’est éprouvant.

Qu’aimes-tu dans le métier d’écrivaine ?

Tout ou presque !

Ce qui me plaît le plus, c’est la liberté pleine et entière que je ressens pendant mes heures d’écriture. Ce sont des moments où je me coupe du monde (je coupe mes téléphones [le perso et le pro], les réseaux sociaux, la sonnette…) et pendant lesquels je peux faire exactement ce que je veux, du moins à l’écrit.

J’aime beaucoup aussi les moments où je peux échanger avec des lecteurs et des lectrices qui ont aimé mon livre et mon univers. Voir mes personnages vivre pour d’autres personnes que moi-même c’est magique. C’est comme s’ils étaient vraiment réels.

Quels aspects de ce métier aimes-tu moins voire pas du tout ?

Le regard des autres, qu’il soit admiratif ou dédaigneux, il est difficile à supporter parce qu’il est souvent basé sur de fausses idées qu’il faut démonter pour prouver, voire démontrer, la réalité de ma condition d’écrivaine débutante, inconnue et indépendante.

Et la dureté financière du métier : les revenus ne suivent pas vraiment les efforts faits pour la promotion.

Ton salaire te permet-il de vivre ? Si non, quelles activités exerces-tu en plus pour compléter ? Combien cela te laisse de temps pour écrire ?

Non, je ne vis clairement pas de mon métier d’écrivaine. Comme dit plus tôt, je suis écrivaine publique et blogueuse.
En plus de mes romans, j’écris des non-fictions comme mon guide sur la concordance des temps. Je aussi suis en pleine rédaction d’un livre sur la création d’un système de magie en Fantasy (pour mon blog Monde Fantasy) et dans la préparation de différents guides et tutoriels pour mon entreprise.

L’Utilisation des Temps de Conjugaison en Français: Aide à la concordance des temps

Pour le moment, toutes ces casquettes ne me permettent pas encore de me dégager un véritable salaire, mais mon entreprise est jeune. Pour le moment, c’est surtout le salaire de mon mari qui permet de remplir le frigo et de payer les factures.

Pour ce qui est de mon temps d’écriture, c’est une plage horaire non négociable de mon emploi du temps. Même en vacances j’essaie de me trouver au moins une heure pour écrire. En somme, je n’attends pas d’avoir le temps d’écrire, je prends le temps d’écrire.

Regrettes-tu ton choix de devenir écrivaine ?

Absolument pas !

Même si c’est une voie difficile, je sais que c’est la mienne. Toutefois, je dois beaucoup à mon mari qui me soutient énormément et sans qui ce métier n’aurait même pas été envisageable pour moi.

Quels sont tes objectifs à plus ou moins long terme ?

Écrire plein de livres ! Et devenir riche et célèbre, bien entendu ! 😉

Plus sérieusement, sur le long terme, j’ai beaucoup de projets d’écriture. Il vaut mieux si je veux finir par vivre de ma plume.

À moyen terme, j’ai aussi le projet de développer mon entreprise pour en faire une source de revenu stable et viable.

Et à court terme, j’ai la sortie en fin de cette année-ci de mon deuxième tome que je dois préparer, puisque je l’autoédite de nouveau.

*****

Merci à toi Virginie pour ta sincérité. Je me retrouve énormément dans ton témoignage et dans l’évidence qu’est le métier d’écrivaine pour toi. Je n’ai pas encore sauté le pas d’en faire mon métier unique, mais je comprends totalement les dilemmes qui t’interrogent.

Vous pouvez retrouver Zahardonia alias Virginie sur son blog Monde Fantasy, sur son blog d’autrice et sur son site d’entreprise. Et vous pouvez bien entendu aller voir ses livres.

Cet article sur les métiers du livre est le dernier avant septembre. Je préfère ne pas poster en août, car le nombre de lecteurs et lectrices diminue en août (vous vous sauvez toutes et tous en vacances !). Je continuerai à poster le vendredi, comme d’habitude depuis un an 🙂

Sur ce, belle semaine,

Marièke

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7 comments

Aude 24 juillet 2018 - 16 h 22 min

Oh c’est génial que tu aies interviewé Aline Wheeler !! Dont je découvre au passage le vrai nom. En grande fan de fantasy je suis son blog depuis un moment. Une interview vraiment très intéressante ! Je ne savais pas que c’est elle qui se cachait derrière Prom’Auteur ! Je me retrouve beaucoup dans son expérience lorsqu’elle décrit ses difficultés à trouver du travail, se faire souvent juger et refouler et au final l’impact sur l’estime de soi… C’est à croire qu’elle ne trouvait pas car le monde invisible savait que ce n’était pas sa juste place… Je confirme, s’immerger et se concentrer une heure pour écrire, c’est épuisant !

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Marièke 28 juillet 2018 - 14 h 46 min

Ton commentaire rappelle à quel point il est important de faire des ponts entre ses activités pour les enrichir 😉
Merci pour ton retour !

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Zahardonia 24 juillet 2018 - 17 h 50 min

Je suis partout… 😉
D’ailleurs, j’espère que tu ne seras pas trop déçue parce que certaines des questions de Marièke se recoupent avec les questions personnelles que vous m’avez posées pour la FAQ de Monde Fantasy. Il y aura donc quelques réponses redondantes avec cet article-ci.

Sinon, qu’entends-tu par « le monde invisible » ? (N’hésite pas à me répondre par MP sur facebook ou par mail si tu préfères que ça reste confidentiel) 🙂

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Martin 24 juillet 2018 - 20 h 25 min

Super interview Zaha! Content de te retrouver sur mecanismes d’histoires et bravo à Marièke pour cet entretien très intéressant 🙂

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Marièke 28 juillet 2018 - 14 h 49 min

🙂 Merci !

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Zahardonia 4 août 2018 - 15 h 31 min

Merci Martin ! 😀

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Sarah 28 octobre 2018 - 16 h 12 min

J’adore les journées de cette autrice…Le rêve quoi!

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