Vis ma vie d’écrivaine : Aude Réco

by Marièke

Bonjour à toutes et à tous,

Et très belle semaine ! On se retrouve aujourd’hui pour un article bonus, sous la forme d’un entretien avec Aude Réco. Nous avons déjà eu l’occasion d’échanger ensemble et elle avait participé à une autre série du blog. Je participe d’ailleurs, le temps de quelques lignes, à sa newsletter Bulles créatives, son nouveau projet.

Sur ce, je vous laisse avec Aude qui a pris la décision d’être écrivaine à temps plein il y a plusieurs années.


Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Aude Réco, j’ai 30 ans.

J’ai un diplôme de secrétaire médicale, profession que je n’ai jamais exercée qu’en stage parce que je n’avais pas du tout envie de passer mes journées derrière un bureau à retranscrire des compte-rendu et à me friter avec les patients désagréables. Je suis une personne solitaire, avec des habitudes très spécifiques. Je n’aime pas dépendre d’autres personnes dans mon travail, et le salariat ne m’attirait vraiment pas. Je ne voulais pas entrer dans la vie active de cette façon, alors, pour changer, j’ai pris la tangente, et, depuis, je contribue à mon propre métier.

Quand as-tu pris la décision de devenir écrivain·e ? Comment s’est opéré le changement ?

Je terminais mes études de secrétariat médical quand j’ai décidé de me prendre une année pour me lancer sérieusement dans l’écriture. À l’époque, j’ai réussi à m’autoéditer sous pseudo, à signer quelques contrats… Ça m’a donné un bon aperçu du milieu du livre et des quelques salons auxquelles j’ai participé, à l’époque. Et ce n’était pas du tout ce que je voulais faire !

Avec l’accord de mes parents – chez lesquels je vivais –, j’ai pris deux ans supplémentaires pour travailler sérieusement et commencer à me fixer des objectifs. En 2014, je signais au Petit Caveau pour inaugurer leur collection gothique avec Noces d’éternité. J’avais 25 ans et, officiellement, à ce moment-là, j’ai eu envie de continuer et de reprendre l’autoédition.

Est-ce que cela a changé ta vie ? Comment ?

Oui, des gens me lisent. Quelquefois, j’ai des retours de personnes sur qui l’intrigue a fonctionné, qui ont aimé les personnages… Il y a aussi eu ma signature chez Rocambole qui me donne envie de m’essayer au format d’épisodes très courts. (Je rappelle que Les Sempiternels était paru chez feu Walrus et que Rocambole l’a adapté à son format très court parce que ça s’y prêtait.)

Si je pousse la réflexion plus loin, je me dis que c’est justement d’avoir pris mon indépendance et, par extension, d’avoir disposé de semaines entières pour écrire, qui m’a permis de comprendre qu’il n’y a pas que l’écriture à proprement dite ; que, écrire, c’est aussi prendre le temps pour ses autres activités, pour nourrir sa créativité et mûrir ses réflexions.

A quoi ressemble une de tes journées type depuis que tu es écrivain·e ? Est-ce différent de ce que tu avais imaginé ?

Ma vision du métier a changé quand j’ai déménagé de chez mes parents, il y a huit ans. (Parce que plus de temps à consacrer à l’écriture et possibilité de m’organiser absolument comme je veux.)

Une journée type commence par ma Morning Routine. Généralement, je bouquine dans le canapé en attendant que le chien se lève pour son câlin du réveil. Ensuite, je mange et prends ma douche, avant de promener le loulou. C’est en rentrant que ma routine bien-être s’arrête, puisque je travaille jusqu’à la promenade suivante. Et c’est pareil pour l’après-midi. Ma journée de travail s’étale sur six heures, trois le matin, trois l’après-midi. J’ai remarqué que je travaillais plus efficacement sur des créneaux réduits. (Ça doit être la raison pour laquelle la méthode Pomodoro fonctionne si bien quand j’écris !)

Le matin, j’écris, la plupart du temps sur mes romans. Je suis quelqu’un du matin, je me lève à 5 heures en sachant que je suis plus efficace au saut du lit. L’après-midi, j’écris mes scripts, mes articles de blog, je tourne mes vidéos, j’enregistre le podcast, je traite les emails… Tout ce qui me nécessite moins de concentration, car il s’agit de tâches plus automatiques.

Ma journée se termine par du temps de jeu avec mon chien, une séance de yoga et ma part de tâches ménagères pour avoir l’esprit tranquille pendant la soirée.

Qu’aimes-tu dans le métier d’écrivain·e ?

Écrire ?

Non, ce que je préfère, c’est planifier mes romans. C’est vraiment mon étape favorite, quand tout se met en place, du tout début, quand la trame ne ressemble encore qu’à deux ou trois idées que j’associe pour voir, à la rédaction de mes scènes en vrac. (Ce sont les scènes que j’écris au brouillon pour trouver le ton, avant de passer aux choses sérieuses.)

J’aime aussi le moment où je peux en parler autrement que par énigmes et celui où j’en prépare la promotion. (Mais c’est plus de l’ordre de l’autoédition, à ce stade.)

Quels aspects de ce métier aimes-tu moins voire pas du tout ?

Ça dépend des jours. Certains, j’adore programmer ce que je dois faire. D’autres, ça me gonfle prodigieusement parce que je préférerais juste écrire. D’autres, encore, je préfère corriger pour me rapprocher du produit fini. Il n’y a pas une ou plusieurs tâches que je déteste dans mon métier, seulement une ou plusieurs selon si j’ai envie d’écrire ou pas.

Ton salaire te permet-il de vivre ? Si non, quelles activités exerces-tu en plus pour compléter ? Combien cela te laisse de temps pour écrire ?

Il est très compliqué de vivre de l’écriture seule. Heureusement, l’autoédition me permet de maintenir le cap, et je prépare aussi deux, trois petites choses pour la fin de l’année. (Le Projet 365 pour celleux qui me suivent sur Instagram, j’en ai déjà parlé.)

Je consacre, en moyenne, deux heures d’écriture pleines, chaque jour. Pour le reste, ce sont des « à-côté ». (Blog, chaîne, podcast et réseaux sociaux.) Écrire se limite rarement à seulement écrire. Pour peu que tu envisages de passer en autoédition, tu dois trouver un équilibre entre l’écriture, la sortie du livre, la promo… À répéter autant de fois que tu souhaites sortir de bouquins sur l’année.

Regrettes-tu ton choix de devenir écrivain·e ?

Jamais ! Déjà, je ne peux pas faire sans écrire, ne serait-ce qu’imaginer des histoires, alors, je me dis autant les écrire… et les partager, surtout. M’autoéditer m’aide à pas mal relativiser parce que, quand même, il y a beaucoup d’éléments qui coincent dans le fait d’être auteur·rice : la durée des contrats, le pourcentage de droits d’auteur·rice, les frais quand tu vas en salon, en festival, la culture de ce que j’appelle le « de toute façon, d’autres auteur·rice·s se bousculeront pour prendre la place ».

Je ne regrette pas mon choix de devenir écrivaine, de l’être devenue, seulement que d’autres ne conçoivent pas qu’il s’agit d’un métier.

Quels sont tes objectifs à plus ou moins long terme ?

Je travaille actuellement à mon Projet 365, dont je ne devrais plus tarder à poser la première pierre. Le développement de ce projet va me prendre jusqu’à la fin de l’année, où je pourrai (enfin !) le lancer, après plus d’un an et demi de travail. C’est un projet qui me trotte dans la tête depuis plusieurs années, et avoir les moyens de le concrétiser est hyper excitant et super inquiétant. (D’autant que c’est un projet avec plusieurs aspects.) J’espère qu’on lui fera un bon accueil et qu’il sera suffisamment varié pour plaire, tout en continuant de prôner mes valeurs relatives au bien-être des créateur·rice·s.

Tu ne parles pas du tout de l’aspect économique : ce que tu gagnes et les chiffres. Bien sûr ça reste privé et je le comprends, mais ce serait cool d’avoir un tout petit ordre idée (soit un chiffre par roman, ou par projet, je sais pas comment tu peux aborder la chose) vu que ça reste un peu le nerf de la guerre et une inquiétude forte des personnes qui souhaitent se lancer 🙂

Je n’en parle pas parce que j’estime que, oui, ça reste privé et que moi, je ne demande pas aux gens (indépendants ou salariés) combien ils gagnent. Je trouve, aussi, qu’il s’agit d’une question qui ne veut rien dire (désolée) dans le sens où il ne s’agit pas de facturer un service, par exemple. Tout dépend de la marge que je me prends sur un livre, des intermédiaires éventuels, de chez qui je signe et sous quelles conditions…

Comme je te suis depuis un moment, je sais que l’aspect signatures / dédicaces / ateliers n’est pas ton truc préféré – en fais-tu de temps en temps ? Et si oui, à quel rythme et comment ça s’organise ? Qu’en retires-tu ?

Il m’arrive, effectivement, de signer sur un salon, mais c’est vraiment très rare. Ça s’organise très simplement : mon éditrice au Petit Caveau demande qui veut participer à quel salon et c’est tout.

Pour les ateliers, je compte en proposer un par mois, virtuellement pour commencer, via mon Patreon. J’avais déjà fait l’expérience l’année dernière et j’ai eu de bons retours, donc, c’est une initiative qui m’intéresse.


Merci pour tes réponses !

Vous pouvez retrouver Aude sur son site d’autrice et ses réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram, Youtube et Linkedin).

J’espère que cette interview vous aura donné quelques billes sur le métier d’écrivaine. Chaque écrivain, chaque écrivaine adapte ce métier à ses habitudes et à sa manière de vivre et en fait quelque chose d’unique que j’aime découvrir et partager ici 🙂

Belle semaine,

Marièke

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2 comments

Ingrid 5 juillet 2020 - 17 h 48 min

Oh, merci pour cette interview ! J’ai été très contente d’y découvrir Aude que je suis activement mais je n’avais pas toutes ces infos; notamment le côté orga et budget ! Merci à vous deux !

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Marièke 14 août 2020 - 18 h 27 min

Oui, j’ai essayé de proposer des questions plus persos car ça me semble aussi important pour comprendre la vie d’auteur / d’autrice 🙂

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