Il y a quelques semaines, j’avais posté un article sur la réécriture du premier jet. J’y expliquais que le premier jet n’était en aucun cas un roman terminé et qu’il devait passer par une réécriture pour être tout beau, tout propre.
En le relisant et en écoutant les remarques et les commentaires qui ont été faits sur l’article, je me suis rendue compte que le terme « réécriture » pouvait porter à confusion. Selon le roman et votre méthode de travail, il n’est en aucun cas nécessaire de réécrire tout votre roman : réécrire les passages les moins aboutis et corriger les fautes de syntaxe et de répétition peut être suffisant.
C’est même cette méthode que j’ai appliqué pour les romans Pouvoirs et Entre chiens et loups (titre provisoire). Le premier sera bien auto-publié et j’en suis aux dernières corrections, tandis que le second va bientôt passer en bêta-lecture afin que je comprenne mieux ses forces et ses faiblesses.
Ceci dit, tous les romans ne se retravaillent pas de la même manière et j’ai, avec L’Encre de paix, un sérieux problème. C’est mon plus gros roman et c’est aussi le premier que j’ai terminé lorsque j’ai recommencé à écrire en 2012 (depuis j’ai terminé trois plus petits romans). J’en ai terminé le premier jet mais c’est un premier jet au sens ébauché du terme. Le genre de premier jet où des personnages apparaissent tandis que des intrigues disparaissent… (Je réalise que mon super plan n’était peut-être pas aussi super que ça ! ^^)
Depuis que je l’ai terminé en juillet 2013, j’hésite régulièrement à le retravailler. J’ai eu par exemple envie de le retravailler cet été. Pourquoi ? J’ai bien peur que cela soit dû à mes tendances procrastinatrices (pour éviter de finir complètement Entre chiens et loups, j’avance L’Encre de paix)… Mais au moins, j’avais un peu écris et c’était déjà ça. 🙂
Du coup, autant que mes digressions vous soient utiles : je vous propose un article sur le travail de réécriture du premier brouillon. Oui, ce premier brouillon cahotique, limite improbable. Autant vous le dire tout de suite, il ne s’agira pas d’un article sur la syntaxe des phrases et l’orthographe : face au chaos de mon brouillon, ces éléments sont accessoires. Ce que je vais vous montrer ici, c’est plutôt le retravail sur l’intrigue de façon à la faire à peu près ressembler à ce que vous vouliez…
>> Je suis en train d’appliquer la méthode. Je vous la montre telle que je l’ai mise en place pour mon travail. Je vous ferai un article quand j’aurais terminé pour vous dire ce qui a fonctionné et ce qui a moins fonctionné. N’hésitez pas à me donner vos propres pistes !
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Si vous êtes un temps soit peu comme moi lors de la rédaction de mon roman L’Entre de paix, il est possible que vous ne compreniez votre histoire et vos personnages qu’à la toute fin de la rédaction de votre premier jet. Génial me direz vous. Comme vous pouvez le deviner, ça augure pas mal de travail pour la suite.
Aussi, le premier travail va consister en un état des lieux de ce que vous avez et à un comparatif avec ce que vous vouliez. Ainsi, vous allez pouvoir repérer ce que vous avez, comprendre ce qui manque et ce qui est de trop.
1/ Laisser reposer (ou pas) ?
La première chose à faire, je crois, c’est relire votre texte. Certains conseillent de le laisser reposer après écriture, d’autres disent de s’y remettre tout de suite. Pour ma part, j’avais essayé de m’y remettre juste après et la tâche m’avait semblé immense (je venais de passer un an à écrire 165 000 mots pour voir qu’ils n’avaient ni queue ni tête m’a tué).
Bref, ça m’a fait du bien de laisser deux ans de repos : quand j’ai retrouvé le roman, je l’ai redécouvert avec un regard neuf et, tenez vous bien, je l’ai apprécié. Je ne dis pas qu’il n’y a pas des défauts mais je me suis dit qu’il y avait matière à faire un truc bien. Bref, dans mon cas, le repos a été salvateur.
2/ Faire un état des lieux
J’ai pris mon premier jet (je l’avais fait imprimer tellement j’en étais fière mais vous pouvez le mettre en PDF et le mettre sur votre tablette) et une feuille volante et j’ai dressé la liste des scènes. Il m’a fallu une dizaine de feuilles dont j’ai couvert seulement le recto. C’est important, vous verrez pourquoi dans quelques secondes…
3/ Refaire la trame de votre texte
Rédigez désormais le synopsis de l’histoire telle qu’elle devrait être pour raconter exactement ce que vous voulez dire. Vous pouvez y ajouter, ou non, l’histoire et l’évolution des personnages important. Si ça fait trop à gérer, commencez par la trame principale.
4/ Découper les scènes
Reprenez désormais la liste de vos scènes. Pour mieux comprendre les parties de l’histoire que j’avais déjà en ma possession, je vais découper chaque scène de mon roman, ce qui a donné une ribambelle de petites bandes de papier couvertes de mon écriture minuscule.
(Pensez aux trombones !)
>> J’en suis là actuellement 🙂
5/ Réorganiser les scènes
Ensuite, à partir de mon synopsis, je vais arranger les scènes dans l’ordre du nouveau brouillon.
Si votre premier brouillon est aussi bazardeux que le mien, l’ordre des scènes ne sera plus forcément le même. Voilà des scènes à retravailler.
De plus, vous avez certainement des trous dans votre histoire : des scènes non écrites : voilà des scènes à rédiger.
6/ Choisir son plan d’attaque
Deux choix s’offrent à vous désormais :
- Commencer tout de suite à travailler ces éléments : vous ferez la suite plus tard.
- Aller plus loin dans votre réflexion et vous préoccuper des sous-intrigues (ou des arcs des personnages, selon votre façon de les appeler).
J’ai pour ma part choisi de partir sur la seconde option : mon nouveau synopsis contient aussi les sous-intrigues.
7/ Le travail des sous intrigues
À partir de mon synopsis, j’ai rédigé l’évolution personnelle avant et pendant l’histoire de l’ensemble de mes personnages principaux. Elle est plus ou moins fournie selon leur importance. Il s’agit en fait d’une application détournée de la méthode flocon.
En plus des personnages, il se peut que vous ayez besoin de préciser d’autres éléments de votre intrigue ayant un gros impact. Dans mon cas : la religion, les différentes cultures, l’armée. (Vous comprenez mieux les fiches que j’ai commencé à vous proposer)
J’ai l’intention d’écrire ces sous-intrigues sur des bandes de papier coloré pour les inclure à leur tour dans mon ensemble de scène afin d’avoir un plan global.
8/ Mettre le plan au propre
Il ne restera plus qu’à coller l’ensemble de ces scènes dans un cahier 24×32 cm (pour éviter que les feuilles ne déborde) et j’aurais un nouveau plan pour mon intrigue. Je créerai un nouveau fichier sur Scrivener et je créerai toutes mes scènes. Et il n’y aura plus qu’à les remplir. Certaines seront déjà écrites et nécessiteront juste d’être un peu modifiées, tandis que d’autres devront être entièrement rédigées.
Bref, j’ai encore un peu de boulot ! (Et je suis assez contente d’avoir depuis, trouvé des méthodes qui sont plus efficaces pour planifier mon premier jet : j’ai moins de travail désormais !)
Pour aller plus loin
- Ecrire les scènes non écrites sur un papier de couleur pour les repérer dans la masse des autres
- Investir dans un tableau de liège et dans des punaises si votre roman n’est pas trop long ou dans un cahier 24×32 cm dans le cas contraire.
- Utiliser un code couleur par personnage pour les arcs
- Mettre au propre l’ensemble dans Scrivener et enregistrer le projet en plusieurs versions (Premier jet, réarrangement des scènes et deuxième jet…). Il y a un système de version dans Scrivener mais je le trouve peu lisible. En plus, si par malheur vous veniez à perdre un de vos projets, vous pourriez toujours vous appuyer sur les autres (même moins avancés…). Si tout est dans le même projet et qu’il plante, ça risque d’être très très mais alors très difficile à vivre. (Dixit la fille qui n’a jamais perdu plus que deux pages mais que ça a profondément marqué).
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Voilà pour ma technique de relecture sur ce projet hyper long et hyper fouillis. Laissez-moi savoir si elle vous a intéressé et surtout si vous en utilisez une autre 🙂 Je suis friande des techniques car j’ai eu pas mal de mal à en trouver une efficace.
Pour info, voici l’article de blog qui m’a inspiré cette solution (en anglais).
À vendredi,
Marièke
Crédit image : Tous les outils pour réécrire un roman (Pixabay, CC0)