Pourquoi une réécriture est indispensable à votre premier jet

by Marièke

C’est en discutant de mes projets d’écriture avec mon copain que je me suis rendue compte qu’il est difficile d’expliquer à quelqu’un qui n’écrit pas qu’un livre ne s’écrit pas en une fois. Ce n’est pas parce qu’un premier jet est terminé qu’un livre est fini.

>> Certains d’entre vous bossent sur des fanfictions ou des oeuvres originales qu’ils postent ensuite directement — sans avoir conçu la suite. Dans ce cas, la mécanique rédaction / réécriture / relecture dont je vous parle ici tend à être modifiée. Si vous êtes dans ce cas, n’hésitez pas à témoigner sur cette méthode et sur vos techniques pour conserver un ensemble cohérent.

Voici pourquoi je recommande fortement une réécriture.

Edit : Après plusieurs commentaires sur les réseaux sociaux à la suite du partage de cet article, je précise que ce que j’appelle réécriture peut être assimilé à des corrections. Autrement dit, il peut s’agir de réécrire entièrement son roman comme de modifier certains passages (en ajouter, les modifier, les supprimer) pour rendre son propos plus efficace. Sur L’Encre de paix, j’ai ainsi en tête de réécrire presque entièrement mon texte, tandis que sur Pouvoirs ou Entre chien et loup, j’ai privilégié la reprise de certains passages et l’ajout d’éléments. Le propos reste le même ceci dit : un premier jet n’est PAS terminé, il faut le corriger ! 🙂

*****

Pour limiter la pression et l’autocensure

L’une des raisons pour lesquelles énormément d’auteurs ne parviennent pas à dépasser la première ligne / la première page / le premier chapitre de leur roman est la peur de ne pas atteindre la perfection du premier coup.

Or savoir qu’une réécriture adviendra après le premier jet est un bon moyen de limiter cette peur. En effet, si vous savez que ce que vous écrivez ne sera pas amené à être lu et jugé tel quel, vous vous lâcherez beaucoup plus facilement. L’autocensure pendant la rédaction sera ainsi plus limitée.

Pour parer aux défauts de fond

Que vous utilisiez, ou non, un plan (voir mes articles sur la Méthode flocon et sur la Méthode de l’improvisation), vous devriez rencontrer durant votre rédaction quelques bugs :

  • Un personnage qui apparaît ou disparaît subitement ;
  • Un enchaînement de faits qui ne vous apparait plus très logique ;
  • Une relation qui avance trop vite ou s’éternise ;
  • Un indice qui manque…

La cohérence d’une récit peut être difficile à conserver. Et plus le texte est long, plus l’exercice est compliqué.

Face à un problème durant la rédaction, deux possibilités :

  1. Tout arrêter : repérer l’erreur et recommencer depuis le moment où elle a été commise ;
  2. Noter l’erreur dans la marge et continuez à écrire comme si de rien n’était en corrigeant à la réécriture.

Je favorise pour ma part la deuxième méthode car je n’aime pas couper mon élan de rédaction. Mon premier jet est certes chaotique mais il a le mérite d’exister. 🙂

Pour parer aux aléas du récit

Au fur et à mesure que votre histoire avance, il est possible que vous réalisiez que la narration et/ou le point de vue que vous utilisez n’est pas le plus approprié pour faire avancer l’histoire. Ce n’est pas anormal.

Dans L’Encre de paix, j’ai choisi de raconter mon histoire au présent et à la première personne du singulier. Sauf que mon personnage est une princesse qui n’est pas toujours amenée à être dans l’action. C’est ainsi assez compliqué de raconter certains moments de l’intrigue. J’ai essayé de passer par le roman épistolaire pour lui permettre d’avoir l’oeil sur tous les événements mais ça ne marche pas très bien. Forte de cette constatation à la fin de la rédaction de mon roman, j’ai décidé de modifier cet élément à la réécriture.

Pour parer aux défauts de forme

La réécriture et la relecture sont bien sûr nécessaires pour effacer les fautes d’orthographe et de grammaire.

Mais plus que gommer les fautes de syntaxe, la réécriture peut permettre d’égaliser de grosses différences stylistiques. Ainsi, si vous avez mis du temps à écrire votre roman, le chapitre 1 peut être très différent du dernier chapitre : votre style peut avoir changé, votre inspiration peut avoir fluctué. De même, si vous variez les points de vue, il est possible que vous vous soyez senti plus à l’aise avec l’un ou l’autre des personnages et que des différences soient fortes entre les scènes. La réécriture va permettre de ramener une cohérence globale dans votre oeuvre.

*****

Deux éléments pour conclure :

  • Ne vous inquiétez pas si votre roman vous donne l’impression d’être bancal. La réécriture lui permettra de devenir bien plus consistant en mettant en exergue certains éléments du romans et en en supprimant d’autres.
  • Ne faîtes pas l’impasse sur la réécriture et sur la relecture. C’est génial d’avoir conclu votre premier jet mais ce n’est PAS terminé ! Laissez reposer votre bébé si nécessaire mais revenez-y.

J’espère vous avoir convaincu que la réécriture était indispensable à un premier jet.

Qu’en pensez-vous ?

Marièke

Crédit image : Réécrire son roman ne veut pas dire le rouler en boulette de papiers et viser la corbeille avec : il y a du bon à garder ! (Pixabay, CC0)

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5 comments

Denis 5 avril 2016 - 12 h 34 min

En effet, la réécriture (que j’appelle plutôt relecture ou correction pour ma part 🙂 ) est une étape indispensable pour tout écrit que l’on souhaite publier. C’est drôle, j’ai écrit un article tout récemment sur cette même phase ô combien importante ^^

Je pense également qu’après le premier jet une courte pause s’impose mais pas plus d’un mois, car plus on attend, plus on aura de choses à modifier. Il ne faut pas trop « oublier » le texte non plus selon moi 🙂

A bientôt ! Super ton blog, continue ! 🙂

Denis

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Caroline 6 avril 2016 - 16 h 12 min

Je suis bien d’accord avec toi, la réécriture est très importante ! Pendant longtemps je culpabilisais de ne pas écrire bien du premier coup, je me sentais nulle et pas à la hauteur. À force d’entendre parler un peu partout que tous les auteurs passent par la réécriture, j’ai fini par comprendre que la réécriture ce n’était pas quelque chose pour montrer du doigt mes erreurs mais plutôt pour m’améliorer. Ce qu’il faut retenir c’est qu’une fois qu’on a compris nos petites lacunes grâce à la réécriture, on ne les fera pas dans notre prochain roman. Lorsqu’on se réconcilie avec la réécriture, ça enlève un sacré poids de nos épaules et on peut écrire un peu plus tranquillement ! 🙂

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Marièke 6 avril 2016 - 16 h 34 min

Totalement d’accord avec ton analyse. Moi, j’avais un peu peur de me relire et je préférais me dire que c’était parfait du premier coup…

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Véronique Parrenin 17 décembre 2020 - 18 h 33 min

Cet article est très intéressant.
Je viens de terminer le premier jet de mon premier roman, que j’ai écrit pour le Nanowrimo. Me dire que j’allais passer par cette phase de réécriture m’a beaucoup aidé à « lâcher prise  » comme tu le dis. Sinon, je serais encore en train d’écrire mon premier ou deuxième chapitre, me démotivant devant l’ampleur de la tâche. C’est cette vision qui m’a manqué quand j’étais étudiante et que je voulais écrire mon premier roman, il y a presque 20 ans. Je ne dépassais pas l’écriture des premiers chapitres et je passais de longs mois sans écrire. A l’époque, c’était les débuts d’internet et il n’y avait pas tous ses conseils d’écriture et cette communauté qui permettaient de ne pas se sentir seuls devant son premier jet. Merci car ce sont tes conseils que j’ai découverts en premier et ils m’ont beaucoup aidé dans la réalisation de mon projet. 🙂

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Marièke 29 décembre 2020 - 17 h 08 min

Bonjour Véronique et merci pour ton retour !
Contente que mes conseils aient pu t’aider sur la voie de l’écriture !

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