Ma méthode pour réécrire un roman sens dessus dessous

by Marièke

Il y a quelques semaines, j’avais posté un article sur la réécriture du premier jet. J’y expliquais que le premier jet n’était en aucun cas un roman terminé et qu’il devait passer par une réécriture pour être tout beau, tout propre.

En le relisant et en écoutant les remarques et les commentaires qui ont été faits sur l’article, je me suis rendue compte que le terme « réécriture » pouvait porter à confusion. Selon le roman et votre méthode de travail, il n’est en aucun cas nécessaire de réécrire tout votre roman : réécrire les passages les moins aboutis et corriger les fautes de syntaxe et de répétition peut être suffisant.

C’est même cette méthode que j’ai appliqué pour les romans Pouvoirs et Entre chiens et loups (titre provisoire). Le premier sera bien auto-publié et j’en suis aux dernières corrections, tandis que le second va bientôt passer en bêta-lecture afin que je comprenne mieux ses forces et ses faiblesses.

Ceci dit, tous les romans ne se retravaillent pas de la même manière et j’ai, avec L’Encre de paix, un sérieux problème. C’est mon plus gros roman et c’est aussi le premier que j’ai terminé lorsque j’ai recommencé à écrire en 2012 (depuis j’ai terminé trois plus petits romans). J’en ai terminé le premier jet mais c’est un premier jet au sens ébauché du terme. Le genre de premier jet où des personnages apparaissent tandis que des intrigues disparaissent… (Je réalise que mon super plan n’était peut-être pas aussi super que ça ! ^^)

Depuis que je l’ai terminé en juillet 2013, j’hésite régulièrement à le retravailler. J’ai eu par exemple envie de le retravailler cet été. Pourquoi ? J’ai bien peur que cela soit dû à mes tendances procrastinatrices (pour éviter de finir complètement Entre chiens et loups, j’avance L’Encre de paix)… Mais au moins, j’avais un peu écris et c’était déjà ça. 🙂

Du coup, autant que mes digressions vous soient utiles : je vous propose un article sur le travail de réécriture du premier brouillon. Oui, ce premier brouillon cahotique, limite improbable. Autant vous le dire tout de suite, il ne s’agira pas d’un article sur la syntaxe des phrases et l’orthographe : face au chaos de mon brouillon, ces éléments sont accessoires. Ce que je vais vous montrer ici, c’est plutôt le retravail sur l’intrigue de façon à la faire à peu près ressembler à ce que vous vouliez…

>> Je suis en train d’appliquer la méthode. Je vous la montre telle que je l’ai mise en place pour mon travail. Je vous ferai un article quand j’aurais terminé pour vous dire ce qui a fonctionné et ce qui a moins fonctionné. N’hésitez pas à me donner vos propres pistes !

*****

Si vous êtes un temps soit peu comme moi lors de la rédaction de mon roman L’Entre de paix, il est possible que vous ne compreniez votre histoire et vos personnages qu’à la toute fin de la rédaction de votre premier jet. Génial me direz vous. Comme vous pouvez le deviner, ça augure pas mal de travail pour la suite.

Aussi, le premier travail va consister en un état des lieux de ce que vous avez et à un comparatif avec ce que vous vouliez. Ainsi, vous allez pouvoir repérer ce que vous avez, comprendre ce qui manque et ce qui est de trop.

1/ Laisser reposer (ou pas) ?

La première chose à faire, je crois, c’est relire votre texte. Certains conseillent de le laisser reposer après écriture, d’autres disent de s’y remettre tout de suite. Pour ma part, j’avais essayé de m’y remettre juste après et la tâche m’avait semblé immense (je venais de passer un an à écrire 165 000 mots pour voir qu’ils n’avaient ni queue ni tête m’a tué).

Bref, ça m’a fait du bien de laisser deux ans de repos : quand j’ai retrouvé le roman, je l’ai redécouvert avec un regard neuf et, tenez vous bien, je l’ai apprécié. Je ne dis pas qu’il n’y a pas des défauts mais je me suis dit qu’il y avait matière à faire un truc bien. Bref, dans mon cas, le repos a été salvateur.

2/ Faire un état des lieux

 Une fois la première lecture de faite, je me suis lancée dans l’état des lieux de mon manuscrit. Pour cela, j’ai utilisé la méthode du découpage scénique. Littéralement.

J’ai pris mon premier jet (je l’avais fait imprimer tellement j’en étais fière mais vous pouvez le mettre en PDF et le mettre sur votre tablette) et une feuille volante et j’ai dressé la liste des scènes. Il m’a fallu une dizaine de feuilles dont j’ai couvert seulement le recto. C’est important, vous verrez pourquoi dans quelques secondes…

Ma méthode pour réécrire un roman sans dessus-1

Liste l’ensemble des scènes écrites une à une.

3/ Refaire la trame de votre texte

Rédigez désormais le synopsis de l’histoire telle qu’elle devrait être pour raconter exactement ce que vous voulez dire. Vous pouvez y ajouter, ou non, l’histoire et l’évolution des personnages important. Si ça fait trop à gérer, commencez par la trame principale.

4/ Découper les scènes

Reprenez désormais la liste de vos scènes. Pour mieux comprendre les parties de l’histoire que j’avais déjà en ma possession, je vais découper chaque scène de mon roman, ce qui a donné une ribambelle de petites bandes de papier couvertes de mon écriture minuscule.

(Pensez aux trombones !)

Ma méthode pour réécrire un roman sans dessus-2

Découper les scènes et les réorganiser selon le nouveau synopsis

>> J’en suis là actuellement 🙂

5/ Réorganiser les scènes

Ensuite, à partir de mon synopsis, je vais arranger les scènes dans l’ordre du nouveau brouillon.

Si votre premier brouillon est aussi bazardeux que le mien, l’ordre des scènes ne sera plus forcément le même. Voilà des scènes à retravailler.

De plus, vous avez certainement des trous dans votre histoire : des scènes non écrites : voilà des scènes à rédiger.

6/ Choisir son plan d’attaque

Deux choix s’offrent à vous désormais :

  • Commencer tout de suite à travailler ces éléments : vous ferez la suite plus tard.
  • Aller plus loin dans votre réflexion et vous préoccuper des sous-intrigues (ou des arcs des personnages, selon votre façon de les appeler).

J’ai pour ma part choisi de partir sur la seconde option : mon nouveau synopsis contient aussi les sous-intrigues.

7/ Le travail des sous intrigues

À partir de mon synopsis, j’ai rédigé l’évolution personnelle avant et pendant l’histoire de l’ensemble de mes personnages principaux. Elle est plus ou moins fournie selon leur importance. Il s’agit en fait d’une application détournée de la méthode flocon.

En plus des personnages, il se peut que vous ayez besoin de préciser d’autres éléments de votre intrigue ayant un gros impact. Dans mon cas : la religion, les différentes cultures, l’armée. (Vous comprenez mieux les fiches que j’ai commencé à vous proposer)

J’ai l’intention d’écrire ces sous-intrigues sur des bandes de papier coloré pour les inclure à leur tour dans mon ensemble de scène afin d’avoir un plan global.

8/ Mettre le plan au propre

Il ne restera plus qu’à coller l’ensemble de ces scènes dans un cahier 24×32 cm (pour éviter que les feuilles ne déborde) et j’aurais un nouveau plan pour mon intrigue. Je créerai un nouveau fichier sur Scrivener et je créerai toutes mes scènes. Et il n’y aura plus qu’à les remplir. Certaines seront déjà écrites et nécessiteront juste d’être un peu modifiées, tandis que d’autres devront être entièrement rédigées.

Bref, j’ai encore un peu de boulot ! (Et je suis assez contente d’avoir depuis, trouvé des méthodes qui sont plus efficaces pour planifier mon premier jet : j’ai moins de travail désormais !)

Pour aller plus loin

  • Ecrire les scènes non écrites sur un papier de couleur pour les repérer dans la masse des autres
  • Investir dans un tableau de liège et dans des punaises si votre roman n’est pas trop long ou dans un cahier 24×32 cm dans le cas contraire.
  • Utiliser un code couleur par personnage pour les arcs
  • Mettre au propre l’ensemble dans Scrivener et enregistrer le projet en plusieurs versions (Premier jet, réarrangement des scènes et deuxième jet…). Il y a un système de version dans Scrivener mais je le trouve peu lisible. En plus, si par malheur vous veniez à perdre un de vos projets, vous pourriez toujours vous appuyer sur les autres (même moins avancés…). Si tout est dans le même projet et qu’il plante, ça risque d’être très très mais alors très difficile à vivre. (Dixit la fille qui n’a jamais perdu plus que deux pages mais que ça a profondément marqué).

*****

Voilà pour ma technique de relecture sur ce projet hyper long et hyper fouillis. Laissez-moi savoir si elle vous a intéressé et surtout si vous en utilisez une autre 🙂 Je suis friande des techniques car j’ai eu pas mal de mal à en trouver une efficace.

Pour info, voici l’article de blog qui m’a inspiré cette solution (en anglais).

À vendredi,

Marièke

Crédit image : Tous les outils pour réécrire un roman (Pixabay, CC0)

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12 comments

Merlin 19 avril 2016 - 10 h 00 min

Ta méthode a l’air très intéressante, je l’essayerais quand j’aurais terminer mon roman !
Par contre, tu es sure de ne pas avoir fait de faute ? Tu es sûre d’avoir écrit 1 650 000 mots ?

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Marièke 19 avril 2016 - 10 h 09 min

Oups, je n’ai pas écrit 1 650 000 mots mais bien 165 000 !

Reply
Lynda 19 avril 2016 - 11 h 21 min

Très intéressant cet article, je suis moi-même en train de m’attaquer à la réécriture du 1er jet de mon 4ème roman.
Je me rends compte que j’ai fait exactement la même chose que toi : à savoir faire l’état des lieux des différentes scènes. Par contre je n’ai pas pensé à le faire sur des feuilles recto pour faire du découpage ensuite, j’ai écrit le résumé de chaque scène dans un cahier…
Cette étape m’a un peu posé problème car j’ai beaucoup de scènes qui sont déjà liées entre elles (dans le texte je veux dire) donc difficile de les découper en tant que telles…
Cela dit, ça m’a permit de ressortir les incohérences et les choses que je dois creuser. maintenant je pense que je vais écrire la biographie des personnages avant de m’attaquer au synopsis car ce sont ces vies entrecroisées qui vont former la trame en fait.

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Marièke 19 avril 2016 - 11 h 39 min

Oui, j’imagine que ma méthode n’a rien de révolutionnaire ! 😉 Il faut bien commencer quelque part et l’état des lieux est une bonne solution. Pour ce qui est de la rédaction du synopsis, ça dépend effectivement de ton histoire : si elle est construite à partir des personnages, faire la bio de chacun est clairement une bonne idée !

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Octie 19 avril 2016 - 11 h 49 min

Ta méthode me rappelle un peu ce que j’ai fait pour mon roman au début : j’avais écrit toutes les scènes dans le désordre dans un cahier puis je les ai réécrites sur des petites fiches Bristol pour pour voir les classer dans l’ordre le plus logique. Ensuite je retranscris sur un tableau pour construire un plan que je suis pour la réécriture. Et bien sûr ce tableau change au fil de l’écriture 🙂

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Marièke 26 avril 2016 - 17 h 59 min

Oui, ça ressemble énormément ! 🙂

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Caroline 19 avril 2016 - 13 h 25 min

J’ai la même méthode que toi ! Vu que je me suis lancée dans l’écriture de mon prochain roman directement sur le logiciel Storybook (puis après sur Scrivener), j’avais déjà le découpage de scènes, donc pour ma réécriture j’ai surtout préparé une liste de scènes qui doivent être dans le roman et je les insérerais aux moments où il ne se passe pas grand chose. Sinon, pour le reste, j’ai la même méthode ^^

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Marièke 26 avril 2016 - 17 h 59 min

Pour ce roman, je n’avais pas encore Scrivener et mon plan était finalement assez fin… D’où une grande part d’improvisation qui a débouché sur un roman un peu tordu 🙂 Avec Scrivener, j’ai l’impression d’avoir gagné en efficacité car cela m’oblige à fixer en amont les différentes scènes qui composent mon roman.

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Yolaine 19 avril 2016 - 19 h 44 min

Pour ma part, mon tome 1 (premier livre que j’ai écrit 85 000 mots) était pas mal chaotique. Quand j’écris, je définis déjà mes chapitres par scène et je les nomme. Par la suite, je m’y repère plus facilement. Après le premier jet, et en fait plusieurs réécritures étant donné qu’il s’agissait de mon premier roman, je l’ai ensuite relu pour éliminer tous les détails superflus, les éléments et même une scène complète qui n’apportaient rien à l’histoire, et les répétitions de phrases qui veulent dire la même chose. Puis, j’ai regardé mes scènes et réfléchis à ce qu’il manquait. Effectivement, j’ai ajouté quelques scènes qui aidaient à lier certains éléments ou qui rendaient l’intrigue plus captivante. J’ai ajouté aussi quelques détails autres que j’avais oubliés. Étant donné ces changements, j’ai dû également modifier quelques autres sections de l’histoire pour que tout soit cohérent. En dernier, j’ai retravaillé mon texte pour qu’il soit tout beau!

Puisque j’écris en ordre chronologique des évènements, mes scènes se situaient déjà au bon endroit. Après toutes ces corrections, mon roman comprend maintenant 78 000 mots. J’ai dû couper environ 20 % du contenu (surtout au début pour en accélérer le rythme) pour ensuite en ajouter du plus « piquant ».

En gros, c’est pas mal ça… Je ne sais pas si ça peut te donner quelques pistes.

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Marièke 26 avril 2016 - 17 h 57 min

C’est effectivement la technique que j’utilise quand mon premier jet se tient bien : quand l’histoire et les intrigues sont cohérentes, la réécriture est finalement assez facile. Il suffit de booster les passages faibles, enlever quelques éléments, en ajouter d’autres pour renforcer une impression, mais c’est finalement assez « simple » (même si ça demande un travail de titan !).

Le problème de mon roman était qu’il était au final différent de l’histoire que je voulais raconter à l’initial. Je me suis perdue dans les méandres de l’histoire et je manquais mon but. Il y avait de plus forts remaniement à faire…

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Louve 23 avril 2016 - 11 h 10 min

Intéressant. En ce qui me concerne, je me suis limitée à scrivener en fait. J’ai fait le découpages en scènes dessus, j’ai reporté ça sur un doc, puis j’ai fait des topos (qui correspondent sans doute à des infos mondes et à tes arcs narratifs secondaires).
La méthode des papiers, ce n’est pas pour moi, j’en perdrais la moitié avant de savoir quoi en faire ! Et une fois le tome 1 réécrit, il faudra que je recommence pour le 2. Heureusement, la plupart des topos seront toujours valables !
Bon courage à tous ceux qui réécrivent !

Reply
Marièke 26 avril 2016 - 17 h 53 min

C’est clair que Scrivener est un bon outil mais j’ai besoin de gribouiller sur papier pour mettre mes idées en ordre !

(Mais oui, pour cette technique, il faut investir dans des trombones et un tableau en liège !)

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