Lire pour mieux écrire : idée reçue ou vérité vraie ?

by Marièke

Bonjour à toutes et à tous,

Il y a deux semaines, je passais un weekend à lire. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas ainsi consacrée à cette activité que j’adore – fatigue, trop plein de travail, pas le temps, envie de sortir : les fausses excuses y sont pour beaucoup.

Comme à chaque fois que je lis, cela m’a donné plein d’inspiration et j’ai eu envie d’échanger avec vous sur cette fameuse phrase souvent entendue : « lire permet de mieux écrire ». Idée reçue ou véritable conseil ? On en parle !


Lire donne l’envie d’écrire

À chaque fois que je lis un bon livre, et que je ressens des émotions – très récemment Tout sur mon chien de Alejandro Palomas, auteur espagnol, m’a arraché une larme – je me rappelle pourquoi moi aussi j’ai envie d’écrire. L’envie de transmettre mon message et mes émotions se fait à chaque fois vive.

Lire donne de l’inspiration

Cette idée est liée à la précédente. Contrairement au visionnage de films ou de vidéos Youtube, la lecture est un passe-temps actif. Le/la lecteur·trice est obligé·e de « travailler » pour projeter des images mentales de ce qui est en train de se dérouler dans les pages qu’elle parcourt.

Et en étant ainsi activé, l’esprit (mon esprit tout du moins, mais je suis sûre que je ne suis pas la seule !) se déchaîne et imagine des images, des scènes, des personnages… Des éléments liés aux romans en cours ou à venir.

Lire donne de l’originalité

Une histoire rebondissante, des personnages variés, un style et des figures de style rafraichissantes. Lire permet de questionner son propre style et la qualité de ses propres écrits. L’exercice n’est pas toujours agréable (manque de confiance et d’estime de soi quand tu nous tiens !) mais permet de mesurer les progrès à faire. Rappelez-vous : tous les styles et les genres sont différents et ne sont pas comparables.

Mieux lire beaucoup va vous aider à comparer les genres et à vous positionner en tant qu’auteur.trice. Vous verrez aussi quels styles vous plaisent le plus, quels points de vue vous appréciez…

Lire donne une meilleure connaissance du milieu littéraire

Nombreux sont les auteurs et les autrices qui rêvent d’être publié.e.s alors qu’ils ne lisent pas ou peu. Je plaide coupable — meme si j’avoue que mon excuse est d’avoir ce blog qui m’occupe très régulièrement.

En lisant vous allez acquérir :

  • une vision claire des auteurs et des autrices français·es qui écrivent dans votre genre littéraire et ceux que vous appréciez ;
  • une meilleure connaissance des maisons d’édition – lorsque viendra le temps de soumettre votre roman, ce ne sera pas négligeable !
  • une veille des tendances actuelles et passées – tous les genres ont leurs modes et leurs moments ;
  • une meilleure appréhension des blogueurs et des blogueuses littéraire – intéressant pour votre propre promotion quand le temps viendra ! Vous saurez vers qui vous tourner car vous saurez qui aime quel style ! Sans compter que vous aurez pu observer les moyens de communication déployés par les blogueur·se·s littéraire pour séduire vos potentiel·le·s lecteur·trice·s.

Bref : lire vous donne une meilleure connaissance du paysage littéraire. Plutôt cool si vous avez envie d’en faire partie un jour.

Limite : est-ce que lire influence ?

C’est la limite que j’entends régulièrement au moment de parler d’écriture. Comment dépasser 1) la comparaison qui nait presque inévitablement de la lecture et 2) l’influence qui fait forcément effet.

Plusieurs points à évoquer ici avec vous !

Beaucoup lire

Plus vous mixez, moins vous aurez une influence qui risque de sortir du lot et de prendre le pas sur toute votre communication.

L’influence n’est pas une mauvaise chose

Le plagiat l’est. S’inspirer (d’intrigues, de retournements scénaristiques, de personnages ou même d’images et de figures de style) n’est pas forcément quelque chose de mal en soi. On s’inspire toujours de ce qu’on aime après tout. Ce qu’il ne faut pas faire, c’est reprendre à son compte l’ensemble d’une histoire ou dun paragraphe. C’est du plagiat et c’est punissable par la loi.

Un signe que vous n’avez pas encore trouvé votre style

Si l’influence est forte c’est que vous n’avez pas trouvé le véritable style de votre texte, votre véritable style – si vous avez l’impression d’être perméable et que votre style évolue à chaque fois que vous lisez un.e auteur·trice qui vous plait c’est peut-être parce que vous n’avez pas encore trouvé le style qui vous correspond. Celui qui est à vous. C’est normal d’avoir la sensation que son style évolue – il évolue avec le temps, les genres traités – mais ne devrait pas changer au fil de vos lectures.

Prenons l’exemple de la mode. Il y a une différence en sélectionner des pièces qui s’intègrent à son style et adopter entièrement le style de quelqu’un. Vous pouvez adopter un style d’image ou de phrasé qui vous parle tout en conservant votre style.

Bonus : lire en langue étrangère

Il y a 10 ans j’ai appris à aimer l’anglais (puis à le parler) grâce à la lecture des romans de Jane Austen – Orgueil et préjugés en tête. Jusque là, je n’avais lu qu’Harry Potter 7 en anglais et j’avoue que le style de JK Rowling m’avait carrément moins marqué que celui de Jane Austen, particulièrement tranchant et beau. Je me rappelle avoir aimé l’anglais en découvrant ses mots. Depuis, je lis tous les auteurs et autrices anglophones en anglais.

Cela à un avantage : je bénéficie de l’intrigue et de ses rebondissements sans que mon style français n’en soit affecté de plein fouet. Cependant, j’ai remarqué que mon style n’est jamais plus fluide que lorsque je lis beaucoup en langue française. En effet, les mots me viennent plus facilement dans ce cadre.

C’est pourquoi je peux vous proposer de lire en langue étrangère si vous avez peur que lire en français n’interfère sur votre style. Mais je pense réellement que lire en français améliore votre style sans forcément le changer – à condition de le connaitre et de l’avoir déjà trouvé.


On récapitule

Au final, je crois que lire est une source intarissable d’inspirations. L’auteur se nourrit des gens et du monde qui l’entoure – les histoires et les livres en font partie.

À titre perso, je me suis donnée comme objectif de consacrer plus régulièrement du temps à la lecture en cette deuxième partie d’année 2p20. Si j’ai l’habitude de lire pendant mes vacances, cette activité passe à la trappe dès que mon calendrier se remplit et que l’urgence quotidienne reprend le dessus. J’aimerais me fixer plus d’interludes lecture, notamment à la place des heures passées sur les réseaux sociaux et à regarder des vidéos YouTube.

Avez-vous l’impression que votre écriture change quand vous lisez ? Comment cela se caractérise-t-il ? Lisez-vous quand vous écrivez ?

Beau weekend prolongé !

Marièke

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10 comments

Juliette 10 juillet 2020 - 22 h 56 min

Tout à fait d’accord ! Lire est si enrichissant… c’est peut-être moins évident de voir directement l’apport de la lecture à l’ecriture, mais ça joue sur le long terme, je pense…
J’avoue que je ne comprends pas trop l’argument de « je ne lis pas pour pas être influencé »… c’est le meilleur moyen de réinventer la roue, et les lecteurs, eux, ne s’y tromperont pas. Enfin bref, lisons !

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Marièke 14 août 2020 - 18 h 07 min

C’est un argument que j’ai très souvent entendu, c’est pourquoi je l’ai mis là mais j’avoue que je n’y suis pas non plus très sensible pour les mêmes raisons que toi 😉

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Adele 13 juillet 2020 - 19 h 31 min

Je suis aussi complètement d’accord avec toi et le commentaires précédents. Comme toi, je n’ai pas vraiment le temps de lire beaucoup. Par contre, quand je lis des livres en même temps que j’écris, j’analyse beaucoup plus le texte des romans et j’en ressors toujours quelque chose de positif. Récemment, j’ai lu dans un livre comment je peux commencer un chapitre ou écrire certaines descriptions sans le côté barbant. En fait, je repère surtout là où j’ai des points faibles. Et j’avoue, au cours de ma lecture, je prends parfois note de comment l’auteur a fait pour m’en inspirer. Ce n’est pas du plagiat comme tu dis. De l’inspiration.

Je dirais même plus. Avec la beta-lecture (et donc avec des textes qui comportent encore donc beaucoup de défauts), ça m’a permis de relever beaucoup de failles chez les autres, que je ne veux pas chez moi. C’est tout aussi intéressant, car souvent, on ne voit pas les défauts de son texte avant de les avoir repérer chez autrui.

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Marièke 14 août 2020 - 18 h 04 min

Oui, c’est trop vrai ton passage sur la bêta-lecture ! En lisant les textes des autres, je me suis aussi rendue compte de ce que j’aimais ou n’aimais pas dans les textes 🙂

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Enirtourenef 16 juillet 2020 - 10 h 01 min

Au début, j’étais comme une éponge. Quand je lisais un texte du XVIIème siècle je me mettais à écrire pareil, puis quand je lisais un roman moderne, je prenais les mêmes tics de langage. Maintenant que j’ai commencé à développer mon propre style, ça me le fait beaucoup moins. Je profite de lire pour apprendre nouveaux mots et voir « comment les autres font ». Au début, je ne comprenais pas comment on pouvait voir comment les autres font, ce qu’il y avait à voir, mais maintenant si !
Par contre, je n’ai pas l’impression de me comparer trop durement aux auteurs que je lis. Je remarque les choses qui me plaisent comme celles qui ne me plaisent pas – par exemple, beaucoup de tics de langage avec « brusquement » pour Samantha Bailly dans l’intégral de Oraisons republié par Bragelone ; et beaucoup de répétitions lourdes d’Adrien Tomas dans Le Sixième royaume. Je pense que ça vient aussi du fait que je trouve qu’aujourd’hui on n’écrit pas vraiment bien. Même s’il y a des auteurs contemporains que j’apprécie beaucoup, je trouve que les auteurs du XIXème (Jules Sandeau, Jules Vernes (même si c’est particulier), Gaston Chérau…) écrivaient beaucoup mieux !

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Marièke 14 août 2020 - 17 h 56 min

Oui, une fois qu’on a son propre style, notre écriture est moins perméable !

Pour ta remarque sur le fait que l’on écrit « pas bien », je pense que ça vient aussi du fait que beaucoup des textes qu’on lit aujourd’hui sont des traductions d’autres langues 🙂 Cela joue forcément sur la qualité de la langue ! Il y a des auteurs et autrices français·es qui écrivent très bien – encore faut-il les trouver tant ils/elles sont nombreux !

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Enirtourenef 18 août 2020 - 20 h 57 min

Oui, il y a des écrivains qui écrivent très bien et heureusement mais même ceux dont je trouve qu’ils écrivent vraiment bien (et qui sont francophones, parce qu’effectivement on ne peut pas comparer avec une traduction) manquent de ce quelque chose. Déjà, on a perdu beaucoup en vocabulaire, et ce n’est pas une impression : je connais quelqu’un qui étudie la science du langage et qui m’en a parlé. On a aussi des formes grammaticales différentes, c’est l’évolution de la langue et c’est comme ça, mais du coup je trouve que l’on n’écrit quand même moins bien qu’avant (et les gens du XIXème devaient peut-être se dire qu’on écrivait mieux au XVIIème, j’en sais rien haha, mais Socrate se plaignait déjà de la décadence de la jeunesse !)

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Marièke 3 janvier 2021 - 17 h 11 min

Après il faut aussi se réjouir que la lecture et l’écriture ne soient plus des activités réservées aux plus riches et aisés et qu’elles soient accessibles <3 C'est vrai que cela s'accompagne d'une baisse du niveau. Mais mieux vaut-il 10 personnes qui écrivent très très très bien, ou 10 000 000 qui écrivent bien ? (C'est mon côté optimiste)

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Lovise 30 septembre 2020 - 19 h 05 min

En ce qui me concerne, je ne conçois pas l’écriture sans la lecture. Pour moi les deux sont liés et indivisibles. Je n’arrive pas à imaginer qu’on puisse vouloir écrire sans d’abord aimer lire. Quant aux raisons pour lesquelles on décide un jour de passer de lecteur à auteur, j’imagine qu’elles sont multiples. Pour ma part, ça a été d’abord parce que aujourd’hui comme hier, j’aime les histoires. C’est aussi simple que ça. Un roman, ça raconte d’abord une histoire, et je n’en suis jamais rassasiée.
Par la suite il m’est arrivée d’avoir envie de lire tel ou tel type d’histoires et de ne pas trouver. Et de ronchonner que « puisque c’est comme ça, je vais l’écrire moi-même ».
Et évidemment, la lecture est une source sans fin d’inspiration. Ceci dit, en ce qui concerne les histoires et les personnages, je trouve que le cinéma joue ce rôle également, quoique en moindre mesure.
Et puis là je parle d’intrigues et de persos, mais il n’y a pas que ça. Tous les livres ne sont pas des romans et pour un auteur de fantasy, par exemple, il peut être utile de s’inspirer de civilisations réelles pour construire son univers. Comme cet article le dit très bien, l’inspiration vient toujours de quelque part.
Mon écriture ne varie pas quand je lis, et je lis un peu tout le temps, plus ou moins en fonction des périodes, moins qu’autrefois (ah, internet, ce voleur de temps !) mais un peu tout le temps quand même. Et c’est très profitable. Tenez, voici un exemple tout récent, tout chaud, puisqu’il remonte au week-end dernier. J’ai lu un roman dans lequel les deux personnages principaux sont pris dans une tempête de neige. Plus que l’histoire, ce sont les descriptions que j’ai adoré. Merci, monsieur l’écrivain, non seulement pour avoir si bien décrit cette scène, mais pour m’avoir donné une idée. Je suis encore en train de chercher des péripéties intermédiaires pour l’histoire que j’écris en ce moment. Scène banale ? Plagiat ? Non, je ne pense pas. Je ne vais pas raconter l’histoire de quelqu’un qui traverse une tempête de neige. Je vais m’inspirer de l’ambiance suscitée par les mots de l’auteur pour réécrire une scène d’attente. La scène du roman m’en a inspiré une, qui au final, à part le fait qu’il y aura de la neige, n’aura rien à voir.
Voilà, voilà.

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Marièke 30 décembre 2020 - 18 h 49 min

Coucou ! Totalement d’accord avec ta position que je partage – comme tu auras pu le lire 🙂

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