10 questions à vous poser pour faire fonctionner votre début de roman

by Marièke

Que ce soit pour attirer l’attention d’un éditeur (dans le cas de la soumission d’un manuscrit) ou d’un lecteur (dans celui de l’auto-édition), il est essentiel de réussir le début de son livre (les premières pages, le premier chapitre). Pour cela, vous questionner sur les 10 points qui vous suivre est un bon moyen de tester votre début de roman.

Comme toujours en matière d’écriture, il n’existe pas de règle fixe pour réussir son ouverture et son début de roman : ces questions sont des pistes de réflexion, mais ne vous obligez pas à modifier votre texte si vous ne répondez pas positivement à certaines des questions. Il est possible qu’ils ne conviennent pas à votre histoire ou à votre façon de la raconter 😉

*****

#1 Avez-vous mis en place l’univers de votre roman ?

Pour lancer un roman, il n’est pas forcément nécessaire d’écrire une centaine de page pour décrire la Comté où s’ébattent des Hobbits éméchés (suivez mon regard). Il est cependant intéressant de fixer les bases de votre univers : ville et pays si vous êtes dans notre monde et que vous souhaitez être précis, atmosphère si vous souhaitez laisser du suspens ou ne pas fixer d’endroit précis à votre histoire, monde fantastique où la magie et les dragons se côtoient…

Certains romans choisissent d’exposer la magie et les choses étranges comme si elles allaient de soi (je pense par exemple au roman L’Arrache-Coeur de Boris Vian qui raconte comme s’il était normal qu’un appareil comme L’Arrache-coeur existe dans notre monde) tandis que d’autres choisissent un personnage en apprentissage / naïf pour faire découvrir les éléments bizarres du monde. Dans Pouvoirs, mon roman fantasy jeunesse, j’ai choisi ce fonctionnement mais je l’ai inversé : Cléalia débarque de son monde magique à notre monde contemporain et s’étonne de tout ce qu’elle y découvre.

#2 Avez-vous introduit votre personnage principal ?

Beaucoup d’auteurs débutants font l’erreur de commencer leur histoire en affublant leur personnage principal d’un nom, d’une couleur de cheveux et d’un âge. Soyons honnête. Dans la vie réelle, personne ne se limite à ces trois caractéristiques. Votre personnage principal doit avoir quelques traits de caractères et quelques traits physiques notables.

Mieux si vous en avez l’occasion : ne vous contentez pas de décrire votre personnage. Présentez-le dans une situation qui le représente (une bagarre s’il est violent, un match de basket si c’est son loisir préféré, une partie de jambes en l’air si c’est quelque chose qu’il apprécie…).

#3 Avez-vous affirmé vos choix narratifs ?

Vos choix narratifs, ce sont :

  • votre point de vue (interne, externe, omniscient)
  • votre narrateur (personnage, narrateur externe, vous-même)

Il est essentiel de les affirmer dès le début du roman pour permettre au lecteur de se repérer dans votre histoire.

#4 Avez-vous développé le thème de votre histoire ?

Utiliser un thème pour votre histoire, c’est une astuce que je vous ai donné pour développer votre scénario et vos intrigues secondaires. Si l’amour compliqué est le thème de votre histoire, vous pouvez avoir une intrigue principale qui tourne autour de deux amoureux que la famille sépare et une intrigue secondaire qui parle de l’adultère.

Il n’est pas forcément nécessaire d’écrire noir sur blanc le thème de votre histoire. Mais évoquer les questions qui tournent autour de votre thème est un ressort narratif intéressant qui permet aux lecteurs de savoir dans quel type d’histoire ils vous être portés.

#5 Est-ce que votre début de roman comporte beaucoup d’actions ?

Il y a plusieurs façon de débuter un roman. L’auteur peut choisir de commencer par une présentation de la situation initiale classique calme ou commencer directement par présenter l’incident qui crée le statu-quo avant de revenir sur la situation initiale qui a été cassée par cet événement. Aucune façon n’est bonne ou mauvaise. Il faut juste que ça marche.

Si vous optez pour la première, il est possible que votre début ne comporte pas énormément d’actions. A vous de voir comment vous pouvez faire pour le rendre vivant et entrainant malgré tout. A l’opposé, opter pour la deuxième solution permet de mettre énormément d’actions dès le début de votre livre mais vous empêche de poser calmement la situation initiale. A vous de trouver le bon équilibre 🙂

Petite astuce : Eparpiller votre début façon puzzle

Si vous avez peur que votre situation initiale soit trop longue, n’hésitez pas à l’écrire normalement dans un premier temps avant de la découper et de la redistribuer en petits morceaux au sein des chapitres suivants. Concrètement, cela revient à écrire les 2-3 premiers chapitres de votre texte, à les couper, à faire commencer votre texte au chapitre 3 (qui devient le chapitre 1…) et à redistribuer les éléments des chapitres que vous avez coupé dans les chapitres suivants. Ainsi, vous mettrez plus d’actions dans votre début de roman et il sera moins long à démarrer.

#6 Est-ce que vous exposez le problème / le statu-quo ?

Dans toute situation initiale, il y a un problème ou un statu-quo.

Soit le problème est réel et visible (dans 1984, la société est lourdement surveillée).

Soit il est sous-jacent : « Pompéi était une ville sereine, belle et prospère où tout le monde s’aimait. Elle était surplombée par une montagne de feu qui n’avait plus grondé depuis des décennies : seuls les plus anciens se rappelaient l’avoir vu fumer… »

 

#7 Avez-vous évoqué le rêve / l’envie profonde du personnage principal ?

Si votre histoire est bâtie autour du personnage principal (je dis « si » car ce n’est pas toujours le cas, certaines histoires ne sont pas construite sur les personnages mais sur l’intrigue), il est nécessaire de lui donner un but ultime. Cela peut être une volonté de sa part, une envie, un rêve ou même une peur. Elle peut être énorme comme plus petite. L’envie suprême de Harry Potter est d’abord de trouver sa place auprès d’amis qui comptent pour lui : l’ensemble du récit est construit sur cette envie.

Notez que l’envie n’a pas à être évoquée textuellement. Il est possible que votre personnage lui-même ne connaisse pas ses aspirations profondes au début du roman ou qu’elles soient amenées à évoluer avec le roman. Dans ce cas, montrez simplement le malaise de votre personnage vis-à-vis de la situation initiale.

#8 Avez-vous proposé un incident qui lance les hostilités ?

L’élément perturbateur est essentiel puisque c’est lui qui déclenche l’histoire. Si Roméo et Juliette ne s’étaient jamais rencontrés, il n’y aurait jamais eu de romance dramatique, de même pour Jack et Rose dans Titanic (le bateau aurait coulé, certes, mais on ne se serait pas autant soucié de l’évolution de ces deux amoureux).

Notez qu’il peut y avoir plusieurs problèmes / éléments perturbateurs. Dans Le Seigneur des Anneaux, le premier élément perturbateur est la découverte surprise de l’Anneau par Bilbon et le deuxième élément perturbateur est la venue de Gandalf au sein de la Comté. Il y a plusieurs degrés de lecture (un au niveau global, un autre au niveau plus local).

#9 Votre personnage principal expérience-t-il un décalage entre ses aspirations et la réalité ?

La majorité des histoires se base sur un (ou plusieurs) personnage(s) et consistent (en gros) à venir combler le décalage entre la réalité du (ou des) personnage(s) et leurs aspirations profondes. Il est donc nécessaire que, dès le départ, le personnage ne soit pas 100% satisfait de la vie qu’il a (il peut ne pas être conscient qu’il n’est pas satisfait)… ou il n’aura pas vraiment de raison d’aller s’embarquer dans une aventure de folie.

#10 Posez-vous des questions excitantes pour la suite ?

Le rôle de tout début de roman est d’avoir envie de lire la suite. A vous d’instiller un intérêt pour les personnages, une peur pour les personnages, un intérêt pour l’histoire, l’univers, l’intrigue, un doute, un mystère… Tout ce qui pourra donner envie à votre lecteur de lire la suite pour trouver des réponses aux questions et aux sentiments que vous remuez dans le début de votre histoire.

*****

Je répète ici que l’ensemble de ces éléments n’ont pas à se trouver à la première page de votre roman ni même dans votre roman. Ce sont des pistes de réflexions pour aider votre lecteur à comprendre votre histoire et à ne pas y entrer trop vite (ou pas assez). A vous de voir comment vous avez envie de les utiliser (comme un guide d’écriture ou comme une grille de lecture et d’analyse de votre roman).

A vendredi pour un nouvel article,

Marièke

Crédit image : Une jolie succulente par Annie Spratt (Unsplash, CC0)

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2 comments

Elodye H. FREDWELL 13 juin 2017 - 9 h 38 min

Merci pour cet article, c’est très intéressant et je me rends compte que j’utilise plusieurs de ces astuces pour permettre aux lecteurs d’entrer dans l’histoire. Pour ma dystopie, j’avais opté pour un début totalement descriptif, mais je me suis rendue compte que ça ne convenait pas et j’ai préféré commencé le roman avec une scène d’action qui se passera réellement dans le troisième tome. Cela permettra au lecteur de se demander : comment l’histoire en est arrivé jusqu’à cette scène bien précise ? Merci pour tes astuces, j’adore tes articles 🙂

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10 questions à vous poser pour faire fonctionner votre début de roman – Les Kroniques de Kalendir 22 juin 2017 - 10 h 45 min

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