Les clichés de l’entrepreneuriat

by Marièke

Bonjour à toutes et à tous,

Vous êtes de plus en plus nombreuses et nombreux à envisager d’arrêter votre emploi salarié pour devenir écrivain·e à plein temps. Un choix conséquent qui vous ferait passer de l’autre côté de la barrière, du côté des entrepreneuses et entrepreneurs. Mais qu’est-ce que c’est exactement qu’avoir une entreprise ? Être indépendant·e ?

Entrepreneuse depuis janvier 2016 – oui, déjà 5 ans – j’avais envie d’échanger avec vous sur cette drôle de profession aux codes différents. Pour entrainer des vocations, un peu. Mais surtout pour vous donner quelques vérités sur un monde souvent fantasmé.


Les clichés en écriture

Lorsque l’on écrit, il est souvent très dangreueux de s’arrêter aux images préfabriquées qui sont diffusées dans les médias et les autres oeuvres de fiction (film, séries, romans…). En effet, ces derniers déforment la réalité et la traite avec leur propre filtre.

Mieux vaut partir du sujet que vous souhaitez traiter – interroger un·e pro, pratiquer vous-même le métier si c’est envisageable ou encore vous informer via des documentaires – et y apposer votre propre filtre. Votre oeuvre sera ainsi plus réaliste.

En d’autres termes, en tant qu’écrivain·e, il est essentiel d’aller au delà des clichés communément admis pour éviter de produire un texte non seulement peu réaliste mais peu documenté, pauvre.

La série « Déconstruire les clichés »

C’est pour cette raison que j’ai créé la série « Déconstruire les clichés », à laquelle vous pouvez participer si vous souhaitez. Vous pouvez me contacter via le formulaire de contact ou les réseaux sociaux pour participer.

Cliché #1 : La liberté

Le premier cliché qui colle à l’entrepreneuriat est l’idée de liberté. La liberté de n’avoir aucun chef·fe au dessus de soi et de pouvoir décider soi-même de ce qui est bon pour son entreprise.

La liberté entrepreneuriale reste cependant une forme de cliché.

Si l’entrepreneur·se peut en partie décider de ses horaires et de ses client·e·s, il arrive un moment où il/elle doit manger et plus largement, ou il/elle doit gagner de l’argent.

Il va alors lui falloir œuvrer pour des clients, selon des délais et un calendrier impartis et avec des obligations contractuelles… Des échanges dont l’entrepreneur·se est responsable.

Rien de très libre, vous me l’accorderez.

Entrepreneur/se vs Freelance

En matière de liberté, il est essentiel de différencier entrepreneur·se et freelance.

En effet, un·e entrepreneur·se porte un projet d’entreprise tel que la création d’une marque de mode ou d’une application. Ses liens de « subordination » peuvent ainsi être envers ses investisseur·se·s (et business angels) ou ses clients (délais d’envoi, garanties…).

Un·e freelance est une personne qui loue ses services professionnels à d’autres entreprises. Ses liens de subordination seront plus envers les sociétés qui font appel à lui/elle au quotidien.

Cliché #2 : L’argent

Un autre cliché lié à l’entrepreneur·se, est le lien fort à l’argent. Les entrepreneur·se·s sont souvent dépeint·e·s comme des hommes et des femmes intéressé·e·s uniquement par l’argent.

Et je vais vous dire : c’est en partie vrai.

Bien sûr, tous les entrepreneurs et toutes les entrepreneuses ne roulent pas sur l’or – bien au contraire (on en reparle en Cliché #3 !).

Mais l’argent reste un sujet important pour l’entrepreneur·se et pour cause : si l’argent ne rentre pas, l’entrepreneur·se ne mange pas. Contrairement à une personne salariée qui peut se permettre de prolonger une réunion ou un déjeuner parce qu’elle sait que son salaire sera le même en fin de mois, l’entrepreneur·se a d’autres priorités, des priorités monétaires.

Je ne dis pas ici que l’ensemble des heures travaillées de l’entrepreneur·se sont comptées et monnayées (la prospection, le maintien du réseau, l’administratif ne sont pas rémunérés par exemple). Cependant, le véritable travail client, celui qui rapporte de l’argent, compte peut-être pour 20% du temps de travail d’un·e entrepreneur·se.

3. Richissime ou pauvre ?

Si les entrepreneur·se·s sont souvent liés à l’argent, leurs revenus sont eux très caricaturaux. On les dépeint ainsi soit très riches, soit très pauvres. Il n’y a pas d’entre deux.

Attention aux clichés 🙂 D’une part, atteindre la richesse en tant qu’entrepreneur·se est rare – et puis, où es trouve le curseur de la richesse ? On a tous le sien. D’autre part, nombre d’entrepreneur et d’entrepreneuses se lancent aujourd’hui pendant leur chômage évitant ainsi la pauvreté la plus extrême.

Ceci étant dit, l’instabilité financière reste une réalité de la vie de l’entrepreneur·se. Un mois moins bien peut fragiliser les revenus d’une année (#coronavirus), un client qui ne paye pas aussi.

Quant à la protection sociale, en cas de maladie ou de grossesse par exemple, elle va dépendre d’énormément de facteurs : statut, nombre de mois d’ancienneté, assurance et prévoyance, nombre de salariés…

Cliché #4 : Le réseau

Dans la majorité des fictions, les entrepreneur·es·s sont dépeints comme des personnes extrêmement entourées.

C’est vrai. Mais il faut prendre cette impression avec des pincettes : 45% des hommes entrepreneurs et 50% des femmes entrepreneuses se disent isolé·e·s ou très isolé·e·s.

Le développement d’une entreprise demande d’appartenir à des réseaux et de rencontrer de multiplies personnes à titre pro. Le but : développer son réseau, l’entretenir et, clairement, débusquer des opportunités professionnelles.

Cela peut donner l’impression que l’entrepreneur·se est entouré et qu’il ou elle bénéficie d’une vie sociale épanouie. D’autant plus que de nombreuses relations pro évoluent vers des relations plus persos et la frontière devient floue.

Cependant, et c’est là que le bât blesse, l’entrepreneur·se néglige parfois ses proches et amis au profit de ses relations pro. Plus encore, ses proches et amis ne comprennent pas toujours ses problématiques : il y a certaines inquiétudes qu’il ou elle ne partage plus avec ses proches car ils ne les comprendraient pas forcément.

C’est pourquoi la vie sociale de l’entrepreneur·se peut être une façade ou, du moins, une impression pour l’entourage.

À noter aussi : avec l’explosion des modes de consommation par internet, un·e entrepreneur·se peut être complètement « invisible ». Certain·e·s entrepreneur·se·s échangent ainsi exclusivement par internet.

Cliché #5 : Le soutien des proches

Il me paraissait intéressant d’évoquer cette thématique juste après la solitude de l’entrepreneur·se car il est courant d’imaginer l’entrepreneur·se entouré·e et soutenu·e par ses proches lorsqu’il/elle travaille.

La réalité est toute autre.

D’une part, il y a l’inquiétude des proches, lors de l’annonce du projet. Pas toujours facile d’accepter que son enfant / son conjoint / sa conjointe / son ami·e arrête une situation aisée et confortable dans le salariat pour une activité à la réussite financière et sociale non garantie.

D’autre part, il y a la projection que de nombreuses personnes se font de l’entrepreneuriat. 27% des femmes se lancent dans l’entrepreneuriat pour passer plus de temps avec leur famille… Sauf que la frontière est ténue entre femme au foyer et entrepreneuse œuvrant de la maison. Nombreux sont les gens qui ne font pas la distinction au quotidien. L’image de soi peut facilement être dégradée et l’entreprise en pâtir.

Enfin, il y a la réalité du quotidien. Un·e conjoint·e, même impliqué dans le projet, a aussi un travail, une vie, des passions. S’il/elle sera prêt, parfois, à accompagner les idées de l’autre, la vérité est qu’il ne pourra pas toujours les épouser. Sans parler de la situation financière qui évolue avant le passage du salariat à l’entrepreneuriat.

Il y aura des disputes, des déconvenues, des vacances annulées, des weekends compliqués. L’entrepreneuriat sert parfois de détonnateur dans certains couples et les entrepreneur·se·s se retrouvent d’autant plus isolé·se·s (c’est d’autant plus vrai pour les femmes entrepreneuses).

Cliché #6 : La réussite / l’échec

Les notions de réussite et d’échec sont intimement liées avec le quotidien de l’entrepreneur·se. L’entrepreneur·se est toujours sur la brèche et dans la remise en question, à la fois personnelle et professionnelle.

Ainsi, dans la réalité, les notions de réussite et d’échec sont bien moins nettes que dans les clichés. Il ne s’agit pas de se rouler dans l’or ou de voir le bâtiment de son entreprise s’effondrer.

Réussir, c’est parvenir à lancer son produit, c’est faire sa première (dixième, centième) vente, c’est faire son premier rendez-vous professionnel, c’est signer un beau contrat.

Echouer, c’est perdre la confiance d’un client, c’est rencontrer un retard dans les délais de ses commandes fournisseurs, c’est se rendre compte que son modèle n’est pas viable et ainsi de suite.

Et quand ce n’est pas l’entrepreur·se qui pense à sa réussite, ce sont ses proches qui lui demandent régulièrement : « ça marche ton truc ? »,  » tu travailles bien ? », « tu t’en sors ? »…


J’espère que cet article aura su vous éclairer sur la vie d’entrepreneur·se et plus encore, sur les images véhiculées autour de ce type d’activité.

Sachant que plusieurs d’entre vous ont sauté le pas et ont lâché leur salariat pour devenir écrivain·e à temps plein, y’a-t-il d’autres clichés que vous souhaiteriez mettre en lumière ?

Belle fin de semaine,

Marieke

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