L’écriture et Rachel Fleurotte

by Marièke

Aujourd’hui dans la série L’écriture et moi où je présente régulièrement les portraits d’écrivains et de leur rapport à l’écriture, j’ai la joie de vous présenter Rachel Fleurotte autrice publiée depuis 1998. Elle est née en Franche Comté il y a 43 ans et vit à Paris depuis qu’elle a 20 ans. Elle travaille comme assistante ressources humaines mais elle aussi une écrivaine productive et inspirée.

*****

Votre histoire avec l’écriture

Comment êtes-vous venue à l’écriture ? 

Depuis toute petite, grâce à ma mère qui m’a transmis l’amour des livres, j’ai toujours beaucoup lu.

Vers 13 ans, j’ai commencé à écrire, sans que je ne puisse vraiment définir ce qui m’y a poussée, sans doute l’envie d’avoir mes propres histoires, ou de devenir moi-même un personnage, sous une forme romancée. J’ai commencé par des histoires où je nous mettais en scène, mes amies et moi, puis des fanfictions de mes séries télévisées préférées.

Au lycée, j’ai commencé à développer de nouvelles histoires. J’ai fait un bac littéraire, mais je n’arrivais pas à accrocher avec la philosophie, et j’en avais 8 heures par semaine. Lors d’un cours, j’ai eu un flash, qui m’a donné une première idée, et pendant le reste de l’année, j’ai passé mes cours de philo à écrire ce roman, pour arriver au premier texte d’une cinquantaine de pages que j’ai terminé.

Qu’est-ce que cela vous apporte ? 

L’écriture est pour moi une soupape de sécurité, une façon de me détendre et de me changer les idées, notamment après une journée de travail chargée.

Elle me permet aussi de m’évader du réel pour quelques heures, pour rejoindre des personnages qui sont une partie intégrante de ma vie.

Quels genres aimez-vous lire et écrire et pourquoi ?

J’ai toujours eu une préférence pour la lecture de romans. J’ai beaucoup lu des policiers et des thrillers, ainsi que des littératures de l’imaginaire, la SFFF (j’aime beaucoup la littérature noire du XIXème siècle, et Dracula est un de mes romans préférés).

Mes premiers romans étaient plus axés sur du policier ou du thriller, aujourd’hui je suis plus dans la SFFF, notamment la fantasy.

Vous évoluez dans de nombreux univers : d’où tirez-vous votre inspiration ?

Pour mes premiers textes, je m’inspirais de films ou de séries télévisées que j’aimais, pour en écrire des fanfictions.

Ensuite, j’ai plus laissé mon imagination vagabonder, mais je reste attirée par les mêmes inspirations, le Moyen Age, l’Antiquité et ma région natale, la Franche Comté.

Je me sers de mes voyages pour m’inspirer pour mes décors, en prenant beaucoup de photos que je regarde ensuite pour étayer mes descriptions.

Je fais aussi des recherches sur Internet ou dans des livres, d’Histoire notamment, pour donner plus de vraisemblance à mes univers, notamment ceux qui s’inspirent du Moyen Age.

Pour mes personnages, j’ai tendance à imaginer mon casting idéal, en leur donnant le visage d’un acteur ou d’une actrice connue, c’est un moyen qui me permet de mieux les décrire.

Un très bon outil pour collecter les sources, c’est Pinterest, où j’ai créé des tableaux en rapport avec mes différents textes et personnages, ou mes voyages.

Votre pratique de l’écriture

Comment écrivez-vous ? Quelles sont vos habitudes ?

J’écris aussi bien à la main, sur des cahiers et des carnets, que directement sur l’ordinateur. En général, dans la semaine, j’écris surtout le soir, et pendant le week-end, dans la journée. J’ai souvent un carnet dans mon sac (je les collectionne, les utiliser est aussi une façon de me motiver, même si j’achète plus de carnets que je n’en remplis !) pour noter des idées ou écrire le texte sur lequel je travaille.

Je peux écrire dans les transports, le bus ou le train. J’aime aussi aller écrire dans des endroits où je peux me concentrer, sans être distraite. Mes lieux préférés, à Paris, sont le café du Petit Palais et la bibliothèque Sainte Geneviève, où je peux passer plusieurs heures à travailler tranquillement.

J’ai du mal à écrire en silence, je mets souvent des bandes originales de films en fond sonore, j’adore notamment les musiques d’Hans Zimmer, d’Audiomachine, Two Steps From Hell et celles de Game of Thrones, notamment de la saison 6 qui est magnifique.

Comment vous préparez-vous à l’écriture ?

Je prépare un peu mes textes, la trame générale, puis un résumé détaillé, mais je garde aussi une certaine liberté, et parfois, entre les idées originales et le texte terminé, le résultat peut être très différent, surtout si j’ai laissé mes personnages prendre le pouvoir et changer le cours du roman.

Les difficultés de l’écriture

Qu’est-ce qui est difficile quand vous écrivez ? Quels sont les obstacles que vous rencontrez ?

Je n’ai pas toujours autant de temps que je le souhaiterais pour écrire, et j’ai parfois du mal à écrire, pour des périodes qui peuvent parfois durer quelques jours, voire quelques semaines, notamment dans les moments où j’ai l’impression que le texte sur lequel je travaille n’avance pas dans la bonne direction.

J’ai parfois du mal à avoir un avis objectif sur mon travail, je manque de recul. C’est souvent l’aide de mes beta-lectrices qui me permet d’y voir plus clair et de retrouver la motivation pour retravailler le texte.

Il m’est aussi arrivé, une année, de faire une overdose d’écriture au moment du NaNoWriMo, en 2014 : j’ai doublé l’objectif, plus de 100 000 mots, mais ensuite, je suis restée plusieurs mois sans arriver à me remettre sur un projet de romans, il m’a fallu repasser par l’écriture de nouvelles avant de parvenir de nouveau à travailler sur un texte long.

Du coup, en 2015, si j’ai de nouveau fait le NaNoWriMo, je me suis arrêtée à 75 000 mots, quand j’ai senti que j’atteignais ma limite.
Un de mes défauts est aussi de ne pas arriver à faire court (ennuyeux pour les nouvelles, notamment) : je finis toujours par avoir trop d’idées que je rajoute et la longueur de mes textes s’en ressent.

Vous êtes publiée et vous travaillez avec des bêta-lecteurs. Comment vivez-vous les échanges sur votre écriture ? Tous les auteurs ne parviennent pas à accepter les critiques.

Pour mon premier roman publié par un éditeur, j’ai eu la chance de travailler avec une correctrice qui m’a appris le travail de corrections et de réécriture. Les échanges étaient enrichissants, mais parfois un peu frustrants quand je devais changer des choses un peu contre mon gré. Par contre, pour obtenir le texte le mieux corrigé, j’ai dû faire de nombreuses relectures qui ont fini par me dégoûter de mon propre roman, je n’ai d’ailleurs pas pu le lire quand j’ai eu le livre papier entre les mains, à sa sortie, il m’a fallu une dizaine d’années avant d’arriver à m’y replonger.

Du coup, je n’avais pas forcément gardé un très bon souvenir de cette étape de la publication, même si ce que j’y ai appris m’a permis de retravailler mes romans suivants.

Il y a quelques années, j’ai découvert la bêta-lecture par le biais d’un forum d’écriture où j’ai rencontré d’autres auteurs, dont certains sont devenus des amis. J’ai commencé à lire les textes des autres et à les commenter, d’abord sur la forme, puis peu à peu sur le fond, et j’ai aussi publié quelques textes sur lesquels j’ai eu des retours. J’aime beaucoup cette phase d’échanges, qui permet d’avoir du recul sur le texte, car en tant qu’auteur, forcément, je manque d’objectivité sur mes propres écrits.

Bien sûr, la critique n’est jamais facile à accepter, mais tant qu’elle reste bienveillante et qu’elle n’a pas pour but de démolir le travail d’écriture, elle permet d’avancer. Je ne suis pas systématiquement toutes les remarques de mes bêta-lecteurs, mais j’y réfléchis, notamment si plusieurs personnes me font des réflexions sur le même point, car cela veut souvent dire qu’il y a un problème de cohérence.

A force de travailler avec les mêmes auteurs, nous commençons à bien nous connaître et à émailler nos commentaires de pointes d’humour qui sont les bienvenues pour souffler un peu dans le travail de correction. Cela fait partie d’un petit rituel que j’apprécie. Nous discutons aussi des trames de nos projets, ou de points qui nous bloquent, et c’est souvent au travers de ces échanges que je réussis à voir ce qui ne va pas et à le retravailler pour améliorer mon texte.

La bêta-lecture est d’autant plus importante dans l’autoédition, puisqu’en l’absence de l’avis d’un éditeur, il est primordial d’avoir au moins l’avis de deux ou trois bêta-lecteurs pour finaliser un texte aussi professionnel que possible, avant de le publier.

Même si l’écriture reste un travail assez solitaire, ces échanges par le biais de la bêta-lecture, que ce soit du côté auteur ou lecteur, quand il y a une réelle collaboration qui s’installe, est vraiment très enrichissante.

Je me rends d’ailleurs compte que j’ai amélioré ma propre écriture depuis que je la pratique régulièrement et que je travaille plus efficacement sur mes textes, et j’aurais du mal à m’en passer aujourd’hui.

Vos projets d’écriture

Avez-vous déjà terminé des projets (nouvelles, romans) ? Quels sont-ils ? 

J’ai déjà terminé plusieurs romans et nouvelles. J’avais retravaillé le premier roman écrit en terminale, « Ambre de Clercy », et l’avais envoyé à des éditeurs en 1997, et j’ai eu la chance de le voir édité en 1998.

J’ai aussi publié plusieurs romans policiers, « Opération Akhilleus », « Le tragique destin d’Enguerrand » et « Meurtre à Provins ».

Depuis 2013, j’ai commencé à autoéditer ma série de fantasy, « La Septième Prophétie », que j’écris depuis mes 18 ans et qui a évolué au fil des années avec moi, comme ses personnages. Le tome 1 « Trois êtres d’exception » est sorti en 2013 et le tome 2 « Ranxor » en 2014.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Le tome 3 de cette série, « Les héritiers », est en dernière réécriture, pour une sortie à l’automne 2016.

J’ai prévu une série de 7 tomes, l’écriture du tome 4 fera l’objet de mon travail dans le cadre du projet « voulez-vous écrire un roman avec moi ? », j’en suis à la préparation de la trame actuellement

J’ai aussi une série de nouvelles steampunk qui ont pour cadre certaines villes de ma région natale, la Franche Comté, que j’avais écrites dans le cadre d’AT et que j’aimerais retravailler pour en faire un recueil.

*****

Merci à Rachel Fleurotte pour ces réponses. Cela a été un plaisir de lui donner la parole sur le blog car je n’avais encore eu que très peu de réponses d’auteurs ayant été publiés par une maison d’édition. Vous pouvez retrouver Rachel sur son blog, sur son compte Twitter et sur la page Facebook de sa série Fantasy.

A demain pour un nouvel article,

Marièke

Je m'abonne à la newsletter !

Abonnez-vous à la newsletter et recevez des ressources gratuites pour avancer sur vos projets d'écriture. Toutes les informations sur cette page.

Je ne spamme pas ! Consultez mes engagements pour plus d’informations.

À lire sur le même thème

2 comments

Rachel 26 septembre 2016 - 18 h 50 min

Merci beaucoup pour cet échange, c’était un plaisir de pouvoir ainsi parler de l’écriture.

Reply
GILDAS GOUNGOUNGA 27 septembre 2016 - 0 h 53 min

Merci pour cet article enrichissant Marièke et Merci à Rachel fleurotte pour le partage Bonne nuit.

Reply

Leave a Comment