J’ai fait un stage d’écriture de cinq jours à l’espace Les mots

by Marièke

Début mai dernier, l’espace parisien dédié à l’écriture Les mots m’invitait à venir faire un atelier en ses murs. Après quelques recherches dans leur catalogue fournis d’ateliers et de stages, j’ai choisi de participer à un stage d’écriture Préparer son roman sur une semaine avec l’auteur Frédéric Ciriez : le thème du stage concordait parfaitement avec mon envie de préparer mon nouveau roman. Retour en mots sur cette semaine.

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L’espace Les mots

Les mots est un espace dédié à l’écriture sur la rive gauche de Paris, au centre du vivier culturel du VIe arrondissement qui a ouvert il y a environ un an. 4, rue Dante, à quelques pas du parvis de la Cathédrale Notre Dame et de la place Saint Michel, c’est un souplex qui propose un espace café-coworking pour les auteurs et autrices. Chaque semaine, des ateliers et stages d’écriture plus ou moins longs d’écriture sont organisés. Le but d’Alexandre Lacroix et d’Elise Debout, fondateur et fondatrice : rendre l’écriture accessible à tous en en partageant les techniques et casser le mythe du talent. Des idées que je partage régulièrement sur ce blog et qui ne pouvaient que m’interpeller !

La façade de l’espace Les mots, au 4, rue Dante

La promesse du stage d’écriture que j’ai suivi

J’ai choisi de suivre l’atelier Préparer son roman du lundi 16 juillet au vendredi 20 juillet. J’aimais sa promesse qui collait avec mes objectifs du moment – préparer un roman – et son format intensif qui s’adaptait à mes horaires de travail par ailleurs – 5 jours de 18h à 21h. Je ne connaissais pas l’auteur qui animait l’atelier, Frédéric Ciriez, édité chez Gallimard, dans la collection Verticales. J’ai eu depuis l’occasion d’acquérir Bettiebook, son livre sur l’évolution de la critique littéraire qui m’a interpelé (découvrez la chronique de Bettiebook écrite par l’une de mes co-participantes sur son blog de chroniques littéraires).

Mes attentes

Ayant déjà participé une fois à un atelier d’écriture (je vous en avais d’ailleurs parlé sur le blog), je savais qu’il y aurait une partie « écriture » et une partie « lecture à voix haute ». Ce que je savais pas, par contre, c’était comment Frédéric Ciriez allait articuler cela avec le thème de l’atelier, préparer un roman, et comment il allait construire la semaine.

C’est pourquoi j’avais décidé de réserver cette semaine à un projet peu avancé, dont j’avais quelques bribes seulement. Je voulais pouvoir profiter au mieux de l’atelier.

Une semaine de stage d’écriture

Lundi 16 juillet à 18h, alors que le bus de l’équipe de France paradait sur les Champs Élysées à 500 mètres de là, je pénétrais l’espace Les mots. L’espace est un souplex. Le rez-de-chaussée propose quelques tables en extérieur, un café et une salle de travail avec quelques ordinateurs fixes. Le sous-sol est tout doux. D’un côté, un petit salon avec des canapés et des fauteuils. De l’autre, une salle de formation pour une quinzaine de personnes. Une bibliothèque chargée de livres fait la séparation.

L’escalier de l’espace Les mots

Le profil des participant·e·s

Nous étions 13 à tenter l’aventure, en plus de Frédéric. Nous avons commencé par un tour de table. Moi (j’ai commencé…), Mathilde, Antoine, Alexandra, Christian, Daniella, Olivier, Mélanie, Aurore, Marine, Annabelle, Faustine, Florence et Frédéric. À 29 ans, j’étais la plus jeune et Christian, le doyen du groupe, était à la retraite. Nous étions une majorité de femmes, ce qui est assez classique dans les ateliers d’écriture – et dans les ateliers, en général. Quant aux métiers représentés, nous étions une majorité de coachs, rédacteurs, cadres supérieurs et freelance.

Les projets envisagés étaient tout aussi variés. Étonnamment, j’étais la seule à partir sur un roman de littérature de l’imaginaire (j’ai un projet de roman d’anticipation). Il y avait du roman noir, du thriller, du roman d’aventure, des nouvelles, du roman d’époque, de l’autobiographie…

Les problèmes rencontrés par chacun, enfin, étaient très divers. Il y avait Mathilde qui n’avait jamais écrit, Florence qui n’avait jamais écrit de fiction, Mélanie qui avait du mal à raconter des histoires, Christian qui n’avait pas confiance en lui… Nous étions chacun·e venu chercher quelque chose de différent et c’est ce qui a rendu la semaine passionnante. Pour ma part, c’était l’envie d’aborder d’autres méthodes d’écriture et de structures qui m’animait : je savais le contexte de mon histoire, mais je n’en connaissais pas certainement l’intrigue.

Le déroulé de la semaine

Chaque jour, nous avons procédé de manière similaire. Une heure et des poussières était allouée à l’écriture de notre projet et aux échanges en individuel avec Frédéric. Et le reste du temps, à la relecture à voix haute et aux commentaires. Croyez bien qu’une heure trente pour faire des retours était trop courte : chaque jour, nous avons débordé et fini une à deux heures plus tard.

Frédéric a été un accompagnateur / animateur très impliqué. Bien que l’atelier ait lieu en soirée, nous pouvions lui envoyer nos textes et réflexions pendant la journée pour un coup de pouce. S’en est suivi une chaine de mails : nous nous sommes tous et toutes envoyés nos textes de façon. Je regrette un peu d’avoir travaillé pendant cette semaine et de n’avoir pas pu me consacrer complètement à cette expérience.

Le dernier jour, pour fêter notre aventure littéraire, nous avons lu nos productions autour d’un apéro. Certain·e·s en ont profité pour lire une petite composition en remerciement à Frédéric et l’émotion était belle à vivre.

Ma progression personnelle pendant ce stage

Je l’ai déjà partagé sur ce blog mais j’ai énormément de mal à travailler sur un texte long en impro. J’ai gardé cette cicatrice de mes innombrables premiers chapitres abandonnés et j’ai désormais du mal à écrire sans support (synopsis, plan détaillé…).

C’est pourquoi je me suis retrouvée particulièrement démunie durant les trois premiers jours du stage. Il fallait écrire mais je n’avais presque rien. Les mots ne sortaient pas naturellement et au moment de lire, je n’étais pas à l’aise car je savais que mon texte était forcé. Après avoir exprimé cette difficulté à Frédéric à la fin du troisième jour (j’ai eu du mal à demander de l’aide avant, on ne se refait pas), on a trouvé un compromis : j’ai commencé à travailler sur le synopsis et le contexte de mon texte. Le premier chapitre a suivi naturellement et la narration s’est affirmée les deux derniers jours.

Au final, j’ai une page de contexte, un début de synopsis à retravailler, un chapitre 1 à peu près clair et un personnage tout neuf et tout beau dans ma tête. En sus, j’ai une jolie expérience dans la sacoche, un paquet de bêta-lecteur·trice·s potentiel·le·s et mon nom dans un futur roman (dédicace à la Marièke qui est apparue dans le roman d’Olivier).

Ecriture à l'espace Les mots

Mon matériel d’écriture

Mon apprentissage

Chacun·e des participant·e·s a retiré un enseignement sur lui-même ou sur son projet.

Pour ma part, je savais déjà que j’étais (un peu trop) obnubilée par la structure et la méthode – après tout, ce n’est pas par hasard que mon blog s’intitule Mécanismes d’histoires.

La semaine aux Mots et l’expérience de Frédéric m’a rappelé qu’oser se lancer et écrire sans filet est un bon exercice pour découvrir ses personnages et son histoire et tâtonner est un outil de l’écriture. Le visage et la personnalité de mon premier personnage s’est affirmé en écrivant, de même que ma narration et mes désirs d’histoire.

Bilan

Mon bilan de ces deux semaines est un peu mitigé. Disons-le clairement, j’ai le cul entre deux chaises.

D’un côté, j’ai vécu une aventure humaine et littéraire gigantesque avec une PAL qui s’est allongée, des échanges particulièrement intéressants et le bonheur de consacrer trois heures par jour à ma passion pendant une semaine. J’ai eu l’impression de vivre une parenthèse hors du temps et je regrette d’avoir dû continuer à travailler pendant cette période car j’aurais aimé en profiter encore plus.

D’un autre côté, je suis un peu déçue de mon apprentissage et de ma production sur cette semaine. Je crois que mon côté scolaire aurait aimé un peu plus de théorie et de méthode – ce qui était à l’opposé de l’enseignement de Frédéric qui prônait plutôt d’écrire pour voir où cela aboutirait. Nous avons donc beaucoup travaillé sur l’acte d’écriture et l’écriture en elle-même, beaucoup moins sur la structure (nous avons un peu abordé cette question en individuel avec lui). Or, pour moi, un roman, ce n’est pas uniquement une scène ou un chapitre. C’est un ensemble cohérent qu’il faut (sup)porter. J’aurais vraiment aimé aller plus loin sur la méthode et peut-être, alterner des séances d’écriture et des séances de construction et de réflexions autour d’une intrigue.

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Pour conclure, cette expérience avec Frédéric et mes douze acolytes à l’espace Les mots a été passionnante, enrichissante et dynamisante. J’ai aimé lire et échanger, discuter et écouter, apprendre et expérimenter. Il y avait énormément de la personnalité de Frédéric dans ce stage d’écriture aussi, je ne peux vous certifier que l’ensemble des stages d’écriture des Mots se déroule de cette manière. Cependant, je ne peux que vous conseiller de jeter un coup d’oeil à la programmation si vous aimez les mots et l’écriture et souhaitez aller plus loin dans cette passion.

Un grand merci aux Mots pour leur invitation, à Frédéric pour ses conseils et sa patience et à mes douze compagnons de galère. Bon courage dans votre quête d’écriture et à très vite pour de nouveaux échanges de mail 😉

Marièke

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6 comments

Zia Odet 5 août 2018 - 11 h 37 min

Merci pour cet article qui permet de se représenter ce que peut être un stage d’écriture. Pour avoir participé ailleurs à un atelier d’écriture plus ponctuel (cinq séances de 2 heures, réparties sur 3 mois), j’ai regretté aussi le manque d’accompagnement « technique ». Que faire quand les mots ne viennent pas ? Où puiser l’inspiration quand le thème proposé par l’animatrice ne nous inspire pas ? Comment redresser la barre quand on part dans une mauvaise direction ? Autant de questions auxquelles je n’ai pas trouvé de réponses.

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Marièke 18 août 2018 - 20 h 22 min

Cela pour le coup, j’imagine que ça dépend de l’atelier et de l’intervenant. Après comme il n’y a pas une réponse aux problèmes de l’inspiration et des techniques, je comprends que chacun donne ses techniques et qu’il faille piocher dans ce qui nous correspond. Peut-être faudrait-il tenter d’autres ateliers pour voir si certains seraient plus adaptés à tes besoins 🙂

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Louise Adèle 5 août 2018 - 12 h 16 min

Bravo Marièke ! Ton article est très intéressant, documenté et exhaustif. J’ai sans doute vécu un blocage un peu similaire au tien et comme toi, je retire indirectement beaucoup de positif de cette expérience. À chacun ses méthodes, fais confiance aux tiennes et compte sur moi pour être bêta lectrice, si tu le souhaites ! En effet, l’accompagnement technique, on l’attend, mais existe-t-il des modèles applicables ? Une question que je me pose. Merci beaucoup pour le lien vers ma chronique !

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Marièke 18 août 2018 - 20 h 25 min

Merci pour ton retour ! Cela me fait plaisir de te lire ici 🙂 Je suis d’accord avec toi : il n’y a pas une technique d’écriture, c’est certainement ce qui pose problème au moment de donner un accompagnement technique. Je serai curieuse d’aller voir du côté des cours américains de Creative writing pour voir ce qui y est enseigné 🙂 (Après, peut-être que ce genre de cours entraine une uniformisation de l’écriture : ce qui est un autre problème…)

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Caroline 6 août 2018 - 9 h 01 min

merci pour ce retour d’expérience très intéressant. ça me donne envie de faire un stage de ce type !

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Marièke 18 août 2018 - 20 h 29 min

N’hésite pas à te lancer dans l’aventure ! 🙂

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