Huit astuces pour rendre les personnages de son roman attachants

by Marièke

Parmi les ingrédients d’un livre qui permettent au lecteur de le lire jusqu’au bout, il y a l’attachement qu’il porte aux personnages. En effet, si vous parvenez à rendre les personnages de votre roman attachants, il y a fort à parier que votre lecteur lira entièrement votre livre… ne serait-ce que pour savoir s’ils vont s’en sortir et avoir droit à leur happy end ? Dans cet article, je donne huit astuces pour rendre les personnages de son roman attachants.

*****

#1 Créez des personnages appréciables

De prime abord, ce premier conseil doit vous paraître aussi évident que difficile à mettre en œuvre…

Je m’explique ! Pensez aux personnes que vous appréciez dans la vie de tous les jours : vous allez réaliser que vous ne les aimez pas tous pour les mêmes raisons.

  • Il y a les gens qui sont agréables et sympas : on aime leur bonne humeur et leur façon de voir la vie
  • Il y a les gens loyaux à qui on peut se confier
  • Il y a les gens doués, que l’on apprécie pour leur intelligence et leur efficacité
  • Il y a les gens qui ont des idéaux et qui sont fidèles à eux-mêmes

Vous pouvez faire des personnages qui regroupent plusieurs de ces qualités ou seulement une seule. Par exemple, si vous suivez un « méchant », vous pouvez le rendre appréciable en montrant qu’il fait ce qu’il fait pour une raison donnée.

#2 Donnez des défauts classiques à votre personnage

Après avoir montré les qualités de votre personnage qui en font quelqu’un d’appréciable, vous devez absolument lui donner des défauts. Un personnage parfait est agaçant !

Si Sherlock Holmes est très intelligent et a des capacités hors du commun, c’est son incapacité à avoir des rapports humains normaux qui le rend intéressant et attachant.

Au moment d’écrire les défauts de votre personnage, n’oubliez surtout pas que ces derniers évoluent avec l’âge. Un adolescent aura des défauts bien plus marqués qu’un adulte qui aura appris à les canaliser avec le temps, l’expérience et le travail en équipe. Un couple qui évolue ensemble depuis très longtemps aura à l’inverse eu tendance à renforcer certains de ces défauts.

#3 Ne misez pas tout sur le physique

L’une des erreurs principales des jeunes auteurs (et des fans de la description) est de vouloir absolument donner à ses personnages un physique très précis. S’il est intéressant d’avoir quelques informations caractéristiques sur le personnage (le port d’une paire de lunettes, les cheveux hirsutes…), je trouve nécessaire de laisser au lecteur une place pour s’imaginer le personnage.

Prenez Hermione par exemple. Dans les films, elle est jouée par Emma Watson : elle a les cheveux châtains, longs et emmenés, les yeux noisette et la peau très blanche avec quelques taches de rousseur. Dans la pièce de 2016, Harry Potter et l’Enfant maudit, jouée en ce moment à Londres, Hermione est jouée par Noma Dumezveni, une femme noire aux cheveux bouclés et aux yeux noirs. Pour JK Rowling ayant simplement précisé que Hermione était brune aux yeux marron (en gros, la seule caractéristique physique de Hermione concerne ses cheveux très difficiles à dompter), les deux interprétations sont possibles et vous pouvez voir qu’elles laissent pas mal de place à l’imagination et à l’identification.

#4 Introduisez le personnage aussi rapidement que possible

Ce conseil concerne la construction de votre roman. Lorsque vous introduisez un personnage dans l’intrigue, vous ne devez pas attendre trop longtemps pour le décrire et le présenter à votre lecteur. Essayez de le faire dans le paragraphe qui suit ou au moins dans le même chapitre : sinon, votre lecteur risque de ne pas le compter comme un personnage essentiel.

N. B. Il s’agit ici d’un conseil qu’il est possible d’ajuster en fonction de l’effet que vous voulez créer. Si vous êtes dans le cas d’un livre policier ou d’un thriller, il pourra vous être utile d’instiller un peu de mystère.

#5 Créez de l’empathie pour votre personnage

L’un des ressorts classiques de la fiction pour rendre un personnage attachant est de lui créer un contexte compliqué. C’est l’une des raisons pour lesquelles vous retrouverez souvent un personnage principal orphelin avec une enfance difficile… Il n’est pas toujours nécessaire de tuer père et mère ceci dit (à la longue, tous ces orphelins, c’est même très cliché !) : vous pouvez attirer de la compassion pour votre personnage autrement. Par exemple, vous pouvez simplement le mettre dans une situation un peu compliquée dès le départ.

#6 Mettez votre personnage en difficulté

Ce conseil est un corollaire du précédent. Pour permettre au lecteur de s’identifier et de s’attacher à un personnage, le mettre dans une situation compliquée peut être utile. Selon votre roman, les situations peuvent changer : il pourra par exemple être mis en danger de mort dans un livre de Fantasy ou dans une situation émotionnelle très délicate dans un roman de littérature plus classique.

#7 Mettez votre personnage dans un contexte commun

Ce conseil est à nouveau lié au précédent. Faire évoluer le personnage dans un contexte émotionnel ou physique commun à votre lecteur est un bon moyen de permettre à votre lecteur de s’identifier à lui. Un personnage qui a pour but ultime de sauver le monde est déconnecté des problèmes du quotidien de votre lecteur (à moins qu’il ne soit un superhéros, mais c’est peu courant dans la vie de tous les jours…) : aussi, il est intéressant de donner à votre personnage des problèmes plus « classiques ». Il peut par exemple être dans une relation amoureuse compliquée, avoir des rapports familiaux difficiles (ou géniaux), avoir des problèmes avec ses responsables… Bref, il doit avoir des « problèmes normaux » qui peuvent trouver une résonance dans les problèmes de votre lecteur.

#8 Faites évoluer votre personnage

C’est le dernier conseil de cet article et c’est l’un des plus importants. Un personnage est aussi attachant dans sa façon d’évoluer. En effet, on aura du mal à supporter un personnage faisant à chaque fois les mêmes erreurs (il aura l’air débile et clairement, la débilité n’est pas très attachante…) : face aux mêmes problèmes, il doit évoluer dans ces réponses et apprendre de ses erreurs.

L’évolution doit être de deux formes :

  • Évolution par à-coups : le personnage a des petites victoires pendant l’histoire. Par exemple, dans un roman de Fantasy, il apprend à réaliser un sort. Je pense par exemple à Mulan et de la scène de la chanson Comme un homme où on voit son évolution sur un temps très court.
  • Évolution linéaire : le personnage du début doit être différent du personnage de la fin de votre roman (il prend des leçons de ce qu’il voit, il traite les problèmes différemment grâce à l’expérience acquise pendant l’histoire…)

*****

En bref, faites de vos personnages des gens comme vous et moi, avec leur qualité, leurs défauts et leurs problèmes du quotidien.

N’en faites pas pour autant de véritables losers : ils doivent être capables de sauver le monde au bout du compte ! 😛

À vendredi pour un dernier article sur la préparation de votre roman avant le début du NaNoWriMo,

Marièke

Crédit image : Une jeune femme à fond dans sa lecture : l’auteur a dû réussir à rendre les personnages de son roman attachants (Pixabay, CC0)

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5 comments

Dorian 25 octobre 2016 - 10 h 27 min

Je ne connais pas du tout le young adult et le jeunesse, où ces conseils sont peut-être importants, mais pour moi, rendre les personnages attachants pour susciter l’intérêt du lecteur est une fausse bonne idée qui peut se retourner contre l’auteur.

Des personnages sympathiques sont à mon sens loin d’être le plus riches et loin aussi de susciter le plus d’empathie.

Ce qui compte, je pense, est le conflit (tu en parles aussi dans le billet). Si une ordure lutte à chaque pas, on s’attachera quand même à lui. Par exemple, Loki est un sacré enfoiré, pourtant c’est le chouchou de la plupart des fans. Comme Damon dans Vampire diaries: c’est un vampire qui tue à tout va. Il viole même un personnage secondaire, pourtant le public est fan. Mac Beth est fou et cruel. Ce ne sont pas leur qualités qui les rendent géniaux, mais leurs faiblesses.

A contrario, je sais que les trop gentils ont tendance à me lasser à vitesse grand v. Donc, les personnages à qui je m’identifie facilement sont la plupart du temps très différents de moi.

Le conflit et le changement, je suis d’accord avec toi . Les personnages appréciables, là je ne le suis pas.

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Marièke 25 octobre 2016 - 12 h 31 min

Je n’ai pas dit qu’il fallait suivre l’ensemble des conseils pour chaque personnage ! 🙂 D’une part, quand je dis ‘rendre un personnage appréciable’, je dis qu’il est possible de le rendre intéressant et appréciable pour ses qualités de réflexion, son ambition ou ses objectifs (un personnage ambiguë pourrait tout à fait être appréciable, sans être sympathique !). D’autre part, il n’est pas nécessaire de cumuler tous les conseils : comme tu le dis, si le personnage lutte ou connait des obstacles dans ses démarches, on s’attachera à son combat… même si son combat n’est pas très cool pour l’univers et l’espèce humaine :p

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Jean-Christophe Heckers 26 octobre 2016 - 17 h 10 min

C’est vrai que les qualificatifs « attachant » et « appréciable » induisent en erreur. On entend volontiers par là des personnages « sympathiques » et auxquels on aurait envie de s’identifier. Et on se trompe: des figures antipathiques soulèvent tout autant l’intérêt. Le personnage doit avoir du relief, se distinguer, sans être tout blanc ou tout noir. Bref, représenter un intérêt. La face d’ombre d’un « gentil » et la face « sympathique » d’un mauvais nous accrochent. Ce sont ces aspérités complexes (sic?) qui interpellent, qui nous attachent et les rendent appréciables. La folie d’un Hamlet ou d’un Macbeth résultent d’ailleurs d’un conflit originel pour eux difficile à porter, et la part sous-jacente de souffrance nous touche malgré tout. Plus sans doute que quelques misères d’un personnage trop lisse: la fadeur ennuie. Alors: de l’épaisseur (juste ce qu’il faut) et des failles pour tout le monde; rien de tel pour nourrir l’évolution d’un personnage, et nous mettre en haleine: va-t-il sombrer, ou se relever, ou… ?

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Lagorio Eugène 12 janvier 2018 - 17 h 51 min

Merci Marieke, très intéressant cet article! Il se trouve que, par mon caractère propre, j’ai tendance à rendre mes personnages « attachants » car, méridional d’origine, j’aime bien la faconde, les qualités qui rendent les « grandes gueules  » sympas,les gens un peu versatiles….
Vous avez su matérialiser ces qualités en quelques lignes!
Bravo! Bien amicalement
Eugene

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Magali Welch 19 novembre 2018 - 7 h 37 min

Merci pour ces conseils qui me manquaient !!
Je ne savais pas trop comment présenter un personnage du point de vue émotionnel et sentimental. Je trouve ça très difficile en fait .
Je tenter d appliquer vos precieueuses remarques .
Merci encore
Magali

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