Gérer les intrigues secondaires de son roman

by Marièke

Manspag est venu vers moi avec une question il y a quelques semaines : comment mettre en place les intrigues secondaires ? Un point qui m’a aussi posé quelques soucis, et notamment sur mes textes les plus conséquents.

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Comprendre les intrigues secondaires

Dans mes premiers textes, la principale cause de l’absence de quêtes secondaires était dû au fait que je ne savais pas exactement ce que cela comprenait.

Je l’ai vraiment compris grâce à un monument de la littérature… Naruto. Oui, sans rire. Lire (et regarder) Naruto m’a permis de visualiser les quêtes secondaires (je parle ici de Naruto mais la plupart des mangas fonctionnent de la même façon).

Si la quête principale de Naruto est de devenir Hokage (le chef de son village), elle passe très vite en troisième plan derrière plusieurs autres quêtes, parmi lesquelles :

  • sauver le village
  • retrouver Sasuke, son meilleur ami
  • se débarrasser de l’Akatsuki, une escouade qui souhaite le tuer, ou plus exactement se servir de lui pour anéantir la terre entière
  • Sans parler des arcs secondaires ajoutés par ceux qui développent l’anime en attendant que le mangaka dessine la suite.

Au final, ces différents arcs (ou intrigues secondaires) sont très facilement reconnaissables dans la liste des épisodes de Naruto puis de Naruto Shippuden sur Wikipédia : ils sont colorés.

En plus de ces arcs s’ajoutent d’autres histoires, notamment sur les relations entre les personnages. On suit l’évolution des différents couples et on s’attache aux différents personnages que l’on est amené à croiser, ou non.

Bien sûr, les mangas et notamment ceux pour les ados (comme Naruto) tirent de grosses ficelles (ils ne sont pas très subtiled et surprenant). Mais à titre personnel, ça m’a aidé à visualiser les intrigues secondaires et à les mettre en place dans mes romans.

Inventer les intrigues secondaires

Le secret pour avoir un roman animé ? C’est créer du conflit. Généralement, l’enchainement « ils se rencontrent, ils se marient, ils ont beaucoup d’enfants » ne fait pas une bonne histoire s’il n’y a pas, à un moment : une dispute, une hésitation, un problème, un malentendu… que sais-je encore ?

Créer du conflit est nécessaire pour ajouter de la tension et faire avancer votre intrigue principale. Et c’est essentiel pour créer des intrigues secondaires crédibles et intéressantes.

Vous pouvez créer du conflit :

Autour de chaque personnage

Pour pimenter votre histoire, il est intéressant de donner à chaque personnage important (principal ou secondaire) un but en plus de la quête principale. Pour cela, vous pouvez jouer sur les origines du personnage, son passé, ses envies, ses dons… Le conflit peut être de nature familiale, amoureuse, relationnelle, professionnelle…

L’une des raisons pour lesquelles je n’ai pas accroché lors de ma lecture du Seigneur des anneaux, c’est que je n’ai pas assez compris les envies de chacun des membres de la Communauté de l’Anneau. Ils avaient un devoir et ils le faisaient.

Autour de chaque rencontre / interaction

Si vous faîtes évoluer une équipe de six personnes ensemble pour sauver le monde, vous aurez forcément des interaction entre chacun des personnages (ils n’ont pas les mêmes caractères, pas le même humour, pas les mêmes réactions face à des situations différentes…). Bien sûr, vous pouvez ajouter une intrigue amoureuse entre deux (trois ?) personnages. L’amitié est aussi une relation très intéressante à voir évoluer.

Dans Star Wars :

  • Amitié entre C3PO et R2D2
  • Amour entre Léia et Han Solo
  • Amitié entre Han Solo et Chewbacca

Dans Harry Potter :

  • Amitié entre Harry, Hermione et Ron
  • Rivalité entre Ron et Harry
  • Amour-désamour entre Hermione et Ron

Autour de chaque lieu

Dans la plupart des jeux vidéos, à chaque fois qu’un nouveau lieu est rejoint, de nouvelles missions sont débloquées : elles peuvent être données par un personnage ou par le contexte (vous arrivez dans une ville déchirée par une lutte fraternelle et vous devez choisir un camp). Vous pouvez reprendre ces idées dans un roman pour enrichir votre monde, surtout si vous travaillez sur un roman de fantasy… mais aussi si vous bossez sur un roman de littérature générale. Après tout, la boulangère de votre personnage principal peut avoir pour but de trouver l’âme soeur et il s’engage à l’aider dans sa quête…

Gérer les intrigues secondaires

Une fois que vous avez quelques idées d’intrigues secondaires, il n’est pas évident de les déployer dans son récit. Pour ma part, j’ai toujours des idées en ce qui concerne les envies et les attentes de mes personnages, mais j’ai du mal à les faire évoluer durant le récit tout en avançant l’intrigue principale.

Voici quelques idées pour dépasser cette difficulté.

Les travailler à la réécriture

Un premier brouillon est toujours confus. Il le sera d’autant plus si vous le chargez d’intrigues secondaires et de sous-intrigues secondaires. Le risque est même que votre intrigue secondaire ne surpasse votre intrigue principale. Aussi, mon premier conseil est de ne pas trop charger le premier brouillon d’intrigues en tous genres et de l’étoffer à la réécriture. Cela vous évitera :

  1. de vous perdre dans votre premier jet et de vous décourager à l’écriture
  2. de vous perdre au moment de la réécriture et de vous décourager ensuite

Notez qu’il est totalement possible que des idées d’intrigues secondaires s’incrustent dans votre premier brouillon sans que vous ne les ayez anticipées. Voyez là encore à la réécriture ce que vous devriez faire avec elles (les rendre plus consistantes si elles apparaissent d’un coup, les supprimer si elles ne sont pas si cohérentes que ça après tout ou encore les laisser telles qu’elles sont).

Varier les points de vue

L’une des histoires où j’ai eu le plus de mal à intégrer les histoires secondaires est L’Encre de paix. Et pour cause : je travaillais à la première personne du singulier. Les problématiques de mes autres personnages passaient automatiquement au second plan.

Même si je me suis éclatée en écrivant à cette personne, je crois que cette narration ne convient pas à mon histoire : mon personnage est une princesse et de nombreuses intrigues gravitent autour d’elle sans la toucher directement. Je vais devoir la changer. Cela me permettra de remettre au centre les autres personnages et leurs intrigues particulières.

Varier les types de narration

Dans la première version de L’Encre de Paix, pour contrer ma première personne, je donnais corps aux aventures des autres personnages par le biais de récits épistolaires. Si je trouve au final que ce n’était pas assez vivant, je ne démords pas de l’idée qu’il est possible de faire quelque chose d’intéressant de cette façon.

Parmi les auteurs qui utilisent très bien les types de narration pour raconter les histoires secondaires, je vous conseille de lire Jane Austen. Dans Orgueil et préjugés, elle utilise la lettre et le dialogue pour conter les histoires secondaires (notamment celle de Lydia, Wickham et Darcy).

Faire un plan

Composer un plan chapitre par chapitre ou scène par scène permet de gérer l’avancée de son intrigue principale et de ses intrigues secondaires. Il y a plusieurs façons de traquer l’évolution de vos intrigues secondaires.

  • Le tableau : Vous avez peut-être déjà vu cette photo de la préparation du Tome 5 de Harry Potter par JK Rowling. On y voit clairement comment elle fait avancer chacune de ses intrigues (principale et secondaires) chapitre après chapitre.
Brouillon de JK Rowling

Brouillon de JK Rowling

  • Le résumé : Il y a quelques années maintenant, je regardais régulièrement Plus belle la vie. (Oui, on a chacun ses petites révélations à faire !) À l’époque, les résumés des épisodes étaient toujours composés de trois phrases :
  1. l’intrigue principale (celle qui dure deux mois)
  2. l’intrigue secondaire 1 (celle qui dure la semaine)
  3. l’intrigue secondaire 2 (celle qui ne dure que pour la soirée)

    Rien ne vous empêche d’utiliser cette technique au moment où vous préparer le résumé de vos chapitres et de vos scènes.

  • Le plan prémâché : Pour la réécriture de L’Encre de paix, je travaille avec de nombreux morceaux de papier… Ils comportent les résumés de toutes mes scènes. Je leur ai donné un code couleur (une couleur pour l’intrigue principale, une couleur pour l’intrigue de tel personnage, une autre couleur pour l’autre intrigue et une autre couleur encore pour les scènes que je n’ai pas encore écrites… mais c’est une autre histoire ^^). Au final, j’ai envie de tout organiser afin d’avoir une sorte de puzzle de mon histoire. Je vous en dirait plus sur ma méthode de réécriture quand j’aurais bien avancé !

 

*****

Voilà quelques pistes pour ajouter des intrigues secondaires à votre histoire et pour les gérer. J’espère que cela vous aura aidé ! N’hésitez surtout pas à partager si vous utilisez d’autres méthodes pour inventer et gérer les intrigues secondaires 🙂

À vendredi pour un article sur l’écriture à la main,

Marièke

Crédit image : Gérer les intrigues secondaires de son roman peut s’avérer être aussi compliqué que la traversée du labyrinthe de Alice au Pays des Merveilles, par Sophie & Cie (Flickr, BY).

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15 comments

Manspag 2 février 2016 - 18 h 13 min

Bonsoir, effectivement le manga Naruto est bourré d’intrigues secondaires, je trouve même que c’est un peu trop. Pour Plus belle la vie je ne connaissais pas leur système d’intrigues, c’est très intéressant cette façon de faire, au mois, à la semaine, à la soirée. Merci pour tous tes conseils, j’en prends bonne note 🙂

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Marièke 3 février 2016 - 9 h 18 min

J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire cet article 🙂 N’hésite pas à me proposer d’autres sujets !

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Elle 11 février 2016 - 11 h 39 min

Un article très intéressant et riche! J’ai aussi adopté l’idée de développer mes intrigues secondaires lors du second jet, sinon trop casse-tête 😉
Par contre je regrette de ne pas avoir le tableau de JK Rowling traduit, cela aurait pu être intéressant, mais mon anglais est trop superficiel pour en plus déchiffrer :/

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Marièke 12 février 2016 - 10 h 08 min

Merci 🙂
Pour le tableau de JK Rowling, ce qu’il faut retenir c’est qu’elle a dans sa première colonne les titres de ses chapitres (en l’occurrence, ce sont des dates – novembre, décembre) et qu’elle note dans chaque chapitre comment avance les différentes intrigues secondaires (chaque colonne correspond à une intrigue secondaire).

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Ereneril 11 février 2016 - 14 h 08 min

Pour « plus belle la vie », c’est le schéma classique de toutes les séries modernes. (Ca permet de se disculper pour PBLV 😉 )
Avant on avait des séries monolithiques. Les personnages n’évoluaient pas. On pouvait regarder les épisodes dans le désordre. (Toutes les séries des années 60 à 90)
Les séries modernes fonctionnent désormais sur 3 niveaux :
– Une intrigue ou un cadre de fond
– une intrigue saisonnale
-un intrigue d’épisode.
On a ça aussi bien dans les séries médicales (Dr House, Grey’s anatomy), fantastiques (Lost, Walking Dead) que policières (Profilage, etc.)

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Marièke 12 février 2016 - 10 h 10 min

Oui, c’est vrai. Ce que je trouvais marquant du PBLV, c’était le résumé, qui reprenait à chaque fois ces trois éléments.

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sanasan 12 février 2016 - 12 h 48 min

Merci de tes conseils !! Comme d’habitude c’est très complet 🙂
Je n’ai pas eu le même sentiment que toi concernant le seigneur des anneaux. Ils avaient certes, une quête commune, cela dit, chacun avait un intérêt particulier à faire cette quête… Non?
Plus belle la vie!!! ah ah ah… Bien sur qu’on a tous nos petits secrets 😉 Je regardais Hélène et les garçons tous les soirs quand j’étais ado 😉

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Marièke 12 février 2016 - 13 h 39 min

Bah, ça m’a pas marqué pour le Seigneur des Anneaux. Aragorn avait effectivement une quête bien à lui, de même que Frodon et Gandalf, mais je trouvais que tous les autres étaient venus parce que leur peuple le leur avait demandé… Sam, Pipin et Merin sont là parce que Frodon est leur ami / leur maître.
On a chacun nos péchés inavouables… Je ne regarde plus PBLV depuis presque 10 ans, cela dit 😉

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Francis 21 août 2017 - 2 h 14 min

Merci pour l’article, j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire. Je suis à mon premier roman. Par conséquent, je consomme sans modération les conseils.

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Marièke 27 août 2017 - 11 h 20 min

🙂 Contente qu’il ait pu vous être utile !

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Théa 11 août 2019 - 18 h 13 min

Cet article était exactement ce qu’il me fallait.
Ce blog est une mine d’or ! Grâce à vous j’ai enfin réussi à poser une intrigue principale. Sauf que j’en ai oublié ce que devenait certains personnages qui avaient déclenché l’histoire du début… alors l’idée de tableau va bien m’aider!

Reply
Marièke 20 août 2019 - 8 h 52 min

Merci pour ton message ! Contente d’avoir pu t’aider 🙂

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Paprika 30 mai 2021 - 20 h 31 min

Raaaaahhhh, je me rends compte en lisant les dernières lignes que je me suis peut-être attaquée a un trop gros poisson… Parce qu’avec tous mes personnages, je vais galérer… D’ailleurs, une chose qui n’a pas été abordée sur ce blog (ou j’ai pas trouvé…) en rapport avec les personnages; la quantité de personnages Principaux et secondaires pour que ce soit gérable? Car dans mon cas actuel, j’ai une douzaines de personnages principaux avec lesquels je jongle. Pour les gérer je pensais alterner les points de vue d’un a l’autre et parfois en vue externe, mais j’ai peur que ça devienne un peu incompréhensible, qu’en pensez-vous?

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Marièke 4 juin 2021 - 18 h 59 min

Bonjour, bonne remarque je n’ai jamais parlé du nombre de personnages ! 15 personnages principaux ça me semble effectivement beaucoup et ça va nécessiter beaucoup de pages et de chapitres pour leur donner une voix et une histoire. JRR Martin (Games of Throne) a environ une quinzaine de personnages point de vue dans son texte — mais effectivement il a fait 5/6 livres et ce sont des pavés !

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Paprika 6 juin 2021 - 20 h 44 min

En réfléchissant, je crois que je vais me focaliser sur 5-6 personnages pour les points de vue, je pense que je me perdrais moins moi-même et que ceux qui liront derrière aussi… Reste que je ne sais pas comment aborder le changement de point de vue… J’ai déjà eu vu des livres ou le chapitre était nommé du point de vue du personnage ou des ébauche ou il était noté au départ mais je ne sais pas ce qui est le plus « propre ».
Au pire je verrais en cours de route comment je goupille mon truc… Je ne tiens pas a faire 5 livres, je n’y arriverais jamais…

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