Eviter le verbe Être : 4 astuces à essayer

by Marièke

Bonjour à toutes et à tous,

Ce matin, on se retrouve pour un sujet que j’ai eu envie de traiter après avoir passé trois heures à relire deux chapitres de mon nouveau roman Le Refuge la semaine dernière, à l’occasion du Mazarine Book Day*. Comment éviter le verbe Être quand on écrit en français ? Je me suis remuée les méninges pour vous trouver 5 astuces – n’hésitez pas à me confier les vôtres en commentaires !

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Pourquoi éviter le verbe Être

Le verbe Être comme le verbe Avoir sont des auxiliaires en langue française. Autrement dit, ils sont des faire valoir pour d’autres verbes et d’autres formes verbales. En plus de son utilisation pour ce qu’il est, le verbe Être, on le retrouve dans le passé composé, dans la voix passive… Les occurrences au verbe Être peuvent vite rendre votre écriture et votre style simples  sinon simplistes et lourds.

#1 On mise sur le vocabulaire

La première astuce de mon arsenal pour éviter le verbe Être consiste à le remplacer par un verbe plus précis. Cela a plusieurs effets. D’une part, cela évite une répétition du verbe Être et d’autre part, cela permet d’avoir une écriture plus complexe. Changer de vocabulaire peut changer la phrase : attention à conserver un sens similaire 🙂

Exemples

Sa maison était grande et belle. => Il habitait un manoir. // Il habitait une grande et belle maison.
La forêt était dense et épaisse. => La densité et l’épaisseur de la végétation au sein de la forêt rendaient la progression compliquée. // Les ronces recouvraient le sol et courraient d’arbres en arbres. Ces derniers, rapprochés, cachaient ciel de leur feuillage dense et épais.

#2 On supprime la voix passive

La voix passive est une construction de phrase qui met le COD en position de sujet. En d’autres termes, c’est ce (l’objet, la chose, la personne) qui subit l’action qui devient sujet. Utiliser la voix passive permet de mettre l’emphase sur le COD en la mettant en début de phrase. Cela peut permettre de créer des effets de style mais cela ajoute un verbe Être supplémentaire dans la phrase : repasser à la voix active permet de supprimer le verbe Être – mais crée un effet différent.

Exemples

La souris est mangée par le chat. => Le chat mange la souris.
Elle a été violée par cet homme. => Cet homme l’a violée.
Alexandrine était choquée par le comportement de Lucas. => Le comportement de Lucas choquait Alexandrine.

#3 On réorganise sa phrase

Pour supprimer l’occurence d’un verbe Être, réorganiser la phrase pour le remplacer ou le supprimer est une bonne solution. Je vous donne deux effets qui peuvent fonctionner : la permutation et l’ellipse.

1) La permutation

La permutation consiste à changer d’endroit les groupes de mots qui fonctionnent ensemble dans une phrase. Cela permet de remanier entièrement une phrase sans en altérer le sens. (A noter : c’est aussi un bon outil pour éviter un enchaînement de phrases semblables).

Alexandrine était une jeune femme de taille moyenne, aux yeux

2) L’ellipse du verbe

L’ellipse du verbe est un outil de la grammaire française qui permet de remplacer un verbe par une virgule quand celui-ci a déjà été donné une fois.

Exemple

Lucas était grand, Alexandrine était plus petite. => Lucas était grand, Alexandrine, plus petite.

#4 On joue de la répétition

Ici, il ne s’agit pas d’éviter le verbe Être mais de l’atténuer – c’est aussi un effet que l’on recherche dans le cadre d’une réécriture. J’ai sélectionné deux figures de style que j’aime bien utiliser.

1) L’anaphore

On a beaucoup parlé de l’anaphore lors du discours de François Hollande contre Nicolas Sarkozy en 2007, avec son fameux « Moi, Président » répété en début de phrase à plusieurs reprises. C’est ça, l’anaphore : le fait de répéter plusieurs fois un ensemble de mots en début de phrase pour les mettre en exergue.

Exemple

Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli.

Paul Eduard, Au rendez-vous allemand (1944), Gabriel Péri

Le verbe Être ici répété n’est pas lourd car il participe à un groupe de mot et à un effet de style.

2) L’accumulation

Contrairement à l’anaphore qui provoque un effet de répétition en début de phrase, l’accumulation intervient au sein d’une même phrase. Elle revient à accumuler, additionner plusieurs mots, dans le but de donner beaucoup d’informations.

Exemple

Il était fatigué, choqué, abimé, démoli.

*****

Vous avez d’autres moyens de supprimer le verbe Être quand vous le retrouvez trop souvent dans vos textes ? Quels sont-ils ? Partagez-les avec moi dans les commentaires 🙂

Beau weekend à toutes et tous !

Marièke

*Vous vous demandez ce qu’est le Mazarine Book Day ? Allez voir mon article de l’année dernière sur cette rencontre unique entre éditeur·trice, lecteur·trice et auteur·trice.

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14 comments

Denise Robert 23 mars 2019 - 14 h 15 min

Bravo pour le cours 101 pour les nuls. Les religieuses nous enseignaient l’écriture sans les verbes avoir et être. Le bon vieux temps de la torture mentale qui faisait de nous des gens instruits. Les journaux ont besoin de ton aide pour mieux contruire les phrases. Merci

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Lucie 24 mars 2019 - 17 h 23 min

Merci beaucoup pour cet article bien sympathique m’a foi ! Il m’a beaucoup fait réfléchir et donné quelques idées de phrase pour la suite. Bon courage à toi

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Marièke 21 avril 2019 - 15 h 07 min

Merci pour tes encouragements !

Reply
Valérie 29 mars 2019 - 18 h 31 min

Bonjour, je vous suis depuis qq temps et trouve vos commentaires extrêmement pertinents. J’ai remplacé effectivement les verbes « être » et « avoir » quand cela était possible, pour une dizaine de pages de mon roman et le résultat est bluffant!!!! Merci beaucoup.
Par contre je ne partage pas tout à fait votre conseil quant à la voix passive. Entre « elle a été violée par cet homme et cet hô l’a violée, la différence est de taille si le roman est écrit du point de vue de « elle ». Je préfère décomposer et ds le passage concerné écrire des phrases très courte. Je trouve l’effet plus pertinent : anéantie par le viol, cet homme ne la quitterait plus, elle le savait, même avec le temps qui arrange tout. Ces dictons conviennent pour d’autres douleurs, pas la sienne….

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Marièke 21 avril 2019 - 15 h 12 min

Bonjour, oui, les mots que l’on choisit ont toujours un impact sur la phrase et sur ce qu’on dit ! Tout dépend de votre style, il n’y a pas de meilleure méthode 🙂

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Valérie 29 mars 2019 - 18 h 32 min

Oups : courtes

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MONIQUE SQUARCIAFICO 5 avril 2019 - 16 h 31 min

Bonjour,
J’aime lire votre blog chaque fois qu’il paraît, il est utile et vos conseils sont judicieux, ils méritent toute notre attention.
Je voudrais vous remercier pour le temps que vous y passez. Rien que pour discuter un moment avec nous.
Sachez qu’il y a sûrement beaucoup de lectrices heureuses de vous lire, mais qui ne se donnent pas la peine de commenter. On prend, mais on ne donne rien.
Je peux comprendre que vous soyez déçue. Pensez à ceux qui vous aiment bien et qui ne vous le disent jamais.
Vos conseils sont précieux et utiles.
Mille fois Merci !

Reply
Marièke 21 avril 2019 - 15 h 16 min

Merci pour vos encouragements ! 🙂

Reply
Crazy 8 avril 2019 - 13 h 55 min

Hello

Il ne manquerait pas quelque chose dans l’exemple de la permutation ? 😉

Par ailleurs, un de mes soucis personnels est le manque de vocabulaire de certains de mes personnages, si tu as des solutions de ce côté… ^^

Reply
Marièke 21 avril 2019 - 15 h 20 min

Ahah oups ! Si !
Un manque de vocabulaire de tes personnages ? Dans quel sens ? Quand tu leur attribues une voix, tu n’arrives pas à t’y tenir par exemple ? Ou tu n’as pas assez de vocabulaire pour leur donner un ton particulier ?

Reply
Crazy 22 avril 2019 - 17 h 14 min

Je veux dire que (certains de) mes perso ont une éducation succincte et manquent de vocabulaire. Donc quand ils s’expriment, notamment via leur point de vue, je ne peux pas utiliser des mots trop compliqués/recherchés, et ça devient donc dur d’éviter les répétitions 😉

Reply
Marièke 12 mai 2019 - 7 h 34 min

C’est évident. Pour ces personnages là, peut-être peux-tu raccourcir les temps de description et être plus dans l’action ? On peut imaginer que quelqu’un « limité » dans le vocabulaire de ses pensées ne pensera pas autant (ou différemment) d’un personnage à l’éducation plus poussée et au vocabulaire plus aisé. Et dans ce cas, les répétitions font partie du style ! A toi de voir dans quelle limite les répétitions sont acceptables pour ton lectorat !

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Crazy 22 avril 2019 - 17 h 16 min

(et je ne vois toujours pas la fin de l’exemple de Permutation 🙁 )

Reply
Lorenzo Villard 10 mars 2022 - 8 h 27 min

Salut !
Je pensais déjà à miser sur le vocabulaire et réorganiser ma phrase, car selon moi il indique souvent une facilité dans les descriptions. On le voit bien avec ton exemple de « la forêt était dense » ; une description précise et plus vivante fait naturellement disparaître le verbe être.

Cela dit, je n’avais jamais pensé à jouer de la répétition du verbe être, de temps à temps. Je vais tester ça, à l’occasion !

PS : Dans le paragraphe #3, le premier exemple est coupé.

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