Être parent et écrivain : ça change quoi ?

by Marièke

Écrire est une activité solitaire. Pourtant, l’écrivain n’est pas forcément un être solitaire : certains écrivains sont en couple, d’autres ont une famille. C’est à ces derniers que je me suis intéressée dans un petit questionnaire que j’ai partagé mi-août dernier. J’avais envie de savoir comment se combinaient  être parent et écrivain. Aujourd’hui, je partage leurs réponses.

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Une pratique de l’écriture qui change

Le manque de temps

Méthodologie
Comme à chaque fois que je fais ce type d’article, j’aime être précise dans mes données.
11 parents ont répondu :,> 9 entre 34 et 55 ans et 2 entre 24 et 35 ans
> 10 femmes et 1 homme
> 4 ont 1 enfant, 5 en ont 2, 1 en a 3 et 1 en a plus
Vous pouvez jeter un coup d’œil aux questions du questionnaire par ici.

Avoir un enfant change son rapport à l’écriture (du moins pour 64 % des répondants) et ce, d’abord parce que le temps vient à manquer. 9 parents sur 11 disent avoir moins de temps pour écrire — ce qui se comprend sans explication. 🙂

« J’ai beaucoup moins de temps entre l’école, les activités et bien sûr prendre soin d’eux, ce qui me freine grandement dans mes projets. »

Le manque d’envie

Il y a aussi l’envie, qui est en berne, surtout dans les premiers mois / dans les premières années de la vie des enfants.

« Pendant que j’étais enceinte et pendant leurs premiers mois, je n’avais plus envie d’écrire puis c’est revenu et ça fait partie de l’organisation de ma vie, comme la famille, le travail… »

Le fait de se sentir coupable

Enfin, 33 % des répondants (soit 3 parents sur 11) ont déclaré se sentir coupable d’écrire depuis que leur enfant était né.

Et les techniques pour faire face

Pour combattre la course permanente entraînée par le fait d’avoir un (ou plusieurs) enfant(s), chacun des interrogés a mis en place des techniques.

  • La technique Geek. « Quand ma fille avait 3 mois j’ai écrit un NaNo avec le pouce sur mon iPhone pendant que je lui donnais le sein ou qu’elle dormait dans mes bras. »
  • La technique de la Diversion. « J’écris le soir, après 21 heures, lorsque le repas, les devoirs, etc. sont faits. Chacun vaque à ses loisirs (télé, tablette, pc, lecture, etc.) et moi j’écris. »
  • La technique du Réveil Matin. « Je me lève une demi-heure plus tôt 🙂 »
  • La technique Toutes les minutes comptent. « J’écris dès que je suis seule, le soir au lit, pendant ma pause déjeuner au bureau… » ou « J’écris le soir et pendant les siestes. »

La satisfaction au bout du compte

Grâce à ces stratagèmes, tous les répondants à mon petit questionnaire estiment que le fait d’être devenu parent a changé en bien leur pratique de l’écriture.

La pratique de l’écriture change

Le fait d’avoir un enfant modifie fortement la pratique de l’écriture. D’une part parce que l’enfant devient un des destinataires de l’écriture. Il est même une motivation : « Ma fille adore les histoires. Elle m’oblige à lui en inventer 1 à 2 chaque soir. C’est pire qu’un NaNo en continu ! »

D’autre part, le fait d’avoir un enfant amène certains des écrivains à passer une étape dans l’écriture. « Tout a changé en bien puisque maintenant j’écris plus et j’ai franchi le pas de l’auto publication. Je n’ai qu’une vie et je veux aussi que mes enfants comprennent que l’on peut poursuivre ses passions. » L’envie de lui transmettre l’idée qu’une passion est importante et de lui montrer que son père ou sa mère est trop cool et sait écrire des romans revient. « J’imagine mon enfant dire fièrement à l’école “moi, ma maman écrit des histoires” et ça me motive pour écrire et avancer vers la publication. »

L’écriture évolue aussi

Non seulement la pratique de l’écriture évolue avec la parentalité, mais, pour plusieurs des répondants, l’écriture elle-même s’améliore grâce à la parentalité. En effet, la description parents / enfants devient, selon eux, plus facile à développer.

« Je ne pense pas [que le fait d’être devenu parent] ait eu d’effet dans un sens ou dans un autre, sauf peut-être lorsque je dois décrire les réactions d’un papa ou d’une maman ! 🙂 »

« [Ma pratique de l’écriture] a changé en bien, on ne peut raconter une relation parent / enfant (du côté des parents) que lorsque l’on est soi-même un parent. »

Être parent et écrivain : comment ?

Au final, écrire et avoir un enfant semble compatible, à condition de savoir trouver un nouveau rythme. Ce dernier est souvent guidé par les besoins de l’enfant : « Il m’arrivait d’écrire toute la journée le week-end. Maintenant, je dois arrêter avec la fin de la sieste du petit. »

Pour conclure mon petit questionnaire, j’ai demandé aux parents de partager leurs conseils et leur expérience aux (futurs-)parents qui écrivent. De très bons conseils sont tombés et la plupart rappellent qu’il ne faut pas culpabiliser (ni envers ses enfants ni envers son manque d’efficacité dans l’écriture).

  • Ne pas se prendre la tête à cause du manque de temps : la frustration est mauvaise conseillère. Il faut profiter à fond des moments où l’on peut écrire !
  • Ne pas culpabiliser [par rapport à l’écriture, parce que l’on n’a pas le temps ou pas envie d’écrire], ça reviendra plus tard
  • Ne pas culpabiliser de prendre du temps pour une activité personnelle. Cela fait du bien aux enfants d’avoir des parents équilibrés qui font des choses autres que s’occuper tout le temps d’eux, ça leur donne un exemple de vie diversifiée et ça leur apprend aussi qu’ils ne sont pas (ou pas tout à fait) le centre du monde
  • À l’inverse, il est normal de profiter du moment où les enfants sont réveillés, surtout lorsqu’ils sont en très bas âge (quand ils ne jouent pas seuls). Même si vous avez des objectifs dans l’écriture, vous avez le droit de ressentir le besoin de profiter de vos enfants et de ne pas les confier à votre conjoint(e) ou à votre famille.
  • S’organiser mieux et/ou différemment

Dernier conseil

En plus de ces conseils que je trouve tous très pertinents, je rebondis sur l’un des conseils donnés par une maman auteur : « Apprendre à se plonger dans son sujet quand on n’a que 20 minutes. » Pour y parvenir, essayez d’écrire très régulièrement (le mieux étant quotidiennement). Ainsi, même si vous n’avez pas énormément de temps à donner à l’écriture (5 minutes par jour) vous parviendrez à rerentrer très rapidement dans votre sujet. Vous pourrez avancer malgré le peu de temps dont vous disposez (5 minutes sur votre pause déjeuner, 5 minutes avant de partir au travail / de quitter le travail, 5 minutes avant de vous coucher, 30 minutes pendant la sieste du petit…)

*****

Vous êtes vous aussi parent et vous souhaitez témoigner plus longuement sur l’évolution de votre rapport à l’écriture depuis que votre enfant est né ? J’ouvre une série de collaboration consacrée à cette question que je trouve super intéressante. N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez participer !

À jeudi pour un article surprise et vendredi, pour un article sur le développement des personnages.

Marièke

Crédit image : Un bébé qui dort… Vite ! C’est le moment de s’y mettre ! (Pixabay, CC0)

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2 comments

Malie 13 septembre 2016 - 10 h 38 min

Bonjour,
J’avais répondu à votre enquête (je crois d’ailleurs avoir reconnu une de mes phrases) et je voulais vous dire que cela m’a donner des idées pour mes propres projets: je suis animatrice d’atelier d’écriture et j’ai commencé à monter trois nouveaux ateliers spécialement dédiés aux parents:
-Ecrire pour ses propres enfants ( pour répondre à leurs rêves, leurs peurs qui leurs sont personnels)
-Tenir un journal littéraire de l’enfance (mettre en écriture les moments, les trouvailles que l’on souhaite conserver et/ ou transmettre)
-Ecrire des contes
Merci beaucoup!
Malie

Reply
Marièke 15 septembre 2016 - 16 h 21 min

Héhé ! Contente que ça ait pu te servir 🙂

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