Comment l’estime de soi affecte l’écriture

by Marièke

Bonjour à toutes et à tous,

On se retrouve ce matin pour un article qui, je l’imagine, devrait vous toucher et vous intéresser. Nous allons parler d’estime de soi – et je sais que vous êtes nombreuses et nombreux à lutter avec cette notion – et de comment cette dernière, qu’elle soit trop haute (oui, oui) ou trop basse, influe sur l’écriture.

Belle lecture !


L’estime de soi

L’estime, c’est le fait de connaître ses compétences et sa personne. Plus encore, c’est d’évaluer ses compétences de manière juste, sans les sous-estimer ni les surestimer. C’est enfin assimiler que l’on n’est pas ses capacités : une estime de soi saine est une estime de soi qui ne varie pas au gré des échecs et des réussites.

En d’autres termes : vous n’êtes ni vos réussites, ni vos échecs, ni même les compliments ou les critiques que l’on vous fait. Vous êtes vous.

Et arriver à cet état d’esprit, avoir une estime de soi saine, est un état de sérénité que j’envie : je ne suis pas certaine de l’avoir encore acquis 🙂

Il y a quelques mois, j’ai lu, dans un livre de développement personne dont je ne me souviens plus du titre – je vous le remettrai si je m’en souviens – que l’estime de soi peut affecter les comportements et la réussite qu’elle soit trop HAUTE ou trop BASSE. En d’autres termes, que toute mauvaise évaluation de ses capacités n’est pas bonne.

J’ai trouvé cette analyse très juste et c’est ainsi que j’ai décidé de découper mon article.

Les conséquences d’une faible estime de soi sur l’écriture

Lorsque vous éprouvez une mauvaise estime de vous-même, une mauvaise expérience – échec, critique – a tendance à remettre en question tout votre être. Plus encore, il est possible que vous ayez tendance à être en recherche de la reconnaissance d’autrui en choisissant d’effacer votre personnalité pour plaire et « bien faire ».

La peur de révéler vos écrits

C’est la plus évidente, je la mets en premier 😉

Si vous avez une faible estime de vous, il est très probable que vous ayez peur à l’idée de révéler vos écrits. Montrer ses écrits, c’est se mettre à nu.

Et si vous n’avez pas confiance en vous, si votre estime de vous n’est pas bonne, vous n’avez pas l’habitude de vous montrer sans masque et sans apparât. Pas étonnant que révéler vos écrits vous terrifie.

La peur d’aborder des sujets qui vous touchent

Les sujets qui nous bouleversent personnellement sont, là encore, très personnels. Les aborder dans un livre est, là encore, quelque chose de « dangereux » si vous n’avez pas confiance en vous.

Si c’est votre cas, vous aurez très certainement tendance à vous tourner vers des sujets plus consensuels ou qui touchent des personnes que vous respectez tout particulièrement.

La peur de traiter le genre qui vous touche

Si vous montrez de vous-même une image très sérieuse (ou très fun, ou très droite…), si vous avez créé un personnage qui diffère de vous-même pour évoluer en société, vous aurez très certainement du mal à écrire dans les genres littéraires qui vous le plus.

Pas facile d’assumer lire de la romance quand on se présente comme très intellectuel. Pas facile d’aimer la littérature blanche quand on s’est créé une image de gothique… et j’en passe 🙂 (Vous comprenez l’idée !)

La peur de la critique

Cette peur là est évidente, elle aussi.

Si la valeur que vous vous donnez varie en fonction des compliments et (surtout) des critiques que vous recevez, il y a fort à parier que sur vous, toute critique – même centrée sur votre roman – aura des effets violents et négatifs.

La peur de finir son roman

Finir son roman, c’est s’approcher du moment où vous allez devoir le révéler, le faire lire. Il y a quelque chose de rassurant à dire « Je suis en train d’écrire un roman » : il est alors facile de dire que vous ne souhaitez pas en parler… Mais comment refuser la lecture à autrui quand vous avez terminé votre texte ?

La difficulté à se relire, à se corriger

Être remis face au texte écrit est difficile car cela vous met face à votre imperfection. Les émotions négatives, tournées contre vous et vos erreurs, montent trop vite et sont désagréables, voire insupportables.

La peur de se faire confiance

Des années de mauvaise estime de soi sont dévastatrice. Le seul jugement qui a de la valeur à vos yeux n’est autre que… celui des autres. (Et d’autant plus s’il est négatif, car il ne vient que coller aux reproches que vous vous faîtes.)

Il vous est impossible de vous faire confiance ou de croire que vous pourriez bien faire.

La capacité à toujours se remettre en cause

Et par extension, vous avez certainement tendance à toujours vous remettre en cause en cas de critique. Si ce point peut être une qualité – c’est aussi un défaut si vous n’êtes jamais capable d’affirmer votre être et vos choix.

La difficulté à faire confiance OU au contraire, une naïveté

Inutile de dire que la relation aux autres est compliqué en cas de mauvaise estime de soi. Comme les autres sont les seul·e·s dont vous estimez le jugement et la reconnaissance, il est facile d’être embarqué dans une sorte de manège : mettre l’autre sur un piédestal, être « trahi·e » (car l’autre, tout aussi bien qu’il ou elle est, n’est pas parfait·e) et refuser de redonner sa confiance ensuite.

La difficulté à accepter les compliments

Les critiques, vous les écoutez. Les compliments, vous ne parvenez pas à les accepter et encore moins à les croire.

Le fameux syndrôme de l’imposteur

Le syndrôme de l’imposteur, c’est le fait d’avoir l’impression que la réussite dont on bénéficie n’est pas liée à nos propres actions mais à de la chance, à de la pitié et que sais-je encore.

La capacité à se complaire dans l’échec

A l’opposé, si l’échec intervient – et soyons honnête, ça arrive dans un parcours d’écriture – vous le percevez comme normal. Après tout, vous êtes nul alors pourquoi s’acharner.

En d’autres termes, lorsqu’on a une mauvaise estime de soi : on est responsable de ses échecs mais jamais de ses réussites – qui ne sont autres qu’un coup de chance.

Des solutions

Dans le cadre de l’écriture, je ne souffre pas de mauvaise estime de moi-même (j’aurais même tendance à plutôt tendre de l’autre côté pour ma part, mais on en parle juste après). Cela ne m’empêche pas d’avoir quelques solutions à vous soumettre : car c’est bien joli de vous balancer dans vos peurs, mais j’espère pouvoir vous donner un petit coup de pouce 🙂

Pendant l’écriture

Convainquez-vous que vous serez votre seul·e lecteur·trice : dans un premier temps, personne n’a à lire vos écrits. Ecrivez pour vous seul·e et profitez-en pour abattre les masques et écrire ce qu’il vous plait, à vous. Il n’y a personne pour vous juger….

Personne, sauf vous-même… Mon conseil serait de ne pas vous relire pendant que vous écrivez. Mettez de côté l’éditeur·trice en vous et ne vous relisez pas, ne vous corrigez pas. Ne revenez pas en arrière.

Pendant les corrections

C’est normal de ne pas avoir un premier jet parfait. C’est le cas de tou·te·s les plus grand·e·s auteurs et autrices de cette Terre ! Je vous propose ici des dizaines de ressources pour réécrire et polir votre premier jet et le transformer en diamant. Donc essayez, au maximum, d’accepter que ce que vous avez fait, parfois, est nul. C’est pas grave. Vous pouvez améliorer tout ça à la première, au deuxième ou à l’énième passage.

Forcez-vous à envoyer votre texte à un ou une bêta-lecteur·trice. Evitez de prendre quelqu’un de votre famille – c’est une solution de facilité mais c’est souvent le meilleur moyen pour vous prendre vos peurs en pleine tête. Envoyez votre texte avec un questionnaire pour canaliser les retours et vous détacher de votre texte au maximum.

Pendant la phase de soumissions

Si vous parvenez à aller jusque là, félicitations, déjà 🙂 Vous vous mettez en danger, vous sortez de votre zone de confort et acceptez de vous mettre à nu devant des étrangers alors, voilà, félicitations !

Mon conseil serait de ne pas accepter l’échec. Dans l’édition classique, si vous recevez un « Non » envoyez votre texte à nouveau. Bien sûr, il est possible que votre roman ne soit finalement pas accepté – comme 99% des romans soumis, ce n’est pas que vous 😉

Les conséquences d’une haute confiance en soi

Avoir une haute estime de soi, c’est se donner (et se voir avec) plus de valeur que ce que l’on a. C’est, surtout, se conforter dans cette haute image de soi-même et n’aimer de soi que cette haute image de soi-même. Tout élément venant fragiliser cette haute image – critique, échec – vient faire vaciller tout l’édifice et potentiellement fragiliser l’image que l’on a de soi.

C’est un peu comme les femmes qui se maquillent énormément et qui n’aiment chez elles que leur visage maquillé – au point qu’elles ne supportent plus leur visage démaquillé et qu’elles se trouvent laides sans maquillage. Chaque critique revient à gratter le maquillage et à dévoiler une « laideur » qu’elles ont oublié chez elles.

D’expérience, il est plus commun d’avouer une faible estime de soi plutôt qu’une haute estime de soi alors que les deux peuvent se confondre assez fortement. C’est pourquoi je me permets de pousser ici la description ! D’ailleurs, il arrive que certaines personnes aient une forte estime d’elles-même dans un compartiment de leur vie et une faible estime d’elles-même dans un autre : c’était mon cas à moi. Mais je me soigne XD

Une haine de la critique

En venant remettre en cause l’image parfaite que vous vous renvoyez, la critique est l’ennemi numéro 1 des personnes qui ont une haute estime d’elles-même.

Pire : si vous émettez une critique à une personne qui a une haute estime d’elle-même, il est possible que vous soyez instantanément sortie de sa vie ou mis·e de côté.

Une haine de l’échec

L’échec est tout autant violent que la critique. En venant fragiliser l’estime que vous vous portez, il vous renvoie aux faiblesses que vous portez et cachez en vous. Il ébranle les certitudes et peut être dévastateur s’il n’était pas du tout envisagé.

La naïveté : les compliments sont une drogue

Si une personne ayant une mauvaise estime de soi n’entend des autres que les critiques – qui viennent appuyer ses propres pensées – une personne ayant une haute estime d’elle-même n’entend que les compliments – en ce qu’ils renforcent ce qu’elle croit et montre.

En cela, une personne ayant une forte estime d’elle-même peut assez facilement être manipulée et est sensible aux appels de la célébrité. Je vous parlais récemment de l’édition à compte d’auteur qui piège leurs auteurs en leur faisant miroiter la réussite : une personne ayant une forte estime d’elle même a de fortes chances d’être attirée par ce type de discours.

La difficulté à se remettre en question

Toute remise en question est impossible pour une personne ayant une forte estime d’elle-même puisque son personnage est parfait. Se remettre en question, ce serait d’abord casser l’image de perfection qu’elle renvoie pour venir ensuite interroger la personne qu’elle est sous cette carapace…

La difficulté à accepter l’intervention de l’autre

De même, si vous êtes persuadé que votre texte est parfait et que seul·e vous savez ce que vous voulez dire et comment, vous aurez du mal à accepter les modifications et les interventions d’autrui sur votre texte… car vous percevez toute remarque comme une critique, voire comme une critique personnelle.

La difficulté à accepter le travail éditorial

Par extension, accepter de travailler avec une maison d’édition pour le développement de votre ouvrage peut être très compliqué. Vous seul·e savez ce qui est le mieux pour votre texte. Vous seul·e savez le titre, l’illustration et le résumé que vous voulez pour votre livre.

Accepter de ne pas savoir, de ne pas être compétent·e, c’est une preuve de faiblesse.

Des solutions

Dans le cas d’une trop haute estime de soi, les solutions sont assez compliquées car cela passe forcément par une phase de destruction de l’image parfaite que vous vous êtes construit·e. Il s’agit d’accepter que l’imperfection est belle, que vous avez le droit d’être comme vous êtes et que les gens ont le droit de vous aimer comme vous êtes.

La très haute estime de soi est plus particulièrement problématique à la réécriture, à la soumission de son roman et à l’édition. A la réécriture, car il s’agit d’accepter que son texte n’est pas parfait. Et à la soumission, car il peut y avoir échec. Et à l’édition, car vous vous retrouverez confronté aux critiques d’un·e professionnel·le.


Nous arrivons à la fin de ce long article que je suis contente d’avoir écrit pour vous.

Dernier point et non des moindres d’une ancienne complexée : vous êtes votre seul·e remède. Et cela vaut plus largement que pour l’écriture. La solution ne viendra pas des autres – vous ne croyez pas leurs compliments après tout ! – mais de vous. C’est vous et votre regard sur vous qui doivent changer. Acceptez vos forces et vos faiblesses, et acceptez qu’elles ne vous définissent pas si vous avez choisi d’être une « bonne » personne (du moins ce qui vous semble être une « bonne » personne).

Avez-vous déjà repéré ces pensées et ces doutes chez vous ? De quelle manière ce sont-ils manifestés ? Comment impactent-ils votre écriture ?

Belle fin de semaine,

Marièke

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4 comments

Enirtourenef 20 juin 2020 - 11 h 43 min

Tiens, c’est drôle, mon article d’hier parlait un peu de ça !

Je dirais qu’ici, il est plus question de confiance en soi/sentiment de compétence que d’estime de soi. L’estime de soi englobe bien le sentiment de compétence, mais elle englobe aussi l’attitude envers soi, la valeur que l’on s’accorde, etc. C’était l’objet de mon article, d’ailleurs ! 😉

La peur de se faire confiance est reliée à la peur de révéler les écrits, je pense. Si on révèle nos écrits, alors les autres pourront les critiquer et ce sera la preuve qu’on est nul. Je ne sais pas si par peur de révéler mes écrits et qu’on me fasse des critiques, mais je ne poste pas mes textes sur mes blogs ou forums, etc. Je pense que j’ai aussi peur de d’indifférence !

Juste une petite remarque sur une faute d’orthographe (je me permets) : « vous êtes construit·e » pas besoin du point-milieu, qu’on soit homme ou femme, c’est l’image qui s’est construite 😉 Pareil ici : « seul·e remède » c’est « un remède » pas « une remède » qu’on soit homme ou femme !

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Marièke 14 août 2020 - 18 h 37 min

Oui, c’est un sujet vaste et il n’est pas trop de deux articles pour le traiter 😉 Oui, la confiance en soi, l’estime de soi, le syndrome de l’imposteur… tous ces sujets sont liés mais ne s’expriment pas, chez tout le monde, de la même façon et pour les mêmes raisons ! On est tous différent·e·s !

Oups, oui, je fais quelques coquilles de temps en temps 😉

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Caroline 29 septembre 2020 - 12 h 18 min

J’ai un véritable coup de coeur pour cet article qui me touche personnellement.

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Marièke 30 décembre 2020 - 18 h 52 min

Pas facile de se débarrasser de ses peurs et de ses complexes ! Bon courage à toi et belle écriture !

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