L’écriture automatique en écriture

by Marièke

Bonjour à toutes et à tous,

Aujourd’hui, on va parler d’une nouvelle méthode pour bosser un roman, méthode un peu particulière que j’utilise pour poser mes idées quand elles tournent depuis trop longtemps. J’ai nommé : l’écriture automatique.

En vogue en ce moment avec la montée des livres et réflexions sur le développement personnel (miracle morning, journaling, méditation), mais aussi liée aux pratiques ésotériques, l’écriture automatique est étonnante – voire inquiétante. Il s’agira ici de voir comment elle peut s’intégrer à votre travail de réflexion / préparation / corrections de vos textes.

*****

L’écriture automatique, c’est quoi ?

L’écriture automatique consiste à laisser sa main écrire de façon « automatique » comme son nom l’indique. Autrement dit, sans que la réflexion guide le process : le but est d’aller chercher les informations et les pensées au plus profond de soi-même sans passer par l’étape jugement / organisation / rangement. Il s’agit de tout sortir, sans aucun filtre.

Comme je vous l’indiquais en introduction, cette méthode est utilisée dans plusieurs discipline, notamment dans la méditation et l’ésotérisme. Si vous cherchez écriture automatique dans Google vous pourrez repérer qu’elle est effectivement associée à différents rites.

Dans cet article, je ne cherche en aucun cas à me rapprocher de ces rites ni même à les commenter, en bien ou en mal. Je compte simplement vous expliquer concrètement comment je fais appel à l’écriture automatique en écriture.

Quand utiliser l’écriture automatique en écriture ?

Je fais toujours appel à l’écriture automatique quand je suis dans une phase de réflexion – soit pendant la phase de planification, soit ensuite, quand je rencontre un problème dans l’écriture.

J’utilise cette technique quand le retournement de cerveau et le brainstorming n’ont pas fonctionné. Mes idées sont mures, secouées, mais rien en sort. L’écriture automatique me permet d’essorer mes idées existantes et parfois, d’en faire apparaître d’autres.

Comment je la pratique ?

Pas de bougie, de cercle ou de réelle préparation. Je m’arrange simplement pour être seule – ou au moins d’avoir une fenêtre sans distraction sociale d’au moins 15 minutes. Je prends un stylo et une feuille et je commence à écrire.

En général, dans les premiers instants, je réfléchis et suis bloquée. Le plus difficile est de se lancer et de commencer à écrire. Pour démarrer la machine des pensées, je pose toujours :

  • ce que je sais pour sûr (le caractère d’un personnage que je connais, une scène qui me parle, le début de mon histoire…)
  • le problème que je rencontre (un obstacle infranchissable…)

Et je commence à broder à partir de là. Mes idées s’enroulent et se déroulent sous mes yeux pendant que ma main écrit tout ce qui me vient.

Mes sessions durent 10 à 15 minutes, jamais beaucoup plus… En général, les déblocages arrivent très vite chez moi et j’ai envie de revenir à un mode d’écriture plus organisé.

Quelques notes pour commencer

#1 Calmer l’éditeur en vous

Bien entendu, l’éditeur en vous va chercher à corriger, bloquer, se moquer… Mais ce n’est pas grave, continuez. Écrivez en vrac, sans retenue. Personne ne verra ces lignes.

C’est facile de dire ça, moins facile à réaliser en vrai. La vérité c’est que vous allez bloquer la première fois mais que les pensées que vous allez construire en pratiquant vont vous aider à avancer dans votre réflexion… Ce sera toujours ça de gagner. Avec la pratique, vous apprendrez à moins vous contrôler.

#2 La forme de votre écriture

D’après moi – j’avoue ici ne jamais avoir lu de livre dédié à cette pratique, l’écriture automatique n’a pas forcément à être de l’écriture. Chez moi, la réflexion se caractérise souvent par des schémas, des ronds, des traits, des flèches, des mots jetés en vrac sur la feuille.

#3 La forme de votre session

Comme toute méthode d’écriture, je dirais qu’il n’y a pas une seule façon de pratiquer l’écriture automatique. Cherchez les solutions qui vous permettent au mieux de libérer vos freins et vos peurs et écrivez à partir de là.

Si vous n’avez besoin que de quelques minutes pour avancer, c’est parfait. C’est en général mon fonctionnement : dès que les idées affluent, j’éprouve le besoin de les réorganiser pour éviter de me sentir dépassée.

Si au contraire, vous avez besoin de jeter des mots sur le papier à la vitesse de l’éclair et bien… Faites-le.

Cet outil est là pour vous aider : il n’y aura que vous pour vous juger à la fin de la session 😉

Qu’est-ce que je retire de ces sessions ?

Les sessions d’écriture automatique me permettent plusieurs choses :

D’abord, de me réserver un temps ‘non productif’ dédié uniquement à la divagation des pensées. Je m’autorise ce genre de temps quand je prends une douche ou promène mon chien mais le fait de les fixer sur papier rend mes pensées plus organisées. J’aime m’autoriser ce temps de réflexion face à une feuille de papier car j’ai toujours l’impression de beaucoup avancer.

Ensuite, d’apprendre à mieux connaitre ses personnages. Certains auteur·trice·s choisissent de vivre la séquence d’écriture automatique à la place de leur personnage. (En d’autres termes, c’est leur personnage qui écrit automatiquement et déverse ses émotions.) Cela peut être libérateur pour découvrir les tréfonds d’un personnage que vous ne connaissez pas encore assez.

De découvrir des tournures de phrases nouvelles, aussi. C’est dingue à quel point l’esprit, quand il n’est pas maitrisé par le petit éditeur qui est assis sur notre épaule, peut proposer des images intéressantes et des phrases percutantes.

Enfin, de trouver de nouveaux embranchements d’intrigue. Le fait de n’ignorer aucune possibilité est bénéfique pour la créativité. Par exemple, quand je suis en phase de correction, j’ai parfois tendance à être fainéante : « cette solution est intéressante mais il faudrait réécrire intégralement les 6 derniers chapitres… » En passant par l’écriture automatique, ce mais de fainéantise saute. Tout devient possible et les meilleures solutions (même les plus lourdes de conséquences en terme de travail éditorial) s’imposent.

*****

De façon générale, je ne peux que vous conseiller d’essayer de tenter l’écriture automatique si vous avez tendance à avoir du mal à poser et à organiser vos idées. Commencez par les laisser tourner dans votre tête, avant de passer par l’étape « feuille de papier ». Il ne vous restera plus qu’à sélectionner et à réorganiser tout ça !

Avez-vous déjà fait usage de l’écriture automatique en écriture ? Qu’en pensez-vous ?

A demain pour une nouvelle newsletter,

Marièke

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18 comments

Chera Hasnor 13 septembre 2019 - 11 h 20 min

Personnellement je commence toujours mes sessions d’écriture par un moment d’écriture automatique comme tu en avais parlé dans un journal d’écriture ! Mais je m’en sers davantage comme un journal intime, j’y pose tout ce qui me passe par la tête, que ce soit comment je me sens, si je suis fatigué ou de bonne humeur, si je suis stressé, si je n’ai pas du tout envie d’écrire mais que je me force devant ma clavier etc… Mais aussi mon ressenti sur mon projet, à quelle scène je vais m’attaquer aujourd’hui, si quelque chose me dérange ou si je suis confrontée à un problème.
Bref, je sors tout ce que j’ai à dire. Ça me permet d’une part de mettre de côté toutes mes pensées et tracas le temps d’écrire, mais également à dédramatiser l’écriture : si je passe 15-20 minutes à déverser des phrases sans queue ni tête ou à pester sur mon chat qui m’a réveillé la nuit, quand je me mets face à mon projet, je peux m’y remettre plus facilement. Ça me sert en quelque sorte de transition, pour me débarrasser un peu de la pression que ça peut être d’écrire…

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Marièke 6 octobre 2019 - 15 h 05 min

J’aime bien cette façon d’utiliser l’écriture automatique, c’est comme une sorte de rituel, si je comprends bien.
Je n’en ai pas trop parlé dans cet article car, dans ta façon d’utiliser l’écriture automatique, on est plus dans le développement personnel (pour canaliser ses émotions et ses pensées) que dans l’écriture de fiction 🙂

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Clarisse Poren 13 septembre 2019 - 12 h 38 min

C’est amusant, tu postes cet article pile le jour où je voulais essayer l’écriture automatique pour la première fois. Les grands esprits se rencontrent 😉
Plus sérieusement, je voulais mettre l’accent sur le fait que l’écriture automatique peut servir à dépasser certaines angoisses d’écrivain. Dans mon cas par exemple, je souffre d’un manque de confiance terrible en ma capacité à bien écrire ; tout ce qui sort de ma plume me parait laid et plat, ce qui me bloque. En vérité, c’est surtout parce que je réfléchis 1000 ans sur une même phrase, piétine et me décourage. Dans ce cas, je pense que l’écriture automatique peut être une bonne solution pour arrêter d’être tenté de se relire sans cesse et avancer, avancer, avancer coûte que coûte. Il se peut même qu’après relecture, ce qui est sorti naturellement de votre esprit ne soit pas si mauvais que ça !

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Marièke 6 octobre 2019 - 15 h 06 min

C’est vrai que ça permet de tuer l’éditrice en toi 🙂 Dans la même veine, si tu es très dans l’auto-censure, je t’invite (si tu ne le connais pas encore) à regarder le NaNoWriMo : c’est un événement d’écriture en novembre qui consiste à produire beaucoup plutôt qu’à produire bien 🙂 C’est un bon moyen de s’obliger à écrire coûte que coûte 😉

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Jean 14 septembre 2019 - 14 h 21 min

Je suis bien étonné que les « spécialistes » de l’écriture automatique, c’est-à-dire les surréalistes,ne soient pas nommés ici. Difficile de dire s’ils l’ont inventée (elle a peut-être toujours plus ou moins existé, d’une manière comparable à celle des arts bruts: les créations d’originaux ou de fous sans formation académique) mais ils l’ont prônée avec ardeur comme un moyen de laisser libre cours à l’inconscient et au hasard, par rejet de la discipline littéraire traditionnelle, mais aussi par goût de l’exploration. Une chose qui est drôle c’est que la démarche apparemment la plus opposée qui soit, l’écriture dans le respect de contraintes arbitraires (l’Oulipo), donne parfois des résultats très voisins. En revanche, j’ignorais complètement que l’écriture automatique faisait partie des techniques de groupes ésotériques: mais il est vrai que l’ésotérisme est une des sorties pour ainsi dire du surréalisme. Intéressant en tout cas.

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Marièke 6 octobre 2019 - 15 h 12 min

Bonjour Jean. J’avoue que je ne savais pas que les surréalistes utilisaient cette méthode, tu me l’apprends ! Merci pour cet apport à l’article 😉

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anne gourlaouen 14 septembre 2019 - 14 h 26 min

Bonjour Marièke, votre article m’a plu, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, mais celui-ci m’a particulièrement intéressée. En effet, écrire de cette façon, en tentant de ne pas se contrôler, fait ressortir des choses qu’on ne met généralement pas sur l’écran. Elles viennent de notre moi profond, et par pudeur ou inhibition, elles ne franchissent pas les barrières que nous nous mettons. En automatique, les filtres sautent.
Le vocabulaire, entre autres, devient libre.
Marièke, merci pour ce que vous m’apportez. C’est une aide très utile. Anne

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Marièke 6 octobre 2019 - 15 h 13 min

Bonjour Anne ! Oui, c’est vraiment le sens de cette méthode : se libérer 🙂
(Merci aussi pour votre message encourageant !)

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Jean 14 septembre 2019 - 14 h 28 min

Wikipédia dit l’essentiel sur la question, avec en prime un paragraphe plutôt allumé sur la peinture, peut-être écrit en roue libre…

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Marièke 6 octobre 2019 - 15 h 14 min

Oui, les articles de Wikipédia sont assez complets 😉

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ioulia 14 septembre 2019 - 14 h 44 min

J’adore l’écriture automatique ! Mais je ne l’utilise pas pour écrire mon roman car, lorsque je me relis, je ne suis pas satisfaite. Mais mes poèmes sont écrits en écriture automatique, souvent, comme mon journal.

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Marièke 6 octobre 2019 - 15 h 16 min

L’écriture automatique est un outil pour sortir ses pensées et les jeter sur le papier. Elle peut permettre aussi de sortir de belles phrases et jolies images. Mais, c’est évident, il faut retravailler les textes issus de l’écriture automatique pour leur apporter de la structure ! 🙂

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Junara 14 septembre 2019 - 16 h 23 min

Encore un article très intéressant, qui donne envie de s’essayer à l’écriture automatique… cela va sans doute m’être utile pour mes nouvelles !

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Marièke 6 octobre 2019 - 15 h 19 min

Merci pour ton commentaire ! Je suis curieuse d’avoir ton retour quand tu l’auras essayée !

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Hyldakae 20 septembre 2019 - 14 h 31 min

J’aurais beaucoup de mal à me laisser aller en écriture automatique, je crois, en particulier en écrivant à la main. Mais il est vrai que c’est une technique intéressante, et j’y songerai si jamais je suis bloquée.

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Marièke 6 octobre 2019 - 15 h 24 min

Coucou ! C’est évident que ce n’est pas facile et que tu t’autocensureras certainement les premières fois. Après, si ça ne te correspond pas et que tu trouves d’autres méthodes qui te permettent de te débloquer en cas de besoin, pas la peine de te forcer ! 🙂

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Estelle 20 octobre 2019 - 14 h 34 min

Quand tu dis : « réserver un temps ‘non productif’ dédié uniquement à la divagation des pensées » et bien c’est exactement comme cela que je vois l’écriture automatique. Moi qui écrit toujours avec mon PC, je ne fait de l’écriture automatique qu’avec un papier et un stylo. C’est un moment à part de totale liberté.

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Marièke 1 décembre 2019 - 16 h 56 min

Pareil que toi : j’ai beaucoup de mal à me sentir complètement relaxée quand j’écris sur ordinateur !

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