Dédramatiser l’écriture : six phrases toutes faites pour finir son roman

by Marièke

« Une de perdu, dix de retrouvées. » « Ça ira mieux demain. » « Le temps efface les peines. »

Ces phrases toutes faites qui servent à rassurer ceux qui échouent sont aussi banales à dire que désagréables à entendre. Elles contiennent pourtant un fond de vrai et je me suis mis en tête de voir ce que ça donnerait de les appliquer à l’écriture.

Six phrases toutes faites sont apparues comme une évidence. Elles résument en fait la solution que je mets aujourd’hui en oeuvre pour finir mes romans : il s’agit de dédramatiser l’écriture. Si l’écriture est un travail, elle est aussi, et avant tout, un loisir 🙂 Inventez, écrivez, profitez et finissez votre roman !

*****

Lorsque l’on écrit, il y a toujours un moment où l’écriture bégaie.

Le chapitre 22 ne veut pas se laisser écrire. Le personnage principal parait soudain fade. Le premier jet est si bazardeux que l’on ne sait pas comment le prendre. La septième relecture arrive à son terme et pourtant…

À quoi se raccrocher alors pour finir son roman ? À quel espoir, à quelles pensées positives ?

Demain sera un autre jour

Vous êtes fatigué. Vous vous êtes disputé avec votre moitié. Vous avez eu une mauvaise journée. Vous êtes sur les nerfs… Bref. Ce n’est pas une journée où vous êtes disposé à voir les choses en rose.

Dans un jour comme celui là, face aux doutes qui s’amoncellent, soit l’écriture est boostée (profitez-en !), soit elle est complètement annihilée. Si tel est le cas, optez pour un bon bain, un bon livre et une soirée sous la couette.

Sortez la tête de votre livre et revenez travailler dessus demain, quand ça ira mieux.

Faisons un break

À l’image de la proposition précédente, n’hésitez pas à faire un break avec votre roman si vous sentez que l’écrire vous épuise. Vous avez le droit de ne rien faire de temps en temps. C’est même plutôt bon.

Attention !

Si vous avez tendance à souvent ressentir une faiblesse au même moment (genre au milieu de votre roman que vous laissez ensuite en plan), faites une pause maitrisée : c’est normal de vous éloigner trois jours de votre roman pour y revenir plus motivé encore. Ce n’est pas normal de l’abandonner.

Si vous avez du mal à avancer, lisez les phrases toutes faites qui suivent, peut-être trouverez vous des pistes pour comprendre vos sentiments et évoluer.

Un problème après l’autre

J’ai naturellement une nature optimiste. Les problèmes ne m’effraient pas car j’ai appris à les saucissonner : je les découpe en morceaux et les traite les uns après les autres. C’est une excellente technique pour ne pas se sentir écrasée.

Votre histoire est bancale. En plus, votre personnage principal manque de personnalité. Du coup, vous doutez carrément de votre narration. Pris tous ensembles, ces problèmes sont déprimants. Si vous les séparez et établissez une to-do list, ce sera bien moins intimidant :

  • Finir l’histoire
  • Affiner l’histoire au moment de la première relecture (supprimer des passages, en ajouter d’autres pour rendre l’intrigue plus cohérente et expliquer les passages d’ombre –je vous fais bientôt un article sur la réécriture !)
  • Renforcer la personnalité du personnage principal à la deuxième relecture en refaisant une fiche de personnage et en retravaillant l’ensemble des scènes où il se trouve.
  • Réécrire l’ensemble en variant le point de vue

Cette technique ne réduit en aucun cas le travail à produire (elle aurait même tendance à en ajouter par rapport à quelqu’un qui sait tout faire à la fois). Elle a surtout l’avantage de permettre de se rassurer en organisant les étapes à venir.

Aux mêmes causes, les mêmes effets

Faire une erreur est normal. La répéter est stupide.

En d’autres termes, si vous connaissez vos défauts face à l’écriture, évitez de répéter toujours les mêmes schémas.

Vous êtes habitué à connaître un coup de mou au beau milieu de la rédaction de votre roman. Vous avez l’impression que vous ne savez plus de quoi vous parlez et vous vous perdez. Et pourtant, vous vous entêtez à ne pas faire de plan. Pourquoi ne pas essayer ? Qu’avez vous à y perdre ?

Accepte toi comme tu es

À l’image du conseil précédent, il est important de se connaître au moment d’écrire et de terminer un roman. Il ne sert à rien d’aller contre votre nature. Il est plus efficace de vous connaître et de jouer sur vos points forts.

Trouver les solutions qui vous conviennent

Si vous n’êtes pas du matin, rien ne sert de vous lever à 5h pour écrire. Cette motivation durera un temps mais vous arriverez vite à l’overdose. De même si vous aimez écrire dans le bruit : vous rendre à la bibliothèque vous énervera vite même si on ne cesse de vous dire que c’est LA solution. Ce n’est peut-être pas LA VÔTRE cependant.

C’est un peu la même idée que pour un régime alimentaire finalement : quelqu’un qui se force tout le temps à ne pas faire d’écart finit toujours par craquer et par reprendre du poids.

Assumez vos priorités

Si vous n’avez pas le temps en ce moment car vous avez beaucoup de travail et un nouveau-né qui vient d’arriver, repoussez simplement votre projet d’écriture ou découpez-le de façon à ce que vous puissiez le tacler.

Si vous savez que vous ne pourrez pas avoir plus de 10 minutes par jour pour vous, utilisez ces dix minutes au mieux : écrivez une page par jour, par exemple. Avec 365 pages en un an, vous aurez presque un roman.

En général, le temps ne manque pas : ce sont les priorités qui évoluent. Acceptez de voir bouger vos priorités et de vous y adapter.

Écrire pour le plaisir

S’il n’y a qu’une phrase toute faite dont vous devez vous rappeler après avoir lu cet article, c’est bien celle-là. C’est pour ça qu’elle est en dernière position. Si votre écriture stagne, rappelez vous que vous écrivez d’abord parce que cela vous fait du bien, parce que vous en avez besoin.

Soyons honnêtes, dans votre carrière d’écrivain, les chances sont fortes que 1) vous ne gagnez pas d’argent en écrivant et 2) vous ne gagnez pas de renommée en écrivant. Alors pourquoi écrire sinon pour le plaisir ? Sinon pour vous faire du bien et sortir les intrigues et les personnages qui vous obsèdent ?

Comment se faire plaisir en écrivant ?

En premier lieu, si écrire devient une vraie douleur, faîtes une pause. Je l’ai écrit plus tôt dans cet article : vous avez le droit de vous arrêter de temps en temps. Vous avez le droit de ne pas être productif. Vous avez le droit de prendre une pause. Il est aussi possible que vous ayez pas mal d’autres choses sur le feu en ce moment et que l’écriture pose un problème car vous n’avez pas le temps de tout faire. Acceptez-le et temporisez.

D’autre part, pour vous rappeler à quel point vous aimez écrire, vous pouvez aussi vous lancer dans la rédaction d’un texte qui vous fait du bien. Écrire un texte long peut être éprouvant : les doutes sont plus nombreux que lorsque vous écrivez un conte, une histoire pour enfants ou une nouvelle. Pour ma part, entrecouper la rédaction d’un texte long par la rédaction ponctuelle de nouvelles et d’histoires pour enfants me permet de décompresser en changeant de ton, d’univers…

Enfin, si l’écriture est vraiment difficile, demandez-vous si le genre que vous écrivez est bien celui qui vous convient. Pourquoi s’acharner à écrire un thriller si ce qui vous fait vibrer, ce sont les romances ? N’écrivez pas pour les autres, écrivez pour vous. C’est clair que les textes sur les vampires, les zombies et les loup garous bénéficient d’une jolie visibilité en ce moment, mais si vous détestez le fantastique, pourquoi vous forcer ? Écrivez d’abord ce qui vous plaît. D’une part vous aurez plus de facilité à avancer et d’autre part, cela se ressentira dans vos écrits.

*****

Il y a quelques jours, j’ai lu que le bonheur ne dépendait pas tant des conditions de vie que des capacités de chacun à éprouver le bonheur : certains voient tout en noir, d’autres ne voient que les choses positives et apprennent à relativiser.

Je pense que la façon d’apprécier l’écriture répond aux mêmes enjeux. Votre amour pour l’écriture ne devrait pas dépendre de vos capacités à être publié et à gagner de l’argent à travers l’écriture, mais plutôt d’apprécier le geste de l’écriture en elle-même. Plus encore, je pense qu’il faut dédramatiser l’écriture. Beaucoup disent que c’est un travail et c’est vrai qu’écrire demande autant de temps et d’attention qu’un travail. Mais je pense vraiment qu’il faut la voir comme un loisir, puisque c’est ce qu’elle est pour la plupart des gens qui la pratiquent. Ainsi, vous prendre plus de plaisir à la pratiquer et vous ressentirez moins de pression.

Sur ces belles pensées, je vous dit à vendredi 🙂

Marièke

Crédit image : Des jolies fleurs de cerisier pour un article à l’esprit positif. (Pixabay, CC0)

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9 comments

Caroline 22 mars 2016 - 11 h 10 min

Un article qui fait du bien, merci ! 😀

Lorsque je ne vais pas bien, je lis cette phrase qui m’aide beaucoup : « Souviens-toi pourquoi tu as commencé. » J’essaye alors de me souvenir du moment où m’est apparue l’idée de ce livre ou alors tout simplement ce qui m’a poussé un jour à écrire. J’adore cette phrase parce qu’elle me rebooste à chaque fois !

J’attends l’article sur la réécriture avec impatience. Il va m’être bien utile sachant que je réécris bientôt mon nouveau roman. 😉

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Marièke 25 mars 2016 - 11 h 56 min

C’est vrai que le « Souviens-toi pourquoi tu écris » est une bonne technique qui a tendance à te remémorer ta motivation première qui s’étiole souvent avec le temps 🙂

L’article sur la réécriture arrive. Doucement. Je l’avais commencé en commençant à retravailler sur L’Encre de Paix, mais la girouette que je suis a commencé à écrire Pouvoir de femme et commencé à réécrire Pouvoirs pour l’auto-édition… Du coup, ça a un peu repoussé L’Encre de Paix :s Faut que je m’organise mieux !

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Caroline 25 mars 2016 - 15 h 36 min

C’est vrai que l’on a parfois l’impression que l’on s’éparpille lorsqu’on a plein de projet sur lesquels on veut travailler mais je crois qu’il faut tout simplement suivre notre intuition. Tant que l’on continue d’écrire et d’avancer peu à peu sur nos projets, ils finiront par se terminer. Quand on ne se pose pas de questions et que l’on suit notre intuition, le temps fait des miracles ! 😉

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Edel-Weiss 23 mars 2016 - 10 h 35 min

Merci pour cet article très sympa à lire.
J’ai publié un article sur la nécessité de faire une pause dans l’écriture quand cela s’avère nécessaire. Et je trouve que cet article complète bien l’idée que je voulais faire passer 🙂

« Pour vous rappeler à quel point vous aimez écrire, vous pouvez aussi vous lancer dans la rédaction d’un texte qui vous fait du bien. » Je suis d’accord avec cette remarque ^^ Je n’avais jamais fait le rapprochement, mais quand je n’arrive plus à avancer sur mon roman, j’ai tendance à me remettre plus activement au jeu de rôle textuel (par forum) L’interaction avec d’autres joueurs (et d’autres textes) permet de retrouver l’inspiration, l’envie et de dédramatiser l’écriture : si on écrit du JdR, c’est avant tout pour s’amuser !

Au plaisir de vous lire,
Edel-Weiss

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Marièke 25 mars 2016 - 11 h 58 min

Oui, les pauses sont essentielles, ne serait-ce que pour améliorer son écriture : le recul permet de doper ce qu’on fait 🙂

Dans mon cas, l’écriture plaisir a aussi pris la forme des fanfictions 😉 Ça ressemble un peu au JdR dans le sens où il n’y a aucune ambition de publication derrière.

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Abigaël 26 mars 2016 - 14 h 17 min

Merci pour cet article qui nous rappelle toutes ces choses qui semblent évidentes comme ça quand on les lit, mais qu’on a vite tendance à oublier quand on a le nez plongé dans les difficultés qui surviennent inévitablement pendant l’écriture d’un roman.

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Marièke 26 mars 2016 - 15 h 12 min

Prendre du recul et apprendre à se connaître est aussi nécessaire dans la vie de tous les jours que dans l’écriture 😉

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Yolaine 28 mars 2016 - 21 h 32 min

Merci pour cet article qui fait du bien! J’ai beaucoup écrit ces derniers mois et alors que je viens d’envoyer le tome 1 de ma trilogie à une maison d’édition, je me sentais un peu lasse pour l’écriture du tome 3. Cet article me rappelle que, de temps en temps, une petite pause est bien profitable. Je crois que pour aujourd’hui et peut-être demain, je vais m’en permettre une. Je repartirai ensuite du bon pied! 🙂

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Lucie 24 février 2018 - 16 h 09 min

Merci beaucoup pour cet article. C’est vrai que je dois avoir un « vrai » projet qui est dans le territoire. C’était l’une des seules histoires que j’avais presque pu terminer mais arrivée au dernier chapitre…L’envie me manquer. Cela doit faire un an et demi que je n’y ai pas touché et j’ai une nouvelle histoire dans la tête. En tout cas, tes conseils pour terminer ou les personnages, les fiches pour créer une race m’aident beaucoup. Encore merci de nous faire partager tout cela. J’en ai attaqué une nouvelle et je tente de construire une meilleure intrigue. J’ai pour projet de la terminer le 09 juillet…J’espère m’y tenir !

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