Comment vivre de sa plume quand on n’est pas (encore) un auteur célèbre

by Marièke

Je pense qu’il est un peu inutile de le répéter mais il faut bien commencer quelque part : peu sont les auteurs qui gagnent leur vie grâce à l’écriture. La plupart luttent longtemps avant d’être publiés et la publication elle-même n’assure pas un revenu fixe et énorme. Autant dire que si l’auteur souhaite vivre de sa plume ou, du moins, vivre en écrivant, il doit faire des concessions. Voici quelques alternatives à la publication »classique » pour vivre de votre plume.

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Gagner de l’argent sans être publié : c’est possible

Il y a quelques semaines, j’ai lu le témoignage de Sandrine, illustratrice mécontente sur le site Rue89 : elle se plaignait de ne pas gagner assez correctement sa vie en faisant ce métier. Dans un premier temps, je l’ai plaint. Avant de me dire que la plupart des gens qui caressaient le rêve d’être écrivain à temps plein (dont je fais partie) avaient le même souci : bien que passionnés par l’écriture, ils ne pouvaient se permettre d’en vivre car cette activité ne leur rapportait pas (ou pas assez) d’argent.

Alors bien sûr, il est possible de critiquer le monde capitaliste dans lequel nous vivons qui rémunère peu le travail de l’esprit et des créatifs et oblige les gens à travailler pour gagner de l’argent et vivre. C’est vrai que c’est un frein pour le travail de la plupart de ceux qui aimeraient vivre en ne faisant qu’écrire. Cependant, comme on peut difficilement changer le monde, je crois qu’il faut s’en servir et tenter de s’en accommoder (c’est là ma position mais vous avez le droit d’y être opposé ^^)

Il existe pas mal de solutions concrètes pour gagner de l’argent en écrivant. Quand je dis «concrètes», je veux dire qu’il ne s’agit pas de partir s’installer dans une grotte du Larzac afin de baisser drastiquement ses dépenses quotidiennes. Ce sont des solutions que vous pouvez mettre en place en parallèle de votre travail dans un premier temps puis carrément à la place de votre travail si vous parvenez à en tirer assez de bénéfices et si vous le souhaitez. Bien sûr, ce ne sont pas des solutions miracles : vivre de sa plume nécessite de devenir un entrepreneur à part entière ce qui demande de diversifier ses activités, de communiquer et de démarcher de nouveaux clients, de gérer des paperasses…

En parlant de paperasses, notez qu’il est interdit de toucher de l’argent sans payer des impôts dessus – cela pourrait être assimilé à du travail au noir. Pour faire l’ensemble des activités que j’énumère dans ce post, je vous conseille de créer une auto-entreprise à votre nom (c’est gratuit, cela prend un trentaine de minutes sur internet et mets quelques jours à être effectif). Le plus gros problème de ce statut est qu’il n’est pas très stable et que vous pourriez être amené à avoir des modifications en cours de route. Il y a aussi le fait que l’argent gagné via ce statut est limité par un plafond annuel : si vous commencez à gagner beaucoup d’argent, vous devrez changer de statut. Je vous conseille de jeter un coup d’oeil au modèle de la SASU, très intéressant.

>> Je parle du statut d’auto-entreprise demain, dans ma newsletter. Inscrivez-vous pour la recevoir si ce n’est pas déjà fait 🙂

Mon auto-promo faite (honte à moi…), voici les solutions que je vous soumets :

1. Écrire pour des sites, des journaux, des magazines

De nombreux sites, journaux et magazines requièrent, pour leur fonctionnement, du contenu qu’ils sont prêts à rémunérer. Ils payent en pige (feuille de salaire imposée – dans ce cas, pas la peine d’être auto-entrepreneur) ou en facture (dans ce cas-ci, vous devez être auto-entrepreneur). Les tarifs varient beaucoup en fonction du média qui vous emploie, de la longueur de l’article commandé, des images d’illustration que vous fournissez… Renseignez-vous auparavant quant aux conditions et demandez à ce que l’ensemble soit indiqué dans un mail, par écrit : cela vous permettra de faire pression. À noter : tout article commandé, même s’il n’est pas publié, doit être payé.

Quelques sites qui rémunèrent leurs auteurs :

  • Tous les journaux et les magazines (ou presque) : si vous êtes respecté dans un domaine en particulier, peut-être pouvez-vous leur proposer des articles

Quelques sites où vous pouvez rencontrer des clients (ce sont tous des plateformes de mise en relation de clients et de freelance) :

2. Écrire pour des particuliers

De nombreux particuliers souhaitent rédiger leurs mémoires, l’histoire de leur famille ou que sais-je encore. Ces gens font appel à des écrivains publics. Ces derniers sont payés pour écrire les histoires des autres. Suite à plusieurs entretiens sur la forme et le fond du texte, ils rédigent le livre commandé. Le processus dépend ensuite de chaque écrivain. Je vous laissez en savoir plus par ici.

Pour être mis en relation avec des clients :

  • Créez votre site vitrine d’écrivain public
  • Répondez à des annonces sur les plateformes citées ci-dessus

3. Devenir blogueur

Certains blogueurs gagnent extrêmement bien leur vie. Genre plus de 10 000 € par mois. Sans atteindre ces sommets, il est possible de gagner de l’argent à partir d’un blog, et donc en écrivant. Si l’aspect technique du blog (réalisation du site, mises à jour…) vous effraie, il est tout à fait possible de se tourner vers des professionnels qui assureront le suivi tandis que vous vous concentrerez sur l’écriture et la promotion de vos textes. Bien entendu, cela nécessite pas mal de temps et vous ne devez pas vous attendre à gagner des sommes astronomiques dès les premiers jours.

Quelques solutions pour gagner de l’argent en tant que blogueur :

  • Mettre des annonces du type Google Adsense sur son blog (c’est ce que j’ai sur ce blog : à chaque fois que vous allez sur une publicité, je gagne un tout petit peu d’argent… genre 10 centimes d’euros)
  • S’inscrire à des programmes d’affiliation : Amazon ou La Redoute ont des programmes d’affiliation. Les conditions diffèrent d’un site à l’autre mais le concept reste le même : si l’un de vos lecteurs achète un objet sur le site alors qu’il vient de votre blog, vous touchez une commission. (J’ai quelques liens sponsorisés sur ce blog : plus d’infos dans ma page Mes engagements où je suis complètement transparente.)
  • Mettre en place des partenariats avec des marques (sponsoring, rédaction d’article sur un produit, promotion d’un produit via les réseaux sociaux, organisation de give away…) (Cela est très chronophage : j’ai pour objectif d’en développer, mais pas forcément tout de suite.)

4. Proposer des cours, des conférences, des webinars

Natasha Lester, une écrivaine de romance australienne, vit de sa plume sans pour autant être aussi connue que JK Rowling. Son secret ? Elle donne des cours d’écriture dans des écoles, des collèges et des lycées, intervient à l’université et propose des webinars (des cours en ligne) sur son site. C’est ce qui lui rapporte le plus d’argent : elle développe ici (article en anglais) ce qu’elle gagne depuis 3 ans et comment elle le gagne.

Bien sûr, ce modèle demande d’avoir une certaine légitimité dans le domaine de l’écriture (Natasha Lester a déjà publié 3 romans, dont deux chez Hachette Livres). C’est une bonne solution pour ceux qui ont déjà publié mais ne vendent pas assez de livres pour vivre des revenus de leurs textes.

EDIT du 27 novembre : Quand on est auteur, on a tout à fait le droit de faire des lectures, conférences, cours payés sans se déclarer en auto-entreprise. Le statut d’auteur permet cela : pour ceux qui en bénéficient, il n’est pas utile d’aller chercher plus loin.

5. S’autopublier

Le dernier modèle que je veux vous proposer ici pour gagner de l’argent à partir de l’écriture est l’autopublication. Si celle-ci peut s’avérer très coûteuse au format papier (puisqu’il faut avancer l’argent pour imprimer les livres puis participer à des salons pour les vendre), l’autopublication numérique (via des ebooks, des PDF…) peut être très intéressante.

D’une part, elle permet de faciliter grandement le processus de développement de votre livre : vous avez besoin d’un illustrateur pour votre première page et de quelqu’un pour mettre en page votre livre, c’est tout. D’autre part, elle permet de toucher un plus large public que via les salons : si vous vous inscrivez sur Amazon, par exemple, vous touchez tous les lecteurs réguliers qui se fournissent chez cet éditeur. En plus, seuls les exemplaires vendus vous coûtent un peu d’argent (la commission) : vous n’avez pas besoin d’avancer d’argent.

C’est un modèle que je trouve vraiment intéressant car, contrairement à tous les modèles évoqués précédemment, il permet réellement de gagner de l’argent grâce à vos écrits propres (dans tous les autres modèles évoqués, vous gagnez de l’argent grâce aux projets des autres…). Cependant, cela demande beaucoup de travail : en plus de l’écriture, il faut vous appliquer à développer votre communication pour augmenter votre audience. La plupart des auteurs qui se font vraiment de l’argent grâce à l’auto-publication vendent plus d’un roman (c’est la récurrence et le nombre qui paient). Retrouvez ici l’histoire de Amanda Hocking (article en anglais), une américaine de 27 ans qui a gagné plus d’un million de dollars en publiant plusieurs romans.

J’ai pour projet de faire un e-book (je le rédige en grande partie durant ce NaNo ^^) : je vous mettrai à votre disposition, dès que je l’aurais terminé et mis en ligne, un tuto pour le faire vous-même.

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En dehors de la publication, il existe de nombreux moyens pour vivre de sa plume. D’ailleurs, la publication n’est, pour la plupart des auteurs français, qu’une source d’argent de poche plus qu’un revenu : 98% des auteurs publiés ont un autre métier.

Je répète que ces solutions ne sont pas miracles : il s’agit de monter une activité autour de l’écriture. Si vous êtes intéressé et très motivé à vous lancer, je vous encourage vivement à aller voir du côté d’un conseiller en entreprise afin qu’il puisse étudier avec vous votre projet et vous aider à choisir votre statut d’entreprise. Notez aussi que ce sera un travail à part entière et qu’il pourrait, en partie, vous empêcher d’écrire des écrits de fiction et vous dégoûter de l’écriture.

J’espère que cet article vous aura inspiré quant aux solutions qui s’offrent à vous pour mettre à profit votre écriture et faire ce que vous aimez au quotidien. Retrouvez dès demain mon témoignage sur l’auto-entreprenariat dans ma newsletter (j’ai été auto-entrepreneuse pendant 3 ans à la sortie de l’école pour pouvoir avoir du travail). L’expérience peut vous intéresser, ainsi que les documents que je vous soumettrai (factures et contrats).

À demain 😉

Marièke

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Crédit image : Une plume dans une main. (Pixabay, CC0)

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12 comments

sanansan 20 novembre 2015 - 11 h 04 min

Ta mention du « Larzac » m’a bien fait rire! Merci pour ces précieuses infos! Vraiment ton blog est une mine d’or! 🙂 Belle journée à toi!

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Marièke 20 novembre 2015 - 14 h 10 min

C’est de la faute à quelqu’un de ma famille dont le rêve est d’élever des chèvres dans le Larzac… Pour moi, c’est le symbole d’une vie sans grosse dépense ^^

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Nessendyl 20 novembre 2015 - 11 h 56 min

Je découvre ton blog et cet article avec grand plaisir!
Pour ma part, freelance déclarée, j’utilise trois des formes d’écritures proposées : édition, auto-édition et blog. Pour le moment je suis très loin d’en vivre, mais je m’accroche et ce genre d’article rappelle que c’est dur, mais possible! ^^ Presque rassurant et motivant en somme!
Merci à toi! 😉

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Marièke 20 novembre 2015 - 14 h 08 min

Contente de savoir que mon contenu rassure 😉 Si tu veux témoigner sur l’écriture et ton expérience, j’ai une série « L’écriture et moi » où je partage les expériences des auteurs, plus ou moins, jeunes. N’hésite pas à me glisser un mail 😉

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Lauria 23 avril 2020 - 18 h 32 min

Je viens de tomber sur ton article qui est vraiment très intéressant comme ton blog d’ailleurs. ^^
J’aurais une petite question pour toi qui a un blog car j’hesite a me lancer dans cette aventure mais de nombreux points m’en empêche. Pour commencer je ne sais pas qu’elle plateforme utiliser et comment la choisir.

Merci pour ton article ^^
En espérant que tu es le temps de me répondre
Bonne conduite continuation.

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Marièke 1 mai 2020 - 9 h 00 min

Bonjour Lauria 🙂 Alors j’ai fait plusieurs articles sur le blogging donc n’hésite pas à aller chercher plus d’info par là ! De mon côté, je ne saurais que te recommander WordPress qui est mon outil depuis 5 ans et que j’adore (attention quand même il est moins accessible que d’autres plateformes, mais une fois que tu le maitrises, c’est le top). Bises

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Ebony 13 juillet 2017 - 8 h 21 min

Bonjour Marieke
Merci pour cet article très utile. Je n’étais pas encore inscrite à ta newsletter à l’époque où tu écrit ce billet… Où puis donc retrouver ton témoignage sur ton expérience entrepreneuriale ?

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kathou 6 janvier 2018 - 21 h 30 min

Bonjour, Je suis ton blog depuis un moment. Moi aussi j’aimerais vivre de ma plume. Après avoir écrits 2 romans rejetés par les éditeurs même si j’ai eu quelques bons commentaires, je me suis lancée dans le métier de Biographe familiale. Un métier que j’aime vraiment mais qui malheureusement ne me fait pas vivre. Je cherche donc à me diversifier. je crois que c’est la clé…Difficile de vivre d’un seul métier de l’écriture ! Tu as raison quand tu dis que le risque est de ne plus écrire pour soi…J’ai crée un blog pour cela car je n’arrivais plus à écrire ! Merci pour ce blog passionnant.

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Colette MAJOR 26 août 2018 - 17 h 15 min

Super ce blog ! Je suis écrivaine, mais j’étais déjà à la retraite! L’histoire est donc différente. J’ai dépensé beaucoup de sous, mais je crois qu’avec le temps, je serai gagnante. J’ai publié chez une bonne maison d’édition une première trilogie « Sur les berges du lac Brûlé » qui est aussi distribué en Europe et ensuite un duo « L’héritage du clan Moreau » qui est sorti cette année. Cinq romans en moins de 3 ans. Le plus difficile a été de trouver une maison d’édition honnête… mais la persévérance m’a permis de réaliser mon rêve. Félicitation à toi qui est toute jeune! Tu vas aller loin ma belle !

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Marièke 7 octobre 2018 - 17 h 00 min

Merci pour ton retour et joli parcours 🙂

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Nathalie 4 mars 2019 - 8 h 46 min

Hello, je prends la balle au bond…le post ayant de la bouteille. Alors moi, cela peut paraître extrêmement étrange (mais je suis une fille très bizarre), vu que j’ai un super métier (archéologue), que je m’y éclate, que je gagne bien ma vie.. j’aimerai bien me reconvertir en devenant écrivain. Comme quoi l’herbe est toujours plus verte ailleurs ! J’ai beaucoup de mal à me discipliner dans l’écriture, car quand je rentre je suis creuvée et dur d’écrire le soir. En plus je suis une grande sportive et le sport est chronophage. J’écrivais bcp de roman petite car cela me permettait de m’évader (à l’époque j’étais un cancre, mes profs disaient à mes parents que je ne ferai rien dans la vie, bref…j’ai un doctorat en poche). Je pense que l’écriture permet de s’évader d’un monde qui part en cacahuette, c’est peut-être cela qui me manque (j’aime aussi bcp le concept du Larzac pour faire du fromage :0)
Merci pour ce super blog

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Marièke 10 mars 2019 - 10 h 04 min

Coucou, au vu de ton histoire, je dirais que la reconversion en tant qu’écrivain·e ne devrait venir qu’en second temps, quand tu commenceras à gagner un peu d’argent. Les sommes gagnées avec l’écriture sont si minimes au départ (quelques centaines d’euros par ci, par là), qu’il faut mieux avoir déjà quelques textes qui tournent pour se lancer + d’autres sources de revenus potentielles 🙂

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