Ecrire une mauvaise fin : cinq fins que je trouve frustrantes

by Marièke

Bonjour à toutes et à tous,

On se retrouve aujourd’hui pour discuter de quelque chose qui peut détruire votre texte : la mauvaise fin.

Si je mets un point d’honneur dans ce blog à ne jamais écrire jamais (je crois qu’en écriture, tout est possible !), il n’empêche qu’il est de ces fins qui me frustrent énormément en tant que lectrice / téléspectatrice. Voici les cinq fins que je redoute et qui peuvent me dégoûter d’une histoire. N’hésitez pas à partager les vôtres dans les commentaires 😉

PS : Pour éviter des spoilers, je vais essayer d’exemplifier cet article avec des romans et films classiques.

*****

Avant de commencer : La mauvaise fin

Vous le savez peut-être si vous consultez ce blog régulièrement, je n’ai pas pour habitude de vous dire ce que vous devez faire et ce que vous ne devez pas faire en écriture. Tout est possible en écriture et je n’ai en aucun cas la légitimité de vous donner des ordres !

Aujourd’hui, je vous partage cinq schémas de fins que je trouve souvent mauvaises en tant que lectrice et qui vont parfois jusqu’à me dégoûter d’un roman ou d’un film. Ceci étant dit, c’est mon opinion et cela va toujours dépendre de la façon dont l’histoire est construite et amenée !

La fin à laquelle on s’attend

Vous en êtes au premier chapitre et… vous connaissez déjà la fin. La fin à laquelle on s’attend, c’est la fin évidente, qui se dessine dès les premières pages du livre. 

Le cas des romances

Dans une romance classique, il est assez normal de voir le couple phare se mettre ensemble à la fin de l’histoire. La fin n’est pas le plus important, ce qui compte, c’est le voyage. Dans ce cas, je peux accepter assez facilement une fin à laquelle je m’attends. MAIS le livre doit me surprendre un minimum en cours de route pour que je le juge intéressant.

Le cas des thrillers, livres policiers, nouvelles

Si dans le cas d’une romance, on peut accepter ce type de fin, ce n’est pas le cas dans un thriller, un roman policier ou encore une nouvelle. Dans ces genres littéraire, le suspense et la chute se doivent de surprendre leur lecteur : une fin à laquelle on s’attend doit être évitée à tout prix. Si un·e bêta-lecteur·trice vous indique que votre fin était attendue, il est possible que vous n’ayez pas utilisé tous les outils de la narration (Cliffhangers, rebondissements, indices, fausses pistes) à bon escient.

La fin « Ce n’était qu’un rêve »

Parmi les fins qui m’irritent le plus, la fin « Ce n’était qu’un rêve » tient la corde. En tant que lectrice, je la déteste.

La fin « Ce n’était qu’un rêve », c’est quand, à la fin de l’histoire, le personnage se réveille et réalise que tout ça n’était qu’un rêve. J’ai l’impression d’être trahie avec ce type de fin. Le pacte de lecture est rompu. On s’attache aux personnages, à l’histoire, on suit le tout pendant 100 / 200 / 500 pages, et… ça n’a servi à rien. Le personnage se réveille et toutes ses aventures n’ont jamais existé.

Un exemple célèbre de cette fin qui me hérisse le poil est dans le classique Les aventures d’Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll. La jeune Alice se réveille au pied de son arbre et c’est tout, on ne sait pas si ce voyage a changé quelque chose pour elle et son avenir.

La fin « Rien n’a changé »

La fin « Rien n’a changé » est un corollaire de la précédente. C’est lorsque le personnage principal, après l’ensemble de ses aventures, revient dans sa vie d’avant comme si rien ne s’était passé. A nouveau et pour des raisons très similaires à celles énoncées précédemment – un personnage auquel on s’est attaché qui n’évolue pas –, je me sens trahie en tant que lectrice lorsque je suis confrontée à ce type de fin.

La boucle

Il est courant d’avoir des fins sous forme de boucle où prologue et épilogue se répondent. Cela ne me dérange pas forcément, au contraire. J’aime voir comment les choses ont changé et ce genre de boucle permet de mettre en exergue les différences. Il faut juste qu’il y ait des différences…

La fin « Au choix » ou la fin « alternative »

Encore une fin qui me frustre énormément. La fin « Au choix » : on vous balance deux fins différentes l’une à la suite de l’autre et vous choisissez celle qui vous tente le plus. Comme dans La la Land ou No Pain No Gain.

Ce type de fin ne me donne pas la sensation d’être trahie mais me donne l’impression que le ou la scénariste n’a pas fait son travail jusqu’au bout. Comme il·elle n’arrivait pas à trancher, il·elle met tout sur le tapis, et c’est à nous de décider quelle fin nous préférons. Je trouve ça bof car j’ai l’impression qu’il n’y a pas de parti pris. A vouloir contenter tout le monde, on ne contente personne.

La fin ouverte

La fin « Au choix » est différente de la fin ouverte qui laisse présager une suite. Celle-là peut aussi me frustrer quand elle est fait dans un seul but marketing. Je n’aime pas trop les films qui se transforment en trilogie grâce à l’intervention improbable d’un personnage à la dernière seconde du film.

La fin « Tout le monde meurt, fin »

Je n’ai rien contre les histoires / fins tristes. La fin de Hunger Games, assez dramatique, ne me dérange pas car elle est en accord avec l’ambiance du livre. La fin du Tombeau des lucioles, anime japonais du fabuleux Studio Ghibli (réalisé par Isao Takahata et non par Hayao Miyazaki) sur le thème de la seconde guerre mondiale au Japon vue par deux enfants japonais à Kobe, n’était pas surprenante non plus. Elle ne m’a pas dérangé.

Ce que je n’apprécie pas, ce sont les fins tristes pour être tristes. C’est un peu plus classe de faire une histoire dramatique qu’une histoire comique. Je déteste quand on arrive aux dernières minutes du film et que paf, sans aucune raison, un personnage / tout le monde meurt et c’est la fin. Cela revient un peu à la fin « Ce n’était qu’un rêve » : on a prit le temps de vous raconter une histoire et vous avez pris du plaisir à la lire mais en fait, ce n’était pas nécessaire parce que ça n’a servit à rien, tout le monde est mort, y’a plus qu’à recommencer à zéro.

Pour vous donner une idée, c’est un peu le cas de la fin du film Remember me, film de 2010 avec Robert Pattinson, qui m’avait laissé une désagréable impression. Je vous laisse en prendre connaissance pour ne pas vous spoiler complètement. A noter : certaines personnes ont adoré ce film et cette fin.

*****

Le pacte de lecture

A l’image de ce dernier exemple, cet article n’engage que moi et les fins qui m’horripilent. Il est possible que d’autres lecteurs et lectrices n’aient pas les mêmes ressentis. Cependant, en tant qu’auteur·trice, il est nécessaire de faire attention à ce que l’on appelle le Pacte de lecture, établi tacitement entre le·la lecteur·trice et l’auteur·trice. C’est le pacte qui engage l’écrivain·e à respecter sa cohérence, son intrigue et son·sa lecteur·trice. Si cela vous intéresse, nous pourrons en reparler dans un futur article !

A demain,

Marièke

Crédit image : De la papeterie par Joanna Kosinska (Unsplash, CC0)

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16 comments

Pauline 13 juillet 2018 - 7 h 48 min

Intéressant cet article et je te rejoins sur la majorité des fins frustrantes que tu décris ! Par contre je ne trouve pas que la fin de La La Land soit « au choix », c’est assez clair qu’il y a une partie « fantasme » et qu’ensuite on revient à la réalité avec une fin très définie et qui d’ailleurs est éloignée des films de romance traditionnels.

Reply
Marièke 21 juillet 2018 - 15 h 56 min

Oui, j’ai bien compris, mais ça m’avait un peu gêné car cette fin rêvée est tout de même proposée avant d’être effacée par la réalité… Mais je comprends totalement que cela ait pu plaire !

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Lucie 13 juillet 2018 - 10 h 18 min

Bon…bah, j’ai plus qu’à bien choisir ma fin pour mon histoire maintenant ! J’avais une idée pour une nouvelle mais je vais essayer de faire moins…cliché, si on peut dire ainsi. Merci pour toutes ses idées !

Reply
Marièke 21 juillet 2018 - 15 h 56 min

Hihi ! La pression !! 😉 Bon courage !

Reply
Magali MGB 13 juillet 2018 - 12 h 29 min

Ouiii! Avec la fin « ce n’était qu’un rêve » je me sens hyper arnaquée !! Merci pour l’article !

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Marièke 21 juillet 2018 - 15 h 56 min

🙂 Je ne suis qu’une lectrice comme les autres !

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Alice 14 juillet 2018 - 16 h 04 min

Merci Marièke pour cet article super intéressant ! 🙂

La fin de type « ce n’était qu’un rêve » ou « rien n’a changé » m’exaspère beaucoup aussi, je la trouve trop facile. Mais il arrive que le rêve peut parfois changer un personnage et lui faire voir la vie différemment (évidemment, ce n’est absolument pas le cas de « Alice au Pays des Merveilles » comme tu donnes l’exemple !).
Quant à la fin « rien n’a changé », je pourrais l’accepter plus facilement si c’est une volonté claire de l’auteure pour montrer par exemple, de façon dramatique et triste, que parfois, malgré les efforts, le héro ne peut pas lutter contre son sort et ne parviendra pas à obtenir ce qu’il recherche.

Par contre, je suis totalement d’accord avec toi concernant la « fin au choix/alternative ». L’auteur(e) ne prend aucun risque et veut contenter tout le monde. La fin « ouverte » est quant à elle, beaucoup trop frustrante pour le lecteur… :/ Je me dis toujours dans ces cas-là que l’auteur s’est économisé et nous laisse deviner la fin sans qu’il se prenne la peine de l’écrire 😛

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Marièke 21 juillet 2018 - 15 h 59 min

On est d’accord : tout dépend de l’auteur et de la façon dont il va travailler ces différentes fins ! Dans le film « Inception », la fin ouverte, voire « ce n’était qu’un rêve » ne m’a pas dérangée car elle collait parfaitement avec toutes les pistes lancées dans le film !

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Amélie Hanser 17 juillet 2018 - 8 h 37 min

La fin fait beaucoup en effet, parce que c’est sur cette dernière note qu’elle laisse le lecteur. Cependant, c’est surtout comment elle est amenée qui compte.
Pour les fins »tout n’était qu’un rêve », d’ordinaire je déteste aussi. Pourtant j’ai bien aimé « Vanilla sky ». Idem pour ce que j’appelle la « fin sans fin ». J’ai détesté celle des « raisins de la colère » pour ce sale gout d’inachevé, alors que dans « Autant en emporte le vent » le caractère de Scarlett nous permet de finir malgré tout sur une note optimiste.

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Marièke 21 juillet 2018 - 15 h 59 min

Oui, il s’agit là de situation générale. Dans certains livres, ces fins fonctionnent 😉

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Ed 18 juillet 2018 - 0 h 03 min

Je déteste la fin « au choix ». Pour moi, je veux une histoire avec un véritable achèvement, ce qui n’empêche pas la multiplicité des interprétations (et non des imaginations, dans le cas d’une fin au choix).

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Marièke 21 juillet 2018 - 16 h 00 min

🙂 Je comprends totalement, je trouve aussi que les fins « au choix » sont parfois une option de facilité pour l’écrivain·e.

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El Steffo 2 octobre 2018 - 0 h 54 min

Bravo pour ton blog, autant pour la pertinence des sujets que la tonalité personnelle et bienveillante qui y règne.
J’ajouterais volontiers un type de fin ratée, dite « Allez hop messieurs dames, on va fermer, on range les affaires et on s’en va ! »
C’est à dire la fin bâclée où tout s’accélère sans raison pour boucler l’intrigue ou résoudre les conflits longuement mis en place : les actions s’enchaînent trois fois plus vite sur dix pages que sur les trois cents précédentes, les personnages qui sinuaient vont droit au but et se parent in extremis de compétences nouvelles, les scènes et le style sont en « avance rapide », et cela sans raison d’urgence contextuelle (cataclysme ou autre).
Par exemple, dans « Les hommes qui n’aimaient pas les femmes ». Le bouquin m’avait un peu irrité par les incohérences comportementales de ses personnages dès le début du récit mais il est clair qu’à la fin, l’auteur est pressé d’en finir, au mépris de ce qu’il s’est appliqué à nous faire accepter tout au long de l’histoire.
Le pire : quand en deux paragraphes, il transforme vite fait sa punkette estampillée brut de geek en Fregoli de charme qui berne le monde de la finance déguisée en riche héritière, franchement on glousse ! Même en tailleur haut de gamme, on n’improvise pas la gestuelle de l’aisance, et n’importe quel banquier d’affaire suisse l’aurait percée à jour avant même qu’elle lui adresse la parole.
Bref, à mon sens, les fins de romans bâclées pour fermer en force la valise narrative méritent leur place sur le podium des trahisons du lecteur.
Et sur ce, c’est en mode express que je clos moi aussi ce post. Voilà 😉

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Marièke 7 octobre 2018 - 17 h 27 min

Oui ! C’est vrai ! La fin en accéléré est particulièrement frustrante, je l’avais oubliée celle-là !

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Jean-Jacques G. 20 septembre 2020 - 14 h 40 min

Et que pensez-vous des films, mais plus spécialement des livres qui finissent sur un épilogue explicitement signalé, du type « Antoine a finalement quitté la marine marchande, il a ouvert un magasin d’accastillage à Brest. Le mariage d’Hélène et Paul, contre toute attente, a bien tenu, ils ont aujourd’hui trois enfants. Robert n’a pas réussi à vaincre son alcoolisme, il continue à alterner période de rémissions et descentes aux enfers. Aux dernières nouvelles, Irina serait à Londres, consultante occasionnelle pour la Metropolitan police. » D’un côté ça paraît une facilité, on est tenté de dire à l’auteur: « si tu avais en stock ces péripéties, tu pouvais quand même les développer ». De l’autre, c’est peut-être convaincant si le récit a été celui d’une crise, par exemple collective et historique comme une guerre mondiale, ou concernant moins de personnages, comme une affaire criminelle particulièrement dense. Dans ce cas, ça peut fonctionner comme un bilan: – qu’est-ce que ces aventures ont au fond changé dans la vie des personnages, pour certains pas tant que cela, ils ont été momentanément déviés de leur trajectoire normale, ça aura été une parenthèses mouvementée, pour d’autres au contraire, ça aura vraiment orienté leur existence dans une direction initialement imprévisible. Enfin on peut comparer ça à une conversation ou une correspondance où on renoue avec une personne qu’on a activement fréquentée autrefois dans un groupe précis, avec qui on a perdu le contact et qui nous donne des nouvelles: un effet de mise à jour qui peut être réaliste. Les scénaristes américains utilisent ce procédé pour souligner un effet de dossier qu’on referme. Bref, ça peut coller pour certaines histoires, non?

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Marièke 30 décembre 2020 - 19 h 25 min

Je suis d’accord avec vous ! Si les personnages ne sont pas au centre de l’histoire (parce qu’on s’intéresse plus à la crise, à un épisode historique ou que sais-je encore), le côté bilan est plutôt intéressant. Mais j’ai plus vu que lu ce genre de fin – il me semble que c’est plus commun dans les films que dans les romans ! 🙂

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