6 erreurs à éviter pour mieux écrire les émotions

by Marièke

Mieux écrire les émotions · Faire ressentir des émotions à son lectorat, c’est certainement le but ultime d’une majorité d’auteurs et d’autrices (avec le fait de passer son message).

Bonjour à toutes et à tous,

Aujourd’hui, je vous emmène dans un article sur les pièges à éviter quand on souhaite mieux écrire les émotions. L’émotion apparaissant comme le Graal à atteindre pour l’auteur·trice, il peut être tentant de tout miser sur cet aspect. Mais comment s’y prendre ? On en parle dans cet article !


#1 Vouloir forcer l’émotion

Il y a générer de l’émotion et générer de l’émotion…

À trop vouloir générer de l’émotion en jouant sur la corde sensible de votre lectorat, vous risquez de passer à côté.

Voici deux ficelles très (trop) souvent utilisées pour mettre de l’émotion.

Le personnage au passé tragique

Un accident dramatique, un passé d’orphelin, un viol… Nombreux sont les personnages avec des passés lourds et compliqués.

Or, un personnage peut être intéressant et créer de l’émotion sans porter ce bagage « triste » avec lui.

Si vous construisez un passé larmoyant à un personnage pour ne pas l’utiliser dans la suite de votre texte, il est possible que vous soyez dans un cas de forçage d’émotion 😉

La mort forcée

Tuer un personnage pour créer l’émotion est un autre ressort essoré de la fiction imparfaite.

Je pense très précisément au film Rambo 4, où il y a un cas de personnage assassiné pour le seul but de mettre de l’émotion. Je vous mets les spoils en blanc au cas où ! Rambo (Silvester Stallone) est installé dans un ranch, au Sud des Etats-Unis. Sa voisine, une jeune femme d’une quinzaine d’années, vit chez ses grands-parents, et il se lie d’amitié pour elle. Elle part un jour au Mexique où elle se fait enlever par un cartel. Elle est violée et frappée et c’est Rambo qui vient à son secours – mais elle meut finalement dans la voiture, alors qu’il la ramène. S’ensuit une bagarre avec le cartel.

Honnêtement, dans ce film, la mort du personnage n’avait rien d’indispensable. Les représailles auraient pu avoir lieu que le personnage soit mort, ou pas. Le décès n’est là que pour rajouter des scènes larmoyantes et faire monter l’émotion pour justifier le défouloir final.

Heu ? Que faire alors ?

Je ne dis pas ici qu’il ne faut pas tuer ses personnages ! Certaine·s auteur·trices sont des pros du genre et m’en voudront de dire un truc pareil ! Cependant, la mort d’un personnage doit non seulement servir l’intrigue, mais aussi les enjeux liés aux personnages et l’émotion.

💭 Je n’ai jamais abordé le sujet de la mort des personnages : il faut que j’en fasse un article !

#2 Oublier les bases

Tout miser sur l’émotion peut aussi se faire aux dépends des bases du récit.

Un récit efficace, ce sont trois éléments :

  • Une intrigue cohérente
  • Des personnages vivants
  • Un style littéraire percutant

Si votre récit contient ces trois éléments, qu’il est bien équilibré, il sera un bon roman. Peu importe l’émotion que vous cherchez à y mettre : elle entrera naturellement en jeu !

#3 Ne pas écouter ses BL

En tant qu’auteur·trice, vous connaissez très certainement votre roman en cours d’écriture par coeur. De là à dire qu’il vous sort par les yeux, il n’y a qu’un pas ! Alors, il peut être assez normal que vous ne ressentiez aucune émotion au moment de vous (re, re)lire.

Mon conseil : ne vous faites pas confiance. Ecoutez vos bêta-lecteur·trices.

Si vous-même êtes incapable de ressentir l’émotion que vous avez mis dans votre texte, elleux seront capable de vous en parler bien plus honnêtement !

Retrouvez dans mon article Le guide de la Bêta-lecture des outils pour travailler avec les bêta-lecteur·trices.

#4 Raconter sans montrer

Bidule est triste.
Machin se sent en colère.
Chose est jaloux.

Autant vous dire que là, niveau émotion, on ne vole pas haut !

Pourquoi ? Parce que je raconte sans montrer. (Vous reconnaîtrez ici le conseil « Show, don’t tell » particulièrement répété dans les ateliers d’écriture de fiction anglophones.)

Comment montrer ?

Montrer les émotions correspond à les décrire en fonction :

  • Du point de vue : interne / externe / omniscient
  • De la personnalité du personnage qui observe l’émotion, le cas échéant : empathique ou pas ?
  • De la personnalité du personnage qui ressent l’émotion : extraverti / introverti

Ses souvenirs revenaient par flashbacks. Une boule énorme envahit sa poitrine et serra sa gorge. Ses souvenirs apparaissaient toujours plus et ses yeux le brûlèrent. Penser encore, c’était pleurer. Penser encore, c’était commencer à pleurer et ne plus s’arrêter. Il ne devait plus penser, voilà tout. À rien. Au blanc. Au vide. Il fit le vide.

Ici, il s’agit d’un point de vue interne. Le personnage qui observe l’émotion est aussi celui qui la ressent. L’émotion de la tristesse est ici décrite grâce 1) à ses démonstrations physiques (boule dans la poitrine, gorge serrée, yeux brillants) et 2) à la façon dont la pensée désordonnée est retranscrite.

#5 Ne pas donner de soi

Je vous le dit souvent ici – et je suis sûre que vous en êtes conscient·e : écrire, c’est donner de soi. C’est mettre ses émotions, ses sentiments, ses souffrances à nu.

Plus vous allez vous offrir à votre lectorat, plus vous donnerez de l’émotion :

  • Partager des émotions violentes que vous avez ressenties
  • Retranscrire des moments marquants de votre vie
  • Partager sur des sujets qui vous tiennent tout particulièrement à coeur et sur lesquels vous avez l’envie viscérale de partager

Le piège de l’autobiographie / de l’auto fiction

S’il est essentiel de se livrer quand on écrit, attention de ne pas tomber dans les pièges de ces deux genres que sont l’autobiographie et l’auto fiction ! Rappelez-vous que le cas personnel doit servir la fiction et l’intrigue et qu’il ne s’agit jamais de parler de soi seulement mais de parler au soi-même de chacun, de faire résonner votre histoire et vos émotions en votre lectorat !

#6 Ne pas mettre ses personnages en difficulté

En début de cet article, je vous parler de faire attention à ne pas forcer l’émotion en tuant de façon inconsidérée vos personnages. Et bien ce point en est (d’une certaine façon) le contrepied.

Si vous ne devez pas tuer n’importe comment vos personnages, vous ne devez pas non plus les laisser vadrouiller dans votre univers sans danger et sans risque. Un personnage qui ne risque rien est un personnage pour lequel on ne ressent rien.

Comment mettre ses personnages en danger ?

Tout va dépendre du genre de votre roman !

Dans Games of Throne, JRR Martin parvient très bien à nous faire comprendre, dès le début de l’intrigue, qu’il est prêt à faire souffrir ses personnages – même les plus importants. Résultat : on a peur pour nos personnages préférés et on se laisse happer dans l’intrigue.

Le danger de mort n’est pas le seul danger qui peut arriver à vos personnages. S’il peut être pertinent dans un roman de Fantasy ou un Thriller, il apparaîtra un peu extrême dans une romance ou un roman contemporain. Dans ce cas, il faudra trouver d’autres moyens de mettre « mal » vos personnages, de leur faire risquer quelque chose. Le but : ils doivent payer les conséquences de leurs erreurs et votre lectorat doit sentir qu’ils peuvent perdre (leur situation, leur couple, …).


Mieux écrire les émotions est loin d’être évident et naturel. Comme souvent en écriture, cela demande de l’expérience de votre part (toujours écrire plus) et des retours de lecture.

Avez-vous des astuces pour mieux gérer l’écriture des émotions ? Lesquelles sont-elles ?

Belle journée,

Marièke

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