Je ne sais pas si c’est un sentiment que vous éprouvez lorsque vous travaillez sur un projet d’écriture mais il m’arrive de détester mon texte. Détester son roman, l’expression est forte et l’émotion ressentie aussi. J’ai l’impression que mon texte est nul, que je suis nulle, que mon intrigue est basique, que… Et ainsi de suite. Bref : je déteste mon roman et je me déteste aussi. Ô joie !
Comment procéder quand des sentiments aussi ambiguës vous assaillent ? Pourquoi déteste-t-on ainsi son travail ? Comment arrêter de détester son roman ?
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Pourquoi il est normal de détester son roman en cours
Plus le projet avance, plus il arrive que l’on déteste son projet. En général, chez moi, cette sensation arrive à trois étapes distinctes de la création :
- Lorsque je suis en difficulté, bloquée ;
- Lorsque j’arrive à la fin. Les derniers chapitres apportent leur lot de doutes en tous genre. En vrac : – A quoi ça servait de passer tant de temps sur un texte aussi pourri ? – De toute façon, c’est de pire en pire. – C’est nul. ;
- Lorsque j’en suis à la phase de réécriture et notamment à la troisième ou quatrième réécriture et qu’il reste des pétouilles.
Honnêtement, lorsque je commence à ressentir ses sentiments, je les laisse m’envahir un instant. Je pense que c’est normal d’avoir des phases de haines pour son projet car non seulement cela représente beaucoup de travail, mais aussi beaucoup d’implication personnelle et d’amour. Et quand il y a de l’amour et de l’implication, la raison et la prise de recul ne sont pas toujours de mise 😉
Sans compter les enjeux que l’on met souvent derrière l’écriture : nombre d’écrivains s’imaginent arrêter de travailler, devenir auteur à temps plein, obtenir un revenu (même petit) grâce à leur oeuvre. Le roman en cours est alors porteur de toutes les peurs que l’on peut ressentir à titre personnel. (« Avec un roman aussi nul, ce n’est pas encore cette fois que je deviendrais un auteur célèbre. », « Je ne serais jamais comme JK Rowling, Stephen King, etc. », « Bidule a réussi à être publié, c’est sûr que je n’y arriverais pas avec cette bouse littéraire. »…).
Comment combattre ce sentiment
Selon l’origine du problème, il y a plusieurs façons de combattre le dégoût que vous ressentez contre vous-même ou votre roman.
#1 Auto-pression
Je dirais que la première raison pour laquelle vous pouvez ressentir ces sentiments, c’est la pression que vous vous mettez pour réussir votre projet. Pour ma part, je pense que c’est la raison principale (je rêve d’être écrivaine depuis que j’ai 7 ans, faut bien que ça se ressente quelque part ^^’). Ecrire un bon roman devient un enjeu qui dépasse la simple écriture et cela me met la pression.
Dans ce cas, la meilleure réaction est de lâcher du lest. Selon vos peurs et qui vous êtes, cela peut vouloir dire :
- Reprendre plaisir à écrire pour soi avant tout (écrire des nouvelles, écrire un texte improbable qui vous plaît, lister les 10 raisons pour lesquelles vous aimez écrire…)
- Lâcher son projet quelques temps pour y voir plus clair
- Trouver une vie satisfaisante par ailleurs pour lâcher la bride de l’écriture et ne pas voir son roman comme la seule chose qui puisse vous sauver la vie
#2 Pression de l’entourage
Il est probable que votre entourage (famille, compagnon, amis, collègues) vous mette la pression : – quand est-ce que tu le sors enfin ce livre ? – Il avance ton roman ? – Est-ce que je peux lire ? – Ce n’est pas en écrivant que tu deviendras riche.
Comme il n’est pas toujours facile de changer d’entourage ou d’amener les gens à comprendre les difficultés du travail d’auteur, mon conseil serait de pratiquer l’écriture autrement. Peut-être de cacher plus le fait que vous écrivez et de réserver l’écriture à la sphère privée et aux personnes qui croient vraiment en vous – du moins tant que vous n’avez pas quelque chose à mettre sous la dent de vos détracteurs. Cela vous protégera un maximum. Je vous invite à lire mon article sur Faire son coming-out d’écrivain qui aborde la question du rapport aux auteurs et de la pression sociale 🙂
#3 Overdose
Si la cause de votre dégoût provient d’une overdose – vous mangez roman, vous buvez roman, vous dormez roman ou vous entamez votre dixième réécriture complète – mon premier conseil est de lâcher votre projet. Pas de le lâcher pour toujours, entendons-nous bien, mais de le lâcher quelques jours, quelques semaines, quelques mois. Jusqu’à ce que l’envie revienne de travailler sur lui.
Pendant ce temps-là, n’hésitez pas à travailler sur un autre projet qui vous fait plus envie.
!! Attention !! Si certains auteurs n’ont aucun mal à jongler entre les projets et à abandonner un projet trois ans pour y revenir ensuite, d’autres n’y parviennent pas et collectionnent les projets non complétés. Si c’est votre cas, donnez vous quelques semaines pour vous reposer de votre projet et fixez-vous une date, un rendez-vous à vous-même, pour vous forcer à le reprendre. (Oui, je me répète. Mais chaque auteur est différent et chaque auteur a une façon bien à lui de travailler et d’appréhender l’écriture : apprenez à vous connaître avant tout !)
#4 Blocage
Si votre dégoût pour votre texte résulte d’un blocage, je vous conseille d’agir en deux temps :
- Commencez d’abord par faire une pause. Votre texte tourne tellement dans votre tête que vous ne savez plus comment tout démêler. Vous éloigner de lui va vous aider à y voir plus clair, c’est une certitude. Fixez-vous une date de reprise et vaquez à vos autres occupations.
- Lisez les quelques articles sur les blocages et la planification que j’ai écrit sur ce blog. Vous trouverez peut-être des solutions pour en sortir en continuer.
> Comment surmonter un blocage d’écriture
> Mes astuces pour finir un roman bien avancé
> Reprendre l’écriture d’un projet après une longue pause - Redémarrez en douceur : faites un petit synopsis, écrivez plusieurs versions d’un chapitre pour vous aider à trouver la bonne voie…
#5 Dévalorisation de vous-même
La dernière raison que je vois pour laquelle vous ne parvenez pas à aimer votre roman est le manque de confiance en vous-même. Si vous ne vous aimez pas, vous ne pouvez pas aimer ce que vous faîtes. Si vous n’avez pas confiance en vous, approcher de la fin de votre roman ou corriger plusieurs fois votre texte, peut vous fragiliser. Remettre en question votre projet vous remet vous-même en question.
Si vous ressentez ce sentiment, plusieurs possibilités d’action :
- Si votre texte est déjà corrigé en partie, n’hésitez pas à le faire lire à un bêta-lecteur de confiance qui vous dira la vérité avec tact et bienfaisance. Cela vous aidera à prendre confiance en vous et à mieux gérer les potentielles critiques. // Si vous n’avez pas encore achevé votre texte, vous pouvez quand même en parler à quelqu’un de confiance. La discussion pourra vous rassurer et vous aider à prendre les bonnes directions ;
- Faites un petit travail sur vous. Êtes vous naturellement peu confiant ou est-ce uniquement dans le domaine de l’écriture ? Avez-vous une idée des raisons pour lesquelles vous vous sentez mal par rapport à l’écriture ? Est-ce quelque chose sur lequel vous pouvez agir (cours d’orthographe, ateliers d’écriture, peur des potentielles critiques…) ?
J’avoue avoir assez peu de conseils concrets à vous donner pour renforcer votre confiance en vous. J’imagine qu’on tâtonne tous un peu pour en trouver et la renforcer 🙂 Dans le domaine de l’écriture, je ne peux que vous conseiller :
- d’écrire et d’écrire encore pour vous faire la main jusqu’à acquérir une confiance en vous dans ce domaine ;
- de trouver un bêta-lecteur de confiance.
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Vous arrive-t-il de détester votre projet ? Comment réagissez-vous quand cela arrive ?
Bon weekend à tous et à mardi prochain pour un nouvel article,
Marièke
Crédit image : Une machine à écrire s’emballe (Pexels, CC0)