Ma méthode pour corriger un roman : le fond

by Marièke

Au moment d’aborder la fin de mon roman Fille de femme ainsi que le défi « Voulez vous écrire un roman avec moi en un an », je me dis qu’il est important de vous écrire cet article sur la correction d’un roman. Ce n’est pas comme si je vous le promettais depuis plus de 6 mois !

Ma méthode est encore expérimentale. J’ai corrigé trois romans et quelques nouvelles mais je ne parviens pas à avoir une seule et même méthode tant j’ai l’impression que le travail est différent à chaque opus. On peut tout de même dégager deux temps dans ma correction : la correction de fond et la correction de forme. L’article d’aujourd’hui porte sur la première et celui de vendredi prochain portera sur la seconde.

*****

Avant de commencer : La correction de fond : c’est quoi ?

Corriger un roman ce n’est pas seulement en gommer les fautes d’orthographe. Je dirais même que gommer les fautes d’orthographe représente une petite partie de la correction tant le travail préalable est important.

La correction de fond consiste à travailler le premier jet de façon à dégager l’histoire de celui-ci. Si certains savent construire une histoire longue du premier coup, je suis de celles et ceux qui partent d’un premier jet sans consistance et qui y sculptent leur texte final. La correction de fond me prend donc du temps et de l’énergie (tant et si bien que j’ai énormément de premiers jets complets que je ne parviens pas à sculpter en romans… Mais c’est une autre histoire).

Étape #1 : Relire son synopsis et son texte

Relire son synopsis et son premier jet à travers le prisme de chacun permet de repérer les différences entre les deux histoires.

Étape #2 : Réécrire le synopsis et le plan

À la lumière de cette comparaison, j’aime remettre de l’ordre et réécrire mon synopsis au propre. Cela me donne le sentiment de mieux maîtriser mon texte.

Selon la complexité du texte travaillé, il peut m’arriver de réécrire aussi l’ensemble du plan de mon texte. Cela est particulièrement important dans mon processus car j’écris le plus souvent scène par scène : mon texte est très morcelé et avoir un plan complet me permet d’avoir une vision d’ensemble de mon texte.

C’est aussi durant cette réflexion que je me pose la question du rythme du texte:

  • Les actions sont elles bien réparties ?
  • Les scènes débutent-elles à des moments opportuns ? Finissent-elles à des moments opportuns ?

(À ceux qui me demanderont pourquoi je crée un plan si je ne le suis pas pendant l’écriture, je répondrais que mon bazar personnel est à la fois ma force et ma faiblesse. J’ai besoin d’un cadre pour mes textes pendant l’écriture et mais c’est écrire en dehors de ce cadre qui me permet de trouver mes meilleures idées… Bref. J’ai un plan qui me sert de base de travail mais qui ne ressemble pas toujours à l’histoire que je façonne au final.)

Étape #3 : Faire le point sur les scènes manquantes

C’est un travail que j’adore faire. Pour faire ce travail, j’utilise le plus souvent un système de cartes. Chaque scène écrite a sa propre carte et je les range en fonction de mon plan. Je crée ensuite des cartes d’une autre couleur pour les scènes manquantes et j’écris dessus leur mini synopsis.

C’est ce système que j’ai utilisé pour remettre Fille de femme en place en avril dernier. Je vous avais posté la photo sur Instagram.

Les scènes manquantes ?

Je fais une pause ici pour évoquer la question des scènes manquantes. Lorsque vous allez relire votre premier jet et le comparer à l’histoire que vous souhaitiez écrire, vous allez certainement repérer des passages où :

  • les personnages ne sont pas assez développés (psychologie…)
  • vous racontez plutôt que vous montrez
  • les conclusions arrivent trop vites…

En d’autres termes, des passages que vous devez développer et donc des morceaux manquants dans votre histoire.

(Vous aurez certainement aussi des passages de trop, des passages que vous devrez couper au montage. C’est douloureux mais c’est un travail qui a le mérite d’être plutôt rapide ^^)

Étape #4 : Écrire les scènes manquantes
Étape #5 : Lier l’ensemble

Je colle ces deux étapes car il peut m’arriver de les faire l’une après l’autre mais aussi l’une pendant l’autre. Sur Fille de Femme par exemple, j’ai préféré lisser l’ensemble (écrire les liaisons qui pouvaient manquer, remettre le bon temps de narration…) en même temps que j’ai écrit mes scènes manquantes.

Pour Pouvoirs, j’ai commencé par écrire les scènes manquantes (j’ai énormément développé les scènes de Amalia jusqu’à ce qu’elle devienne un des personnages principaux de mon histoire).

Étape #6 : Relire… et recommencer ?

Ce premier travail effectué, votre texte aura effectué un grand pas vers votre roman final.

Relisez-le et comparez-le à nouveau avec l’histoire que vous aviez envie de raconter : l’histoire se dégage-t-elle convenablement ?

Si oui, vous pouvez envisager de passer à la deuxième partie de la correction. C’est la correction de forme, à découvrir sur Mécanismes d’histoires la semaine prochaine).

Si non, je ne peux que vous conseiller de reprendre les étapes de cet article au début et de recommencer le processus…

Si vous vous sentez réellement perdu et ne savez pas ce qui cloche (ça arrive parfois), deux solutions :

  • Faire une pause : laisser décanter son texte est parfois un bon moyen d’y revenir avec un regard frais.
  • Trouver un bêta-lecteur efficace et bienveillant : il pourra vous aider à trouver ce qui ne fonctionne pas dans votre texte.

*****

Vendredi prochain, je reviendrai donc vers vous pour vous présenter ma méthode pour la correction d’un texte au niveau de sa forme (style, syntaxe, dialogues, descriptions, orthographe…).

Très bon week-end et à lundi pour le témoignage de Fanny,

Marièke

Crédit image : Vous reprendrez bien un café avant d’entamer tout ce travail ? Par Lesly B. Juarez (Unsplash, CC0)

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8 comments

Lucie 21 juillet 2017 - 8 h 10 min

Hey ! Merci pour ton article !

Pour ma part, quand je suis beta-lectrice (j’avoue ne pas avoir encore eu le courage de relire les quelques ouvrages que j’ai pu faire…. honte à moi ^.^), je le fais en plusieurs étapes :
1) lecture générale pour une nouvelle, lecture par partie pour un roman.
2) 2ème lecture armée d’un carnet et d’un stylo. Là je note tout ce qui me perturbe
3) Je fais mon bilan à l’auteur(e) et on en parle ensemble

Voilà 🙂

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Marièke 22 juillet 2017 - 12 h 03 min

C’est la première partie du travail que j’évoque ! 🙂 Effectivement, quand j’écris « je lis », je le fais souvent en plusieurs étapes : d’abord la lecture générale, sans stylo, puis une lecture plus critique avec un stylo.
En tout cas, c’est génial que tu fasses ce genre de travail pour les auteurs car c’est énormément de boulot 😉

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nanoue trieves 14 janvier 2018 - 15 h 09 min

de Nanoue
Le support d’écriture est important et si le clavier est pratique et ne me fatigue pas les doigts, j’ai bonheur a utiliser carnet et stylo ou mieux crayon papier et gomme. Il y a des trésors qui se dégage des supports, comme un appel à l’écriture. ce sont des doudous d’écriture!
Je ne suis pas encore du troisième âge, je n’ai pas encore droit aux réductions personnes âgées mais je ne suis plus dans la vie active. La vie qui courre trop vite! je peux enfin aller vers mes passions.
Internet est ma bête noire! et cependant que de belles rencontres virtuelles! L’informatique a une allergie tenace qui s’exprime à mon contact. rien ne fonctionne. Mais je reconnais que c’est bien pratique de pouvoir utiliser un ordi! Pour cette raison j’ai persisté à bidouiller ordi, tablette et même téléphone mobile. Et aujourd’hui, je suis sur ce site et j’ai la sensation d’avoir trouvé une belle opportunité de me lancer correctement dans l’écriture.Ce gratouilli des mots qui m’est si cher depuis mon adolescence et s’est figé en petits textes par-ci par-là sans jamais aller bien loin a fini à la poubelle ou au fond de placards. Et dans ma tête, mon âme, résident des envies, voir besoins, inassouvis. Pourrait-il enfin devenir constructif?J’ai fait de petits stages d’écritures, chers payés, peu enrichissants. Et je suis allée sur internet sans trouver de sites gratuits. Et ces jours, bonheur! Ce site bienfaiteur, là sur mon écran!
Je crois, oui je crois peut être avoir réussi à m’inscrire à la newletter.J’aurais aimé telecherger le tableau mais ordi « y veut pas! » ou bien je n’ai pas fat correctement le « truc à faire ».
Mon projet pour 2018 est établi. oui, oui Marieke m’a boostée par ses articles! J’avais écrit en stage un texte que mes petits enfants veulent lire en plus développée. Petit roman enfant et préado. C’est méga projet pour moi. Premier jet est mon texte tout prêt. Et bien je suis très intimidé!

Merci pour ce partage de connaissances, et une excellente année à tous amis écrivains ou en passe de le devenir!
Nanoue t.

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Elodye H. FREDWELL 21 juillet 2017 - 18 h 42 min

Très bon article et je me rends compte que ma méthode ne diffère pas trop de la tienne ! Je trouve la relecture très importante.
Tu parles du synopsis, je me demandais si tu en avais fait un article ou si tu comptais en faire un !
Merci pour ton article.

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Marièke 22 juillet 2017 - 12 h 06 min

Coucou ! Non, je n’ai jamais fait d’article sur le synopsis en lui-même mais quand je dresse un synopsis, en général, il découle de la méthode flocon sur laquelle j’avais fait un article, par contre 🙂

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Elodye H. Fredwell 25 juillet 2017 - 16 h 24 min

Ah d’accord, merci de ta réponse ! 🙂

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Nathalie Bagadey 22 juillet 2017 - 5 h 10 min

C’est très intéressant de voir comment tu travailles, merci.
En ce qui me concerne j’ai délégué cette partie à non pas un mais plusieurs beta lecteurs car je trouve qu’il est difficile de bien se juger sur ce point : on connaît trop bien notre histoire… Donc je commence à demander une relecture à plusieurs bêta lecteurs-lecteurs ( pour voir les scènes qui fonctionnent et celles qui ne marchent pas) et ensuite je confie le manuscrit retravaillé à des bêta lecteurs-auteurs pour une relecture plus technique. Là encore la diversité est importante parce que chacun a un ressenti différent et donc je me concentre essentiellement sur les points communs de leurs bêta… ou sur les problèmes qu’ils ont été les seuls à remarquer mais qui sont essentiels.
Je suis en plein dedans, là, alors j’y retourne ! Bisous !

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Marièke 22 juillet 2017 - 12 h 09 min

Pour ma part, j’ai l’impression que mon premier jet est souvent bien trop en bazar pour pouvoir le remettre à un bêta-lecteur… Certaines scènes sont simplement ébauchées, il y a des trous, les temps changent, les narrateurs aussi, parfois… Bref, c’est un bazar sans nom !
Bon courage 😉

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