L’écriture et Stéphane Arnier

by Marièke

La semaine dernière, Stéphane Arnier, 37 ans et auteur de fantasy auto-publiée, me contactait pour participer à la série L’Écriture et vous. Un coup d’oeil à son site et j’ai accepté : son histoire et son univers m’ont beaucoup plu et j’ai pensé que cela pourrait vous intéresser. Je lui laisse maintenant la parole.

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Mon histoire avec l’écriture

Je pense que tout auteur a d’abord, avec les livres, une relation de lecteur.

Gamin, j’ai toujours beaucoup lu, dévorant les « Club des cinq », jubilant face aux mystères des romans d’Agatha Christie (j’en ai plus de quarante chez moi), puis découvrant la fantasy quand j’étais ado.

Sans doute grâce à cela, j’étais bon en français. Plus tard, malgré mes études scientifiques, j’ai commencé un blog (c’était les tout débuts de ces drôles de pages internet), et j’ai réalisé à quel point l’écriture m’amusait, et à quel point le rapport au lecteur était fascinant : qu’on apprécie mes articles et revienne me lire régulièrement m’épatait. De cette époque aussi date ma découverte des jeux de rôle : très rapidement, je me suis mis à concevoir des scénarii pour mes aventures entre amis.

Et pourtant, je ne me suis lancé dans l’écriture « sérieuse » qu’à trente ans, après une grosse remise en question personnelle et un départ soudain au bout du monde. À mon retour, j’ai décidé de me recentrer sur ce que j’aimais vraiment. J’adorais le sentiment qu’on éprouve quand on lit un bon bouquin, et j’ai alors voulu devenir l’auteur qui provoquait ça chez les autres. J’ai organisé ma vie autour de cette envie : je ne travaille qu’à temps partiel, par choix, pour écrire. En 2014, ma nouvelle « Comme une feuille dans le vent » s’est classée première d’un concours sur internet. En 2015, j’ai autoédité mon premier roman, « Mémoires du Grand Automne », qui lui aussi a remporté le premier prix d’un concours. C’est extrêmement gratifiant de partager ma passion des livres avec… des lecteurs.

J’apprécie la fantasy, pour l’évasion qu’elle procure ; la science-fiction également, pour le traitement sérieux de certains thèmes et la réflexion qu’elle implique ; et les polars, parce que j’ai toujours aimé les énigmes.

L’écriture et ses difficultés

Je pense que, comme beaucoup, le principal problème au départ est de trouver sa « voie du stylo ». N’ayant aucune formation littéraire, je me suis beaucoup documenté, j’ai parcouru le web, j’ai acheté de nombreux ouvrages de référence en dramaturgie et sur l’écriture. Mais au final on découvre qu’en fait… il y a quasiment autant de façons d’écrire que d’auteurs. J’ai collectionné plein d’outils, mais si certains m’ont tout de suite parlé, d’autres sont restés bien obscurs. On voit des écrivains s’y prendre très différemment de soi, avec succès, et on se demande alors si on n’a pas tort. On est obligé de tâtonner un peu avant de savoir ce qui fonctionne pour nous, et ce qui ne fonctionne pas. On se force à appliquer une méthode qu’un auteur réputé conseille, et on n’y arrive pas. On doute. On recommence en s’y prenant autrement. Etc.

J’ai mis plus de trois ans à terminer mon premier roman, en incluant toute la partie « création » de mon univers de fantasy… autant dire que j’ai pataugé. Mais j’y ai acquis une énorme masse de connaissances sur ma façon de fonctionner. Depuis deux mois je suis sur mon tome 2, j’ai gardé les outils qui marchaient, changé ceux qui ne me convenaient pas. Je suis déjà plus rapide et plus efficace, tout me semble plus simple. J’ai adapté ma méthode de travail à ma nature d’écrivain.

Mes réponses

Je suis le stéréotype de l’auteur « architecte » : je planifie tout avant d’écrire. La rédaction n’est pour moi « que » la mise en forme de mon récit, que je couche sur papier en amont sous la forme d’un séquencier (comme un scénariste de cinéma, avant que le réalisateur ne prenne sa caméra). Je suis en cela les conseils de références en dramaturgie comme Yves Lavandier en France ou John Truby pour les États-Unis… parce que ça me correspond. Quand je lisais leurs livres méthodologiques, tout me semblait si limpide et cohérent ! J’ai compris que j’étais ce type d’auteur : je choisis d’abord un thème que je veux aborder, et à partir de là je dégrossis comment doit débuter mon histoire, et comment elle doit se finir. Puis je creuse, développe les personnages et les grandes étapes du récit, en détaillant un peu plus à chaque passe. Au final, j’ai un séquencier quasiment scène à scène, et des fiches de personnage sur ce que chacun veut, sa position par rapport au thème du livre, etc. Seulement alors, je me lance dans la rédaction. Oui, la trame peut bouger légèrement, « flotter » un peu au centre… mais le début et la fin sont en général inamovibles.

Mes futurs projets

Par choix, je ne me disperse pas, et ces dernières années j’écris exclusivement sur mon univers de fantasy : mon principal travail est la série de romans, intitulée « Mémoires du Grand Automne ». Le tome 1, « Le déni du Maître-sève », est paru fin septembre, et reçoit un super accueil. Je bosse déjà sur le tome 2. En parallèle, j’écris de temps à autre des textes plus courts, toujours dans le même monde, pour compléter et étoffer l’expérience de lecture. Actuellement je conçois une nouvelle inédite et conséquente, pour participer au « Prix Fantasy des Booktubers » organisé par Bookelis. Si je veux respecter le timing, ça devra sortir fin décembre, début janvier au plus tard !

Stéphane

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Merci à Stéphane pour son témoignage et son intérêt pour Mécanismes d’Histoires. Pour ma part, j’ai aimé découvrir son changement de parcours professionnel pour se laisser le temps de réaliser ses rêves d’écriture et j’ai trouvé vraiment intéressant son expérience avec l’auto-édition. 🙂 Vous pouvez retrouver Stéphane sur son site perso et celui de sa série Mémoires du Grand Automne, ou sur Facebook et Twitter.

Si vous voulez aussi participer à cette rubrique, n’hésitez pas à me proposer votre histoire avec l’écriture. Vous pouvez me proposer votre participation via les commentaires ci-dessous ou avec le formulaire de contact.

A demain pour un nouvel article sur l’exposition L’art dans les jeux vidéos que j’ai pu voir dimanche dernier (1er novembre). Elle m’a apporté énormément d’éléments dans mes réflexions sur comment travailler et préparer ses lieux, ses personnages…

Marièke

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4 comments

Jonathan KALFA 9 novembre 2015 - 13 h 54 min

Je tenais juste à ajouter que c’est ce livre qui a changé ma vision de l’auto-édition. C’est vraiment un très très bon tome 1 que Stéphane nous à pondu.
@Stéphane, dépèche toi on attend la suite !

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Marièke 11 novembre 2015 - 17 h 02 min

Je lui laisse prendre connaissance de votre commentaire 🙂

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Caroline 11 novembre 2015 - 20 h 15 min

Merci pour la découverte ! Cet article a piqué ma curiosité. Et de curiosité en curiosité, j’en suis venu à lire l’extrait qui montre le prologue du roman. C’est le genre d’univers que j’adore et auquel je m’attache.

Je sais, pour le vivre de mon côté avec mon livre, que dire « je le lirais » ça n’aide pas vraiment, mais je peux dire sincèrement que je mets le lien de côté car je suis déjà charmée ! 🙂

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Marièke 12 novembre 2015 - 19 h 42 min

Là encore, je laisse le soin à Stéphane Arnier de savourer ton commentaire 😉

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