Le challenge du livre augmenté pour les maisons d’édition jeunesse

by Marièke

Ce weekend, c’était le salon du livre à Paris. L’occasion de suivre plusieurs conférences, dont une sur le développement de livres augmentés pour la jeunesse*. Quels sont les challenges liés à ces nouveaux livres pour les maisons d’édition mais aussi pour les auteurs ?

Qu’est-ce qu’un livre augmenté ?

Un livre augmenté (ou livre enrichi), c’est un livre qui se lit sur un support numérique (tablette) et auquel des animations multimédia sont ajoutées (sons, vidéos, jeux). Avec toutes les limites que cela entraîne pour les maisons d’édition qui le développent et les auteurs qui l’imaginent : nécessité d’innover, multiplication des intervenants, prix importants, concurrence avec les sociétés de jeux vidéos. Sans compter que l’enrichissement des livres jeunesse illustrés pose des questions différentes de celles induites par l’enrichissement des romans.

Quatre exemples de livres numériques enrichis par Creative Digital Book Factory, en vidéo (Youtube).

Les challenges du livre illustré jeunesse

« Chez Formulette, nous proposons une collection de livres augmentés qui se présente sous la forme d’un livre couplé avec une application disponible sur tablette sans frais supplémentaire », explique Coralline Pottiez*. Afin de se démarquer de l’industrie des jeux vidéos, qui propose des applications de jeu bien plus belles que celles que peuvent proposer les maisons d’édition, ces dernières se concentrent sur le contenu et l’apport pédagogique.

« Le rôle des éditeurs est de trouver le juste équilibre entre la lecture, le jeu, le ludique… », souligne Geoffrey Auzou pour les éditions Auzou, avant de continuer : « Il y a toute une réflexion sur la valeur ajoutée de la tablette et sur les livres que nous comptons adapter au numérique. Nous travaillons avec l’Éducation nationale pour les contenus. » Coralline Pottiez renchérit : « Nous avons développé sur notre site internet une page qui explique les bonnes utilisations de la tablette avec l’enfant. Nous la voyons comme un objet de partage. »

Les challenges du roman

« Ajouter des vidéos, des interactions ou des jeux, c’est facile sur un album illustré. Sur un roman, c’est différent. Il ne faut pas que ce soit gadget », remarque Terrence Mosca, de Gallimard Jeunesse. Pas question pour lui de se limiter à l’ajout d’une playlist (qui pose d’ailleurs des questions de droits).

La piste envisagée est plutôt celle du développement des arcs narratifs parallèles à l’histoire principale. « Pour rendre leur intrigue plus lisible, les auteurs peuvent être amenés à supprimer des passages voire des personnages durant le processus éditorial. La création d’un application liée à leur roman pourrait leur donner un nouveau lieu d’expression pour développer ces intrigues. »

Cependant, cela demande un fort travail de l’auteur dès la conception du roman. Geoffrey Auzou confirme : « C’est un travail encore plus complexe que sur l’album. »

Un investissement sur l’avenir

La limite commune à tous les projets d’enrichissement est le coût engagé. Si la demande des lecteurs augmente, comme le confirme Coralline Pottiez – « On nous demande beaucoup si nos autres collections vont être augmentées » – le défi numéro 1 des maisons d’édition est d’assurer la viabilité des projets. « Nous devons penser en terme de rentabilité : les applications très enrichies sont difficiles à rentabiliser en France où le marché est encore petit« , note Terrence Mosca.

« Si nos projets ne nous rapportent pas beaucoup, il doivent au minimum s’avérer rentables » acquiesce Geoffrey Auzou qui ajoute qu’il s’agit tout de même d’un investissement sur le futur : « Une fois qu’on a mis les pieds dans le numérique, on veut continuer. » L’expérience obtenue grâce au développement des premiers livres augmentés permettra de rendre plus rapide et moins coûteux celui des projets futurs.

Des projets dont le nombre devrait augmenter. Dans les mois et années à venir, les trois éditeurs tablent sur un rapprochement des formats papier et numérique qui foisonnent aujourd’hui. À plus court terme, Terrence Mosca semble nous dévoiler un projet de Gallimard : « Dans six mois à un an, on peut imaginer que les maisons d’édition mettront en place une application catalogue. Il n’y aura plus une application par livre, mais peut-être une application par collection augmentée, voire une par maison ». Rendez-vous au Salon du Livre 2016 😉

livre augmenté jeunesse

*L’ensemble des interventions ont été recueillies lors de la conférence Le livre augmenté, c’est tendance, dimanche 20 mars durant le Salon du Livre.

[toggle title= »Crédit Image »] Oui, je sais un livre augmenté ne brille pas vraiment dans le noir… mais c’est symbolique 🙂 Pixabay (CC0) [/toggle]

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1 comment

Qu’est-ce qu’un Livre Augmenté ? – Denys Detter 9 mars 2019 - 11 h 32 min

[…] particularité d’un « livre augmenté » est de permettre l’accès, grâce à des liens hypertextes vers des lieux et des faits réels […]

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