Huit techniques pour venir à bout des scènes compliquées à écrire

Les scènes compliquées à écrire sont souvent les plus importantes. Dans mon premier jet de L’Encre de Paix deux chapitres me faisaient très peur : le rapprochement entre deux de mes personnages et la guerre entre trois armées. Voilà quelques astuces qui m’ont permis d’arriver au bout.

1) Établir les tenants et les aboutissants

Au moment de réfléchir sur une scène que j’ai du mal à poser sur le papier, j’aime prendre un stylo et une feuille pour réfléchir. Je la prends en format paysage et je note à gauche ce qui s’est passé avant et à droite, ce qui doit se passer après. Au milieu, j’inscris ce qu’il se passe pendant. J’ajoute tout ce dont j’ai besoin pour avancer (les personnages présent, le lieu, des extraits de dialogue…).

La plupart du temps, ce schéma et le premier plan que je crée me suffisent à écrire les scènes compliquées. Quand cela ne suffit pas, j’ai d’autres techniques.

2) Lire des textes et des romans

Dans le cas de ma bataille entre trois armées pour L’Encre de paix, j’ai lu Guerre et paix (récit politique où la guerre a toute son importance, comme le titre l’indique) et vu ensuite la bataille des 5 armées (troisième opus du Hobbit). Cela m’a pas mal aidé à imaginer la bataille.

>> Certains auteurs n’aiment pas lire de romans dans les genres qu’ils écrivent pour éviter d’être influencés. Je comprends aussi l’argument et je vous laisse faire comme vous le souhaitez.

3) Se documenter

Ce qui peut vous bloquer, c’est le manque d’informations que vous avez sur tel ou tel sujet. N’hésitez pas à faire des recherches spécifiques en amont : en général, je mène les recherches entre le premier jet et la réécriture si nécessaire, mais pour certaines scènes je n’hésite pas à aider mon imagination. Des détails peuvent vous aider.

Dans le cas de ma bataille aux trois armées, lire des récits de bataille ayant eu lieu par le passé m’a inspiré quant au déroulement des combats. J’ai complété ces récits par des recherches sur la taille des armées et les armes à la fin du Moyen-Âge.

4) Changer sa routine

Cela fonctionne pour augmenter sa productivité en général, lorsque vous êtes bloqué. Mais pourquoi pas, aussi, sur une scène compliquée. Changer sa routine, cela veut dire : passer du clavier de l’ordinateur au carnet, changer de pièce voire de lieu, écrire le soir au lieu du matin, écrire dans le métro… Bref, toute ces solutions qui vous permettent de changer d’air quand vous êtes dans l’impasse 🙂

5) Ne pas l’écrire à la suite

Il est possible que vous sachiez déjà, même sans l’avoir écrit, ce qui va se passer avant et après cette scène marquante. Si ça ne vient pas du premier coup, sautez la scène, écrivez la suite. Il n’est pas impossible que la scène s’impose ensuite dans votre esprit. Dans L’Encre de paix, j’ai ainsi deux chapitres que j’ai préféré garder pour plus tard car ils me bloquaient.

6) Garder en tête que c’est un premier jet

La scène n’a pas à être parfaite du premier coup. Elle a juste besoin d’être écrite. L’écrire une première fois vous permettra de mieux la cerner. Vous n’aurez qu’à la réécrire mieux plus tard 🙂

7) Écrire plusieurs versions de la même scène

Pour ôter l’importance de la scène, écrivez-la plusieurs fois. Changez de point de vue, si votre mode de narration le permet. Variez les personnages présents si vous le pouvez. Modifiez le lieu où elle se déroule si cela est possible. Voir modifiez-en la fin. Testez jusqu’à trouver celle qui vous parle le plus.

>> Ceci dit, rappelez-vous de la technique n°6 : gardez en tête que c’est votre premier jet ^^ Beaucoup de choses peuvent se passer entre un premier jet et un jet final. Ne restez pas bloqué sur la scène trop longtemps.

8) Supprimez-la

Je ne rigole pas. Il est possible que cette scène soit difficile à écrire parce qu’elle n’a rien à faire dans votre récit. Peut-être que la situation n’est pas bonne. Peut-être que vous ne pouvez pas imaginer votre personnage réagir ainsi car vous lui demandez d’agir contre sa nature… En écrivant, votre texte et votre histoire ont pu dévier du plan initial, rendant la scène inutile / non pertinente / décalée. Gardez cette scène pour un autre texte si elle vous plaît vraiment !

>> Ce qu’il ne faut pas faire : l’esquiver

Un auteur esquive quand il assomme son narrateur au début de la bataille finale et le réveille tout à la fin. (C’est un exemple mais il y en a d’autre : j’estime par exemple que JK Rowling a esquivé le dernier combat entre Harry Potter et Voldemort…)

L’esquive est ce qu’il y a de plus frustrant pour le lecteur. Même si c’est le plus facile en tant qu’auteur, vous ne devriez pas faire ça à votre lecteur. Vous ne devriez pas lui faire miroiter une bataille (une histoire d’amour, une rencontre…) pendant tout votre texte pour l’occulter au moment où cela se passe enfin. Ce serait comme proposer un très bon repas sans dessert 😉 Bref, préférez toujours écrire la scène plutôt que l’éviter d’une manière ou d’une autre. Ce sera bien plus réel et surtout plus vivant pour votre lecteur.

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Souvenez-vous : un premier jet est un premier jet. Il n’a pas à être parfait. Il doit par contre être le plus complet possible. Écrire une scène, même imparfaite et même incohérente, vous permettra, dans un second temps, de savoir ce qui fonctionne et ne fonctionne pas. Ceci dit, si vous ne savez vraiment, vraiment pas comment mettre en forme une scène ne vous bloquez pas ! Sautez-la et continuez. Il n’est pas impossible que l’inspiration vous vienne plus tard ou à l’écriture du deuxième jet, quand votre intrigue vous paraîtra plus claire.

Avez-vous déjà buté sur des scènes particulières ? Êtes-vous parvenu à les écrire ? Comment ?

À mardi pour une fiche concept sur le drôle de sujet qu’est… la guerre.

Bon weekend,

Marièke

Crédit image : Une jeune femme en train d’écrire avec tout l’attirail pour s’en sortir : le carnet, le pull, la tasse de café. (Pixabay, CC0)