Finir son premier jet sans rupture

by Marièke

Comme évoqué vendredi dernier, j’entame l’écriture des derniers chapitres du premier jet de mon roman. Et aussi excitant que cela puisse être, finir son premier jet est aussi un moment de craintes et de doutes.

L‘écriture du premier jet, c’est un peu comme une relation amoureuse. La planification et les débuts de la rédaction du premier jet sont la lune de miel : c’est le moment sympa, le moment où on avance sans se poser (trop) de questions. Puis arrive le temps des doutes et des défauts au point que certains auteurs préfèrent saboter leur travail de longue haleine en laissant tout tomber plutôt que d’affronter leur peur. Comment finir son premier jet sans rupture ?

PS : J’ai pensé ce petit guide pour me rassurer moi-même sur les étapes à venir dans la finition et la réécriture de mon roman 🙂

*****

Aborder sereinement la fin de l’écriture

#1 Planifiez votre fin

Je vous en parlais vendredi dernier : pour aborder sereinement l’écriture de la fin de votre roman, commencez par planifier votre fin. Cela va vous permettre de vous laisser guider et de moins paniquer quand arrivera le temps des derniers mots.

#2 Ecrivez votre fin

Afin de savoir vers où vont les derniers chapitres de votre roman, je ne peux que vous conseiller d’écrire les derniers paragraphes de votre texte. Ainsi, vous aurez un objectif tangible et un point d’ancrage qui vous rassureront.

#3 Ecrivez vos derniers chapitres comme les autres

Pour ne pas paniquer, il faut aborder la fin de l’écriture de vos derniers chapitres comme des chapitres lambdas – avec des lettres, des mots, des phrases et des paragraphes. Il ne faut pas y mettre trop d’importance. Comme les précédents chapitres de votre texte, ils seront amenés à être modifiés en profondeur (dans le fond et dans la forme) lors de la phase de la réécriture. Alors contentez-vous d’écrire comme vous l’avez fait jusqu’ici et évitez de commencer à vous questionner sur la qualité de ce que vous écrivez. (Bon, je sais, c’est plus facile à écrire qu’à faire !)

Aborder sereinement l’après

Vous venez d’apposer le mot « Fin » sur votre premier jet : félicitations ! Malgré ce soulagement, la peur du vide est assez grande à ce moment-là : que faire après l’écriture des derniers mots d’un roman ? Réécrire tout de suite, se poser, se lancer ?

Profitez !

Finir un roman, même si ce n’est qu’un premier jet, c’est déjà génial ! Tout le monde ne peut pas en dire autant ! Chérissez ce moment comme il se doit ! Offrez vous quelque chose qui vous fait envie depuis longtemps soit en tant qu’écrivant soit en tant que vous même. Faites vous plaisir et fêtez cette petite victoire. 🙂

S’aérer

Dans la même idée, ne pensez pas tout de suite à la réécriture. Même si vous avez une échéance, prenez le temps de vous aérer. Soufflez, changez d’air : dessinez, baladez-vous… ou commencez à écrire le synopsis d’un nouveau roman mais lâchez celui-ci quelques jours / semaines / mois. Laissez-le respirer aussi.

L’appréhension de la première relecture

Une fois que votre roman a eu le temps de mijoter un peu dans votre inconscient, vous devez être impatient de le reprendre. Et même si vous êtes impatient de le revoir, il est parfaitement possible que vous vous sentiez inquiet au moment de le reprendre en main. Voici quelques étapes pour entamer la réécriture sans paniquer.

#1 Envisagez la réécriture comme un nouveau début, pas comme une fin

Tout est dans votre état d’esprit. Si vous considérez, dès les premières lignes que vous avez écrit de la m**, que vous êtes nul(le) et que vous n’y arriverez jamais, ça ne peut pas marcher. Vous allez relire les deux premières phrases, trouver l’intrigue nulle et abandonner. Avant de vous plonger dans la lecture et la réécriture de votre roman, commencez par prendre le temps d’admettre que votre premier jet n’est pas parfait. 

La réécriture est une chance. Retravailler un roman, c’est lui donner la chance d’exister comme un roman et non comme un premier jet.  C’est la possibilité de gommer ses défauts d’affiner son intrigue. Tous les auteurs réécrivent (à des degrés plus ou moins divers). Vous n’êtes pas plus nul ou moins nul que les autres pour avoir à le faire.

Une fois que vous aurez été capable de prendre ce recul, il est temps de faire ce qui vous terrorise certainement… Relire votre roman.

#2 Relisez la globalité de votre texte

Installez-vous comme vous le feriez pour lire n’importe quel texte et relisez tout votre texte avec un regard bienveillant. Vous avez terminé ce premier jet, c’est déjà bien.

Si vous avez peur d’avoir envie de tout déchirer, dotez-vous d’un petit carnet et d’un stylo et notez les points qui nécessitent d’être changés en profondeur. Pour ma part, j’annote mon texte seulement à la deuxième relecture : je prends le temps pour une lecture bienveillante (pour voir les plus) et le temps pour une relecture critique (où j’annote les moins).

A cet instant du travail, essayez de ne pas vous focaliser sur les fautes d’orthographes et de syntaxe : cela fera trop à gérer d’un coup.

*****

Après ces premières lectures, vous devriez commencer à voir les changements que vous devez apporter pour commencer la réécriture de votre texte. (Je dis « réécriture » mais certains auteurs parlent de « corrections » : choisissez le terme qui vous convient le mieux). Dès que j’en serai à cette phase-là, je vous ferai bien entendu un article sur le sujet 🙂

A vendredi pour un article sur le calendrier éditorial pour ceux qui ont un blog !

Marièke

Crédit image : Un petit calepin pour entamer sereinement la relecture de son premier jet par Jeshoots.com (Unsplash, CC0)

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9 comments

Elodye H. FREDWELL 28 mars 2017 - 8 h 20 min

Merci pour cet article. Relire son texte est très important, c’est également ce que je fais. Tu n’as pas parlé du fait de le faire lire à une personne extérieure, mais je pense que c’est également important pour avoir un avis plus objectif sur ce que l’on écrit parce que, c’est bien connu, plus nous sommes focalisé sur notre travail, moins on va prendre du recul dessus et un regard extérieur est toujours bienvenu !

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Marièke 28 mars 2017 - 8 h 34 min

Je n’en aie pas parlé car je considère que faire lire le premier jet n’est pas une bonne idée du tout. Mes premiers jets sont bien trop en bazar pour être montrés à qui que ce soit 😉 Je pense vraiment que dans un premier temps, le texte doit être retravaillé par l’auteur et ensuite, oui, montré à des bêta-lecteurs. Mais pas dès le départ car le travail est vraiment (vraiment) inachevé 🙂

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Elodye H. FREDWELL 31 mars 2017 - 8 h 22 min

Chacun sa méthode, c’est sûr, mais je ne pense que c’est trop inachevé pour être lu par quelqu’un d’autre. Je comprends ton point de vue, complètement, mais cela ne fonctionne pas du tout pour moi en raison de ma difficulté à prendre assez de recul sur un premier jet terminé ^^ J’aime être aidé quand j’écris pour être sûre de ne pas faire d’incohérence et si je le fais seule, je ne repère pas les erreurs que j’ai pu faire. Merci pour ta réponse 😉

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annec 7 avril 2017 - 7 h 44 min

bonjour, je suis nouvelle sur le site qui est rempli de bons conseils et merci. Mais je trouve que faire lire le premier jet à quelqu’un peut être encourageant car pour le premier, on peut se fourvoyer dans une histoire sans intérêt alors, comment le savoir sinon ?

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Marièke 10 avril 2017 - 14 h 58 min

Je dirai que la première chose à se demander face à un premier jet est « est-ce que je prends du plaisir en le lisant ? ». Même si vous êtes très dure avec vous-même ou au contraire très fière de ce que vous avez accompli, vous pourrez répondre à cette question. Ensuite, je ne vous empêche pas de faire lire votre premier jet à quelqu’un, je dis simplement que l’état de mes premiers jets (souvent incomplets et bancals) ne me permet pas de les faire lire : personne ne les trouverait intéressant car ce sont de véritables brouillons. Je conseille juste de les « nettoyer » un peu avant de les faire lire (dans mes premiers jets, des personnages disparaissent, des intrigues ne sont pas conclues… bref, ce n’est pas montrable). Je fais lire la version 3 ou la version 4 de mon texte, quand il commence à être cohérent et que je le trouve apte à être lu et compris par un lecteur.

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Guilhen 12 juin 2017 - 13 h 52 min

Bonjour. La réécriture, au fond, c’est tout ce qui compte. L’écriture, c’est du fun, la réécriture c’est le travail. Pour éviter de me bloquer dans la phase de réécriture, et après avoir longtemps patiné sur la fin d’un premier jet suivie de … pas grand chose, j’ai décidé de considérer le 1er jet comme quelque chose de jetable… à 80% (au moins).
Dans la pratique cela signifie que je me lance assez vite dans un premier jet, après avoir jeté des idées de personnages et une trame qui tient la route. Ce 1er jet est une sorte de « brouillon », un défrichage qui doit être écrit assez vite (en gros 8 semaines pour 400 ou 500 000 signes sans y passer trop de temps chaque jour). Après, je laisse reposer 2 semaines, je relis et je note tout ce qui ne va pas. Je me pose alors pendant 4 ou 5 semaines pour reconstruire un plan différent et creuser davantage mes personnages, faire les modifications de structure et alors je démarre le 2ème jet sur une nouvelle page blanche. Cette méthode me permet d’aller vite dans l’écriture et de dédramatiser le 1er jet : en le commençant je sais déjà que c’est un brouillon. Et franchement ça change la vie, ça rend les choses plus faciles. Et le 2ème jet de bien meilleure qualité. Bon après, il n’y a pas de règle fixe bien sûr, tout cela est une affaire de sensibilité personnelle. Bonne continuation pour votre blog et vos écrits !

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Marièke 13 juin 2017 - 7 h 52 min

C’est à peu près comme ça que je fonctionne aussi, même si j’essaie de plus en plus de structurer mon premier jet pour limiter le boulot de relecture. Mais oui, je bâcle certains passages à l’écriture du premier jet car je sais que j’y reviendrais par la suite et je préfère ne pas me bloquer sur des passages qui ne veulent pas sortir 😉

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Yann TREBAOL 6 septembre 2020 - 21 h 11 min

Bonsoir, Je découvre avec beaucoup de plaisir votre blog qui est truffé d’excellents conseils! un grand bravo..
Je suis auteur-compositeur et interprète de chansons ( style Rock )
Afin d’expliquer les paroles d’une de mes chansons j’ai voulu résumer la véritable histoire avec un grand H qui m’avait inspiré…
Et cela a donné un roman de 350 pages.. Donc inutile de vous dire que le résumé ce n’est pas mon fort….
Ma petite expérience de l’écriture ( en général ) me fait dire que le plus important dans le premier jet ( idem pour les chansons ) c’est la bonne idée, la force des personnages ( qui vont obligatoirement évoluer au fil de l’écriture..) la belle image, la bonne description, l’événement inattendu, la qualité de l’intrigue…. etc.. ça il ne faut pas le laisser échapper.
Je découvre tous vos conseils avec un grand plaisir et je vais mettre mon récit au frigo le temps de m’en détacher ..
Bonne soirée .. Yann

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Marièke 3 janvier 2021 - 17 h 03 min

Félicitations pour ce premier jet et bon courage pour les corrections 🙂

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